• l’année dernière
Laurent Lokoli aime jouer avec le coeur de ses fans. Après avoir frôlé la catastrophe au premier tour des qualifications en étant rejoint à 5-5 dans le deuxième set alors qu'il menait 6-3, 5-1 avant de finalement s'imposer, le Corse a encore offert un match plein de suspense ce mercredi contre le Japonais Yosuke Watanuki, 126e à l'ATP. Mené d'un set, le Français a réussi à renverser la situation au terme d'un gros bras de fer de 2h38, 4-6, 6-4, 6-3. Six ans après sa défaite au premier tour contre Martin Klizan, Lokoli n'est plus qu'à une victoire de retrouver le grand tableau de Roland-Garros. Pour cela, il faudra battre l'Italien Flavio Cobolli.

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Sport
Transcription
00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus
00:06 beau que quand il est collectif.
00:08 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:13 Je ne sais pas exactement comment, je ne saurais pas comment l'expliquer, mais j'arrive toujours
00:18 à trouver un moyen de me relever.
00:21 Je pense aussi à des fois à des personnes qui ont des vies plus dures que la mienne.
00:25 Je pense que ça m'aide à relativiser, à me dire que finalement, perdre un set, perdre
00:31 un match, ce n'est pas si grave.
00:33 Il y a des gens qui sont malades, qui luttent pour leur vie, etc.
00:39 Je me dis que je n'ai pas le droit de lâcher.
00:41 Je n'ai pas le droit.
00:42 Je n'ai pas le droit de me plaindre, je n'ai pas le droit de trouver des excuses.
00:45 Je ne dois m'en prendre qu'à moi-même.
00:47 Je ne pense qu'à ça, au sérieux, au fait que je dois me dépouiller sur le terrain et
00:53 je dois donner le maximum pour à la fin sortir du terrain, me regarder dans la glace et me
00:58 dire "mec, tu as fait tout ce qu'il fallait pour en tout cas être fier".
01:02 Peu importe le score, peu importe le résultat, mais je pense que c'est une fierté là-dessus.
01:09 Ça veut dire que vous arrivez à philosopher quand vous êtes sur le cours ?
01:11 Ça m'arrive.
01:12 Vous ne voulez vraiment pas être dans ma tête quand je suis sur le terrain.
01:14 Tu disais juste avant que ça ne t'est pas beaucoup arrivé dans ta carrière de jouer
01:19 sur les grands terrains, des grands courts avec des milliers de personnes.
01:22 Est-ce qu'il y a quelque chose qui te traverse l'esprit quand tu lèves la tête et que
01:25 tu sors du ténile dans ce match-là ?
01:27 Je pense que comme tous les joueurs, on a envie de jouer sur le châtelier devant des
01:31 milliers de personnes, contre des grands joueurs.
01:33 Moi, c'est non seulement de les jouer, mais j'ai envie de les jouer, j'ai envie de les
01:37 battre, j'ai envie de me dire que je suis capable d'affronter ces joueurs-là, de leur
01:45 poser des problèmes et de m'en sortir à la fin.
01:47 Alors après, aujourd'hui, quand tu es 190e mondial, ça peut paraître un peu présomptueux
01:54 de dire ça, mais je travaille pour et c'est des rêves d'enfant.
01:58 Donc, par respect pour le gosse que j'étais, je me dois d'essayer d'aller au bout de mes
02:03 rêves.
02:04 Qu'est-ce que tu as pensé de ton tennis aujourd'hui au-delà du résultat ?
02:06 Il y a du mieux par rapport à hier.
02:08 Le contenu, il y a des bons passages, des moins bons.
02:14 Après, mon coach Martin me dira évidemment ce qu'il en pense, mais il y a du bon quand
02:18 même.
02:19 Il y a du bon dans l'état d'esprit, il y a eu du bon dans le fait d'avoir voulu l'agresser,
02:25 de refuser le fait que je me fasse puncher comme au premier set.
02:29 Et finalement, j'ai réussi plus ou moins à inverser la tendance au deuxième.
02:33 Et puis après, toujours un petit peu ce drama avec moi où à 5-3, je mène 30-0, je me fais
02:40 débraquer.
02:41 Et puis en fait, finalement, j'ai un peu accepté que parfois, le tennis, ce n'est pas toujours
02:47 une ligne droite.
02:48 Parfois, tu sors sans trop savoir pourquoi.
02:50 Il y a une petite aire d'autoroute, tu la prends et puis après, il faut repartir.
02:53 Il faut essayer de ne pas faire un contresens.
02:55 Mais en tout cas, tu essaies de reprendre le chemin comme il faut.
02:59 Et c'est ce que j'ai réussi à faire.
03:00 Donc, je suis content de ça.
03:01 Qu'est-ce qui t'a posé le plus comme problème ce Japonais ? On l'a vu qu'à un moment, il
03:05 est revenu notamment dans le troisième set.
03:07 Comment toi, tu as vu son jeu ?
03:09 On voyait certaines choses.
03:11 Qu'est-ce que tu as vu de toi ?
03:12 C'est un joueur qui est très fort en cadence.
03:14 Honnêtement, il est assez imprévisible côté coup droit parce qu'il peut faire très, très
03:19 mal.
03:20 Et je pense que c'est le coup où il fait le plus mal.
03:21 En revers, il rate beaucoup moins.
03:22 Il a une zone très courte de sortante qui m'a fait mal, qui m'a vraiment cassé les
03:26 pattes.
03:27 Et en fait, il est vraiment très dangereux à partir du moment où tu joues en cadence
03:32 avec lui.
03:33 Et en fait, petit à petit, j'ai réussi à m'engouffrer.
03:38 J'ai vu que ça commence à être un petit peu plus dur pour lui.
03:41 Donc, j'ai essayé tant bien que mal de tenir bon et de me dire que…
03:46 Aussi, mon coach m'a dit que j'allais avoir des opportunités.
03:49 Mais j'ai essayé de jouer sur les variations, sur le fait de jouer un coup haut, un coup
03:53 tendu, un chip.
03:55 Et puis après aussi, d'essayer de faire en sorte que le cours lui paraisse difficile
04:01 à vivre en jouant avec le public, en essayant de frapper un peu plus fort, en créant un
04:07 peu plus fort.
04:08 Et puis, en même temps, essayer de le faire sortir de sa bulle et le fait qu'il sorte
04:12 un petit peu de son état où au premier, il ne ratait pas grand-chose et il était
04:18 très dangereux.
04:19 Donc, j'ai misé sur ça et ça a payé.
04:22 Tu as été très en forme, voire très en forme avec son progress.
04:26 Est-ce qu'on est un peu dans la continuité aussi de ce tournoi-là ? C'était quand
04:29 même il y a quelques semaines.
04:30 Mais est-ce que tu vois aussi que ça commence à prendre comme tu veux en termes d'état
04:35 de forme ?
04:36 Ça commence à prendre.
04:38 Après, il y a beaucoup de travail derrière.
04:41 Aujourd'hui, je suis quand même content d'une chose.
04:47 Il y a eu quand même une étape de franchie avec le fait d'arriver dans les 200, de gagner
04:52 régulièrement des matchs aussi avec des joueurs qui sont top 200, parfois même top 100.
04:58 Donc, du coup, c'est des étapes.
05:01 Après, il y a beaucoup, beaucoup de travail encore relancé.
05:05 C'est toujours un peu particulier.
05:06 C'est un tournoi à part où on arrive tous plus ou moins à se sublimer, à sortir le
05:11 meilleur de nous.
05:12 Donc, je suis assez content de ça.
05:15 De toute façon, on verra bien pour la suite.
05:17 Mais en tout cas, c'est sûr que c'est des bons matchs.
05:19 Laurent, c'est un jour de repos.
05:22 Tu nous l'as souvent dit, la dernière marche, c'est la plus dure.
05:25 La dernière marche, c'est la plus dure, évidemment.
05:27 Donc, je vais essayer de bien me préparer.
05:30 J'avoue qu'honnêtement, d'avoir le jour de repos, ça va me permettre de bien souffler,
05:35 mais aussi d'en profiter.
05:36 Avec ma famille, mes amis, ils ont respecté mon choix.
05:40 Je voulais être plutôt dans ma bulle, plutôt seul ici.
05:42 Je leur remercie de l'avoir respecté.
05:45 J'avais besoin de me concentrer un peu sur moi, d'être vraiment dans ma bulle avec mon
05:51 staff, juste de penser à ça.
05:54 Et on ne sait jamais comment ça va se passer.
05:57 S'il faut, hier, j'aurais pris deux sets et puis c'était maison et on n'en parlait
06:01 plus.
06:02 Je suis sans doute en train de m'entraîner à Marseille.
06:06 Du coup, on ne sait jamais trop ce qui va se passer.
06:08 Mais oui, cette marche-là, elle est dure.
06:12 Mais au final, après, quand je vais me qualifier, on va me dire « Alors Laurent, ce premier
06:15 tour… » ou pas d'ailleurs, parce que si je perds, je n'aurai pas de premier tour.
06:20 Mais en tout cas, si je me qualifie, on va me dire « Alors, il faut que tu gagnes ce
06:24 premier tour.
06:25 J'espère que cette fois-ci, c'est la bonne.
06:26 » Et ainsi de suite.
06:27 Donc, au final, l'être humain, il n'est jamais vraiment rassasié.
06:30 Je veux toujours plus.
06:33 Mais des fois, il faut garder la tête sur les épaules et essayer d'avancer marche
06:38 après marche.

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