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Il y a 40 ans, le 20 mai 1983, une équipe parisienne de l'Institut Pasteur découvre le virus du sida. La virologue française Françoise Barré-Sinoussi se souvient de l'impact de sa découverte qui lui a valu le prix Nobel de médecine en 2008.

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Transcription
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00:22 C'était une course contre la mourde parce qu'on avait pris conscience que quand même
00:27 c'était un virus qui se transmettait à la fois par le sang, à la fois par voie sexuelle
00:32 et de la maman à l'enfant. Donc il y avait une course contre la montre pour pouvoir
00:39 développer le plus vite possible des tests de diagnostic, le plus vite possible envisager
00:45 des stratégies thérapeutiques, le plus vite possible connaître mieux ce virus.
00:53 Et donc il fallait mobiliser d'autres équipes à venir travailler avec nous.
01:01 [Musique]
01:08 C'est un combat scientifique bien sûr avant tout, mais pas que.
01:13 Ça a été un combat politique, un combat contre les firmes pharmaceutiques,
01:18 ça a été multiple combat à tous les niveaux de la société.
01:23 Je crois que tous les niveaux de la société sont affectés par une maladie comme le sida.
01:30 Et ça, personnellement c'était quelque chose que je découvrais, j'étais chercheuse
01:36 à un laboratoire qui ne sortait pas de son laboratoire, brutalement je me retrouve face
01:41 à des choses que je n'imaginais pas à vrai dire.
01:46 [Musique]
01:52 Ça aussi c'était la première fois de ma vie que je voyais ça, des patients qui débarquaient
01:57 à l'Institut Pasteur dès 1984 pour nous poser des questions non pas médicales,
02:04 parce qu'ils avaient très bien compris que nous n'étions pas des médecins,
02:09 mais ils voulaient savoir comment le virus fonctionnait, qu'est-ce que c'était que ce virus,
02:14 qu'est-ce qu'on pouvait imaginer pour développer, comme développement thérapeutique,
02:21 tout ça, et on était en face de personnes qui étaient en train de mourir,
02:26 et qu'on savait très bien qu'ils n'auraient pas le temps d'attendre ces traitements.
02:30 Donc c'est hyper, hyper angoissant de travailler dans des conditions comme celle-là,
02:36 comme vous pouvez l'imaginer.
02:38 [Musique]
02:46 De voir des personnes vivant avec le VIH au Cambodge, venir vers moi avec des bouquets de fleurs
02:52 et pleurant, je me suis dit, mais ce prix Nobel, c'est notre prix Nobel,
03:00 c'est pas François Barilchine aussi, c'est une reconnaissance de toute une communauté
03:07 qui a travaillé ensemble depuis le départ, depuis les années 80,
03:12 pour essayer de se battre pour avoir des solutions,
03:17 et ça on l'a fait avec eux, avec les patients,
03:22 ils doivent être autant reconnus, parce que, je dirais, la situation même en 2008,
03:27 de voir qu'on commençait à avoir l'accès aux antirétroviraux dans les pays les plus pauvres,
03:32 ça, ça n'aurait pas été possible sans la voix des patients.
03:36 Donc, ça a été pour moi, j'ai réalisé brutalement que j'avais sur la tête
03:42 une responsabilité quelque part supplémentaire de me dire,
03:46 ce prix Nobel, quelque part, ça va vouloir dire qu'il est de mon devoir d'être leur voix.
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