Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h45, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 C'est de bien observer sans se faire remarquer. »
00:06 Alors il est aussi l'auteur des paroles de cette chanson-là célèbre.
00:12 Bonjour Luc Larribeau. Vous êtes journaliste, vous êtes écrivain.
00:16 Qu'est-ce qui vous a intéressé chez cet homme-là ?
00:19 Ce qui m'a intéressé en premier c'est que c'est un acteur complet
00:23 à la différence d'autres comédiens, même comme Louis de Funès
00:27 qui était presque son rival, c'est que Bourvil lui pouvait tout jouer,
00:32 la comédie, le tragique, et c'est ça qui est assez formidable avec lui.
00:37 Ils ont fini par jouer ensemble d'ailleurs.
00:39 À l'époque où ils ont commencé, Bourvil lui était déjà une star
00:43 et Louis de Funès lui ne l'était pas du tout.
00:45 Après ils se sont retrouvés, même là pour le corneo,
00:48 Bourvil avait vraiment le statut vedette que n'avait pas tout à fait Louis de Funès.
00:53 C'est ça qui est très fort chez Bourvil, cet aspect de pouvoir tout jouer,
00:58 d'être à la fois sensible, tragique.
01:00 Dans le Cercle Rouge, ça n'a rien à voir avec les premiers films.
01:04 Ils sont invidables. Quand tu joues ce policier intègre et mystérieux.
01:10 C'est dans ce film-là d'ailleurs qu'il joue et qu'il chante cette chanson.
01:14 Qui n'était pas prévue. Il fait un clin d'œil à la fin de sa vie, au début de sa vie.
01:19 Il ferme la boucle en quelque sorte.
01:21 Qu'est-ce qui fait qu'il a particulièrement touché le public ?
01:24 Non seulement vous et moi, mais le public encore aujourd'hui d'ailleurs.
01:28 C'est Monsieur Tout-le-Monde, comme vous l'avez dit.
01:31 Il joue des personnages, il incarne des personnages dans lesquels les Français se sont retrouvés.
01:38 Ils se sont retrouvés à l'époque où les films sont sortis,
01:41 mais aujourd'hui encore, il y a une sympathie vers Bourvil.
01:45 Vous mettez le corneo à la télé un dimanche soir ?
01:47 Le corneo, même Fortuna qui n'est pas assez...
01:50 Fortuna, oui, les gens connaissent un peu moins bien, c'est dommage.
01:52 Et c'est vrai que voilà, c'est Monsieur Tout-le-Monde, Fortuna, c'est le film qu'il préférait.
01:57 C'est le film somme parce que dedans, il joue tous les registres que peut faire un comédien.
02:03 Il a fait combien de films ?
02:05 Ah, mais c'est énorme.
02:06 Moi, je ne me rends pas compte de combien, parce que moi j'en connais genre 5, 6, peut-être une dizaine.
02:11 Une centaine de films, des que vous ne connaissez pas du tout.
02:15 J'ai découvert ça grâce à votre livre, Fortuna avec Michel Morgan, si je me souviens bien.
02:21 Avec Michel Morgan, oui.
02:22 Et le jeune Frédéric Mitterrand.
02:24 Mitterrand, exactement.
02:25 On retrouve d'ailleurs cette simplicité dont vous parlez et son nom de scène aussi.
02:29 Bourvil.
02:31 Bourvil, c'est un nom qu'il choisit parce qu'à l'époque, il fallait choisir des noms de scène.
02:37 Gabin, c'est un nom de scène. Montand, c'est un nom de scène.
02:39 Ce qui est très drôle et interpellant, c'est Bourvil, c'est à la fois le bourg et la ville, la campagne et la ville.
02:47 Et c'est aussi l'image que gardera Bourvil, je pense, dans le cœur des Français, c'est que c'est quelqu'un qui peut aller des deux côtés.
02:53 Et Bourvil se trouve être le nom de son village. C'est pour ça qu'il le choisit.
02:56 Ah, en vrai, ça ne va pas du tout être comme ça.
02:58 Non, il s'appelait André Rimbourg.
03:00 Ah oui, rien à voir.
03:02 Rien à voir.
03:03 Il avait d'abord choisi un premier pseudonyme en hommage à son idole.
03:10 Il avait choisi Andrèle parce qu'il aimait beaucoup Fernandelle.
03:14 Donc il avait contracté André de son prénom.
03:17 Ils n'ont jamais joué ensemble, Fernandelle et lui ?
03:19 Si, ils ont joué ensemble dans la cuisine au beurre.
03:21 Il fait un cuisinier normand.
03:25 Qui prend la place du cuisinier marseillais.
03:28 Marseillais qui a épousé son ancienne femme.
03:30 D'accord.
03:31 Curieusement, il avait une admiration pour Fernandelle.
03:34 Et quand ils se sont retrouvés sur le plateau, ça ne s'est pas toujours bien passé.
03:38 De monstres comme ça.
03:40 Et puis c'est vrai que Fernandelle avait lui aussi une sacrée personnalité.
03:44 Alors, vous savez qu'à l'origine, Bourvil doit sa carrière en partie à son instituteur.
03:51 Oui, à son instituteur, parce qu'à l'époque, au début du siècle dernier,
03:56 les personnes qui avaient le savoir, qui pouvaient donner le savoir,
04:01 faire connaître la musique, le théâtre, le cinéma,
04:05 c'était essentiellement les instituteurs.
04:07 Regardez, il a la même tête.
04:11 Exactement.
04:12 Et cet instituteur a très vite décelé chez lui la poésie.
04:16 Ce garçon qui avait envie d'écrire.
04:19 Et il lui a fait découvrir par la radio,
04:21 puisque l'instituteur avait une radio, des chansons, dont celle de Fernandelle.
04:25 Et c'est là que Bourvil a vraiment accroché.
04:28 Alors, il débute comme chanteur, comme humoriste, il fait du cabaret, du music-hall.
04:33 Alors, comment il atterrit dans le cinéma ?
04:36 À l'époque, on va chercher les talents où ils sont.
04:39 Et c'est vrai que les producteurs se promènent beaucoup dans les cabarets.
04:42 Et au sortir de la guerre, il est comme montant,
04:45 ils font beaucoup de cabarets, de spectacles.
04:47 Et il y a un producteur, et c'est très important, c'est Robert Dorfman,
04:50 qui sera le producteur du corneau de la Grande Vadrouille.
04:52 C'est-à-dire que dès le premier, il va le remarquer,
04:55 et il va l'engager dans la ferme du Pendu,
04:57 pour qu'il chante une de ses chansons les plus connues à l'époque,
05:01 qui est "Les crayons".
05:04 - Ah oui, mais elle écrise cette chanson !
05:06 - Elle écrise, oui. - "Les crayons", ah oui, c'est terrible !
05:08 - Et en fait, cette chanson va lui permettre, dans le film, d'être encore plus connue.
05:13 Et là, boule de neige.
05:15 - Alors, il sait faire rire, parce que je ne sais pas si vous vous souvenez de certaines filles,
05:19 vous avez parlé de Fortuna.
05:21 Quand on a traversé Paris, il a un rôle difficile,
05:23 il fait le rôle d'un lâche un peu...
05:25 - Ah bah oui ! - Il fuit...
05:27 Il savait tout faire, ce type-là. - Il savait tout faire.
05:29 Il savait tout faire, et c'est... - Regardez.
05:31 - Et c'est ça qui est presque...
05:33 Oui, c'est dommage qu'il soit parti si tôt, à 53 ans,
05:37 parce qu'il aurait pu, au début des années 70,
05:40 rencontrer des cinéastes comme Sauté, comme Pialat,
05:43 même comme Truffaut, et peut-être... - Bien sûr.
05:46 - ... qui auraient sûrement pu travailler ce facteur-là.
05:50 - Qui auraient pu utiliser ce talent multiforme.
05:52 - Comme Melville l'a fait parfaitement à la fin,
05:55 avec "Le Cercle Rouge", ou quelques années plus tôt,
05:57 Robert-Henrico dans "Les Grandes Gueules", avec Ventura.
06:00 - Bon, vous voulez en savoir plus ? Moi, j'ai dévoré ça.
06:03 Ça s'appelle "Bourville", le livre,
06:06 "Pas si coucoune qu'il en a l'air", vous savez, c'est une...
06:09 - Un clin d'œil au corneau. - Une phrase du corneau
06:12 qui est prononcée à la fin du film.
06:14 Merci beaucoup, c'est publié chez Hugo Images,
06:17 et c'est signé de Luc Larriba. - Merci à vous.
06:20 - Merci de votre visite.
06:22 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]