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00:00 *Bruit de la machine*
00:10 Qu'est-ce que tu fais avec ça ?
00:28 *Musique*
00:40 *Bruit de la machine*
00:41 *Musique*
01:10 *Musique*
01:19 Ce qui est important c'est le regard.
01:22 Mais les gens ne regardent pas.
01:24 Trois quarts des gens ne regardent pas, ils appuient.
01:27 Ils identifient.
01:29 Mais le regard qui perd ce sens, ça, ça, ça...
01:36 Très peu.
01:38 Et qu'est-ce qui perd ce regard ?
01:42 Il y a un point d'interrogation.
01:45 J'ai découpé des lettres dans l'écho de Paris.
01:57 Je me souviens quand j'étais gosse,
01:59 et j'ai collé ces lettres sur une grande glace en bois doré.
02:04 Et ça fait le mot "D'où vient l'argent ?"
02:08 Et j'avais 14 ans, je crois.
02:14 Je l'avais dans la baignoire à la maison.
02:18 Et mon père quand il a vu ça, il m'a dit "Henri, mais tu as des soeurs."
02:25 Je n'ai pas compris du tout pourquoi il me disait ça.
02:30 "Henri, mais tu as des soeurs."
02:32 "Henri, mais tu as des soeurs."
02:34 Ma mère militait pour la fermeture des bordels.
02:41 Les conversations de chère mère sont plus passionnantes que dans votre salon.
02:49 Ah oui, vous lui disiez ça ?
02:51 Oui.
02:52 "Ah, mon pauvre chéri, si tu avais un bon confesseur dominicain, tu n'en serais pas là."
02:57 Je n'ai jamais eu de confesseur dominicain.
03:00 Je me confessais plutôt aux filles des bordels, avec Pierre Joss et tous mes copains.
03:07 Et surtout c'était des cathodes gauches.
03:15 Ce n'était pas des...
03:17 Tu sais ce que c'est que les cathodes gauches ?
03:19 Non ?
03:20 Ça existe encore, je pense.
03:26 C'est de là que je sortais, quoi.
03:28 Puis je me suis tiré, j'étais en Afrique.
03:36 On est dans un monde de privilégiés.
03:40 Il ne faut pas gratter beaucoup et aller voir très loin pour voir la différence.
03:45 On est bien fringué, bon.
03:48 Il faut mettre ça au service de quelque chose.
03:51 On peut être vieillard et révolter.
03:54 J'étais en Toulouse.
04:02 Chaque fois que j'ai été repris, après m'évader.
04:06 Deux fois, je crois.
04:10 Je me suis fait un petit coup de pied.
04:18 On faisait 15 jours de cellule.
04:25 Et trois mois de compagnie disciplinaire.
04:29 Avant de retrouver, retourner en commando.
04:36 Je me sens toujours prisonnier, évadé.
04:47 Oui.
04:48 C'est Fleury Mérogis ?
05:08 Fleury Mérogis ?
05:10 Il faudrait que je retourne avec Sobane à Fleury.
05:23 Ça, j'ai pris à travers les...
05:25 À travers les planches.
05:40 J'ai juste passé l'appareil.
05:43 J'ai pris un petit peu de papier.
05:46 J'ai pris un petit peu de papier.
05:50 J'ai juste passé l'appareil.
05:53 Et j'ai rien vu.
05:55 C'est un peu flou, parce que les planches étaient comme ça.
06:02 Et je passais tout juste l'objectif.
06:05 Je regardais comme ça, et pas à travers le viseur.
06:08 Je ne pouvais rien voir.
06:10 Vous n'aviez pas vu l'homme qui sautait ?
06:13 Non.
06:14 C'est un coup de chance, alors.
06:18 Non, mais c'est tout le temps la chance, il n'y a que ça.
06:21 Il n'y a que la chance qui compte.
06:25 Il faut être disponible, c'est tout.
06:27 Il ne faut pas vouloir, c'est comme les rapports entre ça et ça.
06:32 C'est le hasard.
06:34 Quand on veut, on n'obtient rien. Il ne faut pas vouloir.
06:46 Il faut être disponible, et puis ça vient.
06:49 Mais là, c'est la géométrie.
06:57 C'est tout le cadre.
06:59 Il ne faut pas y penser, mais tout de même, là-bas, c'est la géométrie.
07:03 La divine proportion.
07:06 Intuitivement, je sais où ça tombe.
07:09 Mais ça, je ne peux rien dire de plus.
07:12 C'est le rythme plastique.
07:16 1, 618, 3, 1416.
07:20 C'est le nombre d'or.
07:23 Mais c'est où il tombe, le nombre d'or.
07:29 Il y a des cons pas qui vous le disent, mais c'est l'œil.
07:34 Moi, c'est la forme plus que la lumière.
07:37 La forme prime.
07:42 La lumière, c'est comme un parfum pour moi.
07:45 J'ai un attachement tout particulier pour cette photographie.
07:56 Parce qu'elle me rappelle à des souvenirs personnels,
07:59 mais aussi parce que ceux-ci me permettent de mieux comprendre
08:02 le rapport d'Henri Cartier-Bresson à la photographie.
08:05 Cela se passait en 1970,
08:08 dans un village où j'avais vécu des mois au cours des années précédentes.
08:12 Et quand Henri a pris la photo,
08:14 nous sortions à plusieurs de la maison même que j'avais habité,
08:17 et suivions le chemin le plus habituel pour s'en éloigner,
08:20 lequel passe à trente ou quarante pas,
08:23 devant cette place couverte,
08:25 d'où se découvre la vallée que domine Simian.
08:28 Or, cette place était presque constamment tout à fait déserte.
08:35 Et je ne me souviens pas qu'il eut, ce jour-là,
08:38 le moindre enfant à jouer sous son auvent.
08:41 Je ne remarquais même pas qu'Henri eût soulevé son appareil
08:45 et pris une quelconque photo.
08:47 Nous marchions, en effet, il n'avait pas ralenti.
08:50 Voici pourtant ce qui résulta de cet instant de passage.
08:54 Qu'est-ce que cela signifie ?
08:57 Nullement qu'Henri Cartier-Bresson soit un magicien
09:00 qui peut susciter des apparitions sur des places vides.
09:04 Non, la vérité est plus simple et beaucoup plus éclairante.
09:09 Quand d'autres sont distraits et inattentifs,
09:11 Henri, lui, est aux agrés,
09:13 prêt à la réaction qui ne demande même pas un instant d'arrêt,
09:17 pour aider la géométrie, comme il dit, à jouer son rôle,
09:21 pourtant évident et décisif dans le cadrage.
09:25 Que faut-il penser de cette attention à tout ?
09:29 Est-ce la façon d'être obsédé d'un professionnel
09:33 qui n'a souci que de son travail ?
09:36 Nullement.
09:37 Henri ne s'était pas détourné de sa conversation.
09:40 C'est plutôt comme si son intérêt pour tout au monde
09:43 est la même chose que parler avec ses amis.
09:47 Je suis très vieux, là. Ça s'accumule, les souvenirs.
09:53 Depuis le récensionnage, le reste s'estompe.
10:02 Ça revient quand on voit un visage.
10:05 Tout ça me revient avec une précision.
10:12 C'était écrit "Entrez sans frapper".
10:17 Et c'est eux qui m'ont frappé.
10:19 Quand j'ai vu ça, j'ai tiré, et après j'ai salué.
10:23 C'est une interrogation et en même temps,
10:27 on se prend un bras-le-corps avec la personne.
10:31 C'est même pas une fraction de seconde.
10:36 C'est un truc... Il faut le sentir intuitivement.
10:40 La sensibilité, l'intuition,
10:48 puis le sens de la géométrie.
10:51 Puis il n'y a rien d'autre.
10:55 On l'a ou on ne l'a pas.
10:58 Encore maintenant, c'est la seule chose qui m'intéresse.
11:04 C'est le portrait. Le visage.
11:07 Non, c'est ce qu'a Alberto.
11:12 Giacometti l'a appelé "Faire une tête".
11:24 C'est...
11:26 C'est le merveilleux Giacometti.
11:37 L'intelligence de...
11:42 ...
11:45 Pour tous les amis de Giacometti, ou de son oeuvre,
11:57 comme pour tous ceux d'Henri Cartier-Bresson,
12:00 cette photographie est une de celles qu'ils affectionnent le plus.
12:03 Je pourrais dire une icône,
12:05 si par ce mot on peut désigner la sorte d'image
12:08 où paraît quelque réalité qui transcende les images.
12:12 En l'occurrence ici, l'affection et l'admiration éprouvées par le photographe
12:17 qui s'est exprimé de surcroît un sentiment que beaucoup d'autres que lui partagent.
12:23 Une telle photographie, pas simplement un aspect fugitif d'un être,
12:29 perçu en une de ces secondes que Cartier-Bresson aime et sait saisir,
12:34 c'est l'avancée de cet être dans son rapport à soi le plus intérieur.
12:38 C'est son absolu.
12:40 Ce rapport à soi-même qui rendait Giacometti si immédiatement remarquable
12:45 et si profondément attachant,
12:48 ce geste de se couvrir la tête du vieux manteau l'emblématise parfaitement,
12:53 disons si bien l'insouciance fondamentale d'un homme qui n'avait pas de parapluie,
12:58 puisque même il n'avait pas de maison,
13:00 ne prenant jamais ce qu'on nomme des précautions.
13:05 Giacometti ne faisait oeuvre qu'à regarder hors de soi,
13:09 à ne pas même songer à être ce qui n'était pas son regard,
13:14 qu'on voit ici percé sous l'étoffe.
13:18 Mais autre chose encore.
13:21 Bien sûr, traversant la rue, attendu de l'autre côté,
13:25 Alberto se savait vu et comprenait que son geste avait de quoi amuser ses amis
13:31 et même signifier à leurs yeux ce qu'il savait bien qu'il était pour eux.
13:36 Mais faut-il voir en cela une coquetterie du théâtre,
13:41 plutôt un élan de confiance,
13:44 joué à ce qu'on est parce qu'on sait bien que ces quelques autres
13:49 savent de quoi il s'agit, pour le sérieux autant que l'amusement.
13:55 Et de la part d'Henri Cartier-Bresson,
13:58 cette photographie, c'est répondre à ce mouvement de confiance.
14:03 C'est comme serrer une main tendue.
14:07 Photographier ça demande une concentration énorme
14:14 et on ne peut pas faire conversation.
14:17 Je dis des conneries parce que les gens s'attendent à ce qu'on dise quelque chose.
14:22 Je dis n'importe quoi.
14:24 Je n'écoute pas ce que je dis, mais je regarde.
14:28 Bonnard, c'est la volupté.
14:34 Il dit « Pourquoi est-ce que vous avez appuyé à ce moment-là ? »
14:39 Écoutez, permettez-moi de vous demander,
14:41 pourquoi est-ce que vous avez mis un jaune ici ?
14:44 Puis il a rigolé.
14:47 Et Haricam ?
14:51 Très intelligent, Haricam.
14:54 Haricam est timide.
14:57 Il est trop habile, il sait tout faire.
15:03 Le tirage
15:05 C'est un problème ce sujet.
15:21 Nous aurions dû refuser cet original
15:23 puisque de mémoire nous savions que le tirage précédent était meilleur.
15:28 Plus complet, plus plein, plus intéressant, plus vif.
15:32 Et plus dans ce que l'on espère toujours faire avec les photographies de Cartier-Besson,
15:36 c'est-à-dire pas quelque chose d'écrasé, de lourd,
15:38 mais quelque chose de vif, de pointu, comme il est lui,
15:42 comme il se comporte, dans la vie.
15:44 C'est ça qu'on essaye de dire.
15:46 Il faut une certaine interprétation d'accord,
15:50 mais il ne faut pas modifier ce que l'on reçoit.
15:54 Par contre, il faut savoir, avec beaucoup de complicité,
15:59 interpréter et finaliser un sujet qui nous convienne parfaitement,
16:05 et puis qui lui plaise.
16:09 [Bruit de la machine à tirage]
16:13 [Bruit de la machine à tirage]
16:16 [Bruit de la machine à tirage]
16:19 [Bruit de la machine à tirage]
16:47 On a pu reprendre l'image de ce matin,
16:50 la traiter sur ordinateur, modifier ici différentes parties,
16:54 ajouter un tout petit peu de poids dans la partie essentielle,
16:58 créant ainsi une image qui paraît beaucoup plus ensoleillée,
17:02 qui paraît beaucoup plus vive, beaucoup plus...
17:04 Il y a une dynamique là, qui apporte du tout.
17:07 Dans le tirage original.
17:09 Ce léger poids souligne la dynamique de la photographie.
17:12 Absolument. Et même donne du sens à la fuite de la petite fille.
17:15 Moi je trouve ça vraiment tout à fait satisfaisant.
17:18 Très bien.
17:19 Donc on va avancer avec ça.
17:22 On va faire un paraff...
17:25 Un paraff...
17:26 Superbe.
17:27 Superbe.
17:28 Merci.
17:32 [Bruit de la machine à tirage]
17:58 [Bruit de la machine à tirage]
18:05 Ça fait longtemps que je ne photographie plus sur le trottoir.
18:10 Ou bien je lui dis, tiens, là il y a une photo.
18:13 Ou bien je n'ai pas l'appareil, ou bien je n'y pense plus.
18:20 Je ne peux plus dessiner.
18:28 Oui, il y a un moment, il faut arrêter.
18:31 Reprendre respiration. Il faut vivre, quoi.
18:34 C'est l'essentiel.
18:36 Parce que vous-même, vous avez changé, en fait.
18:38 C'est peut-être aussi un rapport au monde, un rapport au temps, ou...
18:41 Probablement.
18:44 Se remettre en question, il ne faut pas...
18:47 Le célèbre photographe m'a dit, tu sais, c'est dangereux.
18:52 C'est les palmes académiques.
18:56 On ne compare pas, ce sont deux choses différentes.
19:02 Mais à la base, tout de même, c'est le regard, le transcrire.
19:06 Pour moi, le dessin, c'est la moindre graffiti à un sens.
19:13 Un dessin, on le sent quand...
19:16 Ça suffit, pas aller plus loin.
19:18 Après, on va gâcher, on va noircir, ça va.
19:22 Il y a toujours une limite.
19:24 C'est d'avoir le sens de la limite quand il faut arrêter.
19:26 Quand on a dit la chose...
19:31 Après, on piétine, c'est l'amour, c'est plus simple.
19:36 Le dessin est un dessin.
19:39 [Le dessin est un dessin.]
19:43 [Le dessin est un dessin.]
19:47 [Le dessin est un dessin.]
19:51 [Le dessin est un dessin.]
19:54 [Le dessin est un dessin.]
19:58 [Le dessin est un dessin.]
20:02 [Le dessin est un dessin.]
20:06 [Le dessin est un dessin.]
20:10 [Le dessin est un dessin.]
20:14 [Le dessin est un dessin.]
20:19 [Le dessin est un dessin.]
20:22 N'oublie pas le menton, regarde le menton.
20:27 Regarde le menton.
20:31 T'as un crâne en pointe.
20:36 Oh, merde, maintenant, j'ai le crâne en pointe, je sais pas quoi.
20:42 Tu veux pas te changer maintenant, c'est trop tard.
20:48 Tu sais quoi, fais mes moustaches sombres.
20:51 Parce que mes moustaches ont blanchi il y a pas longtemps.
20:56 Il y a longtemps que je te connais.
21:00 Tu connais son moustache.
21:05 Non, ça, un moustache, tu pouvais pas me connaître parce que c'était une fois dans ma vie quand j'ai rasé le moustache.
21:11 Une seule fois. Et immédiatement, j'ai acheté des faux.
21:17 Et je me sentais nu, quoi.
21:20 J'ai appris ce que c'était d'écouter par l'ingénieur du son de Jean Renoir.
21:34 Quand on tournait la règle du jeu, il s'appelait de Brochtag, c'était "Ce que tu fais".
21:45 Quand il parlait de son métier, de la finesse, du "oui".
21:49 Moi je regarde, c'est différent.
21:55 Est-ce que c'est vraiment différent ?
22:00 À l'intensité, non.
22:05 Mais c'est deux outils différents qu'on utilise.
22:13 Moi je regarde, je regarde, je regarde, c'est une obsession.
22:16 Est-ce que vous avez appris à jouer d'un instrument quand vous étiez petit ?
22:21 La flûte, oui. Je l'ai vendue pour sortir avec des filles.
22:27 Une belle flûte comme ça.
22:30 Mon professeur s'appelait Caradget, élève de Moïse, du conservatoire.
22:37 Il m'a dit "non, c'est pas pour vous, faites de la peinture".
22:42 Vous n'avez pas d'oreilles.
22:44 Et j'écoute mal.
22:46 J'adore la musique, mais les notes fausses ne me gênent pas, vraiment.
22:54 Il y a quelque chose qui me manque.
22:57 Est-ce qu'on apprend à regarder ?
23:06 Est-ce qu'on apprend à baiser ?
23:10 Je te coupe.
23:12 Non mais un de ces jours il y aura des professeurs, profs de tout.
23:19 Apprendre à regarder, c'est d'aller au Louvre et de voir, je sais pas, de voir les Rubens.
23:29 Si vous apprenez à baiser, peut-être aussi de voir les Rubens.
23:34 Ça donne envie de baiser.
23:38 Il n'y a que ça qui compte dans le fond.
23:40 C'est l'amour.
23:42 Pas seulement l'amour physique, mais l'amour tout court.
23:46 L'amour de la vie, l'amour de...
23:52 L'amour de la vie, l'amour de...
23:54 Où allons-nous ?
24:18 Pourquoi choisir cette photographie ?
24:20 Parce qu'elle exprime de façon simple et bien entendu tout à fait involontaire l'essentiel du quartier Bresson.
24:28 D'autres que lui auraient demandé au petit garçon de marcher sur les mains et l'auraient alors photographié,
24:34 pour le contraste entre cet instant d'une vie et ces montagnes dans la lumière, qui sont de l'intemporel.
24:43 En cette occurrence, c'est évidemment l'enfant qui, par amusement de voir des étrangers sur la route,
24:49 a spontanément exprimé sa joie.
24:52 Et Henri était là pour danser avec lui, son leïca étant son corps, son sentiment, son esprit.
24:59 Et la photo, sa façon de partager ce défi, jetée ironiquement, joyeusement, à la pésantère.
25:08 Comprenons qu'il y a quelque chose de douloureux dans cette allégresse de l'enfant grec sur la route.
25:13 Nous savons, et il sait, qu'en son acte même, il exprime ce qu'il y a en lui de transitoire.
25:20 La vie bientôt le rattrapera, pour l'empêcher de marcher sur les mains.
25:24 Sa souplesse même rappelle que la jeunesse n'a qu'une heure.
25:29 Et c'est précisément de toute inquiétude que ce geste brusque fait fi,
25:35 et c'est une joie qu'il y a aussi dans la vie, qui en est peut-être la vérité,
25:39 qui en tout cas en constitue la beauté.
25:42 Et c'est ce défi que Cartier-Bresson comprend d'instinct, parce qu'il l'a fait sien de toujours.
25:49 C'est à ce défi qu'il contribue, en prenant joyeusement sa photographie.
25:55 Ne fait-il pas que passer lui-même dans ce lieu qui n'est pas le sien ?
25:59 Ne ressent-il pas qu'il n'y ait qu'une ombre ?
26:04 La vérité du voyage n'est pas de contempler du nouveau,
26:07 c'est de se savoir ce qui passe, sur l'arrière-fond de ce qui demeure,
26:12 et ainsi d'accéder à un regard plus profond qu'en tournant les pages des livres d'art.
26:18 J'aime pas les voyages, j'aime pas ça, j'aime pas les voyages, j'aime pas ça.
26:23 J'aime pas les voyages, j'aime pas ça, j'aime pas ça.
26:28 J'aime pas les voyages, j'aime pas ça, j'aime pas ça.
26:33 J'aime pas les voyages, j'aime pas ça, j'aime pas ça.
26:38 J'aime pas les voyages, j'aime pas ça, j'aime pas ça.
26:44 J'aime pas les voyages, j'aime pas ça.
26:48 Les voyagers, j'ai horreur de ça, enfin, on perd son passeport.
26:55 J'aime bien être dans un pays et puis le regarder.
27:12 J'ai passé tout de même trois ans en Orient sans rentrer en Europe.
27:16 Je pensais pas à la photo, j'étais là, je vivais.
27:20 Je vivais, puis j'enregistrais avec un appareil de photo, je voyais même pas le résultat.
27:24 J'envoyais mes films à Paris ou un laboratoire à Bombay,
27:30 puis je voyais pas le résultat, ça m'était égal.
27:34 Donc c'était plutôt l'aventure qui vous...
27:40 Depuis la choix, le tir photographique, ça a toujours été ma passion.
27:44 Ça y est.
27:46 J'avais montré ça à Gandhi, il me dit "quel est le sens de cette photo?"
27:56 Je lui dis "Claude, c'est un grand poète catholique,
28:01 sur les fins dernières de l'homme,
28:09 il passe devant un corbillard en louchant un peu comme ça,
28:13 et Gandhi a dit "ah, la mort, la mort, la mort" trois fois.
28:19 Puis il a refermé le livre,
28:22 puis il est parti à la prière,
28:38 puis tout est très bien.
28:41 [La Marseillaise]
28:45 [La Marseillaise]
28:49 [La Marseillaise]
28:53 [La Marseillaise]
28:57 [La Marseillaise]
29:01 [La Marseillaise]
29:04 [La Marseillaise]
29:08 [La Marseillaise]
29:12 [La Marseillaise]
29:16 [La Marseillaise]
29:20 [La Marseillaise]
29:24 [La Marseillaise]
29:27 Sous-titrage Société Radio-Canada

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