• l’année dernière
Bertoulle Beaurebec, autrice & artiste-performeuse était venue nous donner sa vision des choses
Transcription
00:00 S'il y a bien une catégorie de femmes que la plupart des personnes considèrent comme indéfendables,
00:04 c'est bien les putes et les femmes qui vont être libre sexuellement, donc salopes.
00:09 Je suis Vertoulmo Rebec, je suis artiste performeuse, travailleuse du sexe et autrice.
00:14 En étant ce qu'on peut appeler dans notre société une salope,
00:19 et en étant aussi une travailleuse du sexe dans la prostitution et dans le porno, donc une pute,
00:24 j'étais concernée par cette façon qu'on a de rabaisser les femmes qui ont une sexualité libre
00:30 ou qui vont exercer des boulots dans le cadre du travail du sexe.
00:33 Après le travail du sexe, il n'y a pas seulement la prostitution,
00:36 ça regroupe aussi le strip-tease, les feuillages, la domination BDSM.
00:40 Il y a énormément de boulots dans le travail du sexe aujourd'hui, il y en a de plus en plus grâce à Internet,
00:44 mais aujourd'hui on a une vision globale du travail du sexe et des travailleuses,
00:46 surtout travailleuses de femmes désespérées, qui n'ont pas d'autre recours,
00:51 qui ne savent rien faire d'autre, qui sont souvent obligées par un proxénète, par des réseaux.
00:55 La réalité bien évidemment est toute autre, elle est beaucoup plus complexe.
00:59 On n'est pas exploitées, on est travailleuses volontairement,
01:02 et c'est pour ça qu'on utilise cette expression-là.
01:04 C'est vraiment une volonté activiste de dire "si c'est un travail,
01:06 du coup on va s'appeler les travailleurs et travailleuses du sexe,
01:09 et on va se séparer de cette vision-là misérabiliste que la société a de notre métier".
01:14 La vague de féminisme abolitionniste est complètement en désaccord avec le travail du sexe,
01:19 elle est complètement contre.
01:20 À part, tu postulas que le désir romantique entre deux personnes
01:23 devrait être la seule raison pour laquelle on voudrait faire du sexe avec quelqu'un.
01:26 C'est-à-dire qu'elle considérerait que vendre des prestations sexuelles à des inconnues,
01:32 ce serait du viol tarifé, parce qu'elle se forcerait à le faire,
01:34 parce que le consentement ne serait pas total, etc. à leur endroit.
01:37 Et elle ne supporte pas qu'il n'y ait pas de la femme, mais qu'il y ait des femmes,
01:41 et que les sensibilités puissent être plurielles, et que non,
01:43 ce n'est pas parce que moi je décide de vendre des services sexuels
01:46 que je dis que toutes les femmes, potentiellement,
01:49 peuvent et doivent vendre des services sexuels pour être libres.
01:52 C'est faux. Moi, je ne représente que moi-même.
01:54 Et je pense que c'est l'essence même du féminisme.
01:56 Quand on arrête, entre nous, d'essayer de normer ce que ça veut dire,
02:00 d'être une femme respectable, d'être une femme qui va être libérée des injonctions patriarcales,
02:05 quand on accepte de se voir les unes entre les autres,
02:07 comme des entités, des personnes uniques, subjectives,
02:09 qui ont leur propre façon d'exister et qui ont leur propre désir,
02:13 je pense que là, réellement, mon féminisme aura fait un grand pas.
02:16 Mon féminisme est inclusif, en fait.
02:18 Chaque femme, à leur propre endroit, a le droit d'exister comme elle l'entend, en fait.
02:23 Et de s'habiller comme elle l'entend, de travailler comme elle l'entend,
02:26 de disposer de leur corps comme elle l'entend.
02:28 Moi, je ne comprends pas les autres formes de féminisme.
02:31 Pour moi, les féminismes sous condition, ça ne peut pas être du féminisme.
02:35 Parce que si le féminisme n'englobe pas toutes les femmes,
02:38 toutes les femmes, ce n'est pas du féminisme.
02:42 Alors, on est toutes à notre endroit,
02:43 on a toute l'impression de détenir les clés, la réalité et la raison sur la question du féminisme.
02:50 En tout cas, moi, ce dont je peux me targuer, c'est que le mien n'exclue personne.
02:53 C'est que le mien laisse la place à tout le monde, à toutes les femmes.
02:57 Toutes les personnes sexisées aussi, pas que les femmes.
03:00 Ça laisse une place aux personnes racisées, aux personnes handicapées,
03:05 aux personnes intersexes, aux personnes transgenres.
03:09 À partir de là, je ne vois pas à quel endroit ça pourrait mal aller,
03:15 quand on a un féminisme comme ça.
03:16 Par contre, quand on a un féminisme où c'est toujours les mêmes personnes qui ont la parole,
03:22 et surtout qui ont le sentiment que leur vécu est universel,
03:25 ça ne peut pas bien aller pour tout le monde.
03:26 Et du coup, ce n'est pas du tout inclusif.
03:29 Et c'est là où ça commence à faire du mal même aux personnes,
03:33 aux femmes aussi, aux personnes sexisées qu'elles prétendent soutenir.
03:36 Donc, moi, je suis pour la transparence.
03:38 [Musique]

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