Le professeur David Khayat, oncologue et fondateur de l'institut national du cancer, était en direct dans le Live BFM.
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00:00 C'est une nouvelle extraordinaire. L'époque est folle du point de vue du traitement du cancer, parce que tous les deux, trois ans, on a une nouvelle façon de soigner le cancer qui sort.
00:09 On a eu l'immunothérapie, ça a fait des progrès considérables dans le cancer du poumon, par exemple, puis ensuite la thérapeutique ciblée, et maintenant, on a cet espoir sur les vaccins.
00:19 Ceci dit, c'est encore très expérimental, donc il ne faut pas quand même trop...
00:24 On est là sur un cas d'ailleurs très précis, il faut bien le dire. Oui, une seule tumeur et la prévention de la rechute, ça ne traite pas le cancer.
00:30 Alors en fait, si vous voulez, le principe de ces vaccins du cancer, parce qu'il y en a plusieurs, c'est que tout ce qui vit sur la Terre est constitué de cellules, et ces cellules sont constituées de protéines.
00:41 Pour fabriquer une protéine, il faut un gène. Or, le patrimoine génétique des cellules cancéreuses est extrêmement instable, il n'est pas normal, et donc ils n'arrêtent pas de subir des mutations.
00:50 L'idée, c'est d'aller chercher, c'est ce que dit le reportage, des mutations, c'est-à-dire des anomalies spécifiques d'une cellule cancéreuse qui vont conduire à la fabrication d'une protéine anormale,
01:00 et on va faire en sorte que le système immunitaire qui nous défend contre tout ce qui nous agresse reconnaisse cette particularité, cette anomalie, cette mutation sur la protéine, et tue toutes les cellules qui l'apportent.
01:11 Ça veut dire que le vaccin d'Hervé ou de François ne sera pas tout à fait le même, il sera adapté à la mutation la plus dangereuse pour lui.
01:18 C'est ça qui va conduire à la complexité de cette nouvelle ère thérapeutique, c'est qu'en fait les mutations qu'on va rechercher, qu'on va sélectionner, pour lesquelles on va chercher à induire une réaction de rejet, ne seront pas les mêmes chez tel ou tel patient.
01:31 Alors, ça, c'est quand même là où nous en sommes aujourd'hui. Il est possible que dans l'avenir, on trouve des mutations qui soient communes à un certain type de cancer, par exemple tous les cancers du poumon, tous les cancers du sein.
01:44 À ce moment-là, on pourra fabriquer un vaccin qui reconnaîtra ces anomalies sur ces protéines tumorales qui viennent des cellules tumorales et qui tuera les cellules cancéreuses.
01:52 Pour l'instant, on est malade par malade, donc ça veut dire que ça coûte très cher, qu'il faut du temps pour fabriquer chaque vaccin, donc on en est dans une situation un petit peu compliquée.
01:59 Et là encore, il y a deux types d'approches, parce qu'on veut obtenir une réaction de rejet par le système immunitaire, d'accord ? Il faut présenter cette protéine anormale.
02:08 On a deux façons de le faire. La classique, ce que fait cet essai, c'est-à-dire on va prendre la protéine anormale, on va en prendre un bout, on va l'injecter et on va attendre que les globules blancs réagissent contre elle.
02:19 On met quelque chose qui stimule la réaction immunitaire, en l'occurrence ici, c'est de la vaccine, ce qu'on appelle un adjuvant, comme dans tous les vaccins.
02:25 Il y a la deuxième façon d'aborder le problème, c'est d'aller chercher le gène muté anormal qui conduit à la fabrication de cette protéine anormale.
02:35 Et ce gène-là, on va prendre son ARN messager, c'est les vaccins qu'on a eus pour le Covid, on va injecter cet ARN qui conduit à la fabrication, là où on a injecté, là, au bout de l'aiguille,
02:45 les cellules qui sont là vont prendre cette information portée par l'ARN messager, vont se mettre à fabriquer la protéine contre laquelle on veut une réaction immunitaire.
02:53 Et tout le corps va venir chercher l'information et enclencher une réaction de rejet. C'est les vaccins ARN. En fait, les vaccins du Covid étaient des vaccins qu'on mettait au point pour le cancer, en réalité.
03:04 Alors aujourd'hui, ils ne traitent pas le cancer. Les essais sont dans essayer d'éviter la rechute des cancers. Et c'est pour ça qu'il faut attendre longtemps, parce que la rechute, elle ne vient pas forcément au bout de six mois.