La Commission nationale de l’informatique et des libertés s’attaque à l’IA afin que cette technologie ne transgresse pas le cadre européen sur les données personnelles.
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00:00 La mission de la CNIL, Bruce, rappelons-le, c'est de veiller au respect de notre vie privée.
00:05 Depuis Internet, d'aucuns parlaient déjà de mission impossible,
00:08 et bien voilà que pour ses 45 ans, la commission s'attaque aux intelligences artificielles génératives.
00:14 Comprenez, celle qui génère des contenus, que ce soit sous forme de texte,
00:17 pour ChatGPT ou pour BARD, son concurrent chez Google,
00:21 ou 8 journées pour les photos ou bientôt les vidéos.
00:24 Et la musique, un nouveau service par semaine environ.
00:27 Autant vous dire que c'est assez compliqué à suivre.
00:29 Faut-il pour autant renoncer à nos droits les plus fondamentaux ?
00:33 Pas question, répond donc la CNIL, qui annonce une nouvelle équipe
00:36 de 6 chercheurs entièrement dédiés à ces IA.
00:39 Alors vous croyez vous amuser en demandant à ChatGPT d'écrire à votre place
00:43 un petit poème personnalisé pour votre maman pour la fête des mères qui approche, par exemple ?
00:48 Et bien que deviennent ces infos hautement...
00:50 C'est une idée, j'ai vu que ça peut être pas mal.
00:54 Et bien que deviennent ces infos hautement privées que vous allez confier à ChatGPT ?
00:58 Aucune réponse jusqu'à aujourd'hui, d'où ces enquêteurs dépêchés par la CNIL
01:02 pour clarifier quelques points.
01:06 Alors la question est préoccupante bien sûr, car ces IA se développent à vitesse grand V.
01:10 ChatGPT, c'est 100 000 utilisateurs en seulement 2 mois.
01:14 Pour vous donner une idée, TikTok avait mis 9 mois à atteindre ce cap
01:18 et un service comme Instagram, 2 ans et demi.
01:21 Donc ça s'accélère grandement, faudrait pas que le droit soit trop à la ramasse,
01:25 même si on s'en doute, le temps juridique est forcément plus long que ses progrès.
01:31 La CNIL n'a pas découvert l'intelligence artificielle avec ChatGPT, dit-elle,
01:34 mais il est vrai que l'irruption extrêmement rapide de ces outils
01:37 pousse à bien cerner les risques qu'il peut y avoir.
01:41 Alors quels risques ? Elle pointe déjà, cette présidente de la CNIL, Marie-Laure Denis,
01:45 l'inexactitude des données.
01:47 Si vous avez essayé, vous vous en êtes rendu compte, l'IA peut raconter n'importe quoi.
01:51 Elle va en tout cas, à coup sûr, reproduire les erreurs du passé.
01:55 Si vous demandez qu'on vous génère quelqu'un qui cuisine chez lui,
01:59 typiquement l'IA va vous montrer une femme, parce que c'est ce qu'elle aura vu dans les archives.
02:04 Si vous demandez en revanche un chef étoilé, là ça sera un homme,
02:07 parce que là encore, c'est ce qui est dans les archives.
02:10 Là regardez, ils ont fait imaginer un patron, c'est un homme, une secrétaire, c'est une femme.
02:15 Risque numéro 1, donc la désinformation.
02:18 Est-ce qu'on peut corriger ces défauts, ces biais des intelligences artificielles ?
02:22 Il faut savoir que ces outils, ils se fondent sans doute sur des bases de données colossales.
02:26 Chat GPT c'est 175 milliards d'entrées.
02:30 Donc on ne va pas les changer une à une, c'est sans fin.
02:33 En plus, ces données elles grossissent à chaque fois que vous allez l'utiliser,
02:35 puisqu'il va servir des demandes de précision de chaque utilisateur pour s'améliorer.
02:40 Donc on oublie, le corpus il est là, avec ses défauts, on ne le changera pas.
02:43 Ce que la CNIL voudrait en revanche, c'est se concerter avec ses acteurs de cet écosystème,
02:48 qui est quand même des lignes directrices, des recommandations sur la façon d'entraîner
02:53 et de nourrir ces fameuses intelligences, tout en respectant les données des utilisateurs.
02:58 Dans la loi, c'est obligatoire, c'est depuis le RGPD, vous devez valider ou non à chaque fois
03:03 ce que deviennent vos données.
03:05 Là, ces services, ils font un peu ce qu'ils veulent, voilà pourquoi la CNIL aimerait qu'il y ait
03:09 des IA françaises ou européennes qui seraient plus prontes à respecter nos lois.
03:14 Pour l'instant, ça reste du veupieux.
03:16 - Bon, conclusion, en attendant ces gentils IA, la CNIL voudrait qu'on arrête avec ChatGPT ?
03:22 - Alors non, elle ne dit pas ça non plus, elle se dit ni pour ni contre.
03:25 Agnostique sur les technologies, voilà comment elle se définit.
03:28 Ce qui nous intéresse, ce sont les usages et les risques qu'ils peuvent faire courir.
03:32 Peut-être qu'une première solution, dit-elle, serait de pouvoir identifier déjà une info
03:37 qui provient d'une intelligence artificielle.
03:40 C'est ce que disait déjà hier Bruno Le Maire, qui imaginait par exemple un bandeau sur les images
03:44 générées par ChatGPT.
03:46 Bon, problème, ChatGPT ne génère que du texte, monsieur le ministre, pas d'image.
03:51 Mais l'intention était bonne, l'idée c'est quand même ça.