Ligue 1 : "C’était un homme fort et brillant", Rothen nostalgique des présidents "à la Tapie"

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Dans « Rothen s’enflamme » ce mercredi soir, Jérôme Rothen a expliqué être nostalgique des présidents de club « à la Tapie », qui dégageaient aussi une identité et une institution au sein de celui-ci.
Transcript
00:00 Alors messieurs, est-ce que vous êtes nostalgique des présidents à la tapie, Jérôme ?
00:04 - Oui, oui, oui, nostalgique, mais pas que de Bernard Tapie, parce que moi j'étais plus gamin,
00:11 et en effet, tout ce qu'a mis en avant Aurélien, je m'en souviens très bien, et ça marque les esprits forcément.
00:18 Mais j'ai eu la chance d'avoir des présidents charismatiques, et surtout un, c'était Aurélien Lassiter,
00:24 ou toi, c'est Jean-Louis Compora. Et Jean-Louis Compora, c'est pas du tout le même style de personnage que Bernard Tapie,
00:32 ça c'est une certitude, et j'ai beaucoup échangé avec Bernard Tapie aussi, parce que ça reste un homme fort dans le football,
00:42 et même tout ce qu'il a entrepris, c'est un homme brillant dans tous les cas. Et Jean-Louis Compora, moi j'ai eu la chance de l'avoir comme président,
00:50 il avait pas besoin de parler tout le temps, mais quand il venait, je peux te dire qu'on rigolait pas,
00:56 il y avait du respect, il y avait deux, trois phrases, ça suffisait, pas des longs discours,
01:01 et il y avait surtout un respect du club, l'institution, ils dégageaient ça,
01:10 souvent on dit, l'identité du club, l'âme du club, c'est les supporters, mais ces présidents-là, ils dégageaient ça, en fait,
01:16 juste simplement, et quand tu signais le contrat, tu savais où tu mettais les pieds, tu savais qu'à Monaco,
01:22 t'avais plein d'avantages, beaucoup, mais derrière, il fallait pas faire de bordel, il fallait pas faire de fausse route,
01:28 parce que t'avais le droit à faire une erreur, mais la deuxième, elle pardonnait pas, et je pense que Bernard Tapie,
01:34 tout ce qu'on a vu, c'était un petit peu ça, sur Cantona, c'est exactement ça, et moi je suis nostalgique de ça,
01:41 parce qu'aujourd'hui, des présidents où c'est leur club, vraiment, ils prennent ça en eux,
01:45 - Déjà certains dont c'est l'Argent qui est investi, il y en a pas beaucoup. - C'est pour ça, donc,
01:50 - Y'a Nicolas à Montpellier. - Le dernier en date, c'était Jean-Michel Aulas,
01:54 - Jean-Michel Aulas, oui. - Après, moi, je...
01:57 - Quand même, c'est Laurent Nicolin, Jean-Pierre Québeau... - Jean-Michel Aulas est moins charismatique que les Campora,
02:02 les Claude Baize, les Bernard Tapie et j'en passe, mais n'empêche que c'était un président un petit peu comme ça,
02:09 qui allait dans ce sens-là, moi je regrette juste les dernières années, parce qu'il était à côté de la plaque sportivement,
02:14 mais avant, c'était fantastique ce qu'il mettait en place, le sportif primait,
02:18 et avec ces gens-là, avec ces personnages-là, c'était le sportif qui primait avant tout.
02:22 - La différence qu'il y a peut-être aussi aujourd'hui, c'est qu'il y a beaucoup de présidents délégués.
02:25 - Exactement, eh oui, ça n'a rien à voir, c'est pas leur oseille, pour la plupart.
02:32 Pour la plupart, même si la situation de Jean-Michel Aulas était un petit peu exceptionnelle,
02:38 mais les autres, Campora était l'un des responsables du gouvernement monégasque, je crois, à l'époque.
02:43 - Qui était le premier ministre.
02:44 - Voilà, et puis Roger Rocher n'a jamais été salarié, encore moins que Nicolas,
02:53 ou moi j'en cite encore un, parce que je l'ai eu, ça a été mon dernier président en tant que footballeur professionnel,
03:00 c'était Francis Borelli qui était... - Ah oui, c'est ce que j'allais dire.
03:04 - Ces gens-là, ils avaient quelque chose, c'est que, putain, ils aimaient le football.
03:08 Et je vous assure, ils adoraient, et c'est pas par hasard que j'ai cité Francis Borelli à la fin,
03:15 mais ils aimaient le jeu, ils aimaient les joueurs, ils aimaient leur club.
03:21 Pour eux, c'était viscéral, c'était dans les types.
03:28 Et effectivement, c'était des gens qui ont dépensé beaucoup d'argent,
03:34 que ce soit eux ou Daniel Echter, même dans un style différent au Paris Saint-Germain.
03:39 Mais aujourd'hui, on ne retrouve pas ça parce que, et oui, tu le sais, Jérôme, tout est aseptisé,
03:46 tout est cadré, tout est ceci, tout est cela.
03:49 Là, il y avait quand même les joutes mémorables entre Claude Bez et Bernard Tapie,
03:55 ce qui ne les empêchait pas de faire de bonnes affaires entre eux.
03:58 Mais ils étaient, comme on l'a dit, d'excellents clients.
04:04 Et quand moi, je raconte les histoires de Nicolas, de Loulou Nicolin,
04:09 qui venait de se faire mettre un examen pour une histoire à La Réunion
04:15 et qui arrive sur le bord de la touche avec Tapie lors d'un Marseille Montpellier
04:21 et qu'elle lui disait « Mais qu'est-ce qui t'arrive, Loulou ? »
04:24 « Je viens de me mettre mis en examen. » « Combien t'en as, toi ? »
04:26 « Une mise en examen. Nanar, quinze. »
04:29 « Quinze ? »
04:31 Oui, parce que Jean-Michel, on n'oublie pas quand même les affaires,
04:35 ce qui s'est passé à la fin avec Bernard Tapie,
04:37 ce dont on parle là, c'est le management, la gestion des hommes.
04:41 C'est le charisme.
04:43 Évidemment qu'on n'est pas pour les affaires.
04:45 Bien sûr.
04:46 Mais Jean-Michel, tu sais...
04:48 Le Mélic qui était arrivé avant de partir.
04:51 Mélic ? Tu sais, Jean-Michel, tu as dit un truc très juste
04:55 et je ne l'ai pas dit et je regrette de ne pas l'avoir dit en priorité
04:58 parce que c'est exactement ce que je pense de ces personnages-là.
05:00 Je ne sais pas, Manu, ce que tu en penses aussi.
05:02 C'est le côté passionné, amoureux du football déjà
05:08 et amoureux des joueurs.
05:10 En fait, c'est ça qui manque aujourd'hui.
05:12 Il n'y a pas que ça qui manque.
05:13 Alors moi, ça c'est important.
05:15 Je n'aimais pas tout du côté de Bernard Tapie, bien évidemment,
05:19 puisque j'en étais une des principales victimes également
05:22 dans notre lutte à chaque fois à gagner le championnat de France,
05:25 mais qu'il repose en paix.
05:27 Je n'ai pas envie de rouvrir ce chapitre-là.
05:30 Tout le monde le connaît.
05:32 - Des livres sont disponibles.
05:34 - Exactement.
05:35 Pour moi, il y a prescription et la page est tournée, le livre est fermé.
05:38 En revanche, sur ce qui me manque réellement,
05:41 c'est en dehors de ce que vous avez dit, les garçons,
05:43 le côté passionnel, ce lien indéfectible qu'il pouvait avoir avec les supporters.
05:48 C'est le côté sulfurique qu'on pouvait amener justement.
05:51 - C'est la cité qui est sulfurée.
05:53 - Avec Bordeaux, avec l'Olympique de Marseille,
05:58 mais qui pouvait en plus se générer à travers les joueurs.
06:01 Moi, je me rappelle de certains rendez-vous en équipe de France
06:04 où tu avais un vestiaire qui était composé essentiellement des joueurs.
06:07 - Et ça, tu es nostalgique de ça ?
06:08 - Oui, je suis nostalgique parce que tout est devenu tellement neutre.
06:11 - À l'époque, on disait que c'était une catastrophe.
06:13 - Les partenariats Parisiens pour l'équipe de France, c'était une catastrophe.
06:17 - Ça faisait la poudre, le sang, la sueur.
06:20 C'était tout ce que définit justement le football, le côté passionnel.
06:23 Il y avait des fumigènes dans les stades aujourd'hui.
06:27 - Non mais attends Manu, le problème c'est que vous voulez une société aseptisée.
06:31 - Non, pas du tout.
06:33 - Le foot, c'est quoi ? C'est des émotions.
06:35 Ces gens-là apportaient ces émotions.
06:37 - Je ne te réécrivais pas l'histoire totalement.
06:39 Que les rivalités entre clubs soient indispensables pour vendre les championnats et tout ça,
06:43 ça fait partie du foot, je suis d'accord.
06:45 Mais en équipe de France, pendant des années, on a entendu que c'était une catastrophe,
06:47 les Marseillais et les Parisiens.
06:49 - En Espagne, avec le Barça et le Real.
06:51 - A l'époque, bravo à Amy Jaquet d'avoir réussi à calmer les choses,
06:54 qui pue cette rivalité en équipe de France.
06:56 - Non, je ne sais pas ce que je suis en train de te dire.
06:58 Je suis en train de te dire qu'à travers leur président charismatique,
07:02 à travers justement la rivalité qui pouvait opposer certains clubs,
07:05 ça pouvait justement redescendre au niveau des joueurs.
07:09 Moi je me rappelle les avant-matchs, ou deux ou trois jours avant les matchs,
07:12 la pression incroyable qu'il y avait dans la presse.
07:15 On se sent voyait de la sulfateuse en permanence.
07:17 C'était une guerre de communication, on s'insultait, c'était un truc de fou.
07:21 Mais au final, on réglait les comptes sur le terrain.
07:24 Ça bastonnait, ça envoyait du lourd sur le terrain.
07:26 Mais vraiment, c'était un combat sans nombre.
07:29 Aujourd'hui, je me fais chier.
07:31 - Les anecdotes sont fabuleuses.
07:33 - Parfois tu me diras que tu t'ennuies.
07:35 - Le seul qui reste, c'est Jean-Pierre Caillot, on a une pensée pour lui.
07:37 - Appelle-toi Borrelli avec sa sacoche, quand il venait embrasser la pelouse.
07:41 - Jean-Michel.
07:43 - Dans ce cadre-là, il y en a un qui était fantastique.
07:46 Moi, je me régale quand il avait les cheveux bleus et qu'il était face à la tribune,
07:50 avec ses joueurs, lorsque Loulou...
07:54 - Laurent Nicolin !
07:56 - Loulou, c'est pareil !
07:58 - Lorsqu'il a gagné la finale de la Coupe de France, avec les cheveux bleus,
08:02 bleu et orange, c'était...
08:04 - Il en pleurait, le gars !
08:06 - Un grand moment.
08:08 Moi, je me suis fait raconter par Michel Mézy,
08:10 lorsqu'ils ont été champions de France.
08:12 - Là, c'était la crête orange.
08:14 - Avec Giroud.
08:16 Et que...
08:18 Au Massin-Gabriel, au repas qui fêtait le titre,
08:22 il y a le capitaine qui est allé demander une prime exceptionnelle à Loulou Nicolin
08:28 pour le titre de champion de France.
08:30 Le reste, je ne vous le raconte pas parce que je suis incapable.
08:34 Quand Michel Mézy me raconte la réaction de Loulou Nicolin,
08:38 c'est un sketch qui est digne des meilleurs sketchs des inconnus.
08:44 - C'est du hausse-garde.
08:46 - Pourquoi ? Raconte-nous, qu'est-ce qu'il lui a dit ?
08:48 - Parce que ça s'est terminé avec des assiettes qui volaient,
08:52 qui partaient toutes de la position stratégique concrétée.
08:56 - Mais pourquoi il n'a pas le droit de demander une prime digne de champion ?
09:00 - Oui, il a demandé la prime,
09:02 mais je pense que Loulou Nicolin n'était pas disposé à la donner.
09:06 - Quand il a dit "Vous voulez la prime ?"
09:10 - Avec ces mots, en plus, j'y m'adresse très bien.
09:12 - Il y a un vol d'assiettes qui est parti dans le massé.
09:14 - Voilà la prime.
09:16 - Voilà la prime, vous l'avez.
09:18 - On va continuer le débat dans une seconde.
09:20 - Ce sont des personnages hors pair.

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