• l’année dernière
Après « Auto-Confidences », voici « Cannes-Confidences », en partenariat avec La Vallée Village – l’élégance au quotidien -, pour vivre le 76ème Festival International du Film. Présidente du jury de la Semaine de la critique du 76e Festival de Cannes, la réalisatrice de « L’Évènement » Audrey Diwan se confie.
Transcription
00:00 Entre l'un et l'autre, c'est une histoire fusionnelle.
00:05 Sûrement parce que la mode est un festival de rêves et d'émotions, de réalité et
00:10 d'authenticité dans lequel chacun trouve son meilleur scénario.
00:14 C'est aussi ce que dévoile Cannes Confidence.
00:20 Au Festival de Cannes, je suis présidente du jury de la Semaine de la Critique et je
00:30 suis là également pour soutenir Valérie Donzelli dont j'ai co-écrit le film L'Amour
00:35 et les forêts qui est diffusé à Cannes Première.
00:39 J'adore passer mes journées à voir des films et je peux le faire hors festival.
00:44 Pendant le festival, ça a plus de sens encore.
00:46 C'est un endroit passionnant parce qu'il s'agit de parler des films mais il s'agit
00:50 aussi de mettre la lumière sur certains de ces films.
00:53 J'ai l'impression, particulièrement La Semaine de la Critique, que ce sont des premiers
00:56 et deuxièmes films.
00:57 Je sais ce qu'un festival peut changer du dessin d'un film.
01:00 C'est un rôle que je prends à cœur.
01:02 J'ai une histoire drôle parce que mon premier festival, j'étais vraiment très jeune,
01:15 j'étais avec des amis qui étaient étudiants en cinéma et avec un ami, on nous avait donné
01:20 des places pour un film d'Ingmar Bergman.
01:22 On était évidemment très impressionnés.
01:24 Cette année-là, il y avait une grève des contrôleurs de fonds et comme on était jeunes
01:28 et qu'on ne connaissait rien au protocole, mon ami était venu sans noeud papillon.
01:32 Il me dit « attends-moi là à la première porte, je vais acheter un noeud papillon et
01:36 je reviens ». Il n'avait pas d'argent, il part, il cherche de l'argent, il ne revient
01:39 jamais et donc je me retrouve seule, j'avance de porte en porte et au bout d'un moment,
01:44 il me dit « maintenant mademoiselle, il faut monter les marches ». Les marches sont vides,
01:49 c'est très impressionnant.
01:50 J'avance, les gens se mettent à applaudir, on fait des gestes que je ne comprends pas
01:55 totalement.
01:56 Je souris un peu en me disant peut-être qu'on me prend pour quelqu'un d'autre et puis
01:59 tout à coup, je me dis « non là, c'est trop, je suis trop intimidée, il faut que
02:02 je parte ». Je me retourne et il y avait toute l'équipe du film derrière moi.
02:06 Les gestes qu'on me faisait, c'était « peux-tu sortir du cadre s'il te plaît
02:09 ? ». La première fois, j'ai monté ces marches en courant.
02:12 Au départ, quand le livre est sorti, j'avais dit à Edouard Veil, mon producteur qui travaillait
02:18 également avec Valérie Donzelli, à Edouard et à Alice Gérard que le livre m'avait
02:23 beaucoup plu.
02:24 Mais c'était vraiment une discussion informelle, on parlait des livres qu'on avait lus pendant
02:27 l'été.
02:28 Et quand Valérie a eu envie de s'intéresser au livre, quand elle a su que les droits étaient
02:31 livres parce que je pense qu'elle pensait au livre depuis très longtemps, naturellement,
02:35 elle savait que je l'aimais, donc on s'est dit que c'était l'occasion de travailler
02:37 ensemble.
02:38 Et c'est très drôle, c'est qu'aucun travail d'adaptation ne se ressemble.
02:42 Et là, on avait une équation un peu intrigante, c'est qu'on aimait toutes les deux beaucoup
02:48 le livre, certaines choses très importantes de sa structure.
02:51 Mais quand on rentre dans le livre, l'héroïne Blanche est déjà sous emprise.
02:57 Blanche, c'est le nom que Valérie lui a donné.
02:58 Elle est déjà dans une relation toxique et donc il nous appartenait de créer une
03:03 première partie, le début, la manière dont naît cette histoire et dont finalement tous
03:07 ces fils se tissent, mais sans que ce soit exogène, sans qu'on ait l'air d'avoir
03:11 posé une greffe.
03:12 C'était difficile, mais c'était intéressant.
03:13 C'est toujours excitant parce que c'est une matière, on la manipule avec respect,
03:19 on a fait lire assez vite à Éric Rennart, on avait envie de son regard, mais Valérie
03:22 avait des désirs très précis en tête et notamment un désir, elle voulait qu'il
03:28 y ait quelqu'un qui raconte et quelqu'un qui écoute.
03:30 Et parfois, il y a des phrases comme ça que le réalisateur, la réalisatrice dit tout
03:33 au début et qu'il faut savoir écouter parce que sans qu'on sache exactement ce
03:37 que c'est au début, ça va être la pensée du film, ça va être un fil rouge.
03:40 C'est le cas dans l'adaptation.
03:41 On est dans une évolution qui sera toujours trop lente et c'est normal parce que c'est
03:47 normal qu'on trépigne, c'est normal qu'il y ait de l'impatience, c'est accessoirement
03:51 aussi totalement normal d'attendre une forme d'égalité.
03:54 Et là, je pense qu'au-delà de l'égalité, il y a d'autres voix qui s'élèvent pour
03:57 dire qu'il y a les limites de la loi et qu'en fait on fait un métier comme dans
04:02 tous les autres métiers, les lois sont posées et puis on n'est pas censé les transgresser.
04:05 En fait, c'est étrange parce que j'ai l'impression qu'on polémique à un endroit
04:08 qui est extrêmement simple en fait, qui devrait être acté, simple, pas d'abus, le cadre
04:15 de la loi.
04:16 Je trouve ça fou d'en être encore à la polémique.
04:20 Merci.

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