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00:00 *Générique*
00:12 Bonjour à tous et bienvenue sur le plateau de Face au Territoire sur TV5MONDE.
00:15 Vous le savez, dans 200 pays et en 22 langues, nous diffusons et avec nos partenaires de la presse quotidienne régionale
00:21 Ouest France, Nice Matins, France Antilles, 20 minutes, Centre France, La Montagne et le magazine Le Point qui est partenaire de cette émission.
00:27 Mon invité ce matin c'est Alain Madelin, l'ancien ministre. Bonjour.
00:30 Bonjour.
00:30 Merci d'être avec nous ce matin dans Face au Territoire.
00:33 Alain Madelin, c'était le 23 septembre 2022, nous étions à Kiev auprès de Volodymyr Zelensky.
00:38 On regarde cet extrait.
00:40 Monsieur le Président, première question, comment allez-vous ? Comment tenez-vous ? Comment va votre forme physique ?
00:49 Je me sens comme n'importe quel citoyen de l'Ukraine. Nous sommes les mêmes, nous se sentons de la même manière.
00:55 Nous connaissons notre but, nous sommes confiants dans notre victoire.
01:03 Alors, on va revenir sur votre engagement pour l'Ukraine Alain Madelin. Qu'est-ce que vous pensez de Volodymyr Zelensky ?
01:10 Écoutez, de l'homme, l'homme a énormément surpris. On ne le voyait pas comme ça.
01:20 Et c'est lui qui a déjoué réellement le cours de l'histoire. Souvenez-vous, Poutine n'est pas fou.
01:29 Il a monté une offensive qui pouvait réussir. Elle a échoué parce que les gardes sur l'aéroport ont mis le feu à la piste,
01:41 ce qui fait que les avions qui devaient amener les forces spéciales qui devaient tuer ou pousser Zelensky vers la porte,
01:50 ça n'a pas marché. Et donc la France, les États-Unis, etc., ont dit à Zelensky "On va vous exfiltrer".
01:59 Et c'était fini. C'était fini. Donc l'opération, elle est restée. Elle est restée courageusement avec cette phrase historique
02:07 "Je ne demande pas un taxi, je demande des armes".
02:11 Alors à propos de Poutine, vous en parlez Alain Madelin, on voit des images actuellement qui ont circulé sur Twitter ce week-end
02:18 avec cette mention "Le monde de l'Occident, nous nous battons pour qu'il n'existe pas en Russie".
02:26 Et on voit des images d'une réunion LGBT en Californie. Est-ce qu'on ne donne pas, nous, l'Occident, d'une certaine manière,
02:35 des arguments très forts à Poutine ?
02:39 – Écoutez, on ne peut ne pas être fanatique des exhibitions des mouvements LGBT.
02:46 Mais franchement, on ne fait pas une guerre mondiale pour ça. Ça n'a rigoureusement aucun sens.
02:52 Et si vous regardez ce conservatisme moral qui séduit beaucoup en France, hein, les catho-réacs, etc.,
02:59 "Ah mais Poutine, au moins, c'est les valeurs de la civilisation". La réalité, c'est totalement faux.
03:05 Où sont les valeurs de la civilisation dans l'extrême, j'allais dire, chute morale du peuple russe ?
03:14 – Mais ce qu'on montre, là, on voit ces images, peuvent choquer une très grande partie du peuple russe
03:21 et de cette partie-là du monde.
03:23 – Admettons que cela choque. Admettons. Mais encore une fois, on ne fait pas une guerre là-dessus.
03:30 Et surtout, pour donner des leçons de morale, la Russie est devenue l'empire du mensonge,
03:39 de la violence, de la corruption et du repli sur soi.
03:44 Franchement, il n'y a pas de quoi donner des leçons de morale aux autres.
03:47 – C'est Alain Madelin, l'ancien ministre de l'économie des finances en 30,
03:50 qui est notre invité ce matin dans "Face au territoire",
03:52 dans un instant Stéphane Vernet de Ouest-France sur ce plateau.
03:55 [Générique]
03:57 Bonjour Stéphane Vernet, vous êtes rédacteur en chef délégué à Ouest-France
04:00 et directeur de la rédaction de Paris.
04:02 Et on va démarrer avec quelqu'un que vous connaissez bien, qui est Chonu,
04:05 dessinateur, collaborateur de Ouest-France, l'un de vos collaborateurs,
04:09 qui a une question à poser, c'est la tradition de cette émission, à Alain Madelin.
04:13 On écoute son regard, Chonu.
04:15 – Alain Madelin, monsieur le ministre, bonjour.
04:17 Des civilisations, des industrialisations,
04:21 décidément, la France se tire une balle dans le pied.
04:25 Après s'être attaqué à notre indépendance énergétique,
04:30 en voulant démanteler notre filière nucléaire,
04:33 qui garantit pourtant une énergie décarbonée,
04:37 voilà qu'on s'en prend à notre autosuffisance alimentaire,
04:40 la cour des comptes ayant demandé aux paysans français
04:44 de réduire leur cheptel qui contribuerait au réchauffement climatique.
04:48 Pour couronner le tout, la cinéaste Justine Trier,
04:53 à la répercévence à Palme d'Or au Festival de Cannes,
04:55 a fustigé un ultra-libéralisme qui gangrènerait tout le cinéma français.
05:01 Elle, dont le film a été entièrement financé par les deniers publics.
05:06 Ce qui a dû bien faire rire quelqu'un là-haut,
05:09 l'ancien ministre de la Culture, votre ami François Léotard,
05:13 qui était né en 1942, où ça ? À Cannes.
05:17 Alain Madelin, vous êtes un ouvni dans la vie politique française.
05:22 Vous avez commencé votre carrière de ministre lors de la première cohabitation.
05:27 Vous étiez ministre de l'Industrie,
05:29 coincé entre un François Mitterrand, président de la République,
05:33 pour qui l'économie était une langue étrangère,
05:35 et un Jacques Chirac, Premier ministre,
05:38 qu'on présentait comme un Reagan ou une Satcher en pantalon,
05:43 alors qu'en fait, il était un pur Radsock à la sauce corrézienne.
05:48 Vous avez toujours porté haut la flamme du libéralisme,
05:53 mais en même temps, vous avez été maire d'une ville paradoxale.
05:57 Je veux parler de la sous-préfecture de l'île Évilaine,
06:00 Redon, qui subit régulièrement des inondations,
06:05 et qui est la capitale du briquet.
06:08 Alors, dans votre jeunesse, on disait
06:12 "il vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Raymond Aron".
06:19 La question que je vous pose, pourquoi au pays d'Alexis de Tocqueville,
06:25 le libéralisme est considéré comme une maladie nosocomiale,
06:30 non remboursée par la Sécu ?
06:33 Oui, il y a des périodes, je veux dire,
06:36 vous avez des grandes périodes libérales dans l'histoire de France,
06:41 et même d'ailleurs, je voyais votre dessin sur la première cohabitation
06:46 coincée entre Chirac et Mitterrand.
06:50 Pas du tout, absolument pas, pas coincée du tout, totalement décoincée.
06:55 Je pense que l'équipe de libéraux, vous titillez François Léotard,
06:58 notamment, nous avons fait du bon boulot.
07:01 Et Jacques Chirac a été un excellent Premier ministre,
07:07 et Mitterrand, regardez ça d'un air bonhomme,
07:10 et nous avions finalement de bonnes relations avec François Mitterrand.
07:16 Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que cette cohabitation,
07:20 la première cohabitation, puis la deuxième cohabitation avec Balladur,
07:24 j'en tire une leçon politique.
07:27 Ce sont des périodes fécondes pour la France en termes de réformes.
07:31 Regardez, vous regarderez les bilans, etc.
07:34 On a réellement fait bouger le pays.
07:36 Pourquoi ? La leçon pour moi, c'est que vous aviez un président
07:41 qui était certes au sommet, mais ce n'était pas un président Jupiter.
07:45 Il ne faisait pas tout.
07:48 Et vous aviez au fond une coalition de partis
07:51 qui se mettaient d'accord pour désigner un Premier ministre,
07:55 pour l'imposer à François Mitterrand, car il a fallu lui imposer,
07:59 et au fond, après, c'était des gouvernements dans lesquels on pouvait discuter.
08:05 On n'était pas d'accord, on discutait jusqu'à se convaincre les uns les autres.
08:10 Et j'en ai retiré une grande leçon politique dont la France
08:15 ferait bien encore de s'inspirer dans la gestion de ses institutions.
08:19 – Ce n'est pas le cas aujourd'hui, en fait, vous parlez de périodes libérales, etc.
08:22 Il y a plein de gens qui accusent, qui disent que Emmanuel Macron
08:26 est un président libéral, ultralibéral, néolibéral.
08:28 Vous partagez cet avis ?
08:30 – Si la France était libérale, nous n'aurions pas ce poids de l'administration,
08:37 nous n'aurions pas ce poids de la bureaucratie,
08:39 et nous n'aurions pas ce poids des impôts et des dépenses publiques.
08:43 Nous sommes, à la limite, presque recordman du monde
08:46 dans les démocraties non libérales.
08:50 Alors Macron, il est bien, il a compris que pour la croissance,
08:56 il fallait débrider la fiscalité, faire en sorte que les gens aient plus d'argent,
09:04 de motivation à gagner de l'argent, c'est vrai,
09:06 mais en même temps plus d'argent ensuite pour l'investir,
09:11 qu'il avait besoin davantage de concurrence, parce qu'il est pour la concurrence.
09:18 C'est déjà beaucoup, mais ça ne fait pas un président libéral.
09:21 – Oui, alors vous disiez, il ne faut pas que le président soit un président Jupiter,
09:25 la période que vous avez vécue, vous avez vécu une période féconde
09:29 où il y avait des réformes, parce qu'aujourd'hui,
09:31 on a un président et un gouvernement qui sont capables de réformer ce pays,
09:34 je pense notamment à ce qui se passe autour de la réforme des retraites.
09:37 – Alors d'abord, l'énorme chantier, c'est celui de la réforme de l'État
09:44 et de nos institutions publiques.
09:46 – Plus que la réforme des retraites pour vous ?
09:48 – L'énorme chantier, c'est là où il y a, j'allais dire,
09:50 le plus d'argent à gratter, en quelque sorte,
09:52 et le plus de gains de productivité possible.
09:55 Nous dépensons beaucoup plus que nos voisins pour les mêmes prestations,
10:04 c'est-à-dire qu'il y a des gains de productivité considérables à faire,
10:09 une amélioration, même aussi pour les usagers de nos services publics,
10:14 c'est le grand chantier, et on n'y a pas touché.
10:19 On a touché, comme vous le dites, aux retraites, il fallait sans doute le faire.
10:25 Très intelligemment, Macron avait défendu un régime de retraite par point
10:32 dans la première campagne présidentielle,
10:35 mais ensuite, ça a été un massacre dans la mise en œuvre.
10:39 En réalité, on ne défend pas un régime de retraite par point,
10:43 on défend une retraite à la carte, une retraite choisie.
10:48 Interrogez les Français, vous avez 80% des Français
10:51 qui sont pour une retraite à la carte ou une retraite choisie.
10:53 – Mais d'une manière plus globale, plus générale.
10:55 – Ensuite, les points, la retraite par point, c'est une modalité,
11:01 comme nous avons le système de points pour nos retraites complémentaires,
11:05 mais on ne vend pas l'opinion, une retraite par point.
11:08 – D'une manière générale, la capacité du pouvoir actuel à réformer,
11:12 est-ce qu'elle existe ?
11:13 Vous parliez tout à l'heure de réindustrialisation, de souveraineté.
11:18 Vous avez vu ce qui s'est passé du côté de l'Ifré,
11:21 avec l'usine Bridor en Ile-et-Vilaine, votre ancien département,
11:25 où le groupe Leduf voulait implanter une usine,
11:27 500 emplois pour fabriquer des viennoiseries.
11:31 Ils ont été obligés de renoncer au projet du fait de la pression et des recours.
11:35 – Oui, ça faisait 10 ans, ça faisait 10 ans.
11:38 – Et on lui dit qu'il va se faire en Pologne ou au Portugal.
11:42 – Et on lui dit qu'il est sur les derniers recours, des derniers écologies, etc.
11:44 Mais quand vous êtes un grand groupe, je connais bien le groupe Leduf,
11:46 c'est formidable, quand vous êtes un grand groupe comme le sien,
11:49 vous avez, même ne serait-ce que vos cadres qui vous disent,
11:52 mais écoutez, nous il faut qu'on développe rapidement nos marchés aux États-Unis,
11:57 rapidement nos marchés au Japon, etc.
12:00 Or, Leduf, plus breton que Leduf, vous ne le faites pas.
12:04 Leduf est attaché profondément à la Bretagne,
12:07 il a toujours voulu faire une usine phare qui approvisionne le monde entier
12:12 à partir de la Bretagne.
12:14 S'il avait pu la faire, il l'aurait faite en Bretagne.
12:17 Mais à un moment donné, vous dites, bah écoutez, nous il faut qu'on avance,
12:22 et si pour faire une usine, je la fais en 12 mois à Francfort ou au Texas,
12:30 et qu'au bout de 10 ans, je ne réussis pas à la faire en France,
12:33 eh bien je fous le camp, logique.
12:35 – Ma question c'est, entre la volonté et la réalité, il y a quand même un fossé,
12:39 vous voyez bien qu'il y a un discours et il y a des choses qui ne se font pas,
12:42 qui ne se fassent pas.
12:43 – Mais vous, vous pressez avec vos questions, je veux dire, je comprends,
12:47 mais si je terminais la question des retraites par exemple,
12:51 la question des retraites, vous vous retrouvez dans une situation
12:54 où l'âge de la retraite est un tabou pour la gauche, un totem pour la droite,
13:00 c'est idiot, il y avait moyen de faire autrement,
13:03 en allongeant simplement la durée de cotisation, je ne développe pas sur ce point.
13:09 Donc encore une réforme qui est mal engagée.
13:12 Sur les réformes de l'État, manifestement, ce gouvernement si,
13:19 mais les précédents ne veulent pas y toucher, et c'est pourtant le grand chantier,
13:25 et c'est là où il y a le plus de choses à faire,
13:28 parce que quand vous parlez de l'usine de l'Ifré,
13:30 ce n'est pas seulement des mauvais fonctionnaires de la bureaucratie,
13:34 c'est la complexité des lois, les gens ne comprennent pas ça.
13:37 La complexité administrative, c'est le produit de la complexité des lois.
13:42 Puis vous faites une loi dans un sens, puis une loi dans un autre sens,
13:44 puis une loi un peu, etc.
13:45 À un moment donné, vous êtes obligés de faire des tas et des tas de règlements
13:49 pour essayer de voir clair dans tout ça,
13:53 et ça donne le monstre bureaucratique qu'est devenu la France,
13:57 il faut soigner le mal à la racine, c'est-à-dire trop de lois
14:02 et un État trop omniprésent qu'il faut réformer,
14:08 qu'il faut savoir pour un grand nombre de sujets,
14:11 mettre en concurrence avec des initiatives privées.
14:15 – C'est Alain Madelin, l'ancien ministre,
14:16 qui est avec nous sur ce plateau ce matin, notre partenaire 20 minutes,
14:19 rédacteur en chef d'ailleurs de 20 minutes, qui s'appelle Florelle Hernández,
14:23 va vous poser une question, celle d'un lecteur très engagé politiquement,
14:26 il s'appelle Franck Chevrel, il est responsable Reconquête
14:29 du parti d'Éric Zemmour dans le Morbihan, on l'écoute.
14:32 – Alain Madelin, voici la question de notre lecteur, un lecteur politisé,
14:36 Franck Chevrel, le responsable Reconquête dans le Morbihan, vous demande
14:40 "Que pensez-vous du transfert de sans-abri de migrants d'Île-de-France
14:43 vers les régions pour accueillir la clientèle hôtelière
14:46 de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques de Paris ?
14:50 – Je ne sais pas si c'est la mesure la plus intelligente,
14:54 mais il faut quand même faire quelque chose.
14:57 Je suis quand même fasciné par Éric Zemmour, que je connais bien,
15:03 avec lequel je discute volontiers, qui est intelligent,
15:07 mais ce côté, j'allais dire, il y a un énorme problème en l'immigration,
15:12 je ne le nie pas, il y a le mot, on hésite à l'utiliser, le grand remplacement,
15:18 on n'est pas prêts d'être remplacés, mais en tout cas c'est vécu comme ça,
15:23 par beaucoup de gens qui ont le sentiment qu'il faut mettre un coup d'arrêt
15:29 à l'immigration, c'est sûrement vrai, parce que pour assimiler,
15:35 pour intégrer les immigrés qui sont déjà chez nous,
15:40 il faut quand même un peu stopper le flux, sinon ça déborde.
15:45 – C'est sûrement vrai, mais la méthode utilisée à Calac ou à Saint-Brévin,
15:48 elle est bonne ?
15:49 – Je suis désolé, il faut qu'on avance, on a vraiment du retard.
15:51 – Je veux dire, ça forme un tout, si vous prenez point par point
15:56 les questions d'immigration, vous n'en sortez pas,
16:00 et je voudrais avoir éventuellement un débat, je crois que les Républicains
16:03 veulent l'engager, le gouvernement aussi, sur l'ensemble de la question d'immigration.
16:08 – La une de Ouest-France.
16:10 – La flambée des taxes foncières, et en intérieur on a une interview
16:13 exclusive d'Elisabeth Borne.
16:15 – Très bien, et il y a également la une de 20 minutes,
16:17 on va passer à l'antenne notre partenaire.
16:19 Voilà, 20 minutes, ligne de front, il s'agit bien sûr de lutter
16:23 contre le cyberharcèlement des joueurs et des joueuses.
16:26 C'est Roland Garros.
16:27 Dans un instant, Tom Benoit de Géostratégie.
16:29 Merci Stéphane Vernier.
16:30 [Musique]
16:33 Bonjour Tom Benoit, vous êtes directeur de la rédaction de Géostratégie magazine,
16:37 qui est édité par le groupe Robert Lafont-Presse.
16:40 – Absolument.
16:41 Alors Alain Madelin, la Banque Centrale Européenne a décidé de créer
16:44 une monnaie numérique, elle a mandaté entre autres Amazon
16:47 pour étudier la structure de cette euronumérique.
16:49 En réalité, quasiment l'intégralité des grandes banques centrales du monde
16:53 vont créer une monnaie numérique.
16:55 Mais vous qui avez été ministre de l'économie et des finances,
16:58 dites-moi, la numérisation partielle, tout au moins de la monnaie fiat,
17:02 existe déjà, elle est apparue avec l'informatisation de la société.
17:06 Que pourrait apporter une monnaie numérique ?
17:09 – C'est une bonne observation.
17:12 On a le sentiment que comme il y a eu les monnaies numériques
17:16 un peu dans l'air du temps, les banques centrales ont voulu s'habiller à la mode.
17:22 – C'est ce que dit Jacques Delarose.
17:24 – Et elles se sont dit, bon ben on va faire nous aussi des monnaies numériques.
17:28 Bon, c'est équilibrement compliqué, il pourrait y avoir un vrai problème,
17:37 je ne peux pas tenter de trop développer ça,
17:42 mais la monnaie numérique, c'est l'équivalent du cash.
17:48 Or, comment dire ça rapidement ?
17:54 – C'est ce que dit Jacques.
17:56 – Or, vous avez d'énormes réserves qui ont explosé avec la crise de 2007-2008,
18:02 qui ont explosé avec le Covid etc.,
18:05 qui sont les réserves des banques auprès des banques centrales.
18:08 Avant elles avaient ça, de réserve, maintenant elles ont ça.
18:12 C'est une monnaie qui est inerte.
18:14 Alors bien sûr une banque centrale peut aller,
18:17 une banque peut aller sonner à la porte d'une banque centrale et dire,
18:21 écoutez, je voudrais que vous me donniez 5 milliards en cash.
18:25 On peut lui donner 5 milliards en cash.
18:29 Et à ce moment-là c'est de la monnaie qui va venir circuler,
18:32 c'est une monnaie qui va, c'est l'équivalent d'une création monétaire à ce moment-là.
18:37 Quand elle est encapsulée à la banque centrale,
18:41 ce n'est pas de l'argent qui circule, ce n'est pas une création monétaire.
18:44 Si la banque le récupère en cash et le fait circuler,
18:47 ça devient une création monétaire.
18:49 Les banques ne le font pas, bien évidemment, parce que ce serait stupide.
18:53 Le jour où, on dit, écoutez, je vous la donne en monnaie numérique,
19:03 à ce moment-là vous pouvez avoir un point de création monétaire,
19:10 alors que jusqu'à présent il n'y en a pas,
19:12 on l'était à peu près régulé, la création monétaire,
19:14 vous pourriez avoir une fuite vers la création monétaire.
19:17 Je m'arrête là, c'est une crainte que je…
19:20 – Tom Benoît.
19:21 – C'est une crainte technique que je fais,
19:24 mais pour l'instant c'est plutôt, on va dire, une mode.
19:28 – Jacques Delarosière, ancien gouverneur de la Banque de France,
19:31 vous l'avez rencontré, il parle de crypto-monnaies
19:34 et des craintes qu'elles soulèvent.
19:35 C'est un entretien exclusif qu'il vous a accordé,
19:37 qu'on verra bientôt sur TV5MONDE.
19:40 – Pourquoi est-ce qu'ils font ça ?
19:41 Ils font ça parce qu'ils ont peur de la concurrence, des crypto-monnaies.
19:46 Et la peur de la concurrence n'est jamais bonne conseillère.
19:51 Il faut réfléchir à pourquoi il y a un transfert
19:55 de l'intérêt des citoyens vers les crypto-monnaies.
19:58 – Parce qu'elles sont libres,
19:59 parce qu'elles ne peuvent pas être taxées de la même façon.
20:02 – Parce que c'est décentralisé, parce que c'est pas dirigé par…
20:05 – Par le système bancaire.
20:07 – Un système centralisé.
20:09 – Alors pour dire…
20:10 – C'est pas tout à fait vrai ce qu'il dit.
20:12 – C'est pas tout à fait vrai ?
20:13 – Non, parce que surtout les gens y voient un moyen de spéculation.
20:18 – Et surtout de sortir du système bancaire traditionnel.
20:20 – Et aussi de sortir du système bancaire traditionnel.
20:23 Mais voilà, mais c'est pas une vraie concurrence.
20:25 – Je pense qu'en réalité…
20:26 – Ce n'est pas une vraie concurrence pour les monnaies de banque centrale.
20:29 D'ailleurs les monnaies de banque centrale, juste un mot,
20:31 les banques centrales, vous savez que sur les dollars
20:34 qui sont créés dans le monde,
20:35 – Oui.
20:36 – Le dollar est la grande monnaie d'échange.
20:37 – La monnaie de réserve de référence.
20:39 – Oui, oui, voilà.
20:40 Le dollar c'est la monnaie mondiale.
20:42 Vous savez que les dollars qui sont créés,
20:45 il y a 2 dollars sur 3 et peut-être un peu plus aujourd'hui,
20:48 rapport de la BRI, qui sont créés en dehors des États-Unis,
20:53 qui sont créés par la finance internationale de marché.
20:57 Autrefois on appelait ça péjorativement le shadow banking.
21:01 C'est-à-dire que vous avez depuis des années,
21:05 mais en tout cas ça a explosé, on l'a bien vu avec 2007,
21:09 vous avez un nouveau régime monétaire totalement différent
21:13 de ce qui était avant.
21:14 Oubliez tout ce que vous avez lu dans vos manuels.
21:16 C'est une nouvelle monnaie qui est créée par la levée de dettes
21:23 sur le marché international.
21:25 – Est-ce que le système monétaire est en train de se diviser ?
21:27 Pour conclure, est-ce qu'on assiste à une division assez chaotique
21:30 du système monétaire avec d'une part des parties très privées,
21:33 des crypto-monnaies, des monnaies numériques de banque centrale,
21:36 des monnaies de réserve de référence qui commencent à être bouleversées également,
21:40 puisqu'il y a beaucoup de pays qui ne traitent plus en dollars également ?
21:43 – Mais non, mais non.
21:44 – Donc selon vous le dollar a encore un avenir hégémonique ?
21:48 – Non, ce qui est dominant aujourd'hui c'est ce qu'on appelle le global money,
21:52 la monnaie internationale qui irrigue,
21:56 qui a financé la mondialisation en réalité.
21:59 C'est cette monnaie-là qui a financé la mondialisation.
22:01 – Mais si on parle de mondialisation, même Bernard Arnault s'inquiétait
22:03 de la création démesurée de monnaie il y a quelques années.
22:06 Lors d'une conférence donnée à Polytechnique,
22:08 Bernard Arnault qui est quand même pas le moins expérimenté en matière de finance.
22:11 – Mais il n'y a pas eu de création démesurée de monnaie.
22:13 S'il y avait une création démesurée de monnaie, vous savez très bien que ça donne l'inflation.
22:16 – Le volume monétaire a été multiplié par 4 en 40 ans.
22:19 – Pardon ?
22:20 – Le volume monétaire global a été multiplié par 4 en 40 ans.
22:23 – Mais non, mais non, mais non, mais non.
22:26 C'est de la monnaie, la nouvelle monnaie qui circule aujourd'hui dans le monde,
22:32 c'est une dette qui est adossée à un titre, un collatéral,
22:36 qui est adossé à un titre public de première qualité.
22:40 Le titre public de première qualité, c'est les bons du trésor américain,
22:44 c'est les bons allemands.
22:47 Ce sont aussi, grande chance, un petit peu nos bons du trésor à nous.
22:51 Et donc, ce qui signifie que c'est ça la nouvelle monnaie aujourd'hui.
22:57 – Donc nous n'aurons pas de problème pour matérialiser la monnaie qui existe aujourd'hui.
23:01 – Pour matérialiser, c'est-à-dire ?
23:03 – C'est-à-dire pour rembourser la dette, nous allons franchir les 3 000 milliards de dettes.
23:07 – Ah, ça vous n'aurez pas de problème si vous avez de la croissance.
23:11 Si vous n'avez pas de croissance, vous aurez de la croissance.
23:13 – Elle devient plus difficile puisqu'elle est quasiment à zéro en ce moment en France.
23:16 – Non mais, j'entends bien, c'est le gros problème.
23:18 Donc tout le défi est là.
23:20 Pour rembourser, on peut faire des dettes, on peut encore faire des dettes.
23:23 Mais pour pouvoir les rembourser, il faut de la croissance.
23:26 – Pour terminer, pour conclure Alain Madelin,
23:28 il faut que Standard & Poor's abaisse la note de la France
23:31 pour que le ministère des Finances ralentisse un petit peu l'émission de dette.
23:35 – Mais tout le monde se fout de Standard & Poor's.
23:37 – Tout le monde se fout de Fitch et de Standard & Poor's.
23:39 – Mais oui, mais oui, la une de géostratégie.
23:41 – Les banques centrales face aux BRICS,
23:43 donc un numéro qui est en kiosque pour encore quelques semaines,
23:45 et la une à la charge de la dette.
23:47 – Alors là, vous avez un énorme problème, c'est la pénurie totale de dollars aujourd'hui dans le monde.
23:52 – Mais pas en liquide apparemment.
23:54 C'est peut-être la circulation de dollars en argent liquide
23:56 qui pourrait sauver l'hégémonie du dollar, qu'en pensez-vous ?
23:59 – Oh non, ça c'est marginal, c'est marginal.
24:02 Vous avez une pénurie de dollars dans tous les pays émergents
24:07 qui créent des situations économiques impossibles aujourd'hui.
24:11 – Merci Alain Madelin, merci beaucoup.
24:13 – Merci comme Benoît, directeur de géostratégie magazine.
24:17 – Pénurie de dollars, ça veut dire qu'il n'y a pas d'inflation.
24:19 – Grande conversation avec Alain Madelin, ancien ministre de l'économie et des finances,
24:21 vous l'avez compris dans un instant, Denis Carodeni ce matin.
24:24 [Générique]
24:27 Bonjour Denis Carodeni, vous êtes en duplex de votre studio de Nice matin.
24:30 Et en direct, vous êtes directeur des réactions du groupe Nice matin.
24:34 Et Alain Madelin est l'ancien ministre de l'économie et des finances
24:36 qui est notre invité politique.
24:38 – Bonjour Alain Madelin. – Bonjour.
24:42 – Chenu a évoqué tout à l'heure le terme de décivilisation
24:45 employée par Emmanuel Macron.
24:47 Alors est-ce que le président a eu raison d'utiliser ce mot ?
24:51 Quel regard portez-vous sur ces faits divers à répétition
24:54 dans une société qui paraît de plus en plus violente ?
24:57 – Je trouve que le mot décivilisation, il a deux sens.
25:02 C'est quelque chose qui est en train de détruire notre civilisation,
25:09 n'exagérons pas.
25:11 C'est quelque chose qui est en train de casser le lien civil.
25:15 Eh oui, ça c'est vrai.
25:18 En réalité, ce qui est en cause, ce sont plus les civilités.
25:23 – L'incivilité dont on parle tant.
25:25 – Les incivilités, oui, on en parle,
25:27 mais généralement pour minorer des actes plus graves.
25:30 Donc il faut faire un petit peu attention à ce que l'on dit.
25:33 Mais en réalité, une société, elle tient par,
25:37 bien évidemment l'économie, on en a parlé,
25:40 mais elle tient aussi par des valeurs psychiques.
25:43 Il y a un niveau de vie du cœur.
25:45 Il y a un niveau de vie de l'âme, diront certains.
25:49 Mais notre vie, elle est faite de tas de repères,
25:52 des amitiés, des choses qui ne valent rien,
25:55 mais qui pour nous ont une valeur, etc.
25:57 Et parmi tout cela, il y a la culture, il y a les pratiques civiles.
26:03 On se serre la main, il y a des façons de se dire bonjour,
26:08 on fait un repas entre amis.
26:11 Tout ceci forme au fond la culture française
26:17 qui est aujourd'hui un peu brisée par,
26:22 effectivement, des jeunes gens et des jeunes filles
26:26 qui semblent ne pas avoir acquis ces civilités ancestrales
26:33 qui étaient les nôtres et qui ont donc du mal à s'intégrer.
26:36 C'est donc comme ça que je prendrai la question.
26:40 Je ne veux pas de loi supplémentaire
26:43 pour lutter contre la décivilisation.
26:46 En revanche, il faudra avoir une action extrêmement patiente,
26:51 y compris avec les minorités,
26:54 pour refabriquer du lien civil.
26:58 Voilà. Denis Caron, on revient à vous dans un instant.
27:00 Même groupe que vous, Cyril Boutier, le directeur éditorial de France Antille.
27:04 Notre partenaire a une question à poser à Alain Madelin
27:07 depuis Fort-de-France. On l'écoute.
27:10 Bonjour Alain Madelin.
27:11 Les Outre-mer sont évidemment très concernés par l'insécurité que vous évoquiez,
27:15 notamment liée au trafic de drogue et au trafic d'armes.
27:19 Pensez-vous que pour ces territoires, il y ait des mesures spécifiques à appliquer ?
27:24 Je n'en sais rigoureusement rien.
27:27 Moi, c'est clair.
27:30 Si vous me parlez de Mayotte, je vois à peu près,
27:32 parce que là, c'est une situation tout à fait particulière.
27:35 Pour les autres territoires, est-ce qu'il y a des mesures spécifiques sur la drogue ?
27:41 Trafic d'armes, etc.
27:45 Je ne connais pas la différence que ça peut représenter avec une banlieue française.
27:50 Désolé.
27:51 Vous n'êtes plus un homme politique classique qui peut répondre à toutes tes questions.
27:54 Denis Caron, depuis Nice.
27:56 Vous nous disiez Alain Madelin qu'il n'y a pas besoin nécessairement d'une loi
28:01 contre la décivilisation.
28:03 En revanche, il y a une loi qui se prépare sur l'immigration.
28:07 Or, depuis 1980, il y en a déjà eu une trentaine.
28:10 Est-ce que cette nouvelle loi sur l'immigration est vraiment nécessaire ?
28:13 On pourrait dire non.
28:20 Néanmoins, il y a des problèmes de droits à régler,
28:25 qui ne sont pas faciles,
28:28 mais qui touchent à l'expulsion,
28:33 qui touchent aux droits d'asile,
28:39 qui touchent au regroupement familial.
28:43 Je prends l'exemple du regroupement familial.
28:46 Moi, à un moment donné, c'était du temps de chevènement.
28:51 Je m'étais un peu battu contre le fait que
28:55 le regroupement familial devenait trop facile.
28:59 Il n'est pas anormal de dire que, dans le cadre d'un regroupement familial,
29:04 vous devez avoir un vrai emploi et un vrai domicile.
29:09 C'est un exemple parmi d'autres.
29:13 Denis Carreau.
29:14 Alain Madelin, en 1990, vous aviez organisé des états généraux de la droite
29:21 avec Nicolas Sarkozy à l'époque.
29:23 Le nouveau président des Républicains, Éric Ciotti,
29:26 va organiser des états généraux au mois de juin
29:29 pour tenter de relancer les Républicains.
29:31 Est-ce qu'il a une petite chance d'y arriver ?
29:34 D'abord, ce n'étaient pas les états généraux de la droite.
29:37 C'était les états généraux de l'opposition.
29:39 C'est intéressant parce qu'à l'époque, personne ne se disait de droite.
29:43 L'UDF ne se disait pas de droite.
29:46 Les démocraties libéraux ne se disaient pas de droite.
29:49 Le RPR, à l'époque, ne se disait pas de droite.
29:52 – Vous disiez de droite, vous ?
29:54 – Moi, je disais, je fais de la politique à droite, si ça vous chante.
29:57 Mais il y a une droite con, il y a une droite intelligente.
30:00 Moi, je suis un libéral à droite.
30:02 Et puis est venue, dans les années 2000,
30:06 après la réélection de Jacques Chirac face à Le Pen,
30:09 l'idée qu'il fallait être 100% de droite.
30:12 Ça me paraît absolument ridicule.
30:15 – Donc vous n'êtes pas 100% de droite, vous.
30:17 – On a inventé politiquement le râteau à une dent, si vous voulez.
30:20 – Pour vous, vous n'êtes pas 100% de droite.
30:23 – Pardon ?
30:24 – Vous n'êtes pas 100% de droite.
30:25 – Non, pas du tout. Moi, je suis libéral, profondément libéral.
30:28 – Denis Caro.
30:29 – C'est ma définition.
30:30 Donc j'en reviens, c'était l'État général de l'opposition, donc je précise.
30:34 Donc s'il faut faire les États généraux de la droite,
30:37 déjà, ça fond, ça réduit un peu.
30:41 Je leur conseille de faire des États généraux extrêmement ouverts,
30:47 de faire participer tous les candidats à potentiel putatif,
30:51 ça fait du monde, à l'élection présidentielle,
30:55 et d'aborder le plus grand spectre de thèmes possible.
31:01 – Denis Caro, jeudi prochain, nous avons Éric Ciotti
31:04 comme invité en commun avec vous, avec le groupe Nice Matins.
31:07 Nous passerons ce passage d'Alain Madelin pour lui demander ce qu'il en passe.
31:10 – Et puis le groupe, ils prennent leur temps, on ne fait pas ça en un mois.
31:13 – La une de Nice Matins, Denis Caro.
31:17 – La une de Nice Matins, tram stop à la fraude,
31:20 la métropole de Nice qui lance une grande opération
31:24 pour lutter contre les resquilleurs dans les bus,
31:28 et notamment, et particulièrement, les tramways.
31:30 – Denis Caro, vous étiez en duplex, c'est en direct de votre studio,
31:33 de Nice Matins à Nice, merci.
31:35 Vous êtes le directeur des rédactions du groupe.
31:38 Dans un instant, Demet Korkmaz de TV5MONDE sur ce plateau.
31:42 [Générique]
31:45 Bonjour Demet Korkmaz, merci d'être avec nous ce matin.
31:48 Alain Madelin, la directrice adjointe de la rédaction du Point Armel Le Goff.
31:52 Le Point c'est notre partenaire dans cette émission "Face au territoire".
31:55 Une question à vous poser, on l'écoute.
31:57 – Alain Madelin, bonjour.
31:59 Recep Tayyip Erdogan vient d'être réélu à la tête de la Turquie.
32:02 Est-ce que cela sonne définitivement le glade et pourparler diplomatique
32:06 entre l'Union Européenne et la Turquie ?
32:08 Et sur le plan des relations internationales, pensez-vous que la Turquie
32:13 va poursuivre ce jeu d'équilibriste entre l'Ukraine et la Russie notamment ?
32:19 [Générique]
32:23 – Je ne suis pas le meilleur spécialiste de la Turquie,
32:27 mais je l'observe quand même de près depuis longtemps.
32:31 Je pense que ce jeu d'équilibriste est un jeu qui convient bien à Erdogan.
32:37 Un petit pied avec Poutine, rester dans l'OTAN,
32:48 parce que c'est une ouverture sur le monde,
32:54 et défendre l'idée d'une présence, d'un retour d'un empire ottoman.
33:02 Les empires sont aujourd'hui à la mode.
33:06 – David Corpaz.
33:07 – On va parler de courage en politique.
33:09 Pedro Sánchez a essuyé un revers aux élections locales.
33:13 Il dissout l'Assemblée. Est-ce que c'est ça le courage politique ?
33:17 – Qu'est-ce que vous voulez me faire dire par là ? Je vous vois venir là.
33:21 – Pas du tout. Alors il n'y a aucun sous-texte, aucun sous-texte.
33:25 Mais est-ce que le courage politique se perd ou est-ce que c'est…
33:29 – Mais ce n'est pas un problème de courage, c'est un problème…
33:32 Vous êtes dans les cordes, vous avez le choix.
33:34 – Alors à quoi vous pensiez-vous, puisque vous, vous aviez une arrière-française ?
33:37 – Oui, c'était vous la réponse.
33:38 – Qu'est-ce que c'était votre pensée ?
33:39 – C'est quelque chose que l'on a beaucoup dit pour Macron.
33:41 Après l'épisode des retraites, il devrait dissoudre, puisqu'il y a…
33:49 – Le contexte n'est pas le même.
33:51 – Le contexte n'est pas du tout le même.
33:53 – Mais il remet le jeu démocratique sur les rails, c'est salutaire.
33:57 – Quand vous êtes dans l'impasse, c'est ce que vous faites.
33:59 – Prenons un exemple. Je connais un homme politique qui est totalement dans l'impasse.
34:04 – Qui ?
34:05 – Et qui aura intérêt à faire des élections.
34:06 – Alors qui ?
34:07 – Poutine.
34:08 – D'accord.
34:09 – Mais il ne sait pas ce que ce sont des élections, donc la question ne se pose pas.
34:12 – Vous avez évoqué brièvement la dédollarisation, cette dédollarisation, elle est en marche ?
34:18 – Non.
34:19 – Est-ce que c'est un mouvement de fonds ? Ce n'est pas ma question.
34:21 Pourquoi est-ce que l'euro n'arrive pas à s'imposer davantage ?
34:24 Est-ce qu'il y a… comment cette monnaie pourrait prendre plus de valeur
34:29 dans les échanges au niveau international ?
34:32 – En réalité, c'est compliqué à dire, mais la monnaie qui circule, c'est une monnaie créance,
34:40 qui est libellée en dollars ou libellée en euros.
34:46 C'est-à-dire qu'au fond, c'est la réputation de ces grandes monnaies
34:51 qui fait que les créances sont libellées dans cette monnaie.
34:56 Donc ces deux monnaies, elles ont leur foyer, j'allais dire banque centrale,
35:02 et elles ont leur réputation qui règle le monde.
35:05 – Mais cette monnaie européenne, est-ce qu'il faut qu'elle soit forte,
35:08 comme les pays du Nord le voudraient, ou est-ce qu'il faudrait accepter
35:12 qu'elle soit dévaluée pour éventuellement booster les échanges ?
35:16 – Le monde ne fonctionne pas comme ça. Le monde fonctionne, c'est qu'à un moment donné,
35:22 vous avez un marché d'échange, et sur le marché d'échange,
35:25 vous avez plus d'acheteurs que de vendeurs, ou plus de vendeurs que d'acheteurs.
35:29 – On revient sur le shadow banking également, cette finance parallèle de l'ombre,
35:33 qui est non bancaire. – Finance mondiale de marché.
35:36 – Vous préférez, parce que vous avez créé un fonds d'investissement,
35:41 et vous en avez été d'une certaine manière un acteur aussi,
35:44 c'est pour ça que vous préférez…
35:46 – Oui, le fonds d'investissement, c'est une institution, c'est pas un instrument…
35:51 – Mais c'est un système qui est totalement dérégulé,
35:54 est-ce qu'il faut réguler cette finance parallèle ?
35:57 – Les fonds d'investissement sont dérégulés ?
35:59 – Non, je parle de… les fonds d'investissement ne sont pas les seuls.
36:02 – Un fonds de braque de liquide, il n'y a rien de plus régulé que le financement.
36:05 – Non, mais ce n'est pas le seul acteur, vous le savez bien.
36:07 – Alain Madeleine, nous allons… – Tout le monde est régulé.
36:09 – Nous sommes obligés de partir à Rouen, je m'excuse,
36:12 puisque cette émission va prendre fin bientôt.
36:15 C'est notre partenaire du groupe Centro-France La Montagne.
36:17 Cette semaine, c'est Pierre-François Chetail,
36:19 qui est chef d'édition au journal Le Pays. On l'écoute.
36:22 – Bonjour Monsieur Madeleine.
36:25 Depuis 2002, votre candidature à l'élection présidentielle,
36:28 les lignes politiques ont un petit peu bougé.
36:30 Aujourd'hui, où est-ce que vous vous situez politiquement ?
36:32 Du côté du LR de Axioti, de Zemmour et son Union des Droites,
36:37 ou peut-être même du chef de l'État qui prône une économie plutôt libérale ?
36:41 – Oui, je me situe totalement ailleurs et totalement libre.
36:45 – Ça c'était Michel Jauberge.
36:46 – Totalement libre de faire mon marché.
36:50 Je trouve que Macron, sur un certain nombre de points,
36:53 fait des choses intelligentes et je ne vois pas
36:55 des adversaires qui auraient pu faire les mêmes choses intelligentes.
37:02 La gauche m'apparaît dans une déconfiture totale.
37:05 – Et à la droite ?
37:06 – Je souhaite qu'elle se ressaisisse.
37:08 – À la droite ? – Le Républicain pourrait avoir un créneau,
37:12 mais ils ont quand même beaucoup de candidats et beaucoup trop de rancœurs.
37:17 Quant maintenant à la droite de la droite,
37:23 franchement, les attitudes qu'ils ont aujourd'hui vis-à-vis de Poutine,
37:32 alors que franchement celui-ci déclare la guerre à nos démocraties,
37:41 à notre raison d'être, je trouve que la rupture de leur part devrait être totale.
37:49 Et elle ne l'est pas, elle est plus qu'ambiguë
37:53 et pour moi c'est une raison de balayer ça.
37:58 – Il nous reste quelques minutes, peut-être Véronique Rosenfeld, la réalisatrice,
38:03 va pouvoir nous montrer un tout petit extrait pour conclure.
38:07 Il s'agit de l'Ukraine, il s'agit d'Alain Delon
38:10 qui s'adressait à Volodymyr Zelensky, ici à votre place même sur ce plateau.
38:15 – Ce bien, je ne l'accepte pas.
38:18 Et quand je vois ce qu'il vous est, ce que vous souffrez tous les jours,
38:22 de ce peuple qui crève, de ces enfants qui meurent,
38:25 de ces animaux qui trépassent, ça me dégoûte.
38:30 – Vous êtes d'accord avec ça, bien sûr, vous venez de le parler.
38:34 – Il a tout dit.
38:36 – Vous n'êtes pas trop rancunier, en 1995,
38:39 après l'élection présidentielle Jacques Chirac vous nomme ministre de l'économie,
38:42 vous préconisez une réforme des retraites déjà et Alain Juppé vous vire en gros,
38:46 et puis vous le soutenez à la primaire de la droite et du centre en 2016, pourquoi ?
38:50 – Je n'ai pas fait ça, j'ai un vrai différent avec Alain Juppé.
38:53 – Mais vous le soutenez après.
38:55 – Le différent il portait sur, non pas sur, oui sur les retraites,
39:01 sur la sécurité sociale, sur la fiscalité, enfin il y avait beaucoup trop de sujets de différence.
39:06 – Et vous décidez de le soutenir en 2016.
39:09 – Je ne vais pas le soutenir en 2016.
39:11 – Enfin vous êtes plutôt du côté de Juppé, vous n'êtes pas du côté de Sillon,
39:14 vous n'êtes pas du côté de Sarkozy.
39:16 – Oh non, non, mais attendez, j'ai arrêté la vie politique, toute vie politique active.
39:22 J'ai pu dire à un moment donné, ce qui était vrai, que la bonne idée ce serait d'avoir,
39:29 de faire une synthèse entre les différents candidats qui se présentaient
39:33 et que laisser le créneau de, j'allais dire de l'ouverture et du raisonnable à Juppé
39:44 n'était pas la meilleure chose pour la droite.
39:47 Ça devait être à peu près ça.
39:49 – Oui c'est ça.
39:50 – Parce que ça ne valait pas soutien.
39:52 – Merci Alain Madelin, vous êtes ancien ministre et maintenant évidemment dans le privé.
39:57 Dénèque Corkmaz en a parlé, à l'adresse je crois d'un fonds d'investissement.
40:00 Merci d'avoir été notre invité ce matin dans "Face au territoire".
40:03 Jeudi prochain c'est Éric Ciotti, le président des Républicains qui sera à votre place.
40:07 On aura beaucoup à lui parler de ce que vous avez dit ce matin,
40:10 notamment votre position vis-à-vis de la droite.
40:13 Voilà, merci à tous, c'est "Bonne journée" sur TV5.
40:15 – Ah oui, 100% !
40:16 [Générique]