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00:00 Alors Claude j'ai rencontré, j'étais en tournée, j'étais régisseur avec les Chats Sauvages.
00:04 Et j'avais été engagé après par Barclay pour faire une tournée en Suisse, pour des artistes suisses.
00:11 Et c'est la première tournée de Claude.
00:13 Alors vous avez fait combien de tournées avec Claude ?
00:15 J'ai fait à peu près deux ans et demi. Deux ans, deux ans et demi, oui.
00:21 Alors la vie avec Claude c'était comment ?
00:23 Dure, dure mais intéressant quoi.
00:26 Parce que bon, tout métier s'apprend et je crois que j'étais avec le plus grand professeur.
00:31 Et quel âge avez-vous à l'époque ?
00:32 J'avais 19 ans.
00:33 Quelle était la fonction que Claude vous avait donnée ?
00:36 Ah ben là je faisais un peu tout, parce que là c'était au début, il n'y avait que Léderman, Claude et moi quoi.
00:42 Donc je faisais tout quoi, je faisais la repasseuse, je faisais le tireur de fil, je faisais le clown, je faisais le...
00:48 J'avais toutes les fonctions quoi.
00:50 Après plus tard, il y a eu tout un staff énorme quoi autour mais à cette époque là je...
00:56 Et alors vos relations, elles étaient plus ou moins tendues selon les moments ?
01:00 Je suppose que Claude était un... comme tous les artistes...
01:03 Ouais parce qu'il était tendu lui-même, c'est-à-dire qu'il était un tel perfectionniste qu'il en avait un peu après tout le monde
01:09 si tout le monde ne faisait pas son boulot correctement ou à fond quoi.
01:12 Est-ce que vous vous êtes discuté avec lui parfois ?
01:15 Oh c'est arrivé, c'est arrivé, mais c'était toujours des disputes très passagères.
01:22 Parce que autant il était très coléreux et autant il pouvait avoir l'inverse après quoi.
01:27 C'est-à-dire il se rattrapait le lendemain, j'avais un cadeau le lendemain parce qu'il m'avait engueulé la veille.
01:31 C'est ce qui faisait le charme de Claude.
01:34 C'était aussi un chef d'entreprise parce qu'il engageait les premières parties...
01:37 En plus, en plus oui oui.
01:39 Ah oui il y avait beaucoup de monde, et puis il était responsable de tout ça quoi.
01:42 Et puis il visionnait tout, les premières parties, il allait y regarder, il fallait qu'il s'occupait de tout quoi.
01:48 A l'époque dans cette tournée il y avait les Gams.
01:50 Les Gams oui.
01:51 Les costumes, il en avait combien de rechanges ?
01:54 A l'époque, là la tournée, on devait en avoir deux, trois, on n'en avait pas beaucoup là.
02:00 Après je sais il y en avait un camion plein, mais à cette époque là...
02:04 C'était dur à sécher.
02:05 Oh là là c'était la folie quoi.
02:06 En plus c'était très très long, en plus ça cuisait les tissus.
02:10 Alors en plus il se faisait faire les costumes chez Gams à cette époque là, qui coûtait une fortune et tout.
02:16 Alors les doublures en plus retraitissées petit à petit et tout, alors c'était une angoisse.
02:23 Ça c'était ma nangoisse, le costume.
02:26 Ils faisaient le fil à cette époque là.
02:28 A cette époque là, ça n'existait pas les micros sans fil.
02:31 Donc il avait vu ça faire, il avait vu par Samy Davis, qui avait un gars qui tenait le fil quoi.
02:38 Et toutes les fois...
02:40 Il allait enrouler.
02:41 Enrouler, oui, pour pas aller au générique, surtout en dansant quoi.
02:45 J'avais tout le temps peur qu'il se prenne les pieds dedans.
02:47 D'ailleurs dans le document, à un moment, moi je le sais, il tire deux, trois fois le fil, mais de rage comme ça, parce que je suis un peu trop raide.
02:54 Mais ça c'était très très embêtant.
02:57 Par contre on parle de petites filles, je tiens à dire un truc, ça ça m'a toujours énervé moi par rapport à moi.
03:01 C'est que moi qui ai vécu deux ans vraiment, et puis après son intimité et tout, je peux dire et affirmer que l'homosexualité, il n'y avait rien à voir avec ça.
03:14 Je le dis parce que c'est un truc qui m'énervait, qui m'a toujours énervé et qui l'énervait à lui aussi.
03:19 Et ce gars il avait un tel... Il était tellement minutieux même au niveau de l'habillement, au niveau de ça.
03:26 Et puis en sachant que sa clientèle c'était les filles, surtout les filles et tout.
03:32 Donc effectivement il était toujours tiré à quatre épingles et tout ça.
03:36 Et puis ça a toujours énervé les gens de le voir aussi fringant.
03:41 C'est à dire que lui répétait déjà tous les jours, il fallait être à l'après-midi, parce que lui voulait répéter le son.
03:47 Et puis tous les jours, tous les jours, tous les jours, il retravaillait des trucs, il travaillait des chansons, il faisait des essais.
03:52 Le soir il faisait... Même pour le disque, je me rappelle, avant qu'il sorte le disque, il faisait un training des chansons sur scène.
03:59 Et à partir de là, il triait ce qu'il mettait dans le disque, ce qu'il mettait pas dans le disque, s'il fallait accélérer les tempos, s'il fallait les ralentir et tout.
04:07 Il testait avec les gens.
04:09 Cette tournée, vous vous en souvenez, c'était la première tournée de l'Idole des Jeunes.
04:12 Ouais, ouais, ouais.
04:13 Les foules...
04:14 Ah c'était la folie, c'était la folie. Vraiment la folie quoi.
04:17 Il fallait les retenir, elles montaient sur scène.
04:19 Ah ouais, les filles et tout, c'était...
04:22 Et c'est marrant parce que je voyais, et c'est ce qui après lui a fait venir les Claudettes et tout ça, parce qu'il s'apercevait que les parents, t'es obligé d'accompagner les gosses.
04:32 Donc il fallait plaire aux parents aussi, pas qu'aux gosses.
04:35 Et ça c'est toute la gamberge de Claude quoi.
04:38 Il aimait bien manger. Et je crois qu'il était très soucieux du choix des restaurants, aussi bien pour lui que pour son équipe.
04:44 Ah ouais, ouais, tout le temps. Mais en plus il y avait le fameux Bordeaux quoi, qu'il fallait toujours du Bordeaux par rapport à son ulcère.
04:51 On lui avait conseillé ça, donc il y avait toujours des très vieux Bordeaux.
04:54 Mais des fois, moi pour arriver à trouver des vieux Bordeaux en province, la nuit, parce que moi il m'envoyait chercher des éclairs au chocolat à 3h du matin.
05:01 Mais ça, ça l'a tout le temps impressionné parce que je l'ai trouvé.
05:04 Alors...
05:05 Qu'est-ce que vous faisiez à 3h du matin ?
05:07 Je faisais, j'allais chez les boulangers, je voyais le vitrail allumé, donc j'appelais, je disais "écoutez, ma femme est enceinte, elle a des envies de gâteaux, est-ce que vous...
05:17 Oh merde, on va vous donner ça !"
05:19 Ça fait que j'arrivais avec les gâteaux.
05:21 Alors souvent, il disait, il y avait des gens qui arrivaient de Paris ou quoi, ils disaient "Vous voulez quoi ? Vous voulez des éclairs au chocolat ? Vous voulez..."
05:28 Alors j'ai dit "Tu m'emmerdes !" parce que tout à l'époque, tu me gompes pour montrer que je vais pouvoir trouver des éclairs au chocolat à 3h du matin.
05:34 Mais ça, ça l'éclatait quoi.
05:36 À l'époque, il y avait le numéro 1, c'était Johnny Hallyday, il fallait qu'il arrive au moins à la hauteur de Johnny Hallyday.
05:41 Donc, tout, tout, c'était tout en fonction de ça.
05:45 Et donc, il est arrivé.
05:48 Et en plus, les petites filles étaient encore beaucoup plus fanatiques de Claude que de Johnny.
05:54 Et en plus, Claude, il a bénéficié aussi que Johnny se marie.
05:57 Donc, d'un coup, les minettes qu'il y avait chez Johnny ou quoi, d'un coup, on dirait qu'il s'est marié.
06:02 Lui, il est célibataire. Et il y a tout ce côté aussi, pourquoi il n'a jamais voulu se marier ou quoi.
06:07 Parce qu'il y avait un respect encore du public et le respect des mômes qui étaient là.
06:12 Et tout ça, c'était un fou furieux par rapport à son boulot et par rapport à ça.
06:18 Et il y avait dans la foule souvent des événements, on l'a constaté quand on tournait, des évanouissements, des pompiers qui arrivaient.
06:24 Ah oui, oui, oui. Ça, je me rappelle avec Claude, on était allé voir les Beatles à Londres.
06:29 On était tous les deux. C'est parti là bas parce qu'il voulait voir. Il voulait voir ce qui créait ce phénomène.
06:35 Et effectivement, on avait vu les petites filles qui s'évanouissaient et tout ça.
06:41 Et c'est la folie. C'est la folie. Et après, c'est arrivé.
06:45 Et puis, c'est pas. C'était le même fonctionnement. Après, je travaille avec Johnny et Lydie.
06:52 Après ça, je suis parti à l'armée. Après, j'ai fait les disques pour moi.
06:56 Et après ça, je me suis occupé de Martel Circus comme imprésario.
07:01 Et à ce moment là, après le showbiz ne m'intéressait plus.
07:05 Donc, je suis parti un an et demi dans le midi. J'ai fait l'ermite, Pétanque et Pastis.
07:10 Et puis, quand je suis revenu à Paris, j'ai eu une opportunité.
07:13 J'ai fait Rocky en picture show comme chanteur et comédien en même temps.
07:17 Et là, c'est ça a démarré.
07:19 Aujourd'hui, c'est le théâtre, le cinéma, les enceintes, l'un sur l'autre.
07:23 Et ça marche très bien. Je crois qu'il serait fier s'il voyait ça.
07:27 - Claude, n'imaginez pas. Vous reconnaissez que ça a appris beaucoup de choses.
07:32 - Ah oui, il m'a tout appris, oui. Au niveau du métier.
07:35 C'est pour ça qu'après, j'ai quitté le show business.
07:37 Parce qu'après, je trouvais tellement tout le monde nul que j'ai dit il faut arrêter.