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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi, il s'intéresse aux élections présidentielles en Turquie.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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NewsTranscription
00:00 Mais d'abord, l'édito internationale sur Europe 1. Bonjour Vincent Herrouette.
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04 Alors on va en Turquie ce matin, il y a encore un doute sur qui va remporter la présidentielle.
00:08 En revanche, on sait déjà qu'il a perdu.
00:10 Oui, alors sur le papier, Erdogan a gagné, il avait rassemblé 49,5% des votes.
00:15 Le candidat ultra-nationaliste l'a rallié, lui en apporte 5% supplémentaire.
00:20 C'est dix fois plus que nécessaire.
00:22 Le seul institut de sondage qui avait prévu son avance au premier tour le donne d'ailleurs gagnant haut la main.
00:28 Le président ne sourit toujours pas, il sillonne l'anatolie, la bourse en fief, les trois quarts des habitants ont voté pour lui.
00:34 Mais surtout ceux qui ont tout perdu dans le tremblement de terre en février.
00:38 Le sultan leur assure qu'il va tout reconstruire dans les six mois.
00:42 Et 3 millions de déplacés se raccrochent à cette promesse.
00:46 Ont-ils d'ailleurs les moyens de faire autrement ?
00:47 Alors en face, Kemal Kilic, star relou, lui a 2,5 millions de voix à rattraper.
00:52 Il tente de mobiliser les rares abstentionnistes et il calcule que les électeurs nationalistes n'obéiront pas forcément à la consigne de vote de leur chef.
01:00 Que le rejet d'Erdogan sera le plus fort.
01:03 Il est prêt à tout pour les rallier, il jure qu'il va expulser les 3 millions de réfugiés syriens dès qu'il sera au pouvoir.
01:10 Avant le premier tour, il se donnait deux ans pour arriver au même résultat.
01:13 Et ceux-elles peuplèrent à l'extrême droite.
01:16 Mais il a de quoi décourager les électeurs de gauche qui votaient aussi pour lui.
01:20 Ils ne protestent pas, ils sont assommés par le premier tour.
01:23 Il s'était convaincu qu'il pouvait l'emporter et il s'obstine à croire que c'était un référendum pour ou contre Erdogan.
01:30 Qu'il peut être gagné donc.
01:31 Mais aucun meeting n'est prévu d'ici dimanche.
01:34 Juste un bain de foule demain devant le mausolée d'Atatürk.
01:38 Ce qui évoque forcément un enterrement.
01:39 L'entre-deux-tours est une drôle de guerre entre deux Turquies, un pays coupé en deux, fifty-fifty,
01:45 mais qui a glissé tout entier à droite.
01:47 - Alors on pensait, Vincent, que les électeurs kurdes dans cette affaire seraient les faiseurs de rois.
01:51 Et en fait c'est le contraire, les ultra-nationalistes, voilà, ce sont eux les arbitres du combat.
01:56 - On parle de deux candidats, mais le vrai perdant c'est un troisième, c'est le kurde,
02:00 c'est la latine Demirtas qui avait fait campagne pour la présidentielle en 2014 et en 2018,
02:05 et réunit près de 10% des suffrages.
02:07 Pour laisser une chance à Klichdaroglu de l'emporter, son parti, le HDP, n'a présenté personne cette fois.
02:13 Demirtas a été condamné pour collusion avec le PKK, il croupit en prison depuis 7 ans de malheur,
02:20 et il va y rester.
02:21 Du fond de ses oubliettes, il peut observer les deux candidats s'accuser mutuellement de complaisance envers les terroristes.
02:29 Le social-démocrate accuse le président d'avoir négocié avec le PKK,
02:33 le sultan accuse son rival d'être soutenu par les terroristes kurdes.
02:37 En fait, les deux ont raison, et les kurdes ont toujours tort.
02:42 Et avec eux toutes les minorités, les réfugiés syriens, les kurdes, mais aussi les alévis, les chrétiens,
02:47 et jusqu'aux voisins arméniens, notamment ceux du Karabakh, qui sont de plus en plus étranglés.
02:52 L'islamisme et le nationalisme revanchards sont les deux côtés de la même porte,
02:58 la sublime porte qui demain va claquer au nez de l'Union Européenne.
03:02 – Signature Europe 1, bien troussé comme d'habitude, Vincent Herouet.