L’actrice et réalisatrice, enfant chérie du Festival de Cannes, ouvre le bal avec « Jeanne du Barry », présenté hors compétition. "L'Obs" retrace l'ascension de cette fille de Belleville, propulsée dans le milieu du cinéma par sa mère à l'âge de trois ans. De son histoire d'amour avec Luc Besson à l'adolescence, à la violence qu'elle a subie lorsqu'elle était enfant et qui a nourri ses premiers films, retour sur le parcours d'une des réalisatrices les plus connues de sa génération.
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00:00 C'est l'une des réalisatrices les plus connues de sa génération, peut-être l'une
00:05 des plus clivantes aussi.
00:06 Elle est au cœur de plusieurs polémiques et elle va ouvrir le festival de Cannes avec
00:10 son nouveau film Jeanne du Barry, où elle est devant et derrière la caméra.
00:13 C'est Maïwenn et voici son portrait en 3 minutes.
00:16 Maïwenn Lebescu a grandi dans le quartier de Belleville, à Paris, avec ses 4 frères
00:21 et soeurs dans un 3 pièces à l'ambiance bordélique.
00:24 Dès sa naissance, sa mère actrice a voulu faire d'elle une star.
00:27 Elle lui fait courir les castings.
00:28 A 3 ans, Maïwenn monte sur les planches, à 4 ans, elle débute au cinéma et à 6
00:32 ans, elle joue aux côtés d'Isabelle Adjani dans L'été meurtrier.
00:35 Ma mère ne m'aimait qu'à travers un écran de cinéma.
00:38 Quand vous allez au casting, elle vous oblige à vous tirer les cheveux.
00:41 Elle m'oblige à me tirer les cheveux, à me mettre en minijupe, à me tenir droite
00:46 comme un piqué, à mettre les seins en avant.
00:49 Plus tard, elle accusera son père, un guitariste breton devenu gardien de nuit, de l'avoir
00:53 violenté à partir de l'âge de 8 ans.
00:55 - On est partie, on va parler de ton papa.
00:57 - J'aime pas qu'on parle de lui.
00:59 - Ah bon, pourquoi ?
01:00 - Je n'ai pas envie de parler de lui, c'est tout.
01:02 Elle quitte l'école.
01:03 A 12 ans, Maïwenn traîne en boîte de nuit.
01:05 A 15 ans, elle rencontre Luc Besson, bien plus âgé qu'elle, dans les toilettes du
01:08 Fouquets.
01:09 Ils tombent amoureux, déménagent à Beverly Hills, ont un enfant.
01:12 Il la fait jouer dans Le cinquième élément, mais finit par la quitter pour une mannequin
01:16 avant la sortie du film.
01:17 - Mon mari était Luc Besson à cette époque.
01:21 Elle rentre à Paris dans l'anonymat, enfant sous le bras, 20 kilos en plus, sans compte
01:25 bancaire ni sécurité sociale.
01:27 - J'arrivais à Paris sans savoir vraiment où aller.
01:30 Maïwenn se cherche, règle ses comptes avec ses parents dans son spectacle One My Show
01:34 avant de produire son premier film, Pardonnez-moi.
01:36 Le début d'un cinéma vibrant dans un style documentaire qui raconte une mère égocentrique
01:41 et un père brutal.
01:42 - Quand on est habitué à recevoir des coups et de la douleur pendant un certain temps,
01:47 après, à 25 ans, on est en manque.
01:49 La violence, la brutalité, des thèmes qu'elle reprendra dans ses films, violence dans la
01:53 famille, dans Police, violence dans le couple, dans Mon Roi.
01:56 Pour produire ce cinéma nerveux, proche du réel, la réalisatrice laisse une grande place
02:01 à l'improvisation lors de tournages réputés électriques.
02:04 - Tout ce bordel, je veux le voir en scène.
02:08 - Il paraît que je suis intense.
02:10 Intense, oui, voire violente, puisque la réalisatrice a avoué tout sourire sur le plateau de l'émission
02:15 quotidien, avoir agressé le patron de Mediapart dans un restaurant en février.
02:19 Un geste qui lui a valu un dépôt de plainte et qu'Edwi Plenel explique par les enquêtes
02:24 de Mediapart accusant Lud Besson, l'ex-mari de Maïwenn, d'agression sexuelle.
02:28 Ses positions sur le féminisme lui ont valu plusieurs polémiques, la dernière en date
02:32 étant d'avoir fait jouer Johnny Depp, accusé de violence conjugale dans Jeanne du Barry.
02:36 En 2020 déjà, elle suscitait la controverse en défendant dans Paris Match Roman Polanski,
02:41 primé au César alors qu'il est empêtré dans plusieurs accusations d'agression sexuelle.
02:44 Il n'a pas eu le prix Nobel, il a eu un César, c'est pas très grave, il était absent,
02:49 on va arrêter d'en faire toute une choucroute.
02:51 Elle enfonce alors le clou en affirmant que les féministes disent beaucoup de conneries
02:55 et qu'elle aime se faire siffler dans la rue.
02:56 Jamais de siffler, so what, c'est mon problème.
02:59 Des positions qu'elle revendique nuancées et qu'elle avait commencé à développer
03:02 dès 2018 dans une lettre écrite après #MeToo.
03:05 Je réclame qu'on ne juge pas une femme si elle a eu besoin d'écrire un livre sur
03:09 son histoire de harcèlement sexuel.
03:11 Je réclame le droit qu'on ne juge pas une femme qui pense qu'on doit se débrouiller
03:15 seule après un viol.
03:17 Ne jugeons pas une femme qui aime la violence pendant qu'elle fait l'amour.
03:20 Ne jugeons pas une femme qui ne se remet pas d'une main aux fesses.
03:24 Ne jugeons pas des femmes intellectuelles qui prennent la parole et bousculent nos mœurs.
03:28 Par pitié, arrêtons de nous juger les unes des autres.
03:33 Sur la croisette, à l'ouverture du festival, c'est bien sur son film, Jeanne du Barry,
03:38 que Maywane sera jugée.
03:39 [Musique]