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Le 16 juillet 2021, Arthur, 19 ans, a été lynché à Saint-Geneviève-des-Bois, une ville de l'Essonne. Il venait de Saint-Michel-sur-Orge, la ville d'à côté. Pendant des années, le rap a accompagné les tensions entre ces deux communes, jusqu'au meurtre d'Arthur.

➡ Dans la saison 2 de RIXES, Adama Camara, militant associatif et ancien détenu, reprend la route pour comprendre l'engrenage des rixes. 6 nouveaux épisodes disponibles à partir du 3 mai sur StreetPress.

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Transcription
00:00 Les gens ont été très inquiets, mais ils ont réussi à se sentir bien.
00:07 Les gens ont été très inquiets, mais ils ont réussi à se sentir bien.
00:15 Tu vois, tu vois, tu vois !
00:17 Il y a eu des histoires, il y a eu des embrouilles,
00:21 il y a eu des choses qui sont parties assez loin,
00:24 mais on ne s'est jamais dit que ça allait arriver jusque-là.
00:29 On a perdu un gamin de chez nous pour rien.
00:34 On a tous eu la responsabilité.
00:36 Et moi, je sais que j'aurais peut-être pu faire mieux.
00:39 C'est ce que je me dis tous les jours.
00:42 Il ne méritait pas de mourir dans ces conditions.
00:45 Pour un territoire en plus.
00:48 Pour des guerres de ville, pour un héritage qu'il a eu.
00:52 Il n'a rien demandé.
00:54 Je m'appelle Adam Akamara.
01:03 Depuis ma sortie de prison en 2019,
01:05 je me suis lancé dans un combat.
01:07 Mettre fin au RICS.
01:10 Je le fais pour mon petit frère Sada,
01:12 tué à coups de couteau en 2011.
01:14 C'est mon vécu, mais je vais en faire quelque chose de bien,
01:18 pour sauver mes petits frères.
01:20 Dans la saison 1 de RICS,
01:25 j'ai parlé à des jeunes blessés
01:27 et à des familles détruites dans ces guerres de cité.
01:30 Mais il me reste trop de questions sans réponse.
01:32 Trop de familles n'ont pas honoré leur mort.
01:34 Alors je repars sur la route
01:36 pour comprendre l'engrenage des RICS.
01:39 Dans cet épisode, je vais vous raconter le destin d'Arthur.
01:42 Son surnom, c'était Joker.
01:44 Il avait 19 ans.
01:46 Le 16 juillet 2021,
01:48 il a été lynché à Saint-Jean-de-Villève-des-Bois,
01:50 au nord de l'Essonne.
01:52 Lui, il venait de Saint-Michel-sur-Orge,
01:54 la ville d'à côté.
01:56 Les deux villes sont en guerre depuis le début de la guerre.
01:59 Il a été tué par un homme.
02:01 Il a été tué par un homme.
02:03 Il a été tué par un homme.
02:05 Il a été tué par un homme.
02:07 Les deux villes sont en guerre depuis des années.
02:09 Dans cette histoire, il y a tous les ingrédients du cercle vicieux.
02:13 Le rap, un drame familial
02:15 et l'engrenage de la rue.
02:17 Ce que je veux comprendre,
02:19 c'est comment un jeune de son âge peut mourir dans ces conditions.
02:22 Comment la street a pu le broyer comme ça.
02:24 Je vais aller voir ceux qui l'ont connu directement
02:27 pour en savoir plus sur Arthur.
02:29 Arthur, je l'ai vu grandir, je l'ai vu naître.
02:32 Quand mes parents, ils ont divorcé,
02:36 avec ma mère, on est venu habiter à Saint-Michel-sur-Orge.
02:40 Dans cette maison.
02:42 Où j'y vais avec ma mère, ma soeur et Arthur.
02:45 Après, quand ma soeur s'est mariée,
02:47 on n'était que tous les trois.
02:49 En septembre 2018, on a appris que ma mère avait un cancer.
02:53 Elle est partie en décembre 2018.
02:57 Le 16 décembre, elle est partie.
03:00 Elle et elle est décédée.
03:02 Mon père qui habitait juste à côté aussi,
03:05 qui était là.
03:07 On s'est retrouvé tous les deux à la maison.
03:10 Je me suis sentie un peu comme responsable de lui.
03:13 Arthur, quand on a perdu notre mère, il avait 16 ans.
03:16 On s'est toujours entraidé,
03:22 entre frères et soeurs,
03:24 du fait qu'on a perdu notre mère jeune.
03:27 On s'est retrouvé à la maison,
03:30 seuls tous les deux.
03:32 On ne pouvait écouter que l'un sur l'autre.
03:35 Je suis sa tante.
03:40 Pendant tout le ramadan, il venait manger chez moi.
03:43 Il m'appelait sa deuxième maman.
03:45 Sa maman est partie deux ans avant.
03:48 Je culpabilise parce que je ne lui ai pas dit que je l'aimais.
03:51 C'était tellement évident.
03:53 Il a toujours eu bon cœur.
03:57 Toujours à vouloir aider les autres.
04:00 Toujours dans l'empathie.
04:03 Il avait vraiment bon cœur, Arthur.
04:06 Tout le monde l'aimait pour ça.
04:09 Après la décède de notre mère, il fuyait de la maison.
04:17 Il était souvent avec ses copains,
04:22 avec des plus grands et des plus petits.
04:28 C'est la rue qui l'a fait grandir, Arthur.
04:31 Il s'est forgé tout seul.
04:34 Est-ce qu'Arthur était impliqué dans les embrouilles
04:37 entre Saint-Jeune et Saint-Michel ?
04:39 Arthur étant petit, il était impliqué dedans.
04:42 Il y a un engrenage quand tu es avec tes copains.
04:44 Tu sais ça part de quoi ?
04:46 Franchement, je n'en ai aucune idée.
04:48 On ne sait même pas.
04:50 On sait dire en soi, Arthur est mort pour rien.
04:56 Maintenant que j'ai parlé à la famille d'Arthur,
04:59 j'ai besoin de comprendre d'où viennent les tensions
05:01 entre les deux villes.
05:03 Je suis allé voir ses potes dans le quartier de La Fontaine,
05:06 à Saint-Michel-sur-Orge.
05:08 Est-ce que vous pouvez me dire, ça part de quoi
05:10 les embrouilles entre Saint-Geneviève-des-Bois et ici Saint-Michel ?
05:13 C'est de génération en génération.
05:16 Depuis des années, ça fait peut-être plus de 25 ans,
05:19 je pense qu'il y a eu toutes ces histoires.
05:22 Chaque génération est passée, est passée, est passée.
05:25 Et ce qui est en dessous de nous, ça continue toujours.
05:28 Ce que j'ai appris, c'est qu'Arthur était le manager d'un groupe,
05:36 La 2 4 Secteur, des petits rappeurs du quartier.
05:39 Pendant des années, le rap a accompagné les tensions entre les deux villes.
05:50 D'un côté, le groupe managé par Arthur,
05:53 La 2 4 Secteur de Saint-Michel.
05:55 Et de l'autre, La 700S, un groupe de Saint-Geneviève.
05:58 Des proches de Mig, un rappeur qui marche bien en ce moment.
06:01 Dans leurs clips postés sur YouTube, ils s'insultent,
06:21 sortent des couteaux, des marteaux, des gazeuses,
06:24 parlent des bagarres.
06:26 Avant la mort d'Arthur, un autre jeune de son quartier,
06:32 Draman, a été agressé à coups de marteau devant son lycée.
06:35 L'affaire avait fait la une des médias.
06:38 C'est ce qu'ils appellent faire une descente.
06:44 Ce vendredi à 12h40, une quinzaine de jeunes,
06:47 habillés de noir, arrivent en courant devant ce lycée de Saint-Michel-sur-Orge.
06:51 Ils agressent un élève de 15 ans, isolé.
06:54 L'attaque s'acharne sur lui à coups de marteau.
06:58 Nous ne diffuserons pas la suite de cette vidéo.
07:01 Quelques semaines après, les rappeurs de La 700S ont revendiqué l'agression
07:06 dans le morceau « Acte de barbaricade ».
07:09 C'était nous devant Léonard, cette pisse de pute.
07:12 L'opposé s'attire, l'opposant s'attue,
07:14 Il mit dans le coma et direct au sétaf.
07:16 Dans ce qui s'étale, à la mort il s'attend.
07:18 J'ai pas pris le bon chemin, je condamne à la liste Satan.
07:20 Depuis, le clip a été retiré de YouTube à la demande des autorités.
07:23 Les trois rappeurs ont été mis en examen pour apologie de crime
07:26 et placés sous contrôle judiciaire.
07:29 Quand j'ai entendu les embrouilles entre Saint-Geneviève des Bois et Saint-Michel,
07:33 on m'en parlait des groupes aussi de rap.
07:35 Et quand j'ai vu les vidéos, je voyais aussi des fois les commentaires.
07:38 C'est comme si c'était dans une télé-réalité des embrouilles.
07:41 Les gens commentent, il y a des gens qui font des vidéos,
07:44 même sur les réseaux, où ils parlent sans vous connaître au final.
07:47 Est-ce qu'à un moment donné, vous n'êtes pas senti peut-être
07:50 dans les deux quartiers, dépassé ou obligé de montrer aussi
07:54 que vous existez par rapport à ces vidéos et par rapport au clip ?
07:59 Ça devenait chaud.
08:02 Tout d'un coup, il se passait un truc.
08:05 C'était deux ou trois heures après une vidéo YouTube.
08:08 Un truc comme ça.
08:10 Si ce n'était pas trois heures après, ça allait être le lendemain.
08:13 C'était sûr.
08:14 Moi, je pense à ma traction.
08:16 Parce que maintenant, ils savent que si je cours là,
08:19 tout le monde va voir que j'ai couru.
08:22 C'est-à-dire que le petit est obligé de rester.
08:24 C'est-à-dire qu'il va en prendre plein.
08:26 Et quand il en prend plein, tu ne sais pas ce qu'il peut...
08:28 Tu ne sais pas en pénalty ce que ça fait.
08:30 Ou il va t'envoyer le pénalty.
08:32 Et c'est ça qui change.
08:34 Il a peur. Il aurait peut-être couru.
08:36 Il ne se serait jamais fait attraper.
08:37 Mais là, il sait qu'il est filmé.
08:39 Après, je ne pense même pas que c'est par rapport à leur quartier.
08:42 C'est plus par rapport aux autres.
08:45 Les meufs.
08:46 Parce que maintenant, il y a les meufs qui sont dans les histoires.
08:49 C'est-à-dire que les meufs sont dans les histoires.
08:52 Tu parles avec des filles.
08:54 Tout le monde est sur les réseaux.
08:56 Tu te fais afficher.
08:58 La meuf, elle va commencer à rigoler sur toi.
09:00 Tu prends tous la haine.
09:03 Qui plaît aux meufs ?
09:05 Qui fait le plus peur ?
09:07 Qui a couru à la dernière descente ?
09:10 À cet âge, la réputation représente tout.
09:13 J'ai connu ça aussi.
09:15 Il n'y a qu'avec l'âge que j'ai compris que tout ça, c'était bidon.
09:18 Tu ne gagneras rien avec ta réputation.
09:20 Malgré le contexte, Arthur essayait de s'en sortir.
09:23 Isa lui avait payé le permis.
09:25 Il bossait en tant que livreur.
09:27 Il entraînait dès moins de 15 ans, deux fois par semaine.
09:30 Il passait beaucoup de temps au foot.
09:32 Une fraise qui a été réalisée en sa mémoire au club de Saint-Michel.
09:35 Là-bas, il était apprécié, notamment par Nordin, un des responsables du club.
09:40 Il a gardé un très bon souvenir d'Arthur.
09:43 C'est un gamin que je me suis vite attaché.
09:45 C'est un gamin en bonne ambiance.
09:47 Il est marrant, toujours respectueux.
09:50 Mais il a toujours son côté un peu quartier, comme nous on aimait les petits.
09:55 C'était quoi ta relation avec lui ?
09:57 Dès qu'il a perdu sa mère, j'ai appelé sa soeur Lisa pour lui expliquer que c'est un gamin que je me suis attaché à lui.
10:08 On voulait l'aider par rapport à sa situation.
10:11 On allait l'accompagner, on n'allait pas le laisser tomber.
10:14 On était là pour lui.
10:16 Il s'intéressait un peu à devenir entraîneur à un club petit.
10:20 Du coup, je l'ai inscrit pour faire un contrat civique.
10:23 Je l'ai pris avec moi dans ma boîte aussi.
10:25 On travaillait le matin à 5h du matin.
10:27 C'est lui qui me levait, il me disait "Nordin, t'es où ?"
10:29 Il m'attendait au bord de l'autoroute pour que je l'emmène en partie, jusqu'à dans le 95.
10:32 On faisait une heure et demie de route pour aller travailler.
10:35 Pour gagner quoi ? Pour gagner 40 balles ?
10:37 Tu vois, c'est pas grand chose, mais c'est que c'est un petit qui voulait s'en sortir.
10:41 À chaque fois qu'on lui proposait quelque chose, il était partant.
10:45 Mais il était toujours rattrapé par ces histoires-là avec Saint-Michel, Saint-Jean.
10:50 Ils ont essayé de lui faire ça, donc ils voulaient se défendre.
10:54 C'était une boucle, quoi. C'était une histoire sans fin.
10:57 Comme Nordin, Ahmed connaissait bien Arthur.
11:00 Avec son association, il lui a demandé de venir sensibiliser les plus jeunes sur les dangers d'Eriks.
11:06 Pourquoi t'as choisi Arthur pour sensibiliser les jeunes ?
11:09 J'ai choisi Arthur parce que c'était un jeune qui faisait tampon entre moi et les plus jeunes que je visais.
11:15 Parce qu'entre moi et ces jeunes-là, il y avait une marge.
11:19 Il y a au moins 15 ans d'écart.
11:22 Et je voulais plus un jeune qui est plus proche de leur génération pour pouvoir plus rentrer dans leur code.
11:28 Et il leur a dit quoi ce jour-là ?
11:30 Ce jour-là, il les a sensibilisés justement sur l'Eriks.
11:34 Une fois rentré dedans, ça serait difficile d'en sortir.
11:38 Et lui-même qui était dedans regrettait un peu.
11:42 Et c'était compliqué d'en sortir parce qu'à chaque fois, il croisait des gens qui lui en voulaient.
11:47 Il fallait qu'ils se défendent.
11:49 Même lui de son côté, il avait une certaine haine qui faisait qu'à chaque fois qu'il les voyait, il voulait en découdre.
11:56 Est-ce que ça l'a plu de parler aux jeunes ?
11:58 Bien sûr. J'ai l'impression même que ça l'a un peu libéré.
12:02 Ça lui a permis de parler un peu de ce qu'il ressentait.
12:07 Et les jeunes, ils ont compris un peu son mal-être, je pense.
12:14 Cette discussion d'Arthur sur l'Eriks, c'était à peine trois mois avant qu'il soit tué.
12:18 À ce moment-là, les problèmes s'enchaînent pour lui.
12:22 Son camion avait été cassé, la voiture de Lisa aussi.
12:25 Ils avaient même été menacés à la sortie du cimetière où est enterré leur mère.
12:30 Jusqu'au point de bascule.
12:34 C'était le 29 janvier 2021.
12:37 Lisa est en train de dormir quand elle est réveillée par la police.
12:41 C'est son voisin qui a appelé les secours.
12:43 Chez elle, un feu s'est déclaré en pleine nuit.
12:46 D'après elle, ce seraient les mecs de Sainte-Geneviève-des-Bois.
12:50 Moi, Arthur, à cette époque, il me demandait toujours de garer ma voiture derrière.
12:54 Jamais de laisser garer la voiture devant.
12:57 Et donc, en fait, j'ai compris qu'il se passait quelque chose.
13:01 Ce soir-là, en fait, ils sont venus faire péter des mortiers devant chez moi.
13:07 Et ils ont dû essayer de rentrer, je pense,
13:10 parce que la porte a été ouverte et il y avait un balai juste à côté de mon meuble télé.
13:15 Ils ont mis le feu à un balai.
13:17 Mon voisin n'aurait pas été là. Le tapis allait prendre feu, mon canapé.
13:20 Une fois que tout le bas de la maison, il a brûlé,
13:22 je fais comment, moi, pour sortir du deuxième étage ?
13:25 Je n'aurais pas pu sortir.
13:27 J'ai déposé plainte contre des individus de Sainte-Geneviève-des-Bois
13:31 sans savoir c'est qui, forcément.
13:33 - Ça en est où ?
13:35 - Ça a été classé sans suite après le décès d'Arthur.
13:38 Donc, ils ont un peu aussi leur part de responsabilité.
13:44 On ne va pas se mentir.
13:46 - Pour Lisa, comme pour Nordin,
13:48 l'absence de réponse concrète de la police
13:51 aurait entraîné un point de non-retour du côté d'Arthur.
13:54 - Quelqu'un qui rentre chez toi, qui fout le feu,
13:57 limite ta soeur Aldor, mais il n'y a pas de suite.
13:59 Je pense qu'on aurait attrapé ces personnes qui sont rentrées chez lui.
14:03 Je pense que les mettre en prison, ce n'est plus la même chose.
14:06 - Ça aurait plaisé les choses pour toi ?
14:08 - Bien sûr. C'est humain.
14:10 Tu sais que le mec a déjà payé.
14:12 C'est fini. Tu vas passer à autre chose.
14:14 Tu auras peut-être une rancœur,
14:16 mais pas la même où tu sombres dans le noir.
14:19 Tu sais que ta soeur Aldor, ce soir-là,
14:21 je suis désolé, tu as perdu ta mère, tu ne veux pas perdre ta soeur.
14:24 - Arthur a pété les plombs.
14:26 Il a vrillé dans sa tête et il s'est dit
14:28 "ils allaient tuer ma soeur, en fait.
14:30 Ils allaient tuer ma soeur.
14:32 Mon voisin n'aurait pas été là,
14:34 si je n'avais pas eu peur de la mort d'Adama.
14:36 - Pour toi, ce soir-là, ça a changé ?
14:38 - À partir du moment où ils sont venus mettre le feu chez moi,
14:42 oui, Arthur, il était dans un autre mood.
14:48 - Ça l'a rendu dingue.
14:50 - Ça l'a rendu...
14:52 Je pense qu'il n'endormait pas la nuit, même.
14:54 Et après son décès,
14:56 j'ai un copain à lui qui est venu me voir
14:59 et qui me disait...
15:01 Eux, ils ont fait une vidéo quand ils sont venus chez moi.
15:03 Ils ont fait une vidéo.
15:05 Donc même ça, la police, normalement, ils auraient dû la retrouver, cette vidéo.
15:08 Ou "Mortier devant chez ta mère".
15:11 Cette vidéo, tous les soirs, Arthur, il la regardait.
15:14 C'était la goutte de trop.
15:16 - C'est ici, dans le quartier Saint-Hubert,
15:19 à Sainte-Geneviève-des-Bois,
15:21 qu'Arthur a été tué le 16 juillet.
15:23 Sur le déroulé des événements,
15:25 l'enquête est encore en cours.
15:27 Beaucoup de questions restent en suspens.
15:29 Qu'est-ce qu'il faisait dans le quartier ce soir-là ?
15:32 Ce que l'on sait, c'est qu'il était avec un pote en scooter.
15:35 La situation aurait dégénéré
15:37 jusqu'à ce que ses agresseurs le laissent pour mort.
15:40 - Ils se sont mis à...
15:44 à le tabasser
15:46 à je sais pas combien.
15:48 Ils ont filmé la scène.
15:51 Ils l'ont déshabillé.
15:54 Il y en avait un...
15:57 qui lui a uriné dessus pour te dire
16:01 c'est...
16:03 pas de limite.
16:05 Ils ont pas de limite, ces gens-là.
16:07 Ils ont pas d'âme.
16:09 Je me demande comment un être humain peut faire ça.
16:12 Ils l'ont... Ils l'ont humilié.
16:15 Et la dernière image
16:17 qu'ils nous ont laissée de lui, c'est...
16:19 une vidéo de lui
16:22 avec un visage en sang.
16:24 Tout nu.
16:28 Avec le filtre, ça me dirige des bois.
16:31 C'est une fierté pour eux.
16:33 Du jour au lendemain,
16:36 on m'enlève mon petit frère de 19 ans
16:39 pour une histoire de territoire.
16:43 C'est trop dur.
16:47 C'est trop dur.
16:49 C'est trop dur.
16:52 Depuis la mort de son petit frère,
16:54 Lisa s'est bâtie pour faire installer une plaque en sa mémoire
16:57 à Sainte-Geneviève-des-Bois,
16:59 là où il a été tué.
17:01 Elle s'y rend quasiment tous les jours.
17:05 Elle ne peut plus y aller.
17:08 Elle ne peut plus y aller.
17:11 Elle ne peut plus y aller.
17:14 Elle ne peut plus y aller.
17:18 Elle s'y rend quasiment tous les jours.
17:21 Aujourd'hui, je me sens vide.
17:35 J'essaye de...
17:38 J'essaye de m'en sortir. Là, je vais déménager.
17:41 Je ne supporte plus de vivre dans cette maison.
17:44 C'est trop grand maintenant pour moi, toute seule.
17:47 C'est un manque qu'on aura toute notre vie, au final.
17:50 Déjà, notre mère, c'était compliqué.
17:54 Mais là, Arthur, en plus...
17:58 C'est encore plus dur.
18:02 J'attends après le jugement.
18:06 J'attends après la justice.
18:08 Et je pourrais réellement être apaisée
18:12 quand je sais que tous les assassins sont en prison
18:15 et qu'ils vont payer pour leurs actes.
18:18 Parce que ce qu'ils ont fait, il ne faut pas que ça reste impuni.
18:21 Ils ont humilié, assassiné mon petit frère
18:25 d'une façon tellement barbare.
18:28 Où tu te dis...
18:31 J'espère qu'ils vont prendre de longues années en prison, ces gens-là.
18:34 C'est tout ce que je leur souhaite.
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