Les incendies ont brûlé 72 000 hectares de forêt en France en 2022, un nombre sept fois supérieur à celui de la moyenne annuelle depuis dix ans. Face à cette inquiétante envolée du nombre de feux et au manque de pompiers, de nombreuses régions doivent repenser leur approche.
En Gironde, un département pourtant habitué au risque incendie, 32 000 hectares ont brûlé. En cause : la violence des incendies, qui se sont déclarés simultanément, et une culture du risque moins forte qu’auparavant chez les exploitants et la population. La situation est d’autant plus préoccupante qu’avec le changement climatique, le risque s’accroît un peu plus à mesure que les années passent.
En Gironde, mais aussi dans les régions où le risque incendie a longtemps été peu fréquent, les incendies de 2022 ont provoqué une prise de conscience. Aménagement des forêts, moyens mis en œuvre, formation des pompiers, sensibilisation du public… Comment la France compte-t-elle protéger ses forêts du risque incendie ?
En Gironde, un département pourtant habitué au risque incendie, 32 000 hectares ont brûlé. En cause : la violence des incendies, qui se sont déclarés simultanément, et une culture du risque moins forte qu’auparavant chez les exploitants et la population. La situation est d’autant plus préoccupante qu’avec le changement climatique, le risque s’accroît un peu plus à mesure que les années passent.
En Gironde, mais aussi dans les régions où le risque incendie a longtemps été peu fréquent, les incendies de 2022 ont provoqué une prise de conscience. Aménagement des forêts, moyens mis en œuvre, formation des pompiers, sensibilisation du public… Comment la France compte-t-elle protéger ses forêts du risque incendie ?
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00:00 13 juillet, 15 juillet, 19 juillet, 12 août.
00:08 En 2022, les feux de forêt se sont propagés un peu partout en France.
00:13 72 000 hectares de végétation ont brûlé.
00:17 C'est sept fois plus que la moyenne des 15 dernières années.
00:22 Entre 1976 et 2005, seule une petite partie de l'Hexagone connaissait
00:28 un risque incendie élevé, plus de quatre jours par an.
00:30 Sans action climatique supplémentaire, en 2055, la moitié du pays
00:35 pourrait être confrontée à un risque élevé quatre jours par an.
00:38 Mais ce risque gagne déjà du terrain.
00:42 Et pour certains territoires, c'est une nouveauté.
00:45 Comment les pompiers intègrent-ils cette nouvelle donne climatique ?
00:49 Et la France est-elle prête à vivre avec encore plus d'incendies ?
00:53 À première vue, cette forêt paraît en bonne santé.
01:02 Pourtant, plusieurs choses la fragilisent.
01:05 D'abord, le réchauffement du climat.
01:08 Il augmente les vapots transpiration des végétaux qui s'assèchent.
01:12 Il favorise aussi les longues périodes sans pluie.
01:16 Tout est donc vraiment très, très sec.
01:18 Et puis, avec des hivers moins froids, les parasites, habituellement
01:22 ralentis par le gel, eux, prolifèrent.
01:25 Résultat, davantage d'arbres et de végétaux morts.
01:28 En d'autres mots, du combustible.
01:31 Ensuite, neuf fois sur dix, ce sont les humains qui provoquent l'étincelle.
01:37 Par exemple, un mégot de cigarette peut suffire, avec un peu de vent,
01:41 pour que ça s'emballe.
01:43 Ces conditions étaient réunies dans ce massif landais pendant l'été 2022.
01:50 La forêt de la Tess de Buch a été quasiment rayée de la carte.
01:53 Si cette partie au nord a été sauvée, c'est grâce au vent qui a baissé,
01:59 une plus forte humidité, et aussi grâce à cette route.
02:05 Pourquoi ?
02:06 Quand un incendie se déclare, il faut pouvoir l'atteindre,
02:11 de préférence avec un camion de pompiers pour le stopper.
02:14 Mais ici, les camions n'ont pas pu emprunter les chemins étroits.
02:20 À l'inverse, à quelques dizaines de kilomètres,
02:22 les plantations de pins sont quadrillées par 42 000 kilomètres de pistes aménagées,
02:27 c'est-à-dire assez larges pour le passage de gros véhicules
02:31 et munies de points d'eau à intervalles réguliers.
02:34 Et le massif est surveillé.
02:36 Une vingtaine de tours de guée permettent de repérer un départ de feu,
02:40 à 15 kilomètres à la ronde.
02:41 Car en Gironde, le risque de feu de forêt n'est pas nouveau.
02:47 En 1949, 50 000 hectares ont brûlé
02:50 et 82 personnes sont mortes lors d'un grand feu de forêt.
02:53 Après ça, la stratégie a été repensée.
02:57 Les organismes financés en partie par les exploitants du bois
03:01 allaient se focaliser sur l'aménagement de leurs plantations
03:04 pour les rendre accessibles aux pompiers qui, eux,
03:06 se concentrent sur l'extinction des départs de feu.
03:09 C'est vraiment un partenariat qui est transversal,
03:13 de l'aménagement de la forêt jusqu'à la phase curative,
03:17 Depuis 1949, le risque était donc maîtrisé.
03:20 Mais l'été 2022 a rebattu les cartes.
03:23 22 000 hectares de massifs aménagés ont brûlé.
03:27 Il faut être très humble, c'est-à-dire que même les pompiers
03:31 les plus entraînés avec le meilleur matériel,
03:33 avec un engagement très fort sur un territoire bien aménagé,
03:36 ils peuvent être mis en défaut et tout le monde peut être mis en défaut.
03:38 Selon les deux hommes, il faut réactiver la culture du risque,
03:43 en particulier chez la population.
03:45 Il y a vraiment une culture de sécurité civile
03:48 à déployer auprès de toute la population.
03:50 Prendre des bonnes habitudes pour diminuer les départs de feu
03:54 et aussi savoir se protéger des incendies.
03:57 Quand on vit à moins de 200 mètres d'une forêt à risque,
04:04 il y a des règles à respecter.
04:06 En rose sur cette carte,
04:07 les zones soumises à l'obligation légale de débroussaillement.
04:11 Qu'est-ce que c'est ?
04:13 Il s'agit de diminuer le combustible dans un périmètre de 50 mètres
04:16 autour des bâtiments pour les protéger.
04:18 Pour l'instant, 50 à 70 % des bâtiments concernés
04:22 ne respectent pas cette règle,
04:24 ce qui peut amener à des situations désastreuses pour les pompiers.
04:29 On va mettre deux, trois, quatre véhicules parfois
04:32 pour venir protéger cette habitation et la sauver.
04:35 Donc ça nous mobilise,
04:36 ça peut favoriser l'éclosion du cynisme sur d'autres secteurs
04:39 parce qu'on va détourner des moyens pour venir protéger
04:42 ce qu'on appelle ces points sensibles.
04:44 Ici, dans le massif du Morvan,
04:47 pas d'obligation de débroussailler en vigueur.
04:50 Mais entre 2018 et 2022,
04:52 le nombre moyen annuel de départs de feu en forêt a doublé
04:56 par rapport aux cinq années précédentes.
04:58 Pour contrer cela,
05:00 il faut miser sur la prévention, selon cette sénatrice.
05:03 Il y a d'abord, je dirais, plutôt une vraie stratégie de sensibilisation
05:06 parce que je pense que beaucoup de gens ne sont pas informés de ce qui se passe.
05:10 Ils ne connaissent pas vraiment la réalité de la vulnérabilité de la forêt.
05:14 Anne-Catherine Loisier est à l'origine d'une proposition de loi
05:17 adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale en mai 2023.
05:20 Elle prévoit l'augmentation des pénalités
05:23 si l'obligation de débroussaillement n'est pas respectée.
05:26 Et aussi, une restriction qui devrait marquer les esprits.
05:30 Nous préconisons donc l'interdiction désormais de fumer en forêt
05:34 parce qu'on sait combien un mégot jeté comme ça
05:37 de manière totalement involontaire et inconsciente,
05:40 peut entraîner des dégâts considérables.
05:43 Cette interdiction s'appliquerait quand la forêt fait face à un risque incendie.
05:47 Mais ça, ça ne se voit pas toujours à l'œil nu.
05:50 Pour que le risque incendie soit plus lisible,
05:54 Météo France a développé une météo des forêts.
05:57 Par exemple, voici celle du 18 juillet 2022.
06:01 Elle intègre la pluie, l'humidité de l'air, la température,
06:04 le vent et la sécheresse de la végétation.
06:08 Face au risque qui augmente,
06:09 les moyens pour éteindre les feux sont revus à la hausse.
06:12 En octobre 2022, Emmanuel Macron a annoncé le renouvellement
06:16 de la flotte des 12 Canadair français,
06:18 l'achat de quatre avions supplémentaires
06:21 et de deux hélicoptères bombardiers d'eau d'ici à 2027.
06:25 150 millions d'euros supplémentaires ont aussi été alloués
06:29 aux services départementaux d'incendie et de secours,
06:32 les S10, en 2023.
06:35 Par exemple, ici, dans le Morvan,
06:37 où le S10 de Saône-et-Loire va augmenter sa flotte de véhicules
06:40 et former davantage de pompiers.
06:43 Savoir déployer rapidement un dispositif,
06:46 communiquer dans des conditions éprouvantes,
06:49 se protéger en cas d'imprévu.
06:53 Je n'ai pas trop entendu "repli d'urgence",
06:56 remonté dans la radio.
06:58 Jusqu'à présent, les pompiers de ce département
07:00 n'étaient pas systématiquement formés,
07:02 à compter de la crise de la pandémie.
07:05 À combattre les feux de forêt.
07:06 Le feu de forêt était un peu une spécialité
07:10 sur laquelle allaient les pompiers qui étaient intéressés
07:13 par cette thématique.
07:15 Maintenant, aujourd'hui, on veut le passer
07:17 dans la formation de troncs communs,
07:19 où notre objectif est de former 50 % de nos personnels d'ici 2026.
07:25 Former les pompiers et aussi en recruter davantage.
07:28 Mais la Fédération des sapeurs-pompiers de France
07:31 peine à augmenter ses effectifs.
07:33 En 2021, elle comptait 41 800 pompiers professionnels
07:38 et 197 000 pompiers volontaires.
07:40 L'objectif est de passer à 50 000 professionnels
07:43 et 250 000 volontaires d'ici à 2027.
07:47 Ce qui semble mal parti,
07:48 car seulement 700 volontaires se sont engagés en 2021,
07:52 alors qu'il en aurait fallu plus de 8 000,
07:54 et ce, chaque année, jusqu'en 2027.
07:57 En cause, des durées d'engagement qui raccourcissent,
08:01 et le cœur de l'activité du sapeur-pompier
08:03 qui a changé.
08:04 On est passé vraiment du secours d'urgence,
08:07 sauver des vies.
08:08 Aujourd'hui, on glisse un peu plus
08:11 vers du secours qui est non-urgent.
08:14 C'est pas ce pour quoi forcément le sapeur-pompier est venu s'engager.
08:16 En 2021, 74 % des interventions
08:20 relevaient du secours à la personne,
08:22 et 5 % des incendies.
08:24 Un tiers de ces incendies étaient des feux de végétation.
08:32 Pour faire face à l'augmentation des incendies,
08:34 il faudra donc plus de prévention,
08:36 plus de moyens, mais aussi,
08:38 et c'est peut-être le plus difficile,
08:40 plus de pompiers.
08:41 Alors même qu'ils sont déjà trop sollicités,
08:44 selon le président de la Fédération des pompiers de France.
08:47 On est les seuls en Europe à faire le secours d'urgence aux personnes.
08:50 Cette activité est directement impactée
08:52 par la désertification médicale.
08:54 On vient rajouter là-dessus ce dérèglement climatique.
08:57 L'année dernière, on a eu en plein été à traiter des orages de grêle,
09:01 et quelques semaines après, des feux de forêt, des feux de champ.
09:03 On a vraiment de multiples facettes du réchauffement climatique.
09:07 Les pompiers, toujours en première ligne donc,
09:11 mais sur d'autres fronts.
09:14 Sous-titrage Société Radio-Canada
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09:18 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org