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Transcription
00:00 On ne termine pas un deuil, les gens ne sont pas à mettre à la poubelle, on vit sans cesse.
00:04 Notre deuil, c'est normal et les personnes décédées vivent avec nous sans cesse.
00:12 Je pense que le deuil se transforme mais ne se termine jamais.
00:15 J'ai perdu mon père quand j'avais 6 ans, c'est un moment très oedipien,
00:24 un moment où on ne comprend à peine ce qu'est la mort,
00:27 alors que, par exemple, le perdre à 12 ans, comme ma sœur,
00:31 c'est une expérience tout à fait différente,
00:33 puisqu'il y a déjà plein de choses qu'on a dépassées,
00:36 qu'on a conscience de plein de choses différentes.
00:40 Je n'étais pas là quand mon père est décédé et je l'ai appris trois jours après,
00:45 une fois que tout le monde avait déjà eu la nouvelle.
00:49 D'une part, ça m'a préservée parce que je n'ai pas eu la violence de l'événement qui arrive,
00:54 je n'ai pas assisté au moment où ma mère l'a appris, par exemple,
00:58 ou mes sœurs, quand je l'ai appris, elles étaient déjà au courant depuis quelques temps,
01:03 donc c'était peut-être plus apaisé.
01:05 Mais en même temps, je pense que ça m'a créé quand même une peur,
01:11 une inquiétude sur les personnes qui peuvent me cacher des choses,
01:14 ou sur des choses dont je ne suis pas au courant,
01:16 ou si je pars d'un endroit,
01:19 peut-être que les personnes que j'aime ne vont plus être là à mon retour.
01:23 Après sa mort, j'ai construit une image assez héroïque,
01:28 comme font beaucoup de personnes après le deuil, et particulièrement des enfants.
01:33 Quand j'ai commencé à grandir, je me suis rendu compte que je ne savais pas beaucoup de choses sur lui.
01:38 Et donc, ce roman raconte la quête que j'ai faite pour repartir sur ses traces et retrouver qui il était.
01:47 J'apprends notamment le rapport de mon père à la drogue, notamment à l'héroïne.
01:52 Le moment où on se rend compte que nos parents ne sont pas des héros.
01:55 Comment vivre ce moment-là, quand son parent n'est plus là,
01:58 quand on ne peut plus le questionner, quand on ne peut plus s'énerver contre lui,
02:01 quand on ne peut même plus se réconcilier ?
02:05 C'est une situation très dure de vivre un deuil dans une famille.
02:09 Parler d'une personne décédée n'est pas un sujet tabou.
02:12 Pour les parents qui ont perdu un de leurs conjoints et qui ont des enfants,
02:17 il faut qu'ils continuent de parler de la personne disparue,
02:21 et qu'ils en parlent de façon humaine,
02:23 pas en faire une mythologie ou juste quelques histoires qu'on raconte en boucle.
02:30 Je pense que je lui dirais merci.
02:33 Parce que même si je pensais...
02:39 Sa mort a été mon plus grand traumatisme.
02:47 Il a quand même été un père tellement aimant,
02:54 inspirant et original,
02:57 et vraiment extravagant.
03:06 J'ai de la chance d'être sa fille.

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