A69 Toulouse-Castres : l'autoroute de la discorde

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A69, l’autoroute de la discorde qui doit relier Castres à Toulouse. Pour neo, Maxime s’est rendu sur place pour mieux comprendre le clivage radical autour de ce projet.

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00:00 L'autoroute va passer ici, 80 mètres de large, 1250 mètres de long.
00:04 C'est mon trou de bombe comme à Mariupol en Ukraine.
00:07 Émérus à moi, c'est l'autoroute.
00:11 Nous on n'a rien demandé, moi j'en veux pas de l'autoroute.
00:13 Faut pas avoir peur de ses opinions, on est pour, il faut dire qu'on est pour.
00:16 Si cette autoroute se fait pas, ça veut dire que plus aucun projet ne se fera dans notre pays ?
00:20 Je me trouve sur un tronçon de la route nationale 126
00:23 et c'est cette route qui va bientôt être transformée en autoroute
00:26 pour relier Castre à Toulouse, la fameuse A69, l'autoroute de la Tiscorne.
00:31 On est là !
00:34 Illégal, avantage, illégal, avantage !
00:37 En gestation depuis une vingtaine d'années, le projet divise de façon radicale.
00:41 D'un côté les tenants d'une facilité d'accès à Castre,
00:43 qui parle même d'un désenclavement,
00:45 et de l'autre ceux qui défendent plutôt l'écologie et qui parlent même d'une Gabgi.
00:48 Pour les uns, cette autoroute permettra de réduire les temps de transport,
00:51 ce qui fluidifiera la circulation et ce qui pourrait permettre de relancer les économies locales.
00:56 Mais pour les autres, pas question de toucher au territoire avec une autoroute trop chère
00:59 et surtout largement inutile.
01:01 Pour Néo, on a rencontré les deux camps et on ne voit pas ce qui pourrait les réconcilier.
01:05 Alors ici nous sommes sur mon exploitation qui s'appelle le domaine de Basialgue.
01:10 Puis Dominique Rougeau, agriculteur, gérant d'une entreprise agricole en production de grains
01:15 et qui s'est diversifiée il y a six ans de cela,
01:18 dans une production horticole de pivoines en fleurs coupées.
01:21 L'ensemble de mon entreprise, mais surtout cette production-là, est menacée par cette autoroute
01:26 qui va passer exactement là où je me situe actuellement.
01:30 Je suis au milieu, au terre-plein central de l'autoroute.
01:33 Sans cette production, l'équilibre économique de mon entreprise agricole n'est plus tenable.
01:38 Je n'arrive pas à m'y faire.
01:39 Mais d'habiter comme au bord de l'Oranka à Toulouse, non, ça, je ne peux pas m'y faire.
01:49 La vie sur place vraiment va être changée.
01:51 Est-ce que je vais déménager ? C'est une option.
01:55 Ce qui me préoccupe le plus, c'est la passion de ce métier que j'ai développé
02:00 dans les productions végétales qui est lourdement handicapée.
02:02 Et alors pour les jeunes qui me suivent, évidemment, il va falloir tout rebâtir quelque chose ailleurs.
02:08 Tous les riverains, que ce soit les agriculteurs ou autres,
02:11 parce qu'il y a des personnes qui ont perdu aussi leur maison,
02:13 il y a des compensations qui ont été faites,
02:15 il y a aussi des aménagements qui seront faits tout autour de l'autoroute
02:18 pour permettre justement de pouvoir se rapprocher.
02:22 Du coup, pour vous, votre route, vous y passez ou pas du tout ?
02:27 Je suis venue habiter à Semalens en 1992 et mon centre de coiffure se regouvert en 1995.
02:33 Donc voilà, ça fait déjà quelques années que je suis implantée ici.
02:36 Moi-même, au centre-ville de Castres, les boutiques qui ferment, les boucheries, charcuteries,
02:42 mais même également des commerces de textiles ou autres.
02:46 Et on voit cette situation se dégrader.
02:49 Ce n'est quand même pas un projet qui sort comme ça de nulle part et qui tombe sur un pied de sac.
02:56 Non, voilà, c'est vraiment quelque chose qui est utile, qui faut pour le territoire,
03:00 qui a été quand même étudié pendant de nombreuses années
03:03 et avec autour des acteurs économiques, des élus et toute une population
03:07 qui travaille pour justement le bienfait de ce projet.
03:10 Moi, je ne suis pas très sensible à l'argument du développement économique de l'autoroute Castres-Toulouse.
03:14 On sait très bien qu'il y a un effet inverse à ce qui est annoncé,
03:18 c'est-à-dire que les gens vont davantage aller à Toulouse qu'à Castres.
03:22 Vous voyez, c'est le bassin de vie premier qui attire les personnes.
03:25 Et une des conséquences dramatiques de ce projet concerne vraiment la disparition de la biodiversité.
03:30 Énormément d'espèces protégées sur l'ensemble du tracé qui vont être atteintes,
03:35 je dirais, à la fois dans leurs espaces ressources, dans leurs nidifications pour les oiseaux.
03:40 Il y a des milliers d'arbres qui vont être coupés, des arbres centenaires.
03:43 Alors même si à Tosca, le concessionnaire nous rassure en nous disant qu'il va planter encore plus d'arbres,
03:50 ces arbres centenaires, c'est quand même des refuges pour la biodiversité énorme.
03:54 Et ceux-là, on ne les reverra pas.
03:55 Les zones humides, pareil, ça a un impact écologique majeur.
03:58 Parce qu'on a toute une partie du village, et la carte n'est pas actualisée encore,
04:02 toute une partie du village qui est ici et l'autoroute, elle va nous séparer,
04:06 nous couper le village en deux, en plein milieu, absolument.
04:09 Mais bon, moi, je suis très inquiète.
04:10 Comme on est dans une vallée, on le voit avec le vent et tout ça,
04:14 des fois le bruit de la Nationale remonte.
04:17 Et avec une autoroute, c'est sûr qu'une vallée, elle va porter le bruit.
04:21 Les associations disent clairement qu'on va gagner 12 minutes.
04:24 Donc voyez, est-ce qu'on va dépenser un demi-milliard d'euros pour gagner 12 minutes ?
04:28 Est-ce qu'on a besoin, aujourd'hui, d'aller plus vite encore ?
04:32 Et d'aller plus chaudement, je dirais, puisque ça va être la conséquence.
04:36 Si on gagne 15 minutes par trajet, ce qui est la fourchette basse,
04:40 si on fait le trajet tous les jours, aller-retour,
04:44 30 minutes tous les jours dans le mois, je pense que ça fait beaucoup.
04:47 Ça fait du temps à passer en famille, du temps à travailler un peu plus,
04:49 du temps à faire des loisirs, donc c'est important.
04:51 Pour une entreprise de transport avec des poids lourds,
04:54 l'avantage numéro un, c'est la sécurité.
04:56 Quand vous roulez sur une autoroute, il y a quand même beaucoup moins d'accidents
04:58 sur les autoroutes que sur les Nationales.
05:00 Je ne connais pas le nombre de croisements qu'il y a de castres à Toulouse,
05:03 mais il doit y avoir un nombre de croisements impressionnant
05:06 et c'est clairement sur les croisements que les accidents ont lieu
05:09 et il y en a de nombreux chaque année sur cette route.
05:12 L'avantage numéro deux, c'est le gain de consommation.
05:14 Un véhicule comme celui-là consomme en moyenne 8 litres de moins sur une autoroute,
05:21 8 litres de moins aux 100 km sur autoroute que sur une Nationale.
05:25 Le bassin d'emploi de Castramazame est le seul bassin d'emploi de cette taille en France
05:30 à ne pas être relié par une autoroute, une gare TGV ou un aéroport international.
05:36 Et ça pose clairement un problème dans le développement économique des entreprises ici.
05:41 Oui, il faut que les opposants s'y fassent et qu'ils ne regardent pas que le côté négatif
05:47 qu'il y a de cette autoroute.
05:50 À un moment donné, il faut bien essayer de faire avancer les choses dans notre pays
05:53 comme les autres le font.
05:55 [Générique]

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