1966 _ Jean Lefebvre J'aime bien jouer les imbéciles

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00:00 Jean Lefebvre, vous venez de tourner au côté de l'Innoventura le dernier film de Georges
00:06 Lautner qui s'appelle "Ne nous fâchons pas".
00:08 Il semble que vous vous taillez un peu la part du lion dans ce film.
00:11 C'est votre premier grand rôle.
00:13 Est-ce que c'est votre avis ?
00:14 J'étais content d'abord au début à la lecture du film parce que Michel Audiard,
00:21 j'ai eu la chance que Michel Audiard écrive le rôle spécialement pour moi.
00:26 Évidemment, c'est un avantage, surtout écrit par Michel Audiard, c'est un avantage
00:30 pour un comédien d'avoir un rôle écrit sur mesure déjà au départ.
00:34 Est-ce que vous êtes plutôt un personnage gay dans la vie ?
00:37 Oui, dans la vie, oui.
00:38 Quand j'ai pas des ennuis comme tout le monde, quand on a des ennuis, on ne peut pas être
00:42 gay.
00:43 Mais en général, moi j'aime bien rigoler.
00:46 Michel, c'est un personnage un peu misérable.
00:50 Il reçoit entre autres pas mal de gifles.
00:54 Oui.
00:55 Pourquoi vous pensez que ce soit nécessaire pour faire rire ? Parce que franchement, je
00:59 crois qu'on rigole bien quand vous recevez pas mal de gifles.
01:02 Oui, parce que les gifles sont en situation.
01:05 Alors évidemment, quand je reçois une paire de gifles données par Lino Ventura, qui quand
01:11 même physiquement, il est un petit peu plus costaud que moi, il faut bien le dire.
01:16 Comme c'est en situation, c'est drôle.
01:19 Et puis en général, on ne s'y attend pas beaucoup.
01:21 Mais enfin, il les donne bien.
01:24 Donc ça m'a pas fait trop mal.
01:25 Vous pensez que le comique, c'est uniquement un physique ? Un physique et puis la façon
01:31 de jouer aussi.
01:33 Mais ça, c'est instinctif.
01:35 On fait ça instinctivement.
01:36 Moi, j'ai toujours aimé faire l'imbécile.
01:39 Tout le temps, même à l'école.
01:41 J'étais renvoyé de collège à cause de ça, parce que j'aimais faire rire.
01:45 J'aimais ça.
01:46 Vous savez, c'est une satisfaction sans être prétentieux.
01:48 D'entendre les gens rire, c'était vraiment très agréable.
01:51 Je devais être pharmacien, moi.
01:54 Et puis, ça ne m'emballait pas beaucoup.
01:56 C'est mes parents.
01:57 Vous savez ce que c'est ? Je suis de la province.
01:59 Je suis du nord.
02:01 Et puis mes parents auraient voulu que je sois pharmacien.
02:03 Mais moi, mon idée, c'était toujours de faire l'imbécile au théâtre, au cinéma
02:10 ou dans la vie.
02:11 Et puis, je chante.
02:16 Je chantais, du moins.
02:19 J'avais une voix de basse.
02:20 Évidemment, une voix de basse avec mon physique, c'est assez curieux.
02:23 Et comme je voulais m'évader de ma famille, ma famille était pour le métier de comédien,
02:30 mais surtout chanteur.
02:31 Ils trouvaient que ça posait le personnage, que c'était assez particulier d'être chanteur.
02:40 Alors, j'ai dit, je veux bien.
02:41 Dans le fond, ça ne me déplait pas du tout.
02:43 Et j'ai travaillé au conservatoire de Lille et de Valenciennes.
02:47 Et je me suis présenté au conservatoire de Paris comme chanteur, comme basse chantante.
02:52 Et j'ai eu la chance d'être reçu au conservatoire de Paris.
02:55 Et vous savez qu'en général, les chanteurs d'opéra et d'opéra comique sont très
03:01 mauvais comédiens.
03:02 Mais au conservatoire de Paris, ils avaient décidé de faire une classe de comédie pour
03:07 les chanteurs.
03:08 Et c'était René Simon qui devait faire les cours de comédie pour les chanteurs.
03:12 Et René Simon, me voyant un jour chanter, m'a dit, écoute, tu as une jolie voix.
03:18 C'est incontestable.
03:19 Mais avec ta gueule, il faut faire autre chose.
03:22 Il faut jouer la comédie.
03:23 Parce que moi, quand tu me chantes de l'opéra ou de l'opéra comique, tu ne me fais rien.
03:27 [Musique]
03:35 [Bruit de clavier]

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