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00:00 Bonjour et bienvenue dans l'entretien de l'intelligence économique,
00:06 l'émission consacrée aux coulisses de la mondialisation.
00:09 Le renseignement militaire renforcé par l'intelligence artificielle.
00:14 Aujourd'hui, grâce à l'IA, les champs de bataille et les bases militaires ont moins de secrets.
00:19 La société Prelligence fournit via ses algorithmes de précieuses informations
00:25 à ses clients issus du monde de la défense et du renseignement.
00:29 Pour en parler, je reçois Renaud Hallyu, cofondateur avec Arnaud Guérin de Prelligence
00:35 et Grégoire de Saint-Quentin, vice-président senior et ancien commandant des opérations spéciales.
00:42 Bonjour messieurs.
00:43 Bonjour.
00:44 Renaud Hallyu, c'est pas vous que j'ai reçu, c'est Arnaud Guérin que j'ai reçu il y a quelques années.
00:47 Vous appeliez à l'époque EarthQ.
00:49 Alors vous avez avancé, cette petite start-up est devenue grande ?
00:52 Oui, on a beaucoup progressé.
00:55 Donc aujourd'hui, on a des effectifs de quasiment 300 personnes.
00:58 Et au niveau marché, on s'est aussi focalisé sur nos sujets.
01:03 Aujourd'hui, il y a renseignement et défense.
01:05 Donc il y a une société qui commercialise des logiciels pour aider les analystes, aider les décideurs
01:11 à prendre de meilleures décisions sur les sujets de renseignement et de défense.
01:15 Vous êtes resté uniquement sur le renseignement et la défense
01:18 ou vous êtes allé aussi voir un petit peu d'autres secteurs économiques ?
01:24 Aujourd'hui, on est vraiment focalisé en renseignement et défense,
01:26 que ce soit sur la partie intelligence, comme on dit en anglais, ou renseignement,
01:31 que la partie opération, donc la conduite de la mission.
01:36 La partie diversification dans le civil est toujours quelque chose qui nous gratte la tête,
01:40 mais qu'il faut faire en temps et en heure, puisque en tant que société innovante,
01:45 il faut rester focalisé et être déjà leader sur notre marché, ce qu'on a aujourd'hui.
01:50 Vous êtes rentable ?
01:51 On est vers la rentabilité, oui.
01:56 Grégor de Saint-Quentin, qu'est-ce qui vous a attiré
01:59 après cette carrière militaire chez Prelligence, ex-Earth Cube ?
02:04 Moi, ce qui m'a attiré, c'est l'esprit pionnier.
02:09 D'abord, moi, j'étais assez convaincu qu'il nous manquait dans nos postes de commandement opérationnels
02:16 des outils numériques que pour certains, on avait dans notre poche avec notre smartphone.
02:21 Et donc, il fallait absolument que les nouveaux outils, notamment l'intelligence artificielle,
02:27 nous permettent de mieux faire notre travail en opération.
02:31 J'en étais déjà convaincu quand je portais l'uniforme.
02:33 Et quand j'ai rencontré Arnaud et Renaud,
02:37 je trouvais que c'était une bonne opportunité de mettre ça en pratique avec eux.
02:42 Et surtout, ce qui était le plus intéressant pour moi, c'était de me dire,
02:49 c'était pas le début de la société, mais quand même, c'était par rapport à aujourd'hui.
02:53 On a déjà fait des progrès énormes depuis que je suis arrivé.
02:56 Et donc, d'avoir cet esprit pionnier, d'avancer avec eux sur des nouvelles technologies,
03:02 je trouvais ça assez passionnant après une carrière militaire.
03:05 C'est quoi la valeur ajoutée de l'intelligence artificielle dans votre business ?
03:11 Alors, exactement comme l'a dit Grégoire,
03:16 les armées et les opérations sont soumises un petit peu à le même phénomène qu'on a dans le civil.
03:22 Nous, en tant que personnes, c'est-à-dire qu'on a de plus en plus de capteurs,
03:25 on appelle ça des "devices",
03:27 de plus en plus d'objets électroniques ou plus ou moins informatiques qui vont récupérer de la donnée.
03:31 Et la valeur ajoutée, c'est qu'on puisse traiter cette donnée pour la valoriser.
03:36 Aujourd'hui, on ne peut pas mettre un humain derrière chaque capteur, chaque source de données.
03:41 Le nouveau blindé de l'armée de terre, il va récupérer, je crois, plusieurs teras par jour de données
03:46 avec des caméras, des interceptions électromagnétiques, différentes choses.
03:51 Et donc, nous, la valeur de l'IA, c'est vraiment de traiter cette donnée pour ressortir l'information
03:58 et l'envoyer à l'analyste ou l'envoyer au décideur ou l'envoyer au commandant.
04:03 Là, si vous voulez, on va voir un exemple.
04:06 On va faire une photo simple de satellite d'une base maritime militaire chinoise.
04:12 Donc, la photo satellite donne déjà un petit peu d'informations.
04:17 Et maintenant, si vous voulez, on va voir ce que donne votre travail, vos algorithmes.
04:25 Donc, votre travail va donner, va nommer des bâtiments de guerre, c'est ça ?
04:30 Oui, voilà. Typiquement, sur l'image satellite, les images satellites sont des images qui sont très grandes
04:36 où on en prend des centaines, des milliers, des dizaines de milliers par jour,
04:40 si on prend tous les satellites, et il faut valoriser ces données.
04:43 Donc, si on prend un port comme ici, on va avoir des fois des centaines de bateaux sur le port.
04:49 Il faut détecter rapidement s'il y a des nouveaux bateaux, s'il y a des mouvements anormaux,
04:53 si on va détecter par exemple des sous-marins ou des porte-avions,
04:58 au milieu par exemple de bateaux de pêche ou de bateaux de support.
05:02 Donc, ça, c'est le rôle de l'intelligence artificielle.
05:04 En quelques minutes, on prend cette photo, on va pouvoir détecter les navires qui y sont,
05:08 les navires à haute valeur ajoutée, les navires un petit peu moins importants.
05:11 On va détecter aussi où ils sont, est-ce qu'ils sont à des endroits classiques
05:14 ou est-ce qu'on a des mouvements qui sont un petit peu suspicieux.
05:17 Et là, pouvoir renvoyer en fonction de ce qu'on voit une alerte
05:23 pour que l'analyste se dise "là, je vais me focaliser sur cet endroit-là
05:27 pour regarder vraiment ce qui se passe".
05:29 - Alors, ça va loin parce que vous êtes capable aussi de détecter un sous-marin
05:33 qui est en train de prendre le large, c'est ça ?
05:36 - Voilà, typiquement, les sous-marins sont des objets avec beaucoup de valeur pour les militaires
05:40 puisque c'est à la fois des objets très stratégiques, c'est l'objet qu'il y en a peu.
05:43 Et donc, un sous-marin qui part du port, c'est souvent très furtif, entre guillemets.
05:49 Donc là, l'algorithme va pouvoir monitorer en permanence les images qui tombent
05:54 et voir si on voit un sous-marin qui part, envoyer une alerte.
05:56 Et là, on a directement l'information que ce sous-marin est en mer, qu'il est en patrouille.
06:03 Et donc, on peut updater sa position.
06:05 - Et ça, quelques minutes ?
06:07 - Voilà, quelques minutes quand un humain, il va le faire,
06:09 ça va mettre plusieurs heures pour regarder toutes ces images.
06:13 Et qu'en plus, il ne va pas pouvoir regarder toutes les images.
06:15 Il n'y a pas assez d'humains pour regarder toutes ces données,
06:17 que ce soit des images, que ce soit les autres types de données qu'on va regarder.
06:21 - Grégoire de Saint-Quentin, on va voir une autre image, un autre exemple.
06:24 C'est en Afrique subsaharienne, un village ou un regroupement.
06:30 Alors donc, l'image satellite, elle est brute,
06:34 mais l'intelligence artificielle va vous donner la possibilité,
06:37 dans des opérations spéciales, de voir jusqu'au muret.
06:41 - Oui, c'est ça. En fait, là, très concrètement, on a un autre type d'environnement,
06:46 ce qui montre bien que notre technologie fonctionne,
06:49 quels que soient les environnements, maritimes, désertiques, sous la neige.
06:54 Et va permettre de détecter les murets,
06:57 c'est-à-dire, là, en l'occurrence, qu'on voit à l'image, les enceintes et les murs d'enceinte.
07:04 Et si vous avez une opération très fine à faire de nuit,
07:07 ce qui est important, effectivement, c'est de savoir quels obstacles vous allez rencontrer.
07:11 Et là, immédiatement, finalement, l'intelligence artificielle fait ressortir de la carte
07:16 l'information qui a de la valeur, en fait.
07:19 Parce qu'au milieu de cette photo, quand on la prend brute,
07:22 il y a énormément de choses à regarder, on ne sait pas vraiment où regarder.
07:25 Alors, vous pouvez le faire, l'interprète photo sait le faire,
07:30 mais ça va lui prendre du temps.
07:32 Là, quelques fois, dans les opérations spéciales, on a besoin d'être réactif.
07:36 Et là, la machine vous fait tout le travail d'analyse préalable,
07:40 qui, en général, d'ailleurs, a un travail fastidieux.
07:42 – Vous auriez aimé avoir ça quand vous étiez au commande des opérations spéciales ?
07:45 – Bien sûr, et d'ailleurs, c'est la raison pour laquelle j'ai rejoint Préligence,
07:48 c'est justement pour développer les outils dont les opérationnels ont besoin.
07:52 – Donc là, ces images vont être très précises, donc je disais les murets,
07:56 mais vont vous permettre aussi de savoir, par exemple,
07:59 des postes de commandement où il y a des camions…
08:03 – C'est là où il y a des véhicules d'intérêt, effectivement.
08:05 Tout ce qu'on a labellisé comme étant les véhicules d'intérêt
08:09 vont ressortir également.
08:10 Donc ça fait remonter un peu un dispositif adverse,
08:15 on voit la disposition des véhicules,
08:17 derrière quel type de mur ils sont protégés,
08:21 et effectivement, on peut en déduire la manœuvre qu'on va conduire
08:24 pour les aborder de la meilleure façon.
08:26 – On est d'accord, c'est l'ensemble des armées qui bénéficient de cette technologie,
08:29 pas seulement le 13 des opérations spéciales.
08:33 – Non, aujourd'hui, c'est l'ensemble des armées françaises via la DGA.
08:38 – Direction Générale de l'Armement.
08:39 – Voilà, pardon, Direction Générale de l'Armement,
08:41 donc la partie achat et technologie qui bénéficient de tous nos outils.
08:45 – Vous vendez aussi à l'extérieur, à d'autres armées ?
08:48 – Nous vendons, nous exportons,
08:50 nous sommes poussés par la France d'ailleurs par l'exporter,
08:52 nous souhaitons exporter beaucoup,
08:54 bien entendu à des pays alliés, les Autochtones et Européens.
08:59 – Grégoire de Saint-Quentin, comment on améliore encore plus
09:02 ce travail de l'intelligence artificielle
09:05 sur justement des champs de bataille ou des bases militaires ?
09:09 – Une façon de l'améliorer,
09:10 une fois qu'on a traité le sujet des images satellites,
09:13 mais qui est déjà un énorme sujet en soi, d'un point de vue technologique,
09:17 c'est d'aller vers d'autres, ce qu'on appelle flux de données.
09:20 – Oui, par exemple ?
09:21 – C'est-à-dire, ça peut être la vidéo, ça peut être des analyses radar,
09:26 ça peut être toute une série de supports qui agrégent les militaires.
09:31 Alors, de le faire déjà par flux et de réussir à avoir des algorithmes
09:36 qui détectent des anomalies ou des observables d'intérêt
09:40 sur les images vidéo ou sur un flux radar,
09:44 mais également, effectivement, après de fusionner tout ça,
09:48 ce qui permet de ce qu'on appelle dans le jargon, de recouper le renseignement.
09:52 Sauf qu'au lieu de le faire par soi-même,
09:54 la technologie et l'intelligence artificielle
09:57 vous proposent des options de recoupement.
10:00 Elle ne vous dit pas exactement, elle ne fait pas des déductions très très loin,
10:04 mais elle va proposer à l'analyste des options
10:07 qui vont lui permettre après lui de décider.
10:09 Donc l'homme est toujours dans la boucle, mais son travail est facilité,
10:12 il est aidé en amont par la machine.
10:15 – Renaud Hallyau, ça sera pour quand ça ?
10:19 – Alors, on va dire que c'est des sujets sur lesquels on travaille,
10:23 et c'est à ceux qui vont en revenir petit à petit,
10:25 il n'y a pas un moment où ça arrive.
10:28 Et évidemment c'est le sujet aussi sur lequel travaillent les ministères
10:31 et l'organisation des armes au sens large,
10:35 et qui est allé vers la fusion de données,
10:37 vers du recoupement, vers l'automatisation de cette fusion et de recoupement.
10:41 Et nous on va accompagner ce mouvement,
10:43 et donc on commence déjà à l'accompagner,
10:46 c'est-à-dire que c'est des choses sur lesquelles on travaille déjà.
10:49 Aujourd'hui la moitié, comment dire, une moindre partie de notre chiffre d'affaires
10:53 n'est plus sur d'imagerie purement satellite, mais sur d'autres sens.
10:56 Donc on est aujourd'hui une entreprise d'IA pour la défense,
11:00 on n'est plus une entreprise simplement d'imagerie satellite.
11:03 – Entreprise pionnière, mais est-ce qu'on peut dire aussi, Grégoire de Saint-Quentin,
11:07 que c'est une entreprise leader ?
11:10 Est-ce qu'il y a d'autres entreprises comme ça dans le monde ?
11:13 – Dans son domaine certainement, oui.
11:15 Et notamment sur son produit phare qu'on vient de voir longuement,
11:19 oui je pense que c'est une entreprise leader, j'en suis certain.
11:22 – Merci messieurs pour vos réponses.
11:24 L'entretien de l'intelligence économique est terminé.
11:27 Évidemment vous pouvez retrouver cette émission sur france24.com,
11:31 sur nos réseaux sociaux et sur nos podcasts.
11:35 Au revoir.
11:37 [Générique]