Entretien avec Yann Boé-Kane : les Girondins, sa carrière, QRM et son engagement à l'UNFP
Découvrez l'entretien de Yann Boé-Kane (32 ans), milieu de terrain de QRM natif d'Angoulême. Supporter des Girondins depuis son enfance, il analyse le match des Girondins, se livre sur sa carrière, son attache au club Marine et Blanc et explique son engament à l'UNFP.
Extrait du Talk.
#Girondins
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00:00 Bonsoir et bienvenue Yann.
00:01 Bonsoir, bonsoir à tous.
00:03 Comment vas-tu ?
00:04 On se tutoie.
00:05 Oui bien sûr.
00:06 Je vais très bien, merci de m'inviter.
00:08 C'est un vrai plaisir de vous rejoindre.
00:11 On est très content que tu sois là.
00:13 T'as joué face aux Girondins,
00:15 c'est un samedi, t'es entré en jeu.
00:16 J'ai prié pour que tu ne marques pas.
00:18 Donc t'es un milieu de terrain de 32 ans,
00:23 t'es originaire du bassin bordelais.
00:25 T'es de la test, c'est ça ?
00:26 Oui c'est ça,
00:27 moi je suis un pur Girondin,
00:29 j'ai grandi à la test.
00:31 Je suis porteur des Girondins toute ma jeunesse
00:34 et encore un peu.
00:36 Je t'ai bercé au Lilian Lassland,
00:39 au Paoletta,
00:41 aux grandes années bordelaises
00:44 et c'est toujours un club qui me tient à cœur.
00:47 Tu ne pouvais pas demander à ce que ce soit Pagniatenko
00:49 qui tire le dernier coup franc contre vous ?
00:51 T'as 232 matchs de Ligue 2 à ton avis.
00:58 J'ai joué en Roumanie en plus.
00:59 T'as joué en Roumanie, on en parlera tout à l'heure.
01:01 46 matchs de Nationals.
01:02 Tu vois Yann, tu connaissais Samuel ?
01:04 Non !
01:05 Non, mais voilà, il est très incisif.
01:08 Il est très cash.
01:10 Il est cash, Samuel il est cash.
01:12 Si je peux rebondir juste sur ce qu'il a dit,
01:16 il y a juste une chose,
01:17 c'est sûr qu'il faut savoir qu'en Ligue 2,
01:19 les équipes quand elles rencontrent Bordeaux,
01:21 c'est un peu comme les équipes en Ligue 1
01:23 quand elles rencontrent le PSG,
01:24 c'est un match différent.
01:25 Et ça, c'est malheureux pour les Girondins,
01:29 mais c'est comme ça.
01:30 Les équipes ont un surplus de motivation
01:32 quand elles jouent contre Bordeaux,
01:33 peut-être même Sainté,
01:34 mais Sainté, ils sont mal classés,
01:35 donc c'est peut-être différent.
01:36 Mais moi, je vois dans mon équipe,
01:38 c'est sûr que je n'ai pas ressenti,
01:39 je ne vais pas dire la même motivation,
01:41 parce que ce n'est pas vrai,
01:42 mais c'est un match particulier
01:43 contre les Girondins
01:44 et ça, c'est un point en plus pour eux.
01:46 Parce que tous les gens,
01:47 tous les joueurs de Ligue 2,
01:48 quand ils savent que c'est le match des Girondins,
01:51 forcément, ils embêtent un peu plus que d'habitude,
01:53 donc ce n'est pas facile pour eux.
01:54 Déjà, comment toi, tu as vécu ce match face aux Girondins, samedi ?
01:58 Je ne sais pas ce que vous avez dit avant,
02:00 mais pour moi, le match est en deux parties.
02:02 Il y a vraiment deux mi-temps bien distincts.
02:04 La première où je nous trouve au-dessus,
02:07 dans l'impact, dans les duels,
02:11 on était au-dessus.
02:12 Dans l'intensité qu'on mettait,
02:14 je trouvais qu'on était au-dessus.
02:16 Même s'ils avaient peut-être un peu plus de ballon que nous,
02:18 mais ils n'étaient pas dangereux,
02:19 ils ne nous posaient pas vraiment de problème.
02:21 Et puis, une deuxième mi-temps où,
02:23 je ne sais pas si ça vient de nous,
02:24 on a baissé un peu le rythme physiquement,
02:26 ou s'ils ont repris un peu de poil de la bête.
02:29 Après, en première mi-temps,
02:30 je les ai trouvés aussi un peu pris par l'événement.
02:33 On sent qu'ils ont une montée à jouer.
02:35 En première mi-temps, je l'ai vraiment ressenti.
02:37 Et puis, en deuxième mi-temps,
02:38 je trouvais qu'ils avaient la main mise sur le match.
02:40 Donc voilà, deux mi-temps bien distincts,
02:43 une pour eux, une pour nous,
02:44 mais si je suis honnête,
02:45 ils ont les meilleures occasions et ils peuvent gagner le match.
02:48 Ils peuvent gagner le match,
02:49 c'est eux qui ont les deux plus grosses occasions.
02:51 Donc voilà, je dirais une mi-temps chacun,
02:53 mais Bordeaux a eu une plus grande chance
02:56 de gagner le match que nous quand même.
02:58 C'était quoi les consignes de votre coach, Olivier Chouafny ?
03:01 Je ne sais pas si tu peux les donner, mais c'était quoi ?
03:03 Oui, on était ciblés, tu vois, des jurandas.
03:07 Oui, pour parler un peu tactique,
03:09 je ne sais pas si c'est intéressant,
03:11 mais nous, on avait remarqué que leur milieu excentré,
03:14 il rentrait vachement dans l'axe
03:16 et qu'il laissait la place pour les latéraux,
03:19 notamment Nsimba.
03:20 Donc nous, notre objectif, c'était de couper,
03:22 c'était vraiment de former un gros bloc dans l'axe
03:25 pour qu'ils évitent de trouver des passes
03:27 entre leurs six et les milieux excentrés
03:30 qui rentraient dans le dos de nos huit.
03:32 Donc c'était vraiment ça.
03:33 On l'a bien fait en premier mi-temps,
03:35 vous voyez que Franck Sergiou, il était en difficulté,
03:37 il n'arrivait pas à trouver des passes vers l'avant.
03:39 Et puis en deuxième mi-temps, on l'a un peu moins bien fait.
03:41 Et du coup, ça libérait vachement les couloirs pour Nsimba,
03:44 qui était, on a tous trouvé que c'était vraiment l'élément,
03:47 le factor X de leur équipe.
03:49 Nsimba, c'était vraiment le joueur dangereux
03:51 qui amenait tout le match du danger dans son couloir.
03:53 Donc nous, c'était vraiment, voilà, fermer l'axe
03:55 pour pas que les milieux excentrés puissent s'exprimer dans l'axe
03:58 et bloquer Nsimba.
04:00 - Messieurs, je vous laisse la parole.
04:01 - Ouais, au milieu de terrain, on a des gabarits impressionnants.
04:04 On a Sisoko et Sidibé qui sont à plus de deux mètres,
04:08 Baltazar Pierret qui est quelqu'un de très costaud.
04:10 C'est nos qualités.
04:11 On est une équipe qui est bien en place,
04:13 qui joue beaucoup les transitions avec des attaquants rapides.
04:15 C'est sûr que c'est nos qualités.
04:17 Donc en première mi-temps, on va dire Bordeaux,
04:19 avec le peu de mouvement qu'ils instauraient dans le match,
04:22 ils jouaient un peu sur nos forces parce que dans l'impact, on est bon.
04:25 Et en deuxième mi-temps, on a un peu perdu de pied physiquement.
04:28 Je trouvais qu'on n'a pas réussi à rééditer l'impact
04:31 qu'on a mis en première mi-temps.
04:33 Donc forcément, des joueurs, eux, ils ont quand même des joueurs techniques.
04:36 Donc on les a laissés un peu dans le confort
04:38 et ils ont pu un peu plus s'exprimer.
04:40 Mais oui, l'analyse est bonne.
04:41 Physiquement, on est bien en place, on a un bon bloc
04:43 et après, on joue des transitions.
04:45 Tu as 230 matchs de Ligue 2.
04:46 C'est quoi les qualités qu'il faut pour…
04:48 Je ne suis jamais monté, donc j'aimerais bien te répondre,
04:50 mais je ne peux pas te dire.
04:52 Tu as l'expérience.
04:54 En Ligue 2, souvent les équipes…
04:56 Et c'est ce qui est…
04:58 Moi, je suis un peu supporter des Girondins.
05:00 En Ligue 2, souvent les équipes qui montent,
05:02 c'est les meilleures défenses.
05:04 Et je trouve que Bordeaux a une très bonne défense.
05:06 C'est quand même l'un de ses points forts.
05:08 Je trouvais Barbet impressionnant.
05:10 Le joueur à côté de lui, j'ai oublié son nom.
05:12 Egersell.
05:13 Je trouvais que c'était aussi un bon joueur.
05:15 Bokeh, il est solide.
05:16 Et puis l'arrière-gauche, qui apporte aussi un renforcement,
05:18 mais qui est solide.
05:19 Donc Bordeaux, vraiment, moi, pour monter,
05:21 je me rappelle d'une saison au Rhin,
05:22 s'ils avaient battu le record de points
05:23 il n'y a pas si longtemps que ça,
05:24 c'est vraiment la défense.
05:25 Ne pas prendre de buts.
05:26 Et puis Bordeaux, ils marqueront toujours un but, normalement.
05:28 Donc vraiment la défense.
05:30 Et ça, c'est un point que Bordeaux a.
05:32 Donc j'ai envie de dire, je suis…
05:34 Maintenant, je suis assez confiant pour qu'ils montent.
05:36 Comment vous avez ressenti ce résultat à la fin de ce match ?
05:39 Est-ce que c'était plutôt positif pour vous ?
05:41 Il y avait quand même une espèce de déception
05:43 de ne pas avoir mis un contre à la fin.
05:45 On sentait que, malgré tout,
05:47 même si les Girondins étaient dominants en deuxième mi-temps,
05:50 on était quand même sur un fil parce qu'ils n'avaient pas réussi
05:53 quand même à concrétiser.
05:55 Comment vous avez ressenti, vous, à la fin du match, ce résultat ?
05:59 Nous, avant le match, je pense qu'on aurait peut-être signé.
06:03 Mais moi, par exemple, je suis rentré vers la 70e, 80e minute.
06:07 Le coach me dit, en gros,
06:09 on ne fait pas les cons, mais on sent qu'on peut aller les piquer.
06:14 Donc pendant le match, vraiment, c'était ça.
06:16 On est bien en place, mais on sentait que le match pouvait quand même tourner des deux côtés.
06:20 Donc à la fin du match, c'est un sentiment quand même,
06:22 quand on est QVI, qu'on accroche Bordeaux,
06:24 c'est un sentiment du devoir accompli.
06:26 Mais on sentait qu'on n'était pas si loin que ça.
06:29 Donc content parce que, voilà, on est QVI,
06:32 on se maintient officiellement ce jour-là,
06:34 on réalise une bonne saison.
06:36 Mais il y a un petit, je ne vais pas dire regret,
06:38 parce que ça aurait été bien payé.
06:42 Mais on sentait qu'il y avait une opportunité de faire un peu plus.
06:45 Après, Yann, moi, j'ai une question par rapport à votre équipe.
06:47 Est-ce que tu t'attendais à ce que vous fassiez une saison
06:49 dans la première partie du classement comme ça ?
06:51 Vous avez un tour la 8e, 7e, 9e place.
06:53 Est-ce que pour toi, c'est plus une surprise ?
06:55 Ou vraiment, tu t'attendais à ce qu'il y ait moyen
06:57 que vous arriviez à ce niveau-là cette saison ?
07:01 Non, en toute honnêteté, c'est une surprise.
07:04 Quant aux débuts de saison, les dernières, on se maintient en barrage.
07:07 Au début de saison, on sait qu'il y a quatre descentes.
07:10 On sait qu'on a les moyens de se maintenir,
07:13 mais que ça va être compliqué.
07:14 Et puis, il y a l'arrivée d'un nouveau coach, Olivier Chouafny.
07:18 Beaucoup de nouveaux joueurs, on a changé l'effectif à plus de 60 %.
07:22 Et puis, voilà, l'arrivée d'un coach hyper ambitieux.
07:24 Lui, il arrive, il nous dit, les gars, l'objectif, ce n'est pas le maintien.
07:27 Toujours viser plus haut pour, après, au pire, on se maintiendra.
07:31 Et puis, on fait un mauvais début de saison.
07:34 On perd des matchs, on doit être dans les derniers au bout de 5-6 journées,
07:37 pas beaucoup de points.
07:39 Et puis, voilà, la mayonnaise prend, les nouveaux joueurs s'adaptent, etc.
07:44 On voit qu'on fait des matchs solides, qu'on prend moins de buts.
07:46 On commence à gagner des matchs.
07:48 Et puis, au fur et à mesure, voilà.
07:50 Et puis, je crois que sur les 25 derniers matchs, on doit être quatrième.
07:54 Donc, honnêtement, je pense qu'on a le potentiel même pour être plus haut que ça.
07:58 Parce que quand je vois les jeunes joueurs qu'on a,
08:00 les qualités athlétiques qu'on a, ça correspond à ce championnat.
08:04 Voilà, c'est facile de dire ça, mais il y a beaucoup d'équipes qui vont dire ça.
08:07 Mais je pense que, voilà, si on s'était un peu plus connus, etc.
08:10 plus tôt, on aurait pu faire un meilleur championnat encore.
08:13 -Celle que je voulais demander à Yann, c'est est-ce que,
08:15 quand vous voyez la compo, pour revenir un peu sur le match,
08:17 est-ce que quand vous voyez la compo, ça change un peu vos plans ?
08:21 Comme il y a plus ou moins un changement de système par rapport aux matchs précédents.
08:26 Il y a un ou deux joueurs qu'on peut qualifier d'essentiels ou dangereux
08:31 sur les matchs d'avant qui ne sont pas présents.
08:33 Est-ce que, vous, ça a changé votre approche ?
08:35 Ou l'idée, c'était vraiment de faire comme vous avez fait sur la première mi-temps,
08:39 d'être solide, de mettre en difficulté Bordeaux,
08:41 de jouer un peu plus haut que les équipes qui affrontent les Girondins d'habitude ?
08:45 -Non, vraiment, nous, on n'a une faculté.
08:48 On ne s'adapte jamais à l'adversaire, quasiment.
08:50 Donc, la compo, on la regarde, mais ce n'est pas ça qui va changer notre système de jeu
08:55 ou nos principes de jeu.
08:57 Donc, on a vu qu'il était passé en 4-4-2.
08:59 Je crois que Guillaume, il change un peu de temps en temps, en 4-4-2, des fois en 4-3-3.
09:03 On l'a noté, mais ce n'est pas ça qui a changé nos ambitions.
09:07 Il y a des entraîneurs qui aiment bien s'adapter à l'adversaire, au système,
09:10 pour répondre, pour faire des 1 contre 1.
09:13 Si l'équipe joue en 4-3-3, nous, on va jouer en 4-3-3 pour être un 3 contre 3 au milieu.
09:17 Mais il y a des entraîneurs qui veulent imposer quelque chose, qui veulent imposer un système.
09:21 Donc, nous, on est plutôt là-dedans.
09:23 On essaie d'imposer ce qu'on sait faire de bien, jouer sur nos qualités.
09:26 Après, forcément, quand on sait que Badji joue, on sait que les longs ballons, il est costaud.
09:30 On sait que sur les centres, il faut être proche de lui parce qu'il peut mettre la tête
09:34 ou toi, tu ne vas pas mettre le pied.
09:35 On sait tout ça, mais ça, c'est plus des détails individuels.
09:38 Mais sur l'aspect global, tactique, ça n'a pas changé grand-chose pour nous.
09:42 -C'est intéressant. Je ne sais pas comment vous bossez avec lui,
09:44 mais il a l'air d'être un coach assez intéressant.
09:46 -Moi, ce que je trouve qu'il a quand même le plus ramené, c'est l'ambition.
09:50 C'est quelqu'un qui dit "OK, on est Kevi, mais on doit regarder tout le monde dans les yeux".
09:54 Et ça, ça a changé parce que Kevi, il avait l'habitude d'être le club un peu.
09:58 On est là, on ne veut pas trop déranger.
10:00 Lui, il est "non, non, on est là, on mérite d'être là et on regarde tout le monde dans les yeux".
10:04 Donc ça, je trouve que c'est la chose quand même qui a le plus changé.
10:07 Après, d'un point de vue tactique, il a trouvé son système, quand je vous dis,
10:11 vers la septième ou huitième journée, on est passé un 4-3-3.
10:15 Moi, je le dis en toute franchise parce que ça m'a desservi.
10:17 C'est le moment où j'ai commencé à moins jouer,
10:19 mais c'est le moment où l'équipe a le mieux tourné.
10:21 On est passé en 4-3-3 avec des joueurs plus athlétiques, solides.
10:25 On a commencé à faire des résultats.
10:27 Comme je vous l'ai dit, la Ligue 2, c'est bien défendre.
10:29 On a des joueurs rapides devant, contre-attaqués, ça a marché.
10:32 Donc crédit à lui.
10:34 -C'était un peu tendu, les Bordelais, ou pas forcément ?
10:36 -Ça, moi, je l'ai plutôt perçu en première mi-temps, mais du banc.
10:40 Donc ça, c'est mon avis du banc.
10:43 En première mi-temps, j'ai senti que le ballon pouvait peut-être un peu brûler les pieds.
10:48 Mais après, j'ai joué des montées.
10:50 Ce n'est jamais facile de jouer des montées.
10:52 Après, quand on signe à Bordeaux, le problème, c'est que tu viens pour ça.
10:55 Ça doit être un plaisir, tu viens pour ça.
10:57 Mais ce n'est pas facile de jouer la montée.
11:00 On sent qu'ils n'étaient pas très relâchés en première mi-temps.
11:03 -Comment ça se fait que tu n'aies jamais joué à Bordeaux ?
11:09 -Ça se fait qu'à 14 ans, il a fallu faire un choix.
11:13 J'étais à Vinape d'Ornon, en 14 ans, en fédéraux.
11:16 J'avais plusieurs centres de formation, dont Bordeaux.
11:19 Mais à l'époque, Bordeaux, c'était quand même l'un des top 5 français,
11:22 top 5 clubs français.
11:24 C'était dur de percer pour les jeunes.
11:26 -C'était quelle année ?
11:27 -Je suis parti en 2006, je crois.
11:30 -Ah oui, effectivement.
11:31 -Je suis parti en 2006.
11:32 Donc à l'époque, j'avais Sochaux, qui sortait beaucoup de jeunes.
11:36 Donc j'ai préféré partir à Sochaux, mais j'aurais très bien pu jouer au Girondins.
11:41 Mais c'est vrai que l'un des regrets de ma carrière,
11:45 c'est de…
11:47 je sais même, le regret de ma carrière, c'est de jamais avoir joué à l'escure.
11:51 Parce que j'ai joué au mat' mute, mais ce n'est pas pareil.
11:54 -Là, il faut te mettre au rugby, quoi !
11:56 -Ouais !
11:57 [Rires]
12:00 -C'est le seul problème, quoi.
12:02 -C'est ça.
12:03 Donc quand j'étais petit, c'était ma mère qui m'emmenait à l'escure.
12:07 On allait voir, dans les années du titre de champion 99,
12:11 au moment où je partais à Sochaux, jusqu'en 2005-2006,
12:15 on allait au Virage Sud.
12:16 C'était vraiment mon club.
12:18 -Et d'avoir joué contre Bordeaux deux fois, ça t'a fait quelque chose ?
12:22 -Ouais, le match allé devant toute la famille,
12:24 ça reste un très bon souvenir.
12:27 Bon, malgré le 4-0, ce n'est pas grave, c'est anecdotique.
12:30 Mais oui, forcément, ça me fait quelque chose.
12:32 Parce que quand on est dans le milieu, après, on suit un peu moins,
12:35 on est moins supporters, mais ça restera toujours mon club de cœur.
12:39 Donc oui, ça me fait quelque chose.
12:41 -Et donc après, tu fais centre de formation Sochaux ?
12:44 -Ouais, Sochaux.
12:46 Je ne suis pas gardé pour signer pro,
12:48 donc après, je vais à l'Orient League 2, Oxair, Red Star, Ajax, Loment...
12:52 -Vannes.
12:53 -Vannes, ouais.
12:54 Et maintenant, Kévin.
12:55 -Ouais, exactement.
12:56 Et tu découvres le championnat grec aussi, j'ai vu.
12:59 -Ouais, j'ai fait deux piges à l'étranger,
13:02 six mois en Grèce et six mois en Roumanie.
13:05 Des expériences intéressantes sur le plan football,
13:08 parce que jouer contre l'Olympiakos, Panathinaikos,
13:11 je te vois, Bulgaria, c'est des trucs intéressants.
13:14 C'est des pays où il y a des problèmes,
13:16 ce n'est pas comme la France, problèmes financiers, etc.
13:19 Ce n'est pas aussi structuré qu'en France,
13:21 donc expériences mitigées, on va dire.
13:23 -Et tu as joué contre Alexis Pitou quand tu étais en Roumanie ?
13:27 -Il était dans quel club, lui ?
13:29 -Costanza, non ?
13:31 -Ouais, sûrement, j'ai joué.
13:33 -Costanza.
13:34 -Il est jeune, il a 20 ans ?
13:36 -Oui, il est jeune.
13:37 -21.
13:38 -21, ouais.
13:39 Donc 19 ans à l'époque.
13:40 -Mais il a commencé à 16 ans sa carrière pro, je crois.
13:43 Je ne sais pas si je dis pas de but.
13:45 -OK.
13:46 Mais là-bas, je sais que c'est un bon centre de formation.
13:48 Je crois que c'est le club d'Agi, non ?
13:50 -Oui, c'est ça.
13:51 -Ouais, ouais.
13:52 Ils sont réputés là-bas pour les jeunes.
13:54 Apparemment, ça joue bien au ballon.
13:56 -C'est un parcours honnête.
13:58 -Ah oui ?
13:59 Tu as fait plus de 250 matchs en pro.
14:02 -C'est énorme.
14:04 -Qu'est-ce qui t'a poussé à partir à l'étranger ?
14:06 Est-ce que tu avais senti qu'en France, il y avait un plafond pour toi ?
14:09 Ou c'était vraiment que tu voulais découvrir quelque chose ?
14:11 -Ah non, non, non.
14:12 Moi, quand je pars à l'étranger, c'est que je suis en fin de contrat en France.
14:15 C'est que je n'ai pas de travail ici, sinon je serais resté en France.
14:19 Je pars en Grèce.
14:21 Je pars en Grèce à la…
14:23 Je résilie mon contrat avec OXXER.
14:25 Parce que ça se passe mal avec l'entraîneur.
14:27 Donc, je me retrouve au mois de janvier.
14:29 Il faut jouer, donc je pars là-bas.
14:31 Et la deuxième expérience en Roumanie, c'est l'année du COVID.
14:34 On descend avec le Mans.
14:36 Donc, je me retrouve au chômage.
14:38 Je ne veux pas aller au début en Roumanie, mais j'y vais parce qu'il faut bosser.
14:42 Mais non, non, je ne vais pas dire que je voulais voir du pays.
14:46 Non, non, je suis parti parce qu'à ce moment-là, j'étais au chômage.
14:49 -Et j'ai vu, Yann, tu étais très engagé.
14:53 J'ai vu aussi que tu étais délégué syndical, si je ne dis pas de bêtises, il y a deux ans.
14:58 Tu es très engagé aussi à ce niveau-là.
15:00 Est-ce que pour toi, qui, pour le coup, a connu cette carrière,
15:04 où tu as pu voir l'étranger, tu as pu voir la Ligue 2, la Nationale,
15:07 c'est important aujourd'hui de structurer encore plus ce métier de footballeur ?
15:11 C'est vrai qu'on parle souvent des mecs qui gagnent des millions,
15:13 mais il y a aussi des mecs pour vous gagner bien votre vie, bien sûr,
15:16 par rapport, on va dire, à la classe moyenne.
15:18 Mais c'est aussi…
15:20 C'est un métier qui dure 15 ans et qui ne vous permettra pas forcément d'en vivre toute votre vie.
15:24 Donc est-ce que tu as aussi envie qu'en France,
15:26 même si on est censé être un pays plutôt avancé,
15:29 on soit aussi un peu mieux organisé au niveau du football
15:32 et surtout des footballeurs, des professionnels ?
15:35 -Ouais, j'aime bien ce que tu dis, parce que c'est vrai qu'on parle beaucoup des salaires des footballeurs,
15:40 mais en Ligue 1, ils sont très bien payés.
15:43 La Ligue 2, on est bien payés, c'est sûr.
15:46 Mais comme tu dis, moi, dans 2-3 ans, 4 ans, j'arrête le foot, je vais aller bosser.
15:52 -Tu vas bosser ? -Exactement.
15:54 Donc on parle beaucoup du haut de la pyramide,
15:57 mais il y a énormément de footballeurs qui sont…
16:00 Je ne vais pas… Il y en a dans la précarité, mais qui sont des gens normaux.
16:04 Et c'est vrai que ce serait intéressant de parler un peu plus d'eux,
16:07 parce qu'il n'y a pas beaucoup de joueurs.
16:09 Sur l'échelle du nombre de footballeurs qu'il y a en France,
16:12 il y en a peu qui gagnent des millions.
16:14 Donc oui, ça me tient à cœur tout ça.
16:16 Je suis délégué UNFP, délégué du personnel dans mon club.
16:20 Oui, c'est des choses qui me tiennent à cœur.
16:22 Et puis aider les plus jeunes à comprendre…
16:25 Je ne suis pas conseiller financier, mais un peu discuter de tout ça,
16:29 de la vie, du futur, se former pour la suite, etc.
16:33 Je trouve que c'est des choses importantes.
16:35 Et malheureusement, dans le foot, on ne leur en parle pas assez,
16:39 comme moi, on ne m'en a pas assez parlé.
16:41 Parce qu'on fait miroiter à tous les jeunes qui vont gagner des millions,
16:44 qui vont faire des grandes carrières dans les plus grands clubs.
16:47 Il y en aura certainement, mais peu.
16:49 Donc c'est des sujets importants qui me tiennent à cœur.
16:54 Le problème, c'est que maintenant, les mecs…
16:57 J'ai l'impression que les réseaux sociaux, ça a pris une telle ampleur
17:00 que c'est important de montrer qu'on a une belle vie, qu'on a de l'argent,
17:03 qu'on a une belle voiture, mais ça, tu peux te le permettre
17:06 quand tu gagnes des millions.
17:08 C'est ton quotidien, OK.
17:10 Mais quand tu es un simple joueur de Ligue 2,
17:12 que tu joues à QRM ou à Roda, ce n'est pas vrai, ce n'est pas ça ta vie.
17:16 Donc, en fait, le problème, c'est que ces choses-là,
17:18 ça leur crée des frustrations dans leur tête.
17:20 Et ce sont des gens qui vont finir malheureux si on ne leur dit pas la vérité.
17:23 Justement, tu as beaucoup évolué en Ligue 2,
17:25 et là, tu es dans un club comme QRM qui se développe, je pense.
17:28 Est-ce que le côté proximité, justement,
17:31 à être dans la vie "réelle", et pas dans des clubs énormes,
17:35 avec énormément de moyens, et être plus proche des gens,
17:38 tu vois, par exemple, c'est tout bête, mais on peut t'avoir aujourd'hui.
17:42 Ça a été très simple avec le service com' de ton club,
17:45 qui est un club de Ligue 2, qui se développe.
17:47 Et qu'on remercie.
17:48 Et qu'on remercie.
17:49 Mais je trouve que des fois, ça se perd dans la proximité avec le public,
17:53 tu vois, ces liens.
17:54 Au Girondins, par exemple, ça s'est coupé énormément d'années,
17:57 pour tout te dire.
17:58 Nous, on l'a vécu, avec l'arrivée des Américains,
18:01 même un peu avant, ça commençait déjà à avoir du décalage.
18:04 Et je trouve que ce lien avec le public, quelque part, l'échange,
18:07 il était de plus en plus difficile.
18:09 Et on avait l'impression, tu vois, d'avoir un lien qui se distendait.
18:13 Est-ce que dans des clubs comme QRM,
18:15 ou d'autres clubs que tu as eu l'occasion d'avoir en Ligue 2 ou à l'étranger,
18:19 et notamment cet exemple de QRM,
18:22 est-ce que ce côté proximité, il est bénéfique pour vous en tant que joueur ?
18:26 Vous, vous avez accès au voyant, ou les entraînements sont à 8 lots là-bas ?
18:31 Un peu plus.
18:32 On a accès que quand c'est ouvert au public.
18:34 D'accord.
18:35 Une fois par semaine.
18:36 Là, c'était cet après-midi.
18:37 Ah oui, seulement une fois par semaine.
18:38 Oui.
18:39 Ok.
18:40 Ben oui, comme tu dis, je vois une vraie différence.
18:42 Nous, les entraînements à 8 lots, ça n'existe pas.
18:45 C'est-à-dire que les gens, ils viennent, ils nous appellent par nos prénoms.
18:48 Tous les jours, on voit les mêmes personnes.
18:50 Il y a des gens, je prends l'exemple, on a un photographe à la retraite,
18:54 il rentre dans les vestiaires avec nous avant l'entraînement.
18:57 C'est devenu un peu la mascotte du club.
18:59 C'est vraiment la bonne franquette.
19:00 C'est un club professionnel, oui, on veut gagner des matchs, oui,
19:03 mais c'est vachement familial.
19:05 Ça n'a rien à voir.
19:06 Quand j'ai joué à Auxerre, ce n'est pas les Girondins,
19:09 mais c'est quand même un club un peu plus historique que QRM.
19:13 Ça manque quelque chose de respect à QRM,
19:14 mais ça se rapprochait peut-être un peu plus de Bordeaux.
19:16 Et dans les clubs plus familiales, oui, les gens ont beaucoup plus accès à nous.
19:22 Et moi, ça me correspond un peu plus, parce que je suis du sud-ouest,
19:27 je suis un bon vivant, etc.
19:29 Mais je trouve que c'est vachement important.
19:31 Et puis, ça permet aux joueurs de garder les pieds sur terre,
19:35 de ne pas se sentir inaccessibles, etc.
19:38 Ici, on se fait comprendre que les supporters sont importants,
19:41 ils viennent, tout le monde est le bienvenu.
19:43 Et oui, c'est vachement important.
19:45 Et c'est dommage, parce que même les entraînements à huis clos,
19:49 pour aller plus loin, début de semaine, ça n'a pas grand intérêt.
19:54 Après, les clubs, j'ai l'impression, ces dernières années,
19:57 ils contrôlent vachement leur communication.
20:01 C'est devenu un truc de fou.
20:03 Dans la société, on peut dire de moins en moins de choses, etc.
20:06 Ils ont peur du moindre truc, ils contrôlent vachement tout.
20:10 C'est devenu hyper strict, hyper carré, les clubs de foot.
20:14 Tu es en fin de contrat, non ?
20:16 Oui, je suis en fin de contrat.
20:18 Et tu sais ce que tu vas faire la saison prochaine ?
20:20 Pas du tout.
20:21 Pas encore ?
20:22 Non.
20:23 On verra.
20:26 Je le souhaite aux Girondins de monter en Ligue 1 et de recruter,
20:31 je ne sais pas qui, mais un grand joueur qui redonne vie à ce club.
20:39 Qu'ils le remettent à sa place.
20:41 Parce qu'au Bordeaux, on a tous connu, c'était dans les top 4 chaque année en Ligue 1.
20:45 Donc, je ne souhaite que ça aux Girondins.
20:47 Mesu Bordeaux, et qui va monter ?
20:49 En toute objectivité, je suis supporter des Girondins,
20:54 mais Mesu m'a le plus impressionné.
20:56 Et je pense que Bordeaux va monter parce qu'ils vont gagner leurs 3 derniers matchs.
21:02 Parce que Laval joue sa peau, mais je ne pense pas que Bordeaux peut laisser des points à Laval.
21:12 Je pense qu'ils vont gagner leurs 3 derniers matchs.
21:15 Mais si je suis honnête, et ça me fait mal de le dire,
21:18 Mesu, sur la double confrontation, notamment là-bas à l'aller,
21:22 où on avait vachement souffert, ils m'ont impressionné.
21:25 Qu'est-ce qu'ils ont de plus selon toi ?
21:28 Athlétiquement, physiquement.
21:30 Oui, parce qu'ils ont des joueurs très athlétiques, je trouve, pour la Ligue d'Up.
21:33 Ça va vite, c'est assez puissant.
21:35 Et nous, je trouve qu'on a des individualités qui sont peut-être meilleures sur certains postes,
21:41 mais peut-être pas aussi bon que ça en plus, collectivement, malheureusement pour nous.
21:45 Et je trouve qu'à côté de ça, eux, ils ont…
21:48 Bordeaux, j'ai trouvé que Bordeaux, ils avaient des individualités.
21:51 Si Bordeaux, tu les laisses jouer, tu les regardes jouer, si les joueurs ont du temps,
21:54 voilà, le football, Bordeaux, ils sont très forts.
21:57 Après, si comme en premier temps, tu leur rentres dedans, etc.,
22:01 je les ai trouvé un peu plus en difficulté, alors que Metz,
22:03 ils nous ont quand même imposé un rythme, une intensité physique qui n'était pas facile à suivre.
22:09 Oui, parce que je trouve que cette année, on a des bons joueurs en Ligue 2.
22:11 Je trouve qu'il y a individuellement des Mikotazé, des Maja, des Mwanga, des Richardson.
22:15 Je trouve que c'est des joueurs qui ont largement un niveau liguain.
22:20 Je ne sais pas ce que tu en as pensé, lequel tu as le plus compris ?
22:22 J'aime beaucoup Richardson. J'aime énormément Richardson, du Havre.
22:26 Associé avec L'Ecale, je trouve que… L'Ecale, j'aime beaucoup,
22:29 un peu dans un style à la bousquette, régulateur.
22:32 Il ne fait pas de vagues, mais super intéressant.
22:34 Richardson, il m'a marqué parce qu'en plus, on a fait plusieurs matchs amicaux contre eux,
22:38 vraiment bons.
22:40 Ames, oui, Mikotazé, il ne faut pas lui laisser deux mètres,
22:46 parce que le mec, il se met en position de frappe direct.
22:48 Oui, Mikotazé, très fort.
22:51 J'ai bien aimé Barbe, vraiment.
22:53 Barbe, j'ai trouvé que c'était un patron, que ce soit dans les duels, même dans la parole.
22:58 J'ai vraiment trouvé qu'à chaque fois, il ramenait tout le monde avec lui.
23:01 Et puis, sa relance, elle est bonne.
23:02 Barbe, j'ai vraiment aimé.
23:04 Le petit Enshimba aussi, comme je vous ai dit tout à l'heure,
23:07 c'était vraiment le joueur qui était le factor X de leur équipe.
23:11 Voilà, individuellement, il y a des très bons joueurs en Ligue 2.
23:15 Tous les ans, pareil.
23:16 Tous les ans, il y a un ou deux joueurs qui sont en Ligue 2.
23:19 Après, j'ai joué avec Ntep, par exemple, à l'époque,
23:22 un joueur qui a explosé.
23:24 Tous les ans, en Ligue 2, il y a deux ou trois pépites.
23:26 Et Richardson, je mettrais ce joueur en numéro un.
23:29 On te souhaite une belle fin de saison avec URM, Yann.
23:32 Merci.
23:35 Et puis, croisons les doigts pour Bordeaux.
23:37 Voilà, c'est ça.
23:38 Croisons les doigts.
23:39 On veut tous ce qu'on manque.
23:40 Toi, nous, on veut tout ce qu'on manque.
23:41 Moi aussi.
23:43 Allez, salut, à plus vite.
23:45 Bonne fin de saison.
23:46 Bonne saison à toi.
23:47 Au revoir.