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Mardi 16 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Philippe Portenseigne (Directeur associé de l'expertise, EPSA Innovation & energy)

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00:00 [Musique]
00:06 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en visioconférence en duplex.
00:09 J'accueille Philippe Portenseigne. Bonjour, bienvenue.
00:12 Vous êtes directeur associé de l'expertise chez EPSA Innovation & Énergie.
00:17 Peut-être pour commencer, est-ce que vous pouvez nous rappeler ce qu'est le groupe EPSA ?
00:20 Le groupe EPSA, c'est un groupe de conseils opérationnels présent à l'international.
00:24 1500 collaborateurs pour quasiment 200 millions de chiffres d'affaires.
00:28 Notre métier, c'est d'accompagner la performance durable, comme vous le rappeliez tout à l'heure,
00:32 des entreprises comme des acteurs du secteur public et en particulier du secteur agricole,
00:37 qui est très concerné aujourd'hui par des enjeux de compétitivité, d'innovation, mais de transformation environnementale.
00:44 Et là, ça porte beaucoup sur la transition énergétique ou pas seulement ?
00:49 Alors, pas seulement. En fait, ce qu'on va voir tout à l'heure, c'est que l'État met en place un continuum de financement
00:55 pour accompagner toute la filière depuis les enjeux de compétitivité, de souveraineté, comme des enjeux environnementaux.
01:03 En fait, on est sur la ligne de crête qu'évoquait Emmanuel Macron hier sur l'industrie.
01:08 Le secteur agricole est en fait dans la même dynamique, à savoir qu'il faut combiner des enjeux assez anciens
01:14 de compétitivité, de souveraineté, plus récemment, puisque la crise ukrainienne notamment a révélé
01:20 quelques fragilités dans nos filières d'approvisionnement. Et puis, de l'autre côté, la nécessaire transformation environnementale
01:26 et sociétale avec tous les enjeux que l'on connaît, évidemment la gestion de l'eau, l'affrontement des enjeux climatiques
01:33 et puis le bien-être animal. Donc, l'agriculture est confrontée à de très, très grands enjeux qui, finalement,
01:40 caractérisent un peu ce que sont les défis de la France aujourd'hui dans le domaine industriel et économique.
01:47 Oui, c'est presque une équation impossible à résoudre pour les agriculteurs, si vous l'avez dit, si on parle de la guerre de l'eau,
01:53 l'inflation, la baisse de la consommation sur le bio. Est-ce qu'on peut parler d'une sorte de casse-tête stratégique
01:59 et économique aujourd'hui ?
02:01 Absolument. C'est un casse-tête stratégique, d'autant que c'est une profession qui est moins attractive.
02:06 C'est un univers qui est évidemment surveillé comme le lève sur le feu depuis des années au travers de la politique agricole commune.
02:14 Donc, il y a déjà beaucoup de financements qui ont été apportés pour soutenir la compétitivité et la modernisation des agriculteurs,
02:21 mais sont venus effectivement plus récemment se rajouter des enjeux plus criants encore sur le développement de l'environnement.
02:29 On l'a vu sur les débats autour des bassines, sur la gestion de l'eau, et on peut cumuler comme ça de nombreux exemples
02:36 sur l'utilisation de moins d'un trans. Et on constate évidemment que tout ça se fait dans un contexte de guerre économique,
02:43 non seulement avec le grand export, ça on le savait déjà, mais aussi à l'intérieur même de l'Europe.
02:48 Donc, c'est un casse-tête effectivement qui fait qu'aujourd'hui, l'État met en œuvre un certain nombre de financements inédits
02:54 qui n'existaient pas forcément auparavant, qui sont parfois plus fléchés, plus faciles d'accès.
03:00 On le verra tout à l'heure notamment sur ces agroéquipements innovants.
03:04 Alors, je veux bien qu'on rentre dans le détail tout de suite. Donc, c'est le plan France 2030,
03:08 il y a de nouvelles aides prévues effectivement pour le secteur agricole.
03:12 Pour bien comprendre, elles sont toutes conditionnées à une transformation vers l'agroécologie ?
03:17 Alors, elles sont à la fois conditionnées et en même temps, elles sont beaucoup plus faciles d'accès.
03:23 Le plus simple exemple, c'est de citer donc cet appel à projet qui a été lancé par France Agrimaire
03:29 et qui a été communiqué lors du Salon de l'agriculture en février dernier,
03:33 qui vise en fait à mettre en place un système de financement sur étagère d'un certain nombre de familles d'équipements.
03:38 Donc, si vous avez des devis sur des équipements qui sont référencés dans la liste qui est prévue par l'appel à projet,
03:44 vous êtes mécaniquement éligible à ces différents financements.
03:49 On peut citer quelques exemples très concrets dans les différentes familles d'équipements.
03:53 Vous avez aussi bien des stations météo connectées, des mélangeuses automotrices autonomes.
03:59 Donc, en fait, on parcourt finalement l'ensemble des matériels qui sont soit des matériels qui n'existaient pas dans les exploitations agricoles,
04:08 donc qui sont destinés à s'équiper pour mieux anticiper les problèmes climatiques, mieux anticiper la gestion de l'eau.
04:14 Et puis, on est sur des équipements mécaniques parfois un peu plus basiques, mais qui sont extrêmement précieux.
04:19 Ça peut être toute la mécanisation qui permet le désherbage mécanique et d'utiliser moins d'intrants chimiques.
04:25 Ça peut être également toute la transformation énergétique de certains équipements, passé de l'hydraulique à l'électrique, passé au méthane.
04:35 Donc, on a toute une famille d'équipements qui essayent de viser finalement un peu tous les enjeux qu'on évoquait tout à l'heure,
04:40 c'est-à-dire à la fois la préservation des sols, une meilleure gestion de l'eau, l'anticipation de sécheresse de plus en plus nombreuse.
04:49 Et puis, au final, donc, d'aider les exploitations à se moderniser, d'où la raison de ces taux de financement qui sont relativement élevés,
04:58 puisqu'on est sur des niveaux d'aide qui vont de 20 à 40 %, donc qui permettent aux agriculteurs de s'équiper plus rapidement dans ces dispositifs
05:08 qui, on l'a dit tout à l'heure, sont une équation qui est complexe pour eux.
05:11 – Donc, ce qu'on comprend bien, c'est vraiment un investissement dans du matériel moderne
05:14 qui permet d'accélérer la transition vers l'agroécologie, donc sur étagère, on a bien compris,
05:20 il suffit, voilà, on regarde sur la catalogue en quelque sorte le matériel qu'on va changer.
05:25 Est-ce qu'il y a d'autres types de financements innovants qui permettent d'accélérer cette transition ?
05:31 – Alors oui, il y a des financements aussi nationaux qui viennent aussi chercher à favoriser les initiatives territoriales pour changer de modèle.
05:39 Donc l'idée ici, c'est d'associer les territoires, les entreprises, les agriculteurs,
05:44 donc on met ici de la collaboration entre des fournisseurs de solutions, des chercheurs, des collectivités territoriales,
05:52 qui cherchent à renouveler finalement ce que c'est l'écosystème agricole et agroalimentaire,
05:57 parce que les deux sont étroitement liés.
05:59 Il y a, comme je le disais tout à l'heure, une volonté d'accompagner toute la chaîne dans ce qu'on appelle globalement l'alimentation saine et durable,
06:06 et qui doit combiner donc à la fois la compétitivité de la chaîne agricole,
06:11 et puis le fait qu'on a des attentes sociétales aujourd'hui de plus en plus fortes sur le bio, la naturalité.
06:17 Donc tout ça fait que l'État met en place des financements qui permettent finalement de tester toute la chaîne.
06:23 Donc en regard par exemple du financement sur l'étagère que j'évoquais tout à l'heure,
06:27 vous avez des financements évidemment pour les fournisseurs de solutions.
06:30 Donc ici on essaye de privilégier des industriels, des start-up françaises,
06:35 qui parfois ont du mal à industrialiser et à commercialiser leurs équipements.
06:40 Et donc là on leur donne un coup de pouce en leur disant,
06:42 voilà si vous proposez des capteurs, des robots, des drones, des nouveaux matériels
06:47 qui permettent aux agriculteurs de se moderniser, d'être plus performants et plus durables,
06:52 eh bien on va vous financer finalement cette démarche d'industrialisation,
06:57 et on va finalement faire la promotion de vos équipements auprès des agriculteurs
07:01 en finançant sur l'étagère, comme je le disais tout à l'heure, ces différents matériels.
07:05 Donc il y a vraiment un cercle vertueux à deux faces,
07:08 avec d'un côté des enjeux industriels et de l'autre côté des enjeux agricoles.
07:12 Sur la transition énergétique, l'idée c'est quoi ?
07:14 C'est d'inciter les agriculteurs, les exploitants à devenir producteurs déjà de leur propre énergie ?
07:21 Producteurs d'énergie, utilisateurs de matériel avec un mix énergétique différent,
07:25 puisque on a bien sûr, comme sur d'autres objets de mobilité,
07:31 la question de l'utilisation de quel carburant pour les tracteurs.
07:35 On a évidemment toute cette logique de production d'énergie,
07:39 comme on l'expliquait sur la méthanisation,
07:43 qui est quelque chose qui a été mis en œuvre il y a déjà quelques années,
07:46 mais sur laquelle on est très en retard par rapport aux Allemands.
07:49 L'idée c'est qu'aujourd'hui, il y a tout un mix énergétique à revoir,
07:55 sur certains agriculteurs, puisqu'on ne parle pas forcément de culture en plein champ,
08:00 vous avez aussi des agriculteurs qui sont sur des activités qui nécessitent des cerfs.
08:04 Ces cerfs doivent avoir des niveaux de performance énergétique plus élevés.
08:08 Là aussi, on retombe sur des matériels plus performants et plus innovants
08:13 pour que l'aération et l'utilisation de l'énergie soient meilleurs.
08:17 Donc vraiment, on est sur une vraie révolution agricole dans tous les sens du terme.
08:23 Les débats sur la compétitivité ne sont pas nouveaux,
08:26 mais ils viennent devenir de plus en plus aigus dans un métier qui,
08:30 on le disait tout à l'heure, souffre énormément par son attractivité, son manque de revenus.
08:36 Donc beaucoup d'enjeux qui font que l'État est au chevet des agriculteurs
08:41 pour les aider et les accompagner, notamment avec des financements plus nationaux,
08:46 là où les agriculteurs étaient très accompagnés au niveau régional par les fonds européens
08:51 que les agriculteurs connaissent bien.
08:53 Avec un contexte, on l'espère, conjoncturel, qui est celui de la baisse de la consommation du bio,
09:02 est-ce que vous sentez que c'est un frein aujourd'hui dans la démarche de certains agriculteurs,
09:07 de certains exploitants, pour aller vers une agriculture plus écologique ?
09:10 Bien sûr, bien sûr. De toute façon, il y a des freins majeurs à la conversion d'une manière générale.
09:14 En fait, on est sur des méthodes de production qui sont relativement anciennes
09:18 et même si aujourd'hui beaucoup d'initiatives sont prises pour basculer vers d'autres modes de production,
09:25 il y a encore un certain nombre de réflexes conservateurs.
09:28 C'est assez logique, on trouve des choses similaires dans l'industrie, le parallèle peut être fait.
09:34 Donc effectivement, conjoncturellement, on a cette baisse du bio pour des questions de pouvoir d'achat,
09:40 tout simplement, donc on en revient toujours à la même équation, c'est-à-dire comment combiner une alimentation saine et durable
09:46 avec des prix compétitifs et finalement une compétitivité qui est notamment liée à la taille critique.
09:53 On sait qu'en France, on a une diversité agricole qui est bien supérieure aux autres pays,
09:58 donc une gamme finalement de produits qui est très très étendue et des exploitations qui en moyenne sont beaucoup plus petites.
10:06 Donc il y a vraiment un changement de paradigme qui est très très important et c'est vrai que de manière un peu caricaturelle,
10:12 parfois on a tendance à opposer l'agriculture intensive et très compétitive avec une agriculture plus saine.
10:19 C'est ça le grand défi, c'est d'arriver à combiner une agriculture saine avec une agriculture qui change de dimension.
10:26 Merci beaucoup Philippe Portenseigne et à bientôt sur BeSmart.
10:30 On passe tout de suite à notre débat, la mode responsable au programme.

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