Face à l'Info (Émission du 01/06/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Bonsoir à tous, face à l'info 19h, c'est l'heure, ravie de vous retrouver ce soir.
00:04 J'ai un cadeau pour un chroniqueur, un stylo.
00:07 Pour Guillaume Bigot.
00:08 Voilà, je vous le donne.
00:10 J'en vais en attendant à la Minute Info avec Maureen Vidal.
00:13 A tout de suite.
00:14 Quatre plaintes ont été déposées par la famille de Lindsay,
00:19 cette jeune fille qui s'est suicidée à cause du harcèlement qu'elle subissait.
00:23 Trois d'entre elles sont contre la direction du collège,
00:25 l'académie de Lille et les policiers en charge de l'enquête
00:28 pour non-assistance à personne en péril.
00:30 Une plainte a été déposée contre le réseau social Facebook,
00:33 jugée comme complètement défaillant en matière de modération des contenus
00:37 et de lutte contre les propos haineux.
00:39 Les obsèques de Karen Mezino, l'infirmière de 37 ans tuée au CHU de Reims,
00:44 avaient lieu ce matin.
00:45 Plusieurs centaines de personnes étaient présentes à la basilique Saint-Rémy de Reims
00:48 pour lui rendre hommage, dont le ministre de la Santé François Braune.
00:51 Dès 8h, de nombreux professionnels de santé sont entrés en blouse blanche dans la basilique.
00:56 Son mari a rendu hommage au dévouement sans limite de son épouse,
00:59 qui mettait les intérêts des autres avant les siens.
01:02 Un tiers des vols annulés à Paris-Orly mardi prochain
01:05 en raison de la participation de contrôleurs aériens à la grève
01:07 contre la réforme des retraites prévue par l'intersyndicale.
01:10 La direction générale de l'aviation civile a également précisé
01:13 qu'un vol sur cinq en provenance ou à destination des aéroports de Lyon,
01:17 Marseille, Nice, Toulouse, Bordeaux et Nantes serait supprimé.
01:22 Au sommaire ce soir, sécurité des femmes dans l'espace public,
01:27 les forces de l'ordre vous protègent.
01:30 Voilà ce qu'on peut lire sur le site du ministère de l'Intérieur
01:33 ainsi que sur toutes les démarches à suivre en cas d'agression.
01:38 Et pourtant, de nombreuses femmes déplorent ces agressions.
01:41 Le manque de sécurité, le changement de tenue vestimentaire pour se protéger,
01:46 elles ne sortent plus le soir, les habitudes changent, la société change.
01:50 Quel est le réel constat ? Comment peut-on l'expliquer ?
01:53 Où est la promesse de sécurité de l'État pour les femmes ?
01:57 De Mathieu Boccotté.
01:59 Alerte sur le front de la crise au Kosovo et quelles implications pour la France ?
02:04 Emmanuel Macron dénonce la responsabilité des autorités kosovares.
02:08 Les États-Unis appellent les dirigeants kosovars et serbes à une désescalade immédiate.
02:13 Que se passe-t-il sur place ?
02:14 Pourquoi des élections municipales sont boycottées par une partie des habitants ?
02:18 Pourquoi y a-t-il des soldats de l'OTAN ?
02:20 Quelles leçons tirer de cette crise en termes d'immigration ?
02:24 Est-ce l'immigration qui a finalement détaché le Kosovo de la Serbie ?
02:29 L'édito de Guillaume Bigot.
02:33 Alors que Bernard Cazeneuve veut reconquérir le PS qui aurait perdu son âme au sein de la NUPES,
02:38 il met en garde contre l'instrumentalisation de la violence dans la société.
02:44 C'est dans une tribune, dans l'opinion que s'exprime l'ancien ministre de l'Intérieur.
02:48 Pourquoi explique-t-il que la nation ne peut se réduire à une identité
02:52 où dominerait le repli et la peur ?
02:55 Pourquoi explique-t-il que l'insécurité se combat d'arbore par les armes du droit ?
03:00 Mais que faire lorsque le droit est volontairement négligé
03:03 pour ne pas dire occulter le décryptage de Charlotte Dornelas ?
03:08 Le 1er juin 1885 a été un grand jour, un jour qui a marqué l'histoire,
03:13 les funérailles de Victor Hugo.
03:15 Un temps où la France rendait hommage à ses génies.
03:19 En quoi Victor Hugo reste-t-il le parangon de l'humanisme et de la référence de l'homme libre ?
03:26 Marc Menand raconte ces derniers instants et ce jour mémorable où la France entière était en deuil.
03:34 Et puis en quoi la Royal Force Air Britannique s'est-elle rendue coupable de discrimination raciale ?
03:40 Discrimination contre les hommes blancs dans la sélection de ses futurs pilotes.
03:45 Elle voulait embaucher en priorité et presque exclusivement des femmes
03:50 et des représentants des minorités ethniques.
03:52 Résultat, la Royal Air Force doit dédommager 31 hommes blancs jugés victimes de discrimination.
04:01 L'édito de Mathieu Beaucoup.
04:04 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires qui sont en pleine forme ce soir.
04:09 Il fait beau, ils sont bronzés. C'est parti !
04:14 *Musique*
04:25 Je ne sais pas ce que vous évoquez.
04:26 Vous affichez de nouveau.
04:27 Ah oui pardon !
04:28 *Rires*
04:29 Si jamais vous avez un petit mot d'amour.
04:31 Vous pensiez pas que ça allait être aperçu ?
04:33 Oui je pensais que ça allait être aperçu.
04:35 C'est juste pour vous dire que nous sommes très attentifs à vos messages,
04:38 régulièrement sur les réseaux sociaux, à des messages d'encouragement.
04:41 Merci parce que vous êtes très nombreux à nous.
04:43 Vous êtes parmi les records women dans ce type de...
04:47 Ah sur Twitter !
04:48 Ah bah oui quand même !
04:49 Ils sont nombreux à me suivre et je les remercie en tout cas.
04:51 Ah ouais c'est au-dessus du million !
04:53 *Rires*
04:55 En tout cas on va parler, j'ai envie de vous entendre sur un sujet de l'actualité,
05:00 Mohamed Aouas, ce pilier international du XV de France de rugby
05:06 qui a été condamné mardi à un an de prison ferme.
05:09 Effectivement il n'effectuera pas sa peine.
05:12 On va en parler dans un instant puisqu'aujourd'hui une vidéo choc est sortie
05:16 montrant comment il a frappé sa femme au sol.
05:20 On en parle dans un instant, on fera un tour de table.
05:22 J'ai envie d'avoir votre avis.
05:24 Quatre plaintes déposées aujourd'hui par la famille de l'adolescente
05:28 après le suicide de l'INSEE, victime du harcèlement scolaire.
05:32 On en a parlé hier avec Charles-Audorné Las.
05:35 Et puis en début de semaine, on a beaucoup parlé, Mathieu Bancoté, de ces jeunes
05:39 qui de plus en plus, pour éviter le harcèlement sexuel,
05:43 cette fois dans l'espace public où les transports en commun font le choix
05:47 de porter des vêtements amples dans l'espoir de passer inaperçus.
05:52 Autrement dit, les femmes ne se sentent plus en sécurité dans les transports en commun
05:55 et même plus largement dans l'espace public.
05:57 Et c'est cette inquiétude qui vous interpelle ce soir.
06:00 Oui, parce que c'est une question centrale et très souvent mal traitée
06:05 dans le discours public que celle de la situation des femmes dans l'espace public.
06:09 Alors normalement, quand on veut confesser, quand on veut témoigner d'une inquiétude
06:13 par rapport à la situation des femmes, il y a une forme de récit automatique
06:16 qui s'enclenche, c'est la droite religieuse américaine ferait régresser
06:20 le droit des femmes à l'avortement.
06:22 Et pour ne pas suivre la pente régressive des Américains,
06:25 il serait nécessaire en France, 51e état américain apparemment,
06:29 d'inscrire dans la Constitution quelque chose à cause de ce qui s'est passé aux États-Unis.
06:34 Donc c'est le récit à l'américaine.
06:36 Et c'est repris, soyons honnêtes, par une certaine gorge dans l'espace public.
06:40 Je vais vous donner quelques exemples.
06:41 Tout récemment, on l'a vu sur les vélos, vous savez, les vélos publics à Paris Vélib, je crois,
06:46 des autocollants, des stickers qui ont été placés.
06:49 Et là, c'était une campagne anti-avortement.
06:51 Et là, scandale, mais scandale, ça y est, l'avortement est en danger en France
06:55 parce qu'il y aurait quelques stickers qui ont été placés sur le mode de vandalisme, par ailleurs,
07:00 sur les vélos publics, en disant « voilà la véritable menace pour les femmes ».
07:04 Il y a quelques années encore, rappelons-nous, Julie Gaillet, rappelez-vous,
07:07 c'est un souvenir que moi qui m'amuse, qui avait fait une vidéo
07:10 pour dénoncer le mariage forcé entre un très vieil homme et une très jeune fille,
07:16 sous le signe, donc, les mariages forcés, imposés, brutaux,
07:20 et elle associait ça à la bourgeoisie catholique.
07:23 Les catholiques pratiquent le mariage forcé en France aujourd'hui.
07:26 Si nous voulons défendre les femmes en France, il faut lutter contre la droite catholique
07:29 qui fait des mariages forcés avec des fillettes de 8 ans.
07:32 Oui, oui, oui, oui, c'est exactement la menace qui nous pèse sur l'aîné.
07:35 Alors manifestement, derrière ce récit, qui est un récit qui tourne sur lui-même,
07:40 qui n'a pas besoin de preuves, qui n'a pas besoin de faits pour s'alimenter,
07:42 il y a la réalité réelle, celle-là, de la situation des femmes lorsqu'elles sortent de chez elles
07:47 et qui constatent aujourd'hui, empiriquement, que le transport en commun,
07:52 pas seulement peut se faire ce qu'on appelle le harcèlement de rue.
07:56 Il y a une espèce de confusion là-dessus, si je peux me permettre.
07:58 Le harcèlement de rue, ce n'est pas complimenter une dame lorsqu'on la croise
08:01 parce qu'on la trouve belle, parce qu'on la trouve élégante.
08:04 Le harcèlement de rue, c'est véritablement une volonté de s'approprier l'autre en l'humiliant,
08:07 en disant « tu m'appartiens, j'ai le pouvoir de t'exprimer mon désir sur toi,
08:11 et si tu n'y consens pas, j'ai le droit de te traiter de pute, de salope, et ainsi de suite. »
08:14 Donc gardons ça à l'esprit.
08:16 Alors, j'aurais pu utiliser d'autres mots, mais je crois que ce sont ceux qu'on utilise généralement.
08:21 Ils ont l'avantage d'être réels.
08:23 Or, qu'est-ce qu'on voit? On voit 80 % environ des jeunes femmes qui disent ne plus se sentir en sécurité
08:28 lorsqu'elles sortent de chez elles. Et qu'est-ce qu'elles font pour cela?
08:32 Elles intériorisent cette idée que la sécurité ne viendra pas.
08:36 Elles n'espèrent plus que l'État fasse son travail.
08:39 Donc qu'est-ce qu'elles font? Globalement, deux stratégies.
08:41 La première, ce qu'on appelle le « subwisher ».
08:44 C'est une telle formule absurde.
08:46 C'est l'idée de porter des vêtements amples dans le métro, dans l'autobus,
08:50 dans l'espoir de ne pas exciter le désir masculin,
08:53 dans l'espoir de ne pas exciter ceux qui se diraient « elle porte une jupe, elle porte un tee-shirt,
08:57 je peux donc l'agresser, je peux donc mettre les mains sur elle en disant tu m'appartiens potentiellement. »
09:02 Donc on porte des vêtements de protection pour ne pas exciter la tentation mâle.
09:07 Et il y a aussi les cours d'autodéfense, ne l'oublions jamais, c'est assez important.
09:11 C'est important, elles ne croient plus qu'elles seront défendues,
09:15 donc elles veulent se défendre elles-mêmes.
09:17 Et là on a les chiffres, plus personne de sérieux ne le nie, bien que certains le nient encore.
09:22 On le sait qu'il y a un lien en ce matière entre une surreprésentation des étrangers
09:27 dans le harcèlement, dans les transports en commun, notamment pour les femmes.
09:31 Et je dis simplement les étrangers sur le plan formel.
09:33 Je ne parle même pas de ce qu'on pourrait appeler des naturalisés non acculturés
09:36 ou des naturalisés non assimilés.
09:38 Donc je parle simplement des étrangers en tant que surreprésentation.
09:42 Mais il y a un grand malaise autour de cela.
09:44 Qui veut nommer cette réalité, on le sait, risque l'accusation de racisme d'extrême droite,
09:49 c'était l'évitable.
09:50 Et il y a deux moments qui, à mon avis, relativement récemment,
09:53 sur une dizaine d'années, ont montré la volonté de verrouiller le débat public autour de ça.
09:57 Deux événements en France et en Allemagne, sur lesquels je crois nécessaire de revenir
10:01 pour voir où nous en sommes rendus aujourd'hui.
10:03 On s'en souvient, 2016, Cologne, c'est la nuit de la Saint-Sylvestre,
10:09 des femmes sont agressées véritablement.
10:11 Il y a une forme de série de meutes agressives qui agressent les femmes à Cologne.
10:16 Et première réaction, première réaction des médias, c'est faux.
10:19 Non, en fait, la première réaction, c'est de ne pas en parler.
10:21 Les autorités cherchent à dissimuler la chose.
10:23 Lorsque ces agressions en bandes, en meutes, sont mentionnées,
10:27 on explique qu'il n'y a absolument aucun lien avec les migrants qui venaient d'arriver,
10:31 qui venaient d'arriver, c'était les Syriens.
10:33 Quand ce n'est plus possible de nier le fait qu'il y a un lien direct
10:37 entre les migrants en question et ces agressions,
10:40 on explique qu'en fait, c'est un peu la faute de la société d'accueil.
10:43 Pourquoi? Parce que ces hommes viennent de sociétés
10:45 où les femmes n'ont pas l'habitude de se présenter ainsi à eux,
10:48 donc leur désir est absolument excité, dès lors, ils ne peuvent pas se contrôler,
10:51 puis ils se jettent dessus.
10:53 En dernière instance, qu'est-ce qu'on a dit?
10:55 Pour vous protéger, prenez un bras de distance,
10:58 c'est votre responsabilité de vous protéger et pas à eux de se calmer.
11:01 Et on se souvient de la phrase de Caroline Dehasse à l'époque,
11:04 la subtile Caroline Dehasse, qui dit
11:06 « Ceux qui me disent que les agressions sexuelles en Allemagne
11:09 sont dues à l'arrivée des migrants, allez déverser votre merde raciste ailleurs. »
11:13 Donc, le simple fait de nommer la réalité, il s'agissait d'un migrant,
11:17 c'était du racisme pour elle.
11:19 Un an plus tard, la Chapelle-Pajole, pour moi, le débat se verrouille à ces deux moments,
11:23 on apprend qu'au tour du métro de la Chapelle-Pajole,
11:25 les femmes ne veulent plus s'y présenter.
11:27 - En 2017.
11:28 - En 2017, elles ne veulent plus sortir dans la rue. Pourquoi?
11:31 Parce qu'elles savent qu'elles seront agressées.
11:33 Et là, quel est le discours médiatique?
11:35 Il y aurait une présence massive et nouvelle d'hommes dans le quartier.
11:38 Des hommes sont arrivés. Mais quels hommes?
11:40 Des hommes, je vous dis, mais lesquels? Ça ne vous concerne pas.
11:43 On comprend très vite qu'il s'agit de migrants, encore une fois.
11:45 Et encore une fois, l'accusation de racisme vient en valant droit
11:48 de ceux qui nomment cette réalité.
11:50 Et là, le nouvel argument de Mme Dehasse, toujours, c'est
11:52 « Il faudrait élargir les trottoirs. »
11:54 C'est un enjeu d'aménagement urbain.
11:56 Alors, on pourrait dire que s'il s'agissait de supporters britanniques,
11:59 on aurait pu nommer leur origine, mais dans les circonstances,
12:01 ce n'étaient pas des supporters britanniques.
12:03 Donc, il n'était pas permis de le faire.
12:05 J'y reviens, cela dit, il y a une prise de conscience réelle.
12:07 Les jeunes femmes, mais pas seulement les jeunes femmes,
12:09 les histoires d'agression contre des aînés se multiplient aussi,
12:12 qui sont victimes de viols, quelquefois instituées avec des gens
12:14 qui ont souvent le même profil.
12:16 Résultat des courses, nous sommes dans une logique du déni aujourd'hui,
12:20 mais c'est un grand écart.
12:22 De l'un côté, le déni est officiel, ne mentionnez pas trop ce lien
12:25 délinquance-étranger.
12:27 De l'autre côté, les femmes ont intériorisé un comportement,
12:30 elles considèrent qu'elles ne vivent plus dans un environnement sécuritaire.
12:33 - Et de quelle dimension politique, justement, vous voulez parler?
12:36 - Exactement, il y a une dimension politique dans cela
12:38 qui me semble fondamentale, et elle est double.
12:40 La première, c'est quelle est la première promesse de l'État moderne?
12:44 C'est la sécurité. On ne va pas faire de philosophie politique,
12:47 mais si on passe par Hobbes, la grande figure fondatrice,
12:49 c'est le Lévi-Attent. Vous allez tous sacrifier votre droit
12:52 de vous faire justice vous-même, mais en échange,
12:55 l'État va assurer votre sécurité.
12:57 Que se passe-t-il quand l'État n'est plus capable d'assurer la sécurité?
13:00 Le premier réflexe, c'est qu'on dit à l'État, reprends-toi,
13:02 assure notre sécurité. Mais quand on prend l'habitude
13:05 qu'il n'assure plus notre sécurité, qu'est-ce qui se passe?
13:07 Chacun développe le réflexe de l'autodéfense, et demain,
13:10 nous n'y sommes pas encore, mais demain, on va passer de l'autodéfense
13:13 au fait de se faire justice soi-même.
13:15 Tôt ou tard... - Sans l'espérer.
13:17 - Je ne l'espère pas du tout, je le redoute.
13:19 Je n'aime pas une société comme celle-là.
13:21 Mais si l'État ne fait pas son travail, d'abord, autodéfense,
13:23 ensuite, justice par soi-même, et le pire, c'est que la population
13:25 va se dire qu'il n'y avait pas le choix, il fallait aller là.
13:28 Deuxième élément, et là, ça me semble fondamental,
13:31 à travers ce choc des cultures, ce choc des "civilisations"
13:34 qu'on connaît, il ne faut jamais oublier que c'est le rapport
13:36 à la femme dans les cultures qui n'est pas toujours partout le même.
13:39 Est-ce que l'émancipation féminine est une originalité occidentale?
13:42 Cette idée que les femmes puissent vivre leur vie sexuelle,
13:45 leur vie plus largement, sous le signe de la liberté,
13:48 et que ça n'engage pas l'honneur du frère, du père, de l'oncle,
13:51 de l'ami, du mari, ça n'engage pas l'honneur,
13:54 et de ce point de vue, il n'y a pas un droit d'exercer un pouvoir
13:57 sur la femme en disant "désolé, tu m'appartiens et tu ne me feras pas honte
14:00 en exerçant une liberté que je ne te reconnais pas",
14:03 ça, c'est très occidental, l'idée de l'émancipation féminine,
14:06 et on constate, quoi qu'on en dise, que lorsqu'on importe,
14:09 quand arrivent des populations nouvelles, avec leur culture,
14:12 qui n'acceptent pas cette idée, ça fait un choc.
14:15 Et n'oublions pas, quand on le voit, je reviens à Cologne,
14:18 mais pas seulement, j'ai évoqué le harcèlement de rue il y a quelques instants,
14:21 quand on disait "je te désire, laisse-moi tranquille, pute, salope",
14:24 à ce moment-là, qu'est-ce qui s'exerce?
14:27 C'est un rapport de conquête.
14:30 C'est une vieille vérité anthropologique, la souveraineté s'exerce d'abord
14:33 sur le corps des femmes, et en ces matières, il y a une volonté
14:36 de s'approprier le corps des femmes en disant "désormais, nous, moi,
14:39 c'est vous qui ne vous soumettez pas à moi".
14:42 À travers tout cela, c'est la chemise ample pour éviter désormais d'être agressé.
14:45 Est-ce que demain, ce sera le voile ou autre chose,
14:48 dans 10, 15, 20 ans, probablement que ce sera le comportement de sécurité
14:51 recommandé pour éviter d'être agressé. Voilez-vous, mesdames?
14:54 - C'est intéressant, parce qu'il y a quelques années,
14:57 on voyait beaucoup de femmes "topless" en France.
15:00 Ça n'existe plus. Je ferme la parenthèse, mais ça n'existe plus,
15:03 sinon elles se font vraiment insulter. C'est intéressant de voir comment...
15:06 - La minijupe est maintenant sur des petits shorts.
15:09 - La minijupe, c'est fini. Le "topless", je ne l'ai jamais fait,
15:12 mais le "topless" sur la plage, ça n'existe plus.
15:15 Dernière question, même sur ce sujet-là, que font les féministes?
15:18 Pourquoi elles ne se mobilisent pas contre cette régression du droit?
15:21 - Qui parle des féministes aujourd'hui parle surtout des néo-féministes.
15:24 Les néo-féministes sont écartés.
15:27 Le néo-féminisme est d'abord un progressisme.
15:30 C'est d'abord une pensée de gauche déclinée sur la question féminine.
15:33 Or, que nous disent les néo-féministes?
15:36 Il y a un dogme dans le progressisme, jamais de l'immigration,
15:39 tu ne t'inquièteras jamais, tu ne la critiqueras.
15:42 Dès lors, si elles ont le choix, d'un côté, critiquer les effets
15:45 de l'immigration massive sur les femmes, et de l'autre côté,
15:48 supporter la défense des femmes, elles décident de sacrifier les femmes
15:51 pour sauver la figure de l'altérité magnifique.
15:54 Premier élément, le néo-féminisme préfère le multiculturalisme
15:57 à la défense des femmes. Deuxième élément, le néo-féministe
16:00 considère désormais qu'aujourd'hui, être femme est une question secondaire.
16:03 Être femme, c'est un pur ressenti. On en a souvent parlé.
16:06 Je pourrais être une femme si je le voulais, Marc aussi, Guillaume aussi,
16:09 mais je pourrais décider peut-être que Charlotte n'en est pas vraiment une,
16:12 quoi qu'il en soit, parce qu'on pourrait décider d'être un homme.
16:15 Alors, on vit dans un environnement où finalement, la femme est niée.
16:18 Il y a des effets concrets à ça. Dans le sport, on en a souvent parlé ici,
16:21 dans les maisons de refuge pour les femmes violentées, on le voit aussi.
16:24 On le voit dans les toilettes, on le voit dans les vestiaires.
16:27 Mais le néo-féminisme, en effet, est écartelé aujourd'hui entre deux négations.
16:30 D'un côté, on préfère finalement le migrant sacralisé,
16:34 quelles que soient les circonstances, et de l'autre côté, on préfère le trans.
16:37 Et la femme réelle, ou celui qui décide ce qu'il est,
16:40 peu importe les circonstances, la femme réelle, elle disparaît.
16:43 Elle est sacrifiée. Ce qui nous ramène à une question de base,
16:46 je conclurai là-dessus, c'est la réalité des choses.
16:49 Le réel est nié au nom de l'idéologie, et les femmes aujourd'hui
16:52 ont intériorisé l'idée qu'elles n'étaient plus en sécurité en France,
16:55 qu'il s'agissait du pays qui leur promettait la plus grande liberté.
16:58 Cherchons à comprendre cela.
17:00 Merci beaucoup Mathieu Bocoté pour votre regard.
17:04 Guillaume Bigot, alerte sur le front de la crise au Kosovo.
17:09 Beaucoup de questions à se poser, et on viendra justement à nous en France
17:14 pour bien comprendre déjà que se passe-t-il au Kosovo.
17:18 C'est très important à analyser, à comprendre pourquoi des élections
17:21 municipales d'abord sont boycottées par une partie des habitants,
17:26 pourquoi il y a-t-il des soldats de l'OTAN,
17:29 pourquoi Emmanuel Macron lève la voix, pourquoi les États-Unis lèvent la voix.
17:34 On fait beaucoup de questions, c'est un sujet très complexe, les Balkans.
17:38 On va essayer d'expliquer ça, de clarifier ça en quelques dizaines de minutes.
17:42 Mais grosso modo, on peut démarrer en disant qu'effectivement,
17:45 il y a un côté qui va nous ramener à nous, c'est-à-dire qu'il y a quelque part
17:48 peut-être au Kosovo, dans ces Balkans compliqués, la maison témoin du vivre-ensemble européen,
17:54 c'est-à-dire cette folie européenne, cette erreur 404 européenne
17:57 consistant à vouloir faire vivre différents peuples dans un même état,
18:01 ça ne fonctionne pas.
18:03 Alors qu'est-ce qui se passe dans ce petit pays ? C'est un petit pays des Balkans,
18:06 tout petit pays, 1,8 million d'habitants, il y a une majorité écrasante désormais d'Albanais.
18:12 Les Albanais ne sont pas des Slavs, ils appartiennent à une autre ethnique,
18:15 ce n'est pas des Kipétards, ils ne sont pas Turcs non plus,
18:19 et ces Albanais sont musulmans.
18:21 Et ils sont les mêmes Albanais qu'on trouve en Albanie,
18:24 cette fois-ci ils sont au Kosovo, et au Kosovo il y a 5% de Serbes,
18:28 si on a une carte peut-être ça sera plus simple,
18:31 c'est un pays, vous voyez le Kosovo, qui est au nord de l'Albanie et au sud de la Serbie.
18:38 Et bien ce petit pays qui est tardif, d'apparition tardif, qui a été reconnu en 2008,
18:44 il y a une minorité Serbe, qu'on voit dans la zone un peu bleutée là,
18:48 cette minorité Serbe, c'est 5% de Serbes qui restent au Kosovo,
18:53 sont concentrés au nord, et ils s'estiment écrasés par la majorité Albanaise.
18:57 Ils sont proches de la frontière de la Serbie,
18:59 il y a des élections municipales qui ont été organisées au mois d'avril,
19:02 et eux, puisqu'ils s'estiment opprimés par la majorité Albanaise,
19:05 refusent de participer à ces élections municipales.
19:07 Et donc les élections ont tout de même eu lieu,
19:09 et les maires, tenez-vous bien, ont été élus,
19:11 les maires albanophones, albanais, ont été élus par 3,5% seulement de la population.
19:17 Inutile de préciser qu'ils ne sont pas très populaires.
19:20 Et le gouvernement du Kosovo a envoyé des blindés de la police
19:24 pour installer les maires dans leurs nouvelles fonctions.
19:28 Il y a la foule Serbe qui s'est réunie, qui n'est pas contente,
19:31 et qui déploie un drapeau de plus de 250 mètres de long.
19:34 Un drapeau Serbe, c'est dire à quel point le nationalisme est incandescent.
19:38 Alors la question c'est qu'est-ce que font les soldats de l'OTAN,
19:41 parce qu'il y a bel et bien des soldats de l'OTAN,
19:43 peut-être que demain il y aura des soldats de l'OTAN en bas de chez nous,
19:45 pour faciliter les élections, on ne sait pas.
19:47 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a des soldats de l'OTAN sur place.
19:50 Que font-ils dans ce pays qui est le Kosovo ?
19:55 Il faut pour le comprendre, remonter à la guerre en Yougoslavie.
19:58 1992, la Yougoslavie éclate.
20:01 La Yougoslavie c'était un état qui avait été créé par les Serbes
20:04 autour de la nationalité Serbe,
20:06 une fédération des Slaves du Sud.
20:09 Et le ciment de cette Yougoslavie, c'était comme vous le saviez,
20:12 le communisme ou le socialisme.
20:14 Et puis, ce ciment va s'écrouler,
20:16 et les différentes nationalités qui composaient la Yougoslavie vont partir.
20:19 Les Croates, les Slobènes qui sont catholiques au nord,
20:22 les Bosniaks qui sont musulmans, et il reste les Serbes.
20:25 Et les Serbes, bisbon, bac à slantienne,
20:27 on va redevenir finalement uniquement la Serbie, l'ancien royaume de Serbie.
20:32 Et dans cette Serbie, il y a une province qui s'appelle le Kosovo.
20:36 Et ils disent "vous avez fait éclater la Yougoslavie, casse-la ne tienne,
20:39 mais vous n'aurez pas le Kosovo".
20:41 Pourquoi vous n'aurez pas le Kosovo ?
20:43 D'abord parce que ce Kosovo n'a jamais été qu'une province serbe,
20:46 rien d'autre dans l'histoire.
20:48 Mais ce n'est pas n'importe quelle province serbe,
20:51 c'est le berceau de la nation serbe, c'est là où la Serbie est née.
20:56 Elle est née en 1389, dans une guerre contre les Ottomans
20:59 qui ont essayé de conquérir déjà cette zone des Balkans.
21:02 Et c'est vraiment le berceau historique des Serbes.
21:05 Et surtout, depuis le XVe siècle, c'est uniquement un flux migratoire continu,
21:10 d'ailleurs qui s'est propagé à l'occasion des coups de boutoirs
21:13 de l'Empire ottoman, de l'Empire turc,
21:15 un flux continu de migration albanaise
21:17 qui a rempli au fur et à mesure cette province historique berceau de la Serbie
21:22 qui s'est remplie au fur et à mesure d'Albanais.
21:24 Et donc pour toutes ces raisons,
21:26 les Serbes ne voulaient pas en aucun cas lâcher le Kosovo.
21:30 Mais l'OTAN leur a dit, en 1999,
21:32 mais maintenant il y a 90% d'Albanais,
21:36 peut-être que c'était chez vous, mais il y a 90% d'Albanais.
21:38 Donc il faut accepter.
21:40 Et au nom des droits de l'homme, on va vous bombarder
21:43 pour vous forcer à vous retirer de Serbie
21:47 et à laisser finalement ces Kosovars être chez eux.
21:50 De 1999 à 2000, on dit que c'est la première fois
21:53 qu'il y a eu le retour de la guerre en Europe
21:55 depuis la Seconde Guerre mondiale d'Ukraine.
21:56 C'est faux, c'est la guerre en Yougoslavie.
21:58 Et la première fois que les États-Unis ont bombardé
22:00 une capitale européenne depuis 1945,
22:03 c'était le bombardement de la capitale serbe qui est Belgrade,
22:09 où il y a eu 500 morts au total.
22:11 Des ponts ont été détruits,
22:13 des centrales électriques ont été détruits, etc.
22:16 Et donc les Serbes ont fini par lâcher,
22:18 ont fini par se sortir du Kosovo.
22:21 En fait, ils n'ont pas reconnu le Kosovo,
22:23 mais l'État serbe a retiré ses troupes du Kosovo.
22:28 Et donc maintenant, il y a une sorte de province,
22:30 ex-province de Serbie, qui est de facto autonome.
22:34 - Question, parce qu'on a bien compris derrière tout ça
22:37 que c'est une question de submersion migratoire.
22:40 - C'est ça. Et pardon, je boucle la boucle,
22:42 mais la raison pour laquelle il y a toujours des soldats de l'OTAN,
22:44 et ces soldats de l'OTAN ont été notamment pris à partie
22:46 par les manifestants, c'est important de le comprendre,
22:48 c'est qu'en fait, ils sont restés sur place
22:50 après leur intervention en 2000.
22:52 - Tout ça, c'est intéressant. On va revenir sur cette notion
22:54 de submersion migratoire qui a un peu tout changé.
22:57 Pour justifier leur intervention en Ukraine,
22:59 Guillaume Bigot, les Russes s'appuient sur le précédent du Kosovo,
23:03 par exemple. Ont-ils raison ?
23:05 - Ils en parlent constamment. En tout cas, ils en parlent constamment.
23:07 Ils en parlent constamment. Qu'est-ce qu'ils mettent en avant ?
23:09 Ils mettent en avant d'abord le fait que les Russes
23:12 sentent que les Serbes sont des peuples frères.
23:15 Les Russes, les Serbes disent la même chose des Russes, d'ailleurs.
23:17 Pourquoi peuple frère ? Parce qu'ils sont slaves
23:19 et qu'ils sont orthodoxes. Ensuite, forcés de constater
23:22 que les Russes et les Serbes regardent respectivement
23:25 l'Ukraine et Kiev en particulier, et le Kosovo pour les Serbes,
23:30 comme le berceau national. En fait, les Russes ont
23:32 le même argument à l'égard de Kiev que les Serbes l'ont
23:35 à l'égard du Kosovo. Et puis, les uns comme les autres
23:39 dénoncent en fait le double standard occidental
23:41 en matière de droit international. Ils disent grosso modo
23:43 les Américains et les Européens appliquent le droit international
23:47 uniquement quand ça les arrange. Alors les Russes reconnaissent,
23:50 de toute façon, ils sont bien obligés de le reconnaître,
23:52 qu'ils ont violé la souveraineté de l'Ukraine en agressant l'Ukraine.
23:55 Mais effectivement, ils disent, mais l'Occident, l'OTAN a fait
23:58 la même chose en attaquant le Kosovo, en attaquant la Serbie
24:02 en 1999 et en 2000. Et c'est indéniable. Pourquoi ?
24:06 D'abord parce que l'OTAN, à ce moment-là, n'avait aucun mandat
24:09 des Nations Unies pour attaquer la Serbie, bombarder la Serbie.
24:13 Deuxièmement, parce qu'il y a bien eu une atteinte
24:16 à l'intégrité territoriale de la Serbie et que, par une sorte
24:19 d'opération chirurgicale, il y a eu une amputation de la Serbie.
24:22 On a coupé violemment par la force armée cette province du Kosovo.
24:26 On l'a coupé de la Serbie. Donc on a redécoupé les frontières
24:29 de force. Le prétexte qui a été donné à ce moment-là,
24:32 c'est qu'il y aurait eu un génocide en cours en 1999,
24:36 que les forces serbes, les policiers et les militaires serbes
24:39 auraient été en train de génocider la population.
24:41 Et donc, on est intervenu pour interrompre, en quelque sorte,
24:44 ce génocide.
24:46 - Mais j'aimerais bien que vous continuiez à nous expliquer,
24:48 parce que c'est très important de s'arrêter sur les explications
24:51 et d'arriver, après la pause, sur les origines, encore,
24:56 et l'origine de la subversion migratoire, pour bien comprendre
25:00 ce qui se passe aujourd'hui au Kosovo et pourquoi,
25:03 sur la scène internationale, tout le monde s'interroge.
25:06 Et dans un instant, on fera un tour de table sur Mohamed Awas,
25:09 condamné à un an de prison ferme, et la vidéo qui circule,
25:13 la vidéo accablante. A tout de suite en marque une pause.
25:16 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
25:22 Vous étiez en train de nous expliquer le Kosovo.
25:25 L'intervention, vous le disiez, occidentale en Serbie en 2000
25:30 était justifiée par le génocide. Oui ou non ?
25:34 - C'est ça, le soi-disant génocide. Mais avec le recul,
25:36 on sait qu'il n'y a eu aucun génocide.
25:38 Il y a eu des massacres de part et d'autre, mais aucun génocide.
25:40 Par contre, ironie de l'histoire, ironie de l'histoire.
25:42 Il y a eu une inculpation pour crime contre l'humanité.
25:46 En ce moment, la personne est jugée par le tribunal pénal de l'AE.
25:49 Mais vous n'en entendrez jamais parler,
25:51 parce que ça n'intéresse ni l'Europe, ni les Etats-Unis.
25:53 Et pour cause, il s'appelle Hashim Tassi.
25:56 C'était le chef d'Etat et en même temps le chef d'une milice
25:59 qui a torturé, vendu des organes, torturé des enfants.
26:01 C'était atroce. Mais ce Hashim Tassi, le 11 novembre 2018,
26:05 il était sur la photo à côté d'Emmanuel Macron
26:11 pour célébrer le 11 novembre.
26:13 Donc c'est tout à fait récent cette affaire.
26:15 Donc non seulement il n'y a pas de génocide,
26:17 mais les soi-disant victimes de génocide, c'étaient eux les génocidaires en réalité.
26:20 Et donc oui, cette affaire a été une bien triste affaire.
26:24 Maintenant, on voit bien qu'il y a une analogie très forte
26:27 avec cette affaire de l'Ukraine,
26:29 puisque les pays qui reconnaissent le Kosovo
26:32 sont aussi les pays qui condamnent et qui sanctionnent la Russie.
26:36 Il y a énormément de pays, c'est quasiment les mêmes,
26:38 vous voyez en rouge ceux qui ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo.
26:41 Il y a quand même une partition du monde aujourd'hui dont personne ne parle.
26:44 Ceux qui ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo
26:46 sont aussi ceux qui refusent de sanctionner la Russie.
26:49 Si je comprends bien, il y a désormais depuis 2008
26:51 un État albanais musulman indépendant
26:55 qui a été arraché à la Serbie,
26:57 alors que ce n'était pas du tout albanais au départ,
27:00 si ça vous expliquez, mais 100% serbe.
27:03 N'est-ce pas donc l'immigration qui a finalement détaché
27:07 le Kosovo de la Serbie ?
27:10 Alors oui et non.
27:12 Oui d'abord parce que c'est indéniablement une subversion migratoire.
27:16 Et oui, bien sûr que l'immigration n'est pas toujours bienveillante,
27:19 elle n'est pas toujours une chance pour un pays.
27:21 Quand elle finit, quand elle est non désirée d'abord
27:23 et quand elle devient archi majoritaire au point de recouvrir
27:26 complètement la population indigène, la population locale,
27:30 bien sûr qu'il y a une véritable subversion.
27:32 Ça s'assimile à une invasion.
27:34 Donc quand on imagine, pour imaginer l'attachement des serbes au Kosovo,
27:39 il faut imaginer l'attachement des Français à Saint-Denis,
27:42 le tombeau des rois de France.
27:44 Oui, évidemment ce n'est pas totalement choisi au hasard.
27:46 Donc au départ, les Albanais sont 1% de la population au XVe siècle.
27:52 Et en 1487, il y a un premier recensement,
27:55 ils sont 1% de la population.
27:57 En 2023, ils sont 95% de la population.
28:00 Alors ça va se faire progressivement.
28:02 Au XIXe siècle, ils sont déjà 35%.
28:05 Au fur et à mesure que l'Empire ottoman attaque et se répand,
28:08 la migration des Albanais augmente.
28:13 Et donc les serbes du Kosovo peuvent se dire, avec Edgar Kinney,
28:17 le véritable exil n'est pas d'être arraché à son pays,
28:20 c'est de vivre dans son pays et de ne plus rien y trouver
28:22 de ce qu'il faisait aimer.
28:23 Donc on pense tout de suite à la France.
28:25 Mais il y a quand même comparaison n'est pas raison.
28:27 Pourquoi ?
28:28 Parce que le détachement du Kosovo s'est opéré par la force armée.
28:32 Ce n'est pas l'OTAN qui va nous bombarder si jamais à Marseille,
28:36 il y avait une majorité qui voulait se détacher de la République française.
28:39 Puisque la France appartient à l'OTAN.
28:40 Deuxièmement, l'immigration, contrairement à ce qui s'est passé au Kosovo,
28:43 c'est 100% albanais et il y a une continuité territoriale avec l'Albanie.
28:47 Si on prend l'exemple de Marseille,
28:49 à Marseille, l'immigration est plurinationale,
28:52 elle est pluriethnique, elle n'est pas monolithique comme au Kosovo.
28:55 Et puis il faut aussi dire, surtout, que s'il y a un risque de guerre civile demain en France,
29:00 il y aura une partition, mais la partition se fera probablement aussi
29:04 parce qu'il y a des immigrés musulmans qui sont très fiers d'être français
29:08 et qui défendront l'unité de la patrie contre ce fantasme délirant
29:11 de vouloir détacher l'État de la nation avec le drapeau européen, par exemple.
29:15 Mathieu, bon côté, quel est votre regard sur l'édito de Guillaume Bigot ?
29:19 En fait, ça pose une question centrale.
29:20 La question du Kosovo revient en boucle, je vous dirais, depuis 20 ans
29:24 dans la pensée politique française, souvent dans les marges,
29:26 mais de plus en plus au cœur de cette pensée politique,
29:28 pour poser une évidence simple.
29:30 Quand un pays change de population, ce n'est plus le même pays.
29:34 Et la question qu'on peut se poser concrètement aujourd'hui, c'est
29:36 y a-t-il quelques Kosovo en formation en France ?
29:39 Y a-t-il quelques Kosovo déjà formés ?
29:42 Guillaume dit que la violence armée joue un rôle quand il y a une forme de partition,
29:45 mais quand on parle des territoires perdus de la République,
29:47 des territoires occupés par l'islamisme,
29:49 où les forces de l'ordre n'osent pas se rendre quelquefois
29:52 parce qu'une autre loi s'impose là,
29:55 une autre violence que celle de la violence légitime de l'État s'impose là,
29:59 peut-être y a-t-il déjà des Kosovo qui ne disent pas leur nom,
30:01 pas aussi développés, mais quelques débuts de Kosovo en France aujourd'hui.
30:05 C'est pas un petit peu militant et violent, tout ce que vous avez un peu dit, tous les deux ?
30:08 Je ne crois pas. Un militant, je ne crois pas, et violent, je le redoute. J'espère que non.
30:14 Et Guillaume ?
30:16 C'est vrai que la France, c'est le pays des guerres civiles.
30:18 Il faut vraiment prendre le recul de l'histoire, c'est très très important.
30:21 Mais la guerre civile, si un jour elle vient, qu'à Dieu ne plaise,
30:24 elle viendra peut-être parce qu'il y a des Français qui, déjà, alors qu'il est,
30:27 des Français, d'origine française, détestent la France, n'aiment plus leur pays,
30:31 et finalement sont prêts à détacher l'idée de nation et l'idée d'unité culturelle,
30:35 sont prêts à la détacher de l'idée d'État.
30:38 Et il y aura, c'est sûr, si demain il y a une guerre civile,
30:40 des musulmans qui seront attachés à l'unité de la patrie.
30:43 C'est ce que personne n'espère.
30:44 Moi je laisse de côté la question de la guerre civile,
30:46 je dis simplement, prenez l'Irlande du Nord, prenez l'Est de l'Ukraine,
30:49 prenez le Kosovo, je reviens seulement sur ce fait élémentaire,
30:53 si la démographie d'un pays change complètement, ce pays n'est plus le même.
30:58 Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas la même chose en France, en Italie, en Norvège ou ailleurs,
31:01 il n'y a pas de raison par ailleurs de souhaiter le pire.
31:03 Merci pour votre regard.
31:05 Avant de passer à Charlotte, on parlera dimanche 11h de Roland-Garros.
31:11 Eh oui !
31:12 Le grand destin de Roland-Garros.
31:13 Et ce n'est pas du tout la petite balle jaune, c'est une sorte d'avion.
31:17 Je dis une sorte d'avion, la demoiselle qui était toute jaune
31:21 et c'était un grand aviateur et donc pas un tennisman.
31:24 Et puis surtout il est né à La Réunion.
31:26 En plus, La Réunion !
31:27 C'est intéressant de s'intéresser à des personnalités ultramarines
31:31 qui sont nées en Outre-mer et de valoriser leur destin sans voler le destin des autres.
31:35 Voilà, il n'y a sonnie de La Réunion, croyez-moi, il ne le vole pas, il l'affiche.
31:40 Merci beaucoup Bernard.
31:42 Le 13 novembre, Signe, une tribune dans l'Opinion, Charlotte Doran-Ellas,
31:46 dans laquelle il met en garde contre l'instrumentalisation de la sécurité dans la société.
31:52 Il s'adresse au gouvernement.
31:53 Que veut-il dire exactement ?
31:55 Alors, il reconnaît de base, au début de sa tribune,
31:58 il reconnaît un regain préoccupant de violence et il dit que ça appelle un sursaut.
32:02 Donc il y a déjà ce constat, il le partage avec tout le monde.
32:04 Et ensuite, il passe tout son billet à distribuer les bons et les mauvais points.
32:08 Alors c'est une distribution assez simple.
32:10 Tout le monde, en gros, dans la classe politique, instrumentalise l'insécurité
32:14 et lui, propose des solutions.
32:16 C'est en clair exactement ce qu'il explique.
32:18 Alors, un, il cible les populistes, c'est l'autre nom de l'extrême droite dans sa tribune,
32:22 alors il ne dit pas l'extrême droite, il dit les populistes.
32:25 Il dit qu'ils ont remplacé l'humaine compassion, je le cite,
32:28 par un appel à la réhabilitation de la vengeance ou de la loi du talion.
32:32 Alors, un, j'ai entendu absolument personne faire un appel à la vengeance
32:36 pour répondre à l'insécurité, ni au retour de la loi du talion.
32:40 J'ai entendu des Français, notamment, qui comprenaient, en raison du recul de l'Etat,
32:46 qui comprenaient parfois la réaction de certains pères, on l'a vu,
32:50 de certains bijoutiers, de certains qui le comprenaient,
32:53 qui ne l'appelaient pas de leur vœu, mais qui l'expliquaient par l'inaction générale.
32:57 Ensuite, il parle de la tentation toujours plus délétère, je le cite,
33:02 d'imputer à l'immigration toutes les difficultés d'une époque.
33:05 Là encore, je n'ai entendu personne dire quelque chose d'aussi grotesque,
33:09 comme ça, absolument personne.
33:11 En revanche, sur le terrain de l'insécurité et de la violence qu'il traite dans ce billet-là,
33:15 il n'est pas possible de rechercher des solutions comme il le fait
33:18 sans avoir le courage de faire un diagnostic juste et vrai.
33:23 Or, il se trouve que cette question revient parce que cette question est présente.
33:28 C'est aussi simple que ça.
33:30 Ensuite, il dit, alors là c'est la phrase la plus incroyable,
33:32 il était ministre de l'Intérieur quand même,
33:34 "la peur entretenue du grand remplacement finit par instaurer au cœur de la nation
33:39 le poison lent de la guerre civile puis du séparatisme".
33:43 Bernard Cazeneuve est le ministre de l'Intérieur,
33:47 enfin, il était ministre de l'Intérieur au moment où la France a été frappée
33:51 par une série d'attentats.
33:53 J'aimerais que ce ministre de l'Intérieur-là m'explique
33:56 à quel moment la peur entretenue du grand remplacement,
33:58 c'est-à-dire le fait que certains hommes politiques
34:02 assument l'idée qu'il y a un grand remplacement en cours en France,
34:05 c'est-à-dire une immigration massive,
34:07 que ça génère le poison lent de la guerre civile puis du séparatisme.
34:10 Que je sache, Daesh ne s'est pas beaucoup illustré sur le terrain
34:14 de l'instauration du grand remplacement dans le débat public.
34:16 Ce n'était pas ça d'abord qui inoculait le poison lent de la guerre civile.
34:21 Bon.
34:22 Et ensuite, il vise l'extrême-gauche.
34:25 Alors là, il dit l'extrême-gauche retourne l'accusation
34:29 et en gros accuse la police de tuer
34:31 et ne voit dans la dénonciation des autorités de la violence
34:35 que l'occasion de mieux museler le corps social.
34:37 C'est en gros, on dit qu'il y a des violences dans la rue
34:40 simplement pour instaurer un pouvoir de plus en plus fort.
34:44 C'est la critique qu'il fait à l'extrême-gauche,
34:46 qu'il ne nomme pas comme ça non plus.
34:48 Et ensuite, le pouvoir en place.
34:49 Et c'est un peu le cœur de son billet.
34:51 Alors, le pouvoir en place, il se permet quand même de dire
34:54 que le pouvoir en place ne mérite pas toutes les polémiques qu'on lui impute.
34:57 Là, on sent le souvenir personnel un peu lourd.
35:00 Mais quand même, il lui reproche d'instrumentaliser l'insécurité,
35:03 comme les populistes, c'est le reproche le pire, évidemment,
35:06 comme les populistes, en parlant de décivilisation.
35:10 Et il oppose la décivilisation,
35:12 donc le mot utilisé par Emmanuel Macron,
35:14 il dit que ça n'était pas le bon mot,
35:15 puisque ce qu'on attend, c'est plus de république.
35:18 Donc, il oppose l'idée d'un recul de la civilisation,
35:21 donc de nos mœurs communes, pour faire simple, on va dire,
35:23 par l'idée qu'il faut plus de république.
35:25 Et derrière république, il le détaille un peu plus loin,
35:27 il entend le droit, évidemment.
35:29 Alors, que révèle cette lecture de la part d'un homme
35:34 qui espère restaurer la gauche ?
35:35 Parce que c'est quand même important de souligner d'où il parle.
35:38 Vous avez dit qu'il a été ministre de l'Intérieur.
35:40 Il veut restaurer justement ce PS et avoir une nouvelle image.
35:43 Alors, il dit, sur le reproche qu'il fait, on va dire,
35:46 aux mots décivilisation, il conspue, un, l'amalgame des faits.
35:51 Il dit, on ne peut pas lire tous ces faits de la même manière,
35:53 puisqu'on ne peut pas comparer quelqu'un qui prend le volant
35:56 avec de l'alcool, quelqu'un qui agresse une vieille femme,
35:59 quelqu'un... Enfin, voilà, tous les...
36:02 En fait, il veut que les faits divers restent des faits divers,
36:04 que surtout, on ne puisse pas les relier.
36:06 Or, précisément, évidemment, le mot décivilisation,
36:10 qui est l'autre nom de l'ensauvagement dont on avait parlé,
36:13 c'est exactement le même mot, ça veut dire la même chose.
36:15 Avant la civilisation, il y a un ensauvagement des personnes.
36:20 Et, évidemment, le mot décivilisation,
36:22 comme le mot ensauvagement, transforme les faits divers
36:26 un à un en faits de société. On les lit les uns aux autres.
36:30 Ça, il ne le supporte pas. Ensuite, il s'interroge,
36:32 il fait semblant de s'interroger, puisqu'à mon avis,
36:34 il est quand même un peu plus intelligent que ça,
36:35 en se disant, mais Emmanuel Macron fait-il la promotion
36:37 de Renaud Camus, vous savez, qui a écrit un livre
36:39 dont le titre est décivilisation, parce qu'évidemment,
36:41 c'est probablement que le titre qui a fait réagir tout le monde.
36:44 - Ça ne lui appartient pas. - Évidemment.
36:46 Ou alors celle de Norbert Elias, qui avait développé ce terme.
36:51 En plus, il en fait une lecture extrêmement singulière,
36:53 puisqu'il résume l'idée de décivilisation.
36:55 Norbert Elias, pour faire très simple,
36:59 il écrivait son texte en se posant la question
37:01 comment le nazisme a pu envahir un pays aussi civilisé que l'Allemagne.
37:05 Et donc, il parlait de décivilisation.
37:07 Et lui, il nous dit, Norbert Elias, sa lecture,
37:10 c'est la révolte d'une génération contre la précédente.
37:13 Et il s'arrête là dans son billet, c'est assez court.
37:16 Et ensuite, il regrette, là c'est le point qu'on pourrait lui concéder,
37:19 il regrette l'absence de définition donnée par Emmanuel Macron,
37:22 le manque de perspective liée à ce commentaire sur la décivilisation,
37:26 et il craint que le chef de l'État ne fasse que de la communication
37:30 sur le terrain des populistes.
37:32 Alors lui, il pense que c'est un jeu dangereux,
37:34 parce que, je le cite encore,
37:36 la nation serait née d'une idée universelle
37:38 et ne pourrait se réduire à une identité
37:40 où dominerait le repli et la peur.
37:42 Honnêtement, j'ai relu cette phrase 15 fois,
37:44 sans vraiment la comprendre, je dois être honnête.
37:47 Alors, on comprend simplement qu'il y a un réflexe,
37:49 il a collé un peu plusieurs mots,
37:51 il nous explique qu'il y a le réflexe du repli et de la peur,
37:53 vous savez, c'est l'accusation permanente,
37:55 à chaque fois que vous dites, on va peut-être défendre ce que nous sommes,
37:57 au-delà d'une idée, on va défendre ce que nous sommes,
38:00 et bien lui, il y voit du repli et de la peur,
38:02 d'autres y voient une conscience de la disparition possible
38:05 de ce qui nous a été transmis,
38:07 une désagrégation des mœurs, une tradition,
38:10 une fierté aussi d'être dans une lignée,
38:12 et une volonté de défendre précisément ce qui nous a été légué,
38:16 une civilisation en somme,
38:18 on peut appeler une civilisation un repli sur soi,
38:20 mais c'est assez original.
38:22 Et ensuite, qu'est-ce qu'il nous dit ?
38:24 Il nous dit "ce serait ignoré par les décivilisations que la violence a des ressorts",
38:26 ça merci, on est tous d'accord,
38:28 "et que l'insécurité se combat d'abord par les armes du droit,
38:32 ainsi que par une chaîne pénale efficace".
38:34 Alors, évidemment, mais a posteriori,
38:37 c'est-à-dire que quand vous voyez cette décivilisation,
38:39 c'est-à-dire que les gens ne se retiennent plus,
38:41 je vais le faire très simple encore une fois,
38:43 ne se retiennent plus,
38:44 on peut se dire qu'il y a d'abord une partie d'éducation a priori,
38:47 puisque la civilisation est une éducation, évidemment,
38:50 et que c'est a priori,
38:52 et qu'on ne va pas régler tout a posteriori par le droit,
38:55 parce que d'abord on sera dépassé,
38:56 et qu'ensuite c'est assez peu satisfaisant
38:59 pour faire une société tous ensemble.
39:01 Donc ça c'est la première chose,
39:02 et il nous dit aussi que ce serait "condamné à la résignation
39:05 tous les peuples du monde", carrément,
39:07 et les français aussi, nous précise-t-il,
39:09 "qui attendent de la France qu'elle retrouve sa ferveur républicaine".
39:13 Là encore, je ne comprends pas très bien ce que veut dire cette phrase,
39:16 concrètement, parce que la volonté de vivre en sécurité,
39:18 de préserver sa culture,
39:19 d'espérer une harmonie civilisationnelle et de meurtre
39:22 ne relève pas exactement de la question du régime politique.
39:25 Je pense que les Anglais ont aussi ce genre de préoccupation.
39:28 Donc je ne vois pas bien le rapport.
39:30 Alors justement, on vous parlait un petit peu
39:32 de l'utilisation du mot dans le fond,
39:34 et je vous disais justement que révèle cette lecture
39:37 de la part d'un homme qui espère instaurer la gauche,
39:39 parce que comme je disais, c'est quand même certain,
39:42 un gauche socialiste voit en Bernard Cazeneuve
39:45 l'espoir justement, l'espoir d'une nouvelle gauche.
39:49 Oui, et alors ceux qui voient l'espoir d'une nouvelle gauche,
39:52 là on retrouve l'ancienne gauche.
39:54 C'est-à-dire que la lecture est vraiment éculée.
40:00 C'est-à-dire que ce qu'il ne digère pas en réalité dans ce mot-là,
40:03 c'est une chose que l'on retrouve chez d'autres,
40:05 c'est que la crainte culturelle soit reprise
40:07 au-delà des frontières de l'extrême droite,
40:09 ou des populistes, comme il dit.
40:10 C'est ça, évidemment, qu'il replace.
40:11 Or, qu'est-ce qu'il dit ?
40:12 Il dit qu'il ne faut pas remplacer,
40:14 il faut remplacer la chair, le concret,
40:16 ce qui nous est transmis, la manière de vivre,
40:18 de s'habiller, de manger,
40:19 il faut remplacer par des idées,
40:20 parce que les idées au moins sont universelles.
40:22 On peut les appliquer partout, on peut en parler partout.
40:25 L'histoire, il faut la remplacer par l'abstraction,
40:28 surtout pas d'histoire précise.
40:30 Il faut que ce soit universel,
40:31 et le lent processus de civilisation,
40:33 de construction des mœurs, des coutumes, des us,
40:36 il faut le remplacer par le droit positif,
40:39 qui est enfin universel.
40:42 Et ça, ça n'est évidemment pas très nouveau,
40:44 mais le problème, c'est que
40:46 Bernard Kazov ne comprend pas que c'est précisément le problème.
40:49 C'est précisément le problème que nous avons,
40:51 a priori, sur la question de la décivilisation,
40:54 de la violence,
40:55 et a posteriori sur la question du droit.
40:58 Pourquoi ?
40:59 C'est l'universalité et les droits de l'homme
41:01 vus comme des droits uniquement individuels,
41:04 c'est-à-dire la fracturation du commun
41:07 par les seuls droits individuels,
41:09 qui créent le recul de la contrainte sociale
41:13 façonnée par les siècles.
41:14 Si chacun définit ses mœurs en permanence,
41:17 vous ne pouvez plus avoir de droit positif
41:20 qui s'applique à tous.
41:21 Donc vous avez en effet des redéfinitions,
41:24 on va parler de Mohamed Awas tout de suite.
41:26 On parlait tout à l'heure de la question du rapport aux femmes.
41:29 Si chacun redéfinit sa manière de se comporter
41:32 par rapport aux femmes en France,
41:33 vous n'avez plus de commun,
41:34 et vous pouvez écrire toutes les lois que vous voulez,
41:36 vous n'y arriverez plus.
41:37 Et le désir et la pulsion sont sacralisés
41:40 sous le nom de liberté individuelle.
41:42 Donc c'est précisément par la méthode qu'il veut appliquer
41:45 que nous avons eu la déconstruction
41:48 qui arrive précisément à ne plus rien avoir de commun
41:51 et à avoir une décivilisation.
41:53 Une décivilisation, on pourrait la définir autrement,
41:55 il n'y a plus aucune nécessité à imposer,
41:57 il n'y a plus de morale commune,
41:59 il n'y a plus de pression sociale sur les comportements communs,
42:02 et il n'y a plus d'imposition sur les désirs des uns ou des autres.
42:06 Donc évidemment, à la place, puisque chacun a ses mœurs,
42:10 on accumule des lois,
42:11 et là se pose la question a posteriori.
42:13 Le problème c'est qu'il dit l'inefficacité de la chaîne pénale,
42:16 vous allez voir tous les acteurs,
42:17 ils vous disent le problème c'est l'accumulation des droits individuels
42:20 qui ne permettent plus de défendre le bien commun.
42:23 Donc Bernard Cazeneuve malheureusement déplore
42:26 les fameuses conséquences des causes qu'il continue malheureusement à chérir.
42:30 Donc la violence augmente, mais l'État ne sait plus se défendre.
42:33 Merci Charlotte pour votre regard.
42:36 Le 1er juin 1885, Marc Menand, était un grand jour.
42:43 Un grand jour puisque c'était les funérailles de Victor Hugo,
42:46 pas n'importe quel funérail.
42:48 Un temps, je le disais en titre, où la France rendait hommage à ses génies.
42:54 Racontez-nous les derniers instants de Victor Hugo,
42:57 parce que c'est très important pour nous,
42:59 pour regarder l'avenir, commenter le présent,
43:02 d'avoir les deux pieds ancrés dans l'histoire de France.
43:05 Alors cet homme, 83 ans, il a encore tout pimpant,
43:09 fin avril, il assiste à l'Académie française,
43:14 à l'intronisation de son ami Ferdinand de Lesseps.
43:19 Mais il fait très très froid cette fin avril,
43:22 et il se sent tellement bien qu'il a l'imprudence d'avoir la tête découverte.
43:28 Il se prend un coup de froid, rentre chez lui, ne se sent pas très bien,
43:32 et là, le déclin va le prendre.
43:36 Dans ce déclin, les gens seront très rapidement inquiets.
43:40 Dans l'avenue Victor Hugo, c'est quand même l'un des rares hommes au monde
43:44 à avoir sa propre avenue Victor Hugo, avenue Victor Hugo,
43:48 chez Hugo, pourquoi pas !
43:50 Eh bien, il est là, au premier étage, dans le lit,
43:53 Louis XIII, de plus en plus souvent allongé,
43:56 entouré de ses petits-enfants, lui qui a écrit le traité du grand-père.
44:03 Cet homme qui a aimé profondément ses enfants,
44:07 il est exemplaire en la matière.
44:09 Que d'éléments dans sa vie doivent nous nourrir pour nous élever,
44:13 pour comprendre comment vivre en dignité,
44:15 et aider les autres à être dans la respectabilité ?
44:20 Alors il y a Jeanne, il y a Georges, il y a leur maman aussi, Alice,
44:25 qui était la femme d'un de ses fils, Charles.
44:29 Elle est très attentive.
44:31 Il avait dit, lors de son 80e anniversaire,
44:36 où l'avenue Victor Hugo, elle était littéralement recouverte de roses,
44:41 de yé, on marchait sur un tapis de fleurs,
44:45 et la France était là, et il avait dit à une poétesse,
44:50 "Soudain, je sens que je vieillis, je vais mourir,
44:57 je verrai Dieu, voir Dieu, lui parler."
45:02 C'est extraordinaire, parce que alors que là,
45:06 la vie est en train de s'enfuir,
45:10 autour, dans la chambre, on voit volter
45:13 quelques personnes de l'Église qui attendent la conversion,
45:19 qui le reconnaissent, effectivement, que c'est le Tout-Puissant qui gouverne.
45:23 Mais lui, non. Il parle d'amour.
45:27 Par exemple, le petit Georges qui vient, il lui dit,
45:31 "Tu sais, mon enfant, l'amour, l'amour, c'est tout.
45:35 Il faut que tu aimes, il faut que tu sois aimé.
45:39 L'amour rend meilleurs les hommes."
45:44 Le jour, la nuit, ils sont autour de lui,
45:48 et les curés qui espèrent bien la conversion, qui ne viennent pas.
45:53 Et lorsque Georges, le 23 mai, avec sa petite sœur, se présente,
45:59 il dit, dans un souffle déjà,
46:03 "Venez, venez, approchez, mes enfants,
46:07 un tout petit peu plus près, encore plus près."
46:12 Ils s'agenouillent, ils les embrassent,
46:16 et il leur dit, "Soyez heureux, aimez-moi,
46:21 aimez-moi longtemps, mes chers petits."
46:27 Et c'est pratiquement les derniers mots qu'il prononcera,
46:31 même s'il ne décède pas immédiatement.
46:34 La France, quand elle apprend le drame,
46:37 déferle Avenue Victor Hugo,
46:40 mais dans toutes les avenues qui se trouvent autour de l'Arc de Triomphe.
46:43 Et quand on clame que Hugo est mort,
46:46 les boutiques se ferment,
46:48 les jeunes dames de petites vertus se laissent aller aux pleurs
46:53 et éventuellement aux étreintes qu'elles offrent,
46:55 parce qu'il faut être digne de cet homme qui représente l'amour.
47:00 On le placera dans, voilà, regardez, l'Arc de Triomphe,
47:06 qui a été aménagé par Charles Garnier, l'homme de l'opéra.
47:10 Voilà ce qu'il a fait.
47:12 Il fallait que ce soit, à cet instant,
47:15 un lieu de consécration du génie de l'humanisme.
47:19 Il a demandé quoi ?
47:21 Il a déjà donné 50 000 francs pour les pauvres,
47:24 d'ondes aux pauvres.
47:26 Et surtout, il a dit "je ne veux pas d'oraison des églises,
47:30 je veux que chacun prie avec son âme."
47:34 Et il a demandé d'être accompagné par le corbillard des pauvres,
47:38 de huitième catégorie.
47:40 Je n'ai pas le temps, mais regardez la foule,
47:42 vous l'apercevez, plus de 2 millions de personnes,
47:45 et seul derrière, il y a, dominant la famille,
47:51 le petit Georges, qui prenne la direction du Panthéon.
47:55 On pourrait dire que les uns et les autres se laissent aller.
47:59 Il y en a un qui dit "mon père, mon père, il me récitait
48:03 les vers de Victor Hugo."
48:05 Pourquoi ton père savait lire ? Non, non.
48:07 Mais il connaissait per cœur.
48:08 "Réveillez-vous, assez de honte, citoyens,
48:11 prisez vos fers, forcez vos geôles."
48:13 Quoi ? Vous avez peur de ces drôles ?
48:16 "Vos pères bravaient les titans.
48:19 Levez-vous, foudroyez, et la horde, et le maître."
48:24 Voilà ce qu'on l'enclame.
48:26 C'est écrit à Jersey, "Les châtiments."
48:29 Et pensez à Hugo quand on ne va pas bien,
48:31 parce que chez Hugo, on trouve la force,
48:34 on trouve le souffle, la dignité et l'amour.
48:37 Je pense que ça vous émeut, Marc Venant,
48:40 ce parcours de Victor Hugo.
48:42 Merci pour ce regard.
48:44 Un tour de table, c'est nettement moins Victor Hugo.
48:46 Autour de moi, Medha Ouass.
48:48 Aujourd'hui, il y a une vidéo qui a circulé,
48:51 une vidéo-choc qui accable le pilier international
48:55 de rugby du XV de France, qui a frappé sa femme.
48:59 Il a été condamné mardi à un an de prison ferme
49:02 pour violence conjugale.
49:04 Il n'effectuera pas sa peine en prison.
49:07 Sa femme est pourtant venue le soutenir au tribunal.
49:10 Qu'est-ce que ça vous évoque, Guillaume Bigot ?
49:12 Ensuite, Charlotte et Mathieu, et Marc.
49:15 - Ça ne grandit pas cet homme,
49:17 et c'est terrible pour cette famille et ce couple,
49:20 la diffusion de ces images.
49:22 Mais ça montre une chose, c'est que la violence,
49:25 homme-femme, il y a une dimension physique.
49:29 On voit bien que les hommes ne sont pas des femmes,
49:32 mais des femmes de masse musculaire.
49:34 Il faut que l'éducation soit genrée.
49:37 Il ne faut pas qu'on apprenne aux petits garçons
49:40 à mettre des jupes, il faut qu'on leur apprenne
49:43 à respecter les femmes.
49:45 - La chose la plus prégnante, c'est le rôle de cette femme
49:48 devant le tribunal.
49:50 Elle joue sur la faiblesse de la peine.
49:53 Elle ne voulait pas que son mari et le père de ses enfants
49:56 aillent en prison.
49:58 Elle a demandé au tribunal qu'il n'y aille pas.
50:01 Comment la justice et la police font-elles sur ces questions ?
50:04 On découvre que ce sont des questions extrêmement difficiles,
50:07 parfois par les victimes elles-mêmes,
50:09 à traiter correctement et de manière juste.
50:12 - C'est la violence dans les foyers.
50:14 C'est la femme qui est victime, mais n'oublions pas les enfants.
50:17 Peut-être que cette femme a été violentée par son mari
50:21 devant les petits.
50:23 Il nous faut prendre conscience de cela
50:26 et il faut réintroduire au plus vite
50:29 l'esprit civique dans les écoles,
50:32 que l'on apprenne cette dignité, cet amour
50:35 que clamait si fort Victor Hugo.
50:38 - Merci à tous pour votre regard sur Mohamed Arouas.
50:41 Dernière partie, la discrimination raciale
50:44 à la Royal Air Force britannique.
50:47 On ne comprend pas ce qui s'est passé.
50:50 Comment 31 hommes blancs ont fini par avoir gain de cause ?
50:53 Que s'est-il passé ?
50:55 - Ça vient de sortir en Grande-Bretagne.
50:58 C'est un sujet qui a été renouvelé par Sky News.
51:01 La Royal Air Force veut renouveler ses pilotes.
51:04 Un objectif est donné très rapidement.
51:07 Il faut plus de policiers,
51:10 pilotes qui sont soit des femmes
51:13 ou des minorités ethniques.
51:16 Des courriels ont filtré.
51:19 On a pu voir directement les termes utilisés
51:22 pour savoir ce qu'on veut.
51:25 On nous dit qu'on ne veut plus
51:28 de "useless white men".
51:31 Ne nous envoyez plus de candidatures
51:34 d'hommes blancs inutiles.
51:37 Nous avons des objectifs de quotas ethniques et sexuels
51:40 et nous allons les remplir.
51:43 On s'inquiète.
51:46 On dit qu'il n'y a pas assez de candidats issus des minorités
51:49 et des femmes qui sont femmes.
51:52 Il faut changer les critères de sélection.
51:55 Les courriels sont sortis publiquement.
51:58 Le signal de la demande doit être renvoyé au recrutement
52:01 pour qu'il se concentre maintenant
52:04 sur l'acceptation de tous les non-blancs
52:07 et de toutes les femmes dont elles disposent.
52:10 Cette idée est posée par la Royal Air Force
52:13 qui dit qu'on ne veut pas le meilleur pilote,
52:16 le pilote le plus compétent,
52:19 le pilote qui manie le mieux l'avion,
52:22 un quota de femmes,
52:25 un quota de minorités et les autres.
52:28 Ce qui est fascinant,
52:31 les futurs pilotes ne sont pas traités
52:34 pour leur côté "Maverick" dans Top Gun.
52:37 Ils sont traités sur le mode quota ethnique.
52:40 Vous allez être un quota ethnique,
52:43 vous allez être la chair à quota ethnique ou sexuelle.
52:46 Il y a 31 hommes qui ont reçu 5000 pounds,
52:49 des livres chacun,
52:52 de dédommagement parce qu'ils ont été victimes
52:55 de discrimination sexuelle et de discrimination ethnique.
52:58 Ce qui est fascinant, c'est que la Royal Air Force
53:01 continue de dire qu'on n'a pas fait de discrimination,
53:04 c'est pas ce qu'on voulait, c'est pas ce qu'on souhaitait.
53:07 Il n'en demeure pas moins que discrimination
53:10 ethnique et sexuelle a eu lieu contre ces hommes blancs
53:13 qui n'étaient pas voulus à cause de leur couleur de peau
53:16 et parce qu'ils avaient une 3e jambe.
53:19 - Des blancs jugés inutiles. - Oui, exactement.
53:22 "Useless white men".
53:25 - La Royal Air Force avait mis en place ces programmes
53:28 pour en arriver à une plus grande diversité,
53:31 une plus grande équité ethnique. N'est-ce pas quand même louable,
53:34 même si les méthodes utilisées peuvent être discutables?
53:37 - Non, justement. Je pense que l'objectif est mauvais.
53:40 - On peut avoir envie d'avoir des femmes pilotes.
53:43 - Je m'en fiche. Qui a un avion, franchement?
53:46 Hommes, femmes, non-binaire, je m'en fous complètement.
53:49 Prenez le meilleur pilote d'avion, c'est le seul souci qu'on a.
53:52 Et l'idée qu'il faille une représentation ethnique
53:55 ou sexuelle à tout prix, donc finalement des quotas,
53:58 ça consiste à abolir l'individu avec son mérite,
54:01 avec son excellence, avec sa capacité à se hisser
54:04 au-delà des catégories ethniques, raciales ou sexuelles
54:07 et un peu l'enfermer. Et ça nous dit...
54:10 On me dit quelquefois que l'objectif est noble,
54:13 mais les moyens ne le sont pas. Non, moi, je pense que l'objectif
54:16 d'une société qui catégorise les gens sur le mode du quota
54:19 ethnique, qui transforme les individus en chair à quota,
54:22 je ne pense pas que c'est un objectif qui est légitime.
54:25 Le sacrifice de la compétence, le sacrifice de la valeur
54:28 ne tient pas. Et surtout, si vous avez à vous faire opérer
54:31 demain par un chirurgien, est-ce que vous souhaitez avoir
54:34 un chirurgien qui va vous faire opérer le quota aujourd'hui
54:37 et c'est lui qui joue le rôle du quota, quelles que soient
54:40 les circonstances? Moi, je suis fasciné par cette abolition
54:43 de la compétence, cette abolition du mérite, cette abolition
54:46 de l'excellence, mais nous savons que du point de vue
54:49 de la théorie racialiste, eh bien, compétence, mérite,
54:52 excellence, ce sont des critères qui représenteraient
54:55 la suprématie blanche. Donc, pour faire tomber la suprématie
54:58 blanche, il faudra faire tomber l'idée du mérite, de l'excellence,
55:01 et de l'excellence. Et je pense que ces hommes ont été victimes
55:04 de sexisme anti-homme et de racisme anti-blanc porté
55:07 par la Royal Air Force au nom de l'État britannique.
55:10 Mais ce racisme et ce sexisme sont acceptables aujourd'hui
55:13 parce qu'on est un homme équité et lutte contre les discriminations.
55:16 - Et parfois, quand vous avez la compétence, on vous réduit
55:19 à votre couleur de peau. - Vous savez, c'est absolument...
55:22 3 secondes! C'est la pire des choses, la discrimination
55:25 positive, parce que les gens très compétents, hyper compétents,
55:28 pour remplir un quota, justement, je pense que c'est la pire injustice
55:31 qui est faite aux personnes issues des minorités. On en vient à nier
55:34 leurs compétences en les traitant comme des quotas.
55:37 - Merci à tous pour cette émission. Merci à tous.
55:40 N'oubliez pas un petit mot doux, là, pour nous tous.
55:43 Nous aimons les petits encouragements.
55:46 Une petite Minute Info avec Mathieu Devez avant l'heure
55:49 des pro 2 avec Pascal Praud. Excellente fin de soirée
55:52 sur CNews.
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