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“Aujourd’hui, se dépister, c’est se sauver la vie.” Jean-Michel Jobart, président de l’association ASETIS raconte les prémices du VIH à La Réunion et déconstruit les préjugés sur cette maladie chronique.

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Transcription
00:00 Je rappelle qu'au jour où on parle, on soigne le VIH, mais on ne le guérit toujours pas.
00:07 Aujourd'hui, se dépister, c'est se sauver la vie, tout simplement.
00:11 Ce sont trois patients qui étaient séropositifs, qui ont décidé de se réunir entre eux,
00:20 pour tenter de lutter contre l'isolement dans lequel ils se trouvaient, et ils ont créé cette association.
00:27 Nous accompagnons tous ceux qui sont en soins dans le Sud.
00:30 Nous sommes présents systématiquement à l'hôpital, de façon à être en contact directement dans le service
00:36 avec des gens qui viendraient découvrir leur séropositivité et qui auraient besoin d'échanger
00:41 avec des personnes concernées ou des membres de l'association.
00:44 Nous avions plusieurs facteurs. La première, c'est effectivement une certaine méconnaissance des risques de contamination.
00:50 Et puis le deuxième facteur, c'était une multiplication des dépistages.
00:54 Donc plus on se dépiste, plus on peut trouver de cas.
00:57 Si on prend l'exemple de la zone océan-indien, la Réunion et la France.
01:02 La France, le pays où toutes les thérapies sont disponibles et gratuites.
01:08 Et certains pays ne peuvent pas forcément pouvoir proposer gratuitement les trithérapies,
01:14 qui, je le rappelle, restent très onéreuses.
01:16 La PrEP n'est pas vraiment un traitement. La PrEP, c'est une prévention.
01:20 C'est une prévention qui s'administre avant et après les rapports sexuels et qui évite la contamination par le VIH.
01:27 Il y a les trithérapies, naturellement, qui aujourd'hui fonctionnent parfaitement.
01:34 Effectivement, si on considère les prémices des traitements à l'AZT,
01:39 qui était le seul traitement de l'époque, et ceux qui aujourd'hui ont été découverts,
01:43 il y a un monde qui les sépare.
01:45 Il y a des évolutions permanentes dans le cadre de la recherche contre le sida.
01:50 Les traitements ont été d'une évolution spectaculaire.
01:53 Aujourd'hui, on ne meurt dans des pays occidentaux quasiment plus du sida.
01:59 On arrive même à devenir indétectable à certains moments.
02:03 Et les progrès qui continuent à s'exercer aujourd'hui
02:10 vont peut-être aboutir à la découverte d'un traitement définitif ou d'un vaccin.
02:16 Mais je rappelle qu'au jour où on parle, on soigne le VIH, mais on ne le guérit toujours pas.
02:24 Au début, elle a progressé. Au début, elle faisait encore des victimes.
02:29 Et puis, au fil des ans, on se rend compte qu'on a aujourd'hui une cohorte qui est relativement stable.
02:37 Nous sommes dans une situation qui est relativement confortable
02:41 si on l'analyse au regard des pays de la zone.
02:45 Pour autant, il ne faut jamais baisser la garde.
02:47 Et si nous sommes encore là 27 ans plus tard, c'est bien parce qu'il existe encore un problème à régler.
02:53 Le chiffre est à peu près stable d'année en année.
02:56 Nous comptons à peu près entre 1 000 et 1 200 séropositifs à la Réunion.
03:00 On peut être séropositif sans jamais déclencher la maladie.
03:03 Ce qui est significatif, même si ce n'est pas encore un résultat très satisfaisant,
03:10 c'est la prise en compte par la population des personnes séropositives.
03:15 Les gens n'osent pas encore tout à fait avouer cette maladie qui reste dans le conscient collectif,
03:20 une maladie dite "honteuse" ou une maladie sexuelle, donc qui peut avoir des carcans.
03:25 Se faire dépister, c'est connaître sa sérologie, c'est savoir où on en est à un instant T.
03:31 Aujourd'hui, se dépister, c'est se sauver la vie, tout simplement.
03:34 À l'association Assetis, par exemple, c'est gratuit, c'est tous les jours.
03:38 On vous fait un TROD, un test rapide d'orientation diagnostique,
03:42 qui, en quelques minutes, vous donne votre état sérologique.
03:47 S'il est négatif, il est négatif. S'il est positif, à ce moment-là,
03:51 il y a un autre examen par prise de sang qui va venir confirmer le premier résultat.
03:58 Ensuite, on peut aller à l'hôpital, on peut aller dans tous les centres de dépistage de La Réunion.
04:03 C'est gratuit et anonyme.
04:05 Déjà, il faut dédramatiser les situations, il faut en parler.
04:10 C'est une maladie qu'on n'a pas choisie.
04:12 C'est une maladie, on a été infecté à un moment ou à un autre par différents moyens.
04:16 Je rappelle qu'il y a eu des contaminations autres que par voie sexuelle.
04:20 Donc, en vérité, il suffit de bien comprendre comment va la vie, de bien s'analyser soi-même,
04:25 et puis de ne pas discriminer simplement les gens qui, rappelons-le, sont malades
04:29 et qui ont besoin de notre attention et de notre affection.
04:32 L'engagement, c'est celui du cœur.
04:34 Le cœur n'a pas assez de place pour y introduire tous ceux qu'on a pu aider.
04:37 Mais peu importe.
04:39 J'ai envie de dire que l'essentiel, c'est que tous ceux qui en avaient besoin
04:43 aient pu trouver chez nous un secours, une assistance, un soutien.
04:48 Quand on me disait « Quels sont vos objectifs et vos buts ? »,
04:50 je disais « C'était de fermer l'association ».
04:52 Je ne sais pas si le temps qui me reste me permettra de connaître un jour
04:58 la fin ou pas de cette maladie, mais je fais confiance à ceux qui me succèderont
05:01 pour continuer ce combat et arriver un jour au résultat que j'avais espéré dès le premier jour.
05:07 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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