Chaque dimanche, #LeGrandRDV reçoit un invité politique dans le Grand Rendez-Vous, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos.
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00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous. Bonjour Loïc Lefloch, c'est votre grand rendez-vous ce dimanche.
00:06 Vous êtes un ancien grand dirigeant d'entreprise, vous avez été notamment à la tête d'Elfa Kitten, Gaze de France, la SNCF.
00:13 Vous êtes spécialiste des questions énergétiques et plus largement vous avez un regard acéré, lucide sur la situation de notre pays,
00:21 de notre puissance ou impuissance dans différents domaines, notamment dans l'industrie qui occupe l'actualité ces derniers jours.
00:28 Et puis nous évoquerons aussi l'image que la France renvoie en ce moment dans le monde.
00:33 Pour vous interroger, Loïc Lefloch Prigent, mes camarades, Stéphane Dupont-Deseco, bonjour à vous Stéphane.
00:37 Bonjour.
00:38 Et Mathieu Boccotte, bonjour à vous Mathieu.
00:40 Bonjour.
00:41 Alors Loïc Lefloch Prigent, je l'ai dit, vous avez dirigé de grandes entreprises, vous avez aussi énormément voyagé avec un regard large sur la situation du monde
00:49 et donc sur la place de la France. Comment décrivez-vous en quelques mots, en introduction, la situation ou l'état de notre pays selon vous aujourd'hui ?
00:57 Ça me rend triste parce qu'on est en plein drame, parce qu'on ne fait pas ce qu'on dit et par conséquent les Français d'abord,
01:06 mais aussi l'ensemble du monde, regardent bien les réalités de la France, c'est-à-dire un endettement fou, un déficit commercial abyssal et un déficit public qui continue.
01:19 Donc on ne prend aucune des mesures qu'il faut tout en disant qu'on fait le maximum, qu'on fait des tas de choses.
01:25 Oui, mais on ne fait pas l'essentiel, à savoir qu'on ne redresse pas le pays.
01:29 Et donc à certains moments, il y a des gens qui redressent les pays en disant "voilà, je prends les réalités et je les mets en place et je fais quelque chose,
01:38 en particulier l'industrie, l'énergie, mais aussi beaucoup d'autres choses" et là ce n'est pas fait.
01:43 C'est dit, il y a beaucoup de paroles, mais il n'y a pas d'actes, c'est-à-dire que l'efficacité n'est pas au rendez-vous.
01:49 Et moi, comme je suis un industriel, je regarde le produit qui sort, je ne regarde pas la parlotte qu'on a fait au départ.
01:55 Je regarde, est-ce que mon produit 1) est de qualité, 2) est-ce qu'il est vendu ?
01:59 Si jamais il n'est pas de qualité, il risque de ne pas être vendu, mais même s'il n'est pas de qualité et qu'il n'est pas vendu, ça ne...
02:05 Donc depuis quelques années, que des paroles ?
02:07 Que des paroles. Et des paroles qui peuvent être justes ou pas justes, enfin disons que ça, ça regarde chacun.
02:15 – Et Macron vient de faire une réforme des retraites qui est très impopulaire, contre l'avis de l'immense majorité de la population,
02:21 vous pensez que c'est...
02:23 – Ce n'est pas intéressant, c'est-à-dire que ce n'est pas le sujet.
02:25 Le sujet n'était pas sur ce programme des retraites, alors j'en veux à tout le monde dans cette affaire,
02:31 c'est-à-dire j'en veux aux chefs d'entreprise qui n'ont pas dit leur point de vue sur les retraites,
02:36 à beaucoup de gens autour, mais le problème des retraites n'est pas celui-là.
02:41 Le problème des retraites c'est d'abord de savoir quelle est la place du travail à l'intérieur de notre pays
02:46 et comment il va se développer, qu'est-ce qu'on va faire pour développer le travail et l'activité, c'est ça le sujet.
02:51 – Alors c'est pour indirugir, c'est difficile de faire des réformes, ce que vous appelez de "vourveux",
02:54 contre l'avis d'une population, est-ce que le problème c'est pas les Français ?
02:57 – Le problème c'est de savoir ce qu'on dit à la population,
03:00 qu'est-ce qu'on a dit à la population sur quel travail on veut faire et quel est le cap.
03:05 – On a dit la vérité ou pas ?
03:06 – Quel est le cap ?
03:07 – On a dit la vérité, la réalité de la situation ?
03:09 – Non, mais non, c'est pour ça que la population sait qu'on n'a pas dit la vérité,
03:13 par conséquent elle dit "mais où est-ce qu'on va ?"
03:16 Expliquez-moi quel est le cap, et le cap dans le domaine industriel,
03:21 je voudrais bien le connaître, on va en discuter j'espère aujourd'hui, mais moi je le connais pas.
03:25 – Alors vous posez un jugement sévère, Laurent Wauquiez, il y a quelques jours à peine,
03:29 dans "Le Point" utilise un terme fort pour parler de la situation de la France,
03:32 il dit qu'elle est en décadence, est-ce que c'est un terme que vous utiliseriez, reprendriez à votre compte ?
03:36 – Oui, déclin, décadence, moi d'une façon générale, je vois la paupérisation du pays,
03:44 c'est-à-dire que je vois des gens qui, il y a quelques années, étaient capables de dire
03:50 "je fais trois repas par jour", et aujourd'hui je vois des gens qui font un repas par jour,
03:54 ça c'est une réalité, et c'est pas la peine de me raconter de l'histoire,
03:58 moi il se trouve que je continue d'être industriel, je suis dans des PMI que je préside,
04:05 donc je vais voir les gens sur place et je me rends compte qu'effectivement,
04:10 les gens travaillent et les gens n'ont plus les moyens de vraiment vivre compte de leur travail,
04:16 et ça ça les affole, et c'est ça le sujet, alors maintenant on leur a dit
04:21 "voilà on va résoudre le problème des retraites, pour comment ? avec de l'arithmétique",
04:24 on a fait une réforme arithmétique, c'est pas ça dont ils se bronzent,
04:27 ils ont besoin d'une vraie réforme, et dire "qu'est-ce qui va nous arriver
04:31 s'il y a beaucoup moins de travail ?" alors on est en train de vous dire
04:35 "il y a des robots partout, il n'y a plus de travail, on va faire le revenu universel",
04:38 bon qu'est-ce que c'est le revenu universel ? c'est le RSA ? c'est quoi ?
04:41 c'est ça le sujet, donc il faut revenir au vrai sujet.
04:44 - Alors essayons de revenir au vrai sujet, puisque l'un des indicateurs de bonne forme d'un pays,
04:48 quand même, ça reste son industrie, et ça vous parle énormément Loïc Lefloch-Prigent,
04:52 le gouvernement met en avant malgré tout l'effort de réindustrialisation,
04:56 ce mot qu'on ne cesse d'entendre depuis des années, qui serait en marche,
05:00 ce que dénonce et dément l'opposition, mais où est la vérité ?
05:03 - Moi je ne suis pas, je ne suis ni dans la majorité ni dans l'opposition,
05:06 c'est pas mon sujet, mon sujet c'est celui de l'industrielle, et ce que je vois,
05:10 c'est une méconnaissance profonde, profonde, du politique, de ce qu'est l'industrie.
05:17 L'industrie ce n'est pas de mettre de l'argent n'importe comment, n'importe où,
05:21 ce n'est pas ça, de dire "c'est vert, c'est pas vert", ce n'est pas ça.
05:24 L'industrie c'est à un moment, des gens qui ont envie de faire quelque chose,
05:29 et qui peuvent ou qui ne peuvent pas.
05:31 Alors soit, aujourd'hui on dit "on va vous aider", d'abord il faut essayer de ne pas empêcher.
05:37 Aujourd'hui les gens qui veulent faire des choses sont empêchés,
05:40 sont empêchés par les administrations, par les militants des directions régionales
05:45 de l'environnement, par les textes, les normes, etc.,
05:50 par le fait qu'ils ont des contrôles dans tous les sens, etc.
05:53 Ils sont empêchés, donc mes directeurs de sites, puisque j'ai des directeurs de sites,
05:57 ils se sentent empêchés, on leur dit "ben non, il y a telle administration qui va arriver,
06:03 qui va faire ci ou ça".
06:04 Quand quelqu'un a envie de sortir de la maison, on fait une rupture conventionnelle,
06:09 et s'il y a un abandon de poste, en principe c'est assez facile,
06:13 on dit "voilà, une fois, deux fois, trois fois, ils ne sont pas là, abandon de poste".
06:16 Maintenant, on a réédifié l'ensemble de ces affaires, en disant qu'on simplifie.
06:22 A chaque fois on dit qu'on simplifie.
06:23 La simplification c'est un millefeuille supplémentaire.
06:26 Ils sont aujourd'hui empêchés.
06:28 D'abord on n'en empêche pas, et puis après on dit "est-ce qu'on aide ou est-ce qu'on n'aide pas ?"
06:32 Et je pense que l'essentiel c'est de savoir quelle est la volonté du chef d'entreprise
06:37 de réaliser quelque chose ou pas.
06:39 C'est ça le sujet.
06:40 Est-ce que vous avez envie ou pas ?
06:42 Alors aujourd'hui par exemple...
06:44 Depuis le début de ce quinquennat et même le précédent,
06:48 le ministre de l'économie met en avant une politique de l'offre
06:52 tournée vers les entreprises, en faveur des entreprises.
06:56 C'est un gouvernement pro-business comme il se vante lui-même ?
06:59 Pro-business de quoi ?
07:00 Je ne sais pas, est-ce que vous comprenez cette expression ?
07:02 On continue à définir l'industrie comme quelque chose qui est sale,
07:06 qui n'est pas bien et qui pose des problèmes.
07:09 C'est ça la réalité.
07:11 Et ça, ce n'est pas le cas.
07:13 Aujourd'hui, lorsque j'entends qu'on va faire de l'industrie verte
07:17 et qu'on va donner de l'argent à l'industrie verte,
07:19 qu'est-ce qui est vert ?
07:20 Est-ce que l'éolien c'est vert ?
07:22 La pâle d'éolienne n'est pas verte puisqu'elle ne peut pas être recyclée
07:27 et on l'enterre, donc elle n'est pas verte.
07:29 Si jamais je prends le bilan carbone de l'ensemble solaire,
07:32 éolien, voiture électrique, ce n'est pas bon.
07:35 Le bilan carbone n'est pas bon.
07:36 Alors c'est vert ou ce n'est pas vert ?
07:38 Le concept d'industrie n'est pas compris.
07:42 Vous avez une formule importante.
07:43 Vous dites finalement d'abord ne pas nuire.
07:46 Est-ce que c'est la fonction de l'État ?
07:47 Ça devrait être un surmonde.
07:48 De quelle manière pourrais-je ne pas nuire,
07:50 pourrais-je simplifier la vie ?
07:51 Ne pas empêcher et essayer d'avoir des fonctionnaires
07:54 qui ne seront pas des militants politiques anti-industrie,
07:57 c'est déjà pas mal,
07:58 et de regarder dans la forêt des normes
08:01 quelles sont les injonctions contradictoires.
08:04 C'est-à-dire qu'on prend une norme et puis on prend une autre norme
08:07 et puis on dit non, ce n'est pas celle-là.
08:09 Vous avez vu par exemple, lorsque vous avez voulu,
08:11 vous avez dit on ferme Fessenheim.
08:13 Très bien, on ferme Fessenheim, ce n'est pas bien
08:15 et je pense qu'il faut rouvrir.
08:16 Très bien, mais on dit on va mettre Roche-Roche dans la place de Fessenheim.
08:19 On met une mission à Fessenheim
08:21 pour regarder ce qu'on va faire comme industrie.
08:23 Et puis le jour où il y a des gens qui disent
08:25 "oui j'ai envie d'être là",
08:26 on leur dit "ah non, il y a la loi climat et résilience,
08:28 vous n'avez plus le droit d'artificialiser les sols,
08:30 par conséquent vous ne pouvez plus être là".
08:32 On dissout de la mission, on s'en va.
08:33 On est en train d'écrire un gâchis français.
08:36 Un gâchis complet.
08:37 Un gâchis complet, c'est-à-dire qu'on croit
08:39 que mettre de l'argent, ça va résoudre tous les problèmes.
08:42 Non, d'abord il faut qu'il y ait des hommes et des femmes
08:45 qui aient envie de faire quelque chose.
08:46 C'est ça le sujet.
08:47 Et quand j'ai fait le livre "Capitaine d'Industrie",
08:50 j'ai expliqué comment en 1945,
08:54 et dans les années qui ont suivi,
08:56 les gens avaient envie de faire des choses,
08:58 et puis à un moment, il manquait d'argent,
09:00 et d'autres, les financiers, l'État,
09:04 se sont mobilisés pour arriver à le faire.
09:07 Mais Dassault ne pouvait pas arriver tout seul à faire ce qu'il a fait,
09:09 parce qu'il était contre la meute.
09:11 Mais il a réussi parce qu'il avait envie.
09:13 – Loïc Lefreuil-Jean, tous les discours d'Emmanuel Macron,
09:16 ces derniers jours, jeudi, le déplacement de vendredi à Dunkerque,
09:19 selon vous il fait complètement fausse route ?
09:21 – Il est hors-sol, c'est-à-dire qu'il ne connaît pas l'industrie,
09:23 il ne sait pas comment l'industrie se développe.
09:27 L'industrie ne se développe pas comme ça,
09:29 ne se développe pas avec l'argent, et avec l'aide,
09:31 avec des subventions, avec des gens intelligents
09:33 qui disent "faites ci ou faites ça".
09:34 J'ai envie de faire quelque chose,
09:36 j'ai envie de faire quelque chose parce que mes clients,
09:38 mes clients me le demandent.
09:39 Par conséquent, je vais faire un produit parce que mes clients le demandent.
09:43 Et qu'est-ce qu'ils demandent, les clients, aujourd'hui ?
09:45 Ils demandent que le produit éventuel soit recyclable,
09:48 que l'usine soit bien tenue, ils demandent des tas de choses.
09:51 Moi j'ai des audits de mes clients à l'intérieur des usines que je dirige,
09:56 et ils disent "voilà, là c'est pas bien, là c'est pas bien,
09:59 parce que j'ai besoin de dire pour mes clients
10:02 que vous travaillez de telle et telle façon".
10:04 – La volonté, le cap, et puis après l'argent,
10:07 et puis en outre vous avez dit "le président ne connaît pas l'industrie".
10:11 – Non, il ne connaît pas.
10:12 – Et le pays, on vous posera la question dans quelques instants.
10:15 – Ah ben, c'est très bien.
10:16 – Vous qui avez aussi connu différents présidents de la République.
10:19 – Oui, c'est ça, depuis Pompidou.
10:20 – Et oui, depuis Pompidou.
10:21 Donc c'est toute une histoire de la Ve République à travers vous également.
10:24 Loïc Le Floch-Prigent se retrouve dans quelques instants.
10:27 Merci de nous suivre en ce dimanche avec notre invité Loïc Le Floch-Prigent.
10:32 Il est toujours en prise avec l'industrie, avec des entreprises.
10:36 Il a été un grand capitaine et à la tête de grandes entreprises,
10:40 Elfa Quitaine, Gaz de France, SNCF.
10:43 Nous parlons depuis tout à l'heure, Loïc Le Floch-Prigent,
10:46 de l'industrie, de l'état de notre pays.
10:48 Parlons aussi de ceux qui dirigent tout cela, les élites politiques, administratives.
10:53 Est-ce qu'elles mesurent justement la valeur de l'industrie,
10:56 l'importance de l'industrie dans un pays tel que le nôtre selon vous ?
11:00 – Je pense qu'aujourd'hui on en parle beaucoup
11:03 parce qu'on s'aperçoit que le fait d'être passé de 20% du PIB à 10% du PIB
11:07 nous met dans l'embarras, donc on se rend bien compte qu'il y a un sujet.
11:11 Alors on en parle, mais culturellement on continue à être sur l'idée
11:17 que l'industrie ce n'est quand même pas très bien
11:19 et que vraisemblablement le capitalisme est là derrière
11:23 et va orienter les gens pour faire des choses qu'ils ne devraient pas faire.
11:27 Et là on a une vision de l'industrie complètement erronée,
11:32 c'est-à-dire que les grands prédateurs capitalistes,
11:38 c'est d'abord des grands financiers qui font leur travail, c'est très bien,
11:43 mais l'industrie ce n'est pas ça, il y a la grande industrie,
11:47 Renault, Peugeot, Airbus, etc. et puis il y a une pluie de sous-traitants
11:53 et disons que 85% de l'industrie française est dans les mains de PMI
11:59 plus ou moins importante, aux alentours d'entre 10 et 100 personnes
12:04 et c'est cette industrie-là dont on parle, dont il faut parler.
12:08 Et cette industrie-là, elle est liée au client,
12:12 est liée aux produits et est liée à l'innovation,
12:14 c'est-à-dire qu'on est sans arrêt en train d'innover
12:18 et de faire en sorte que les process soient améliorés
12:21 et que les produits soient améliorés, que la qualité soit plus importante.
12:25 – Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce désamour des Français
12:27 pour l'industrie, ce décrochage ?
12:29 – C'est culturel, c'est-à-dire qu'on a une éducation…
12:31 – Les Français ou les élites, c'est pas la même chose,
12:33 les Français sont peut-être attachés, j'allais dire, à leur industrie
12:37 et peut-être que les élites ou les élites autoproclamées,
12:39 c'est pas la même chose.
12:40 – C'est deux choses différentes et en particulier,
12:43 il y a deux Frances différentes aussi, avec l'éducation nationale
12:47 qui n'aime pas l'industrie et qui la monte du doigt
12:51 et les Français qui travaillent dans l'industrie et qui disent
12:55 "non c'est important parce que c'est mon job qui est là"
12:57 et les commerçants qui disent "une fois que l'industrie a disparu
13:00 du village ou de la ville, à ce moment-là, mon commerce disparaît
13:06 et la ville disparaît".
13:07 Dans l'agglomération dans laquelle j'ai habité dans mon enfance,
13:15 le fait d'avoir supprimé une usine à un moment
13:18 a conduit à la disparition de la moitié de l'agglomération.
13:22 Bon alors, c'est encore plus visible si vous allez aux États-Unis
13:27 avec des centres comme Cleveland, vous apercevez qu'il y a
13:30 trois ou quatre quartiers qui ont quasiment disparu,
13:32 il n'y a plus que des SDF dedans.
13:34 – Mais permettez-moi d'insister, vous nous dites qu'il y a
13:36 un problème culturel peut-être en France par rapport à l'industrie
13:39 mais est-ce que c'est aussi un gâche, je reprends vos mots,
13:41 de la classe politique ?
13:42 – La classe politique ?
13:43 – Et à quel moment la classe politique a-t-elle décroché
13:45 les réalités industrielles du pays ?
13:47 Vous évoquiez de Pompidou à aujourd'hui,
13:49 à quel moment d'été reconnaît-on le décrochage ?
13:51 – Moi, puisque Mme Abouk m'a demandé ce que j'écrivais aujourd'hui,
13:58 aujourd'hui j'écris sur l'endroit ou le moment du décrochage,
14:05 et pour moi le moment du décrochage c'est lorsqu'on fait,
14:08 alors on fait de l'idéologie en politique,
14:11 on dit des choses qu'on ne fait pas forcément,
14:14 il y a un cynisme politique évident,
14:16 mais il y a un moment où on ne croit plus à ce qu'on dit,
14:19 c'est-à-dire qu'on est dans le déni complet,
14:21 et ce déni est arrivé pour moi en 97.
14:24 – Pourquoi le datez-vous à ce moment-là ?
14:27 – Parce qu'énormément de phénomènes sont arrivés à ce moment-là,
14:31 il y a eu l'arrêt de Superphénix, c'est-à-dire…
14:33 – C'est la cohabitation, c'est l'arrivée de Lionel Jospin au pouvoir.
14:37 – Oui c'est ça, 97 c'est la gauche plurielle
14:40 qui est idéologiquement verte d'aujourd'hui,
14:45 si je peux me le dire, et puis qui a des tas de fantasmes
14:48 et qui vont essayer d'appliquer leurs fantasmes.
14:50 – C'est la gauche qui a fait l'industrie en forme.
14:52 – Parmi ces fantasmes, il y en a un qui est horrible, pour moi,
14:55 c'est de dire "le travail va être partagé",
14:58 or nous sommes dans un siècle où effectivement c'est l'inverse qui se passe,
15:02 c'est-à-dire qu'on dit aujourd'hui qu'on est unique,
15:06 chaque individu est unique et il est capable de faire des choses,
15:09 c'est pour ça qu'il a cette volonté individuelle de s'épanouir.
15:15 Et on lui dit "non, non, non, le travail c'est pas ça,
15:17 le travail c'est épouvantable et on va le partager,
15:20 alors toi tu es là le matin, l'autre il est là le soir,
15:22 le lendemain etc. toi tu fais des RTT, tu t'envoies 3 ou 4 mois,
15:25 c'est pas grave etc."
15:26 Donc on lui dit "le travail c'est pas le sujet",
15:29 or le travail c'est le sujet.
15:31 – C'est ce qu'on veille aujourd'hui Loïc Lefloch-Prigent
15:34 quand on a vu à travers le prisme justement de la réforme des retraites,
15:37 on ne comprend plus trop le rapport, le gouvernement, l'exécutif
15:40 ne comprend plus trop le rapport des Français au travail,
15:43 c'est ce qu'on paye aujourd'hui ?
15:44 – On paye 97, j'essaie de formaliser, c'est plus insidieux que ça,
15:52 c'est plus progressif, mais fondamentalement à un moment
15:56 on a une idéologie sur le travail qui est "le travail peut se partager"
16:01 et il y a une quantité de travail qu'on va partager entre les individus,
16:04 peu importe, on va arriver, alors on passe, on pense à la semaine de 4 jours,
16:08 bientôt à la semaine de 3 jours, à la semaine de 2 jours etc.
16:10 et moi sur les machines, sur les machines, qu'est-ce que j'ai ?
16:15 J'ai des gens qui savent et des gens qui ne savent pas,
16:18 et si jamais le type qui sait il est en RTT, la machine ne tourne pas, point.
16:22 C'est ça la réalité.
16:23 – Est-ce que selon vous on peut inverser la tendance ?
16:25 Ou est-ce qu'on est sur une fronte ?
16:26 – Il faut, il faut, si jamais…
16:28 – Et comment ?
16:29 – Mais d'où va venir le sursaut ?
16:30 – Si jamais je parle, c'est parce que j'ai envie d'un sursaut,
16:32 j'ai envie que les gens comprennent, j'ai envie que l'industrie se remette au bout du jour,
16:37 vraiment, c'est-à-dire pas dans les mots, dans les faits,
16:39 qu'on comprenne que l'histoire par exemple qu'on raconte dans les journaux
16:44 que vous connaissez, à savoir la France doit être une industrie à haute valeur ajoutée,
16:49 des produits d'haute valeur ajoutée, c'est complètement idiot.
16:52 Moi je fais des produits qui sont simples,
16:55 mais je les fais avec des robots, du numérique, du etc.
16:59 de façon à ce qu'ils soient bon marché, et par conséquent que j'ai des clients,
17:04 c'est ça mon sujet, mais quelle est la valeur ajoutée ?
17:07 La valeur ajoutée je ne la crée pas des instruments nouveaux
17:10 qui sont à ma disposition, des nouvelles technologies,
17:13 mais j'utilise de nouvelles technologies,
17:14 donc il n'y a pas de mauvais produits et de bons produits.
17:18 Quand j'entends aujourd'hui parler du plastique,
17:20 on dit "plastique bashing, il faut enlever le plastique etc."
17:23 Heureusement qu'il y a du plastique,
17:25 le plastique va être augmenté par deux dans les 5 ans qui viennent dans le monde.
17:30 Pourquoi ? Parce que le plastique c'est la santé,
17:32 c'est la capacité de régler les problèmes de mortalité infantile.
17:37 Expliquez-moi comment vous faites du plastique ?
17:39 - Mais quel est le plus gros problème ?
17:41 - Vous deviez résumer le plus gros problème de notre pays,
17:44 est-ce que vous dites qu'on ne produit plus suffisamment ?
17:46 - Absolument, c'est ça.
17:47 - Vous êtes un pays de producteurs quand même.
17:49 - Voilà, et on ne produit plus agricolement, agriculturement,
17:52 on est en train de supprimer l'agriculture dans des conditions absolument folles,
17:57 que je vois puisque je suis breton et je suis dans...
17:59 Quand on enlève le dernier insecticide pour les pommes de terre,
18:03 soudain les types disent "on ne fera plus faire de pommes de terre".
18:05 Je dis à mes amis agriculteurs "non on ne peut plus faire de pommes de terre maintenant en Bretagne".
18:10 Ils disent "mais comment on mange en Bretagne, on fait des pommes de terre".
18:14 Et tout comme ça, le producteur est mal vu.
18:18 Et on a le sentiment que depuis un certain temps,
18:22 c'est arrivé au moment où on a dit "fablesse", c'est-à-dire "attention pas d'usine",
18:27 on a l'impression qu'on va pouvoir fabriquer des choses avec des algorithmes,
18:31 avec des applications, que l'industrie c'est ça.
18:34 Et c'est pas ça l'industrie, c'est faire les produits.
18:37 On a besoin de produits agricoles, on a besoin de produits de la pêche,
18:41 on a besoin de produits industriels et il faut les faire.
18:44 - Mais qu'est-ce qu'il y a de là ?
18:45 - C'est à nous de les faire.
18:46 On n'a pas une délégation à la Chine de la fabrication.
18:50 On ne dit pas "M. Gzi, c'est vous qui devez faire" et nous on va penser "non".
18:56 Le faire et le savoir-faire sont des notions claires.
19:01 C'est-à-dire que si je fais, je sais faire, si jamais je ne fais pas, je ne sais pas faire.
19:05 - A vous d'écouter, la France est devenue un pays de feignants.
19:08 - Non. Il y a énormément de gens qui ne sont pas feignants,
19:11 il y a énormément de gens qui veulent travailler.
19:13 Simplement on les empêche de travailler.
19:14 - Faites-vous le procès.
19:15 - C'est ça le sujet.
19:16 - Est-ce que vous faites le procès d'une classe politique ou le procès d'un pays ?
19:20 - De classe politique et d'une classe administrative.
19:22 C'est-à-dire de gens qui ont perdu la notion du bien commun, qui ont une idée...
19:29 - Gauche-droite confondue ?
19:30 - Quoi ?
19:31 - Gauche-droite confondue.
19:32 - Gauche-droite confondue, bien sûr.
19:34 Bon, alors après, il peut y avoir des variations personnelles.
19:39 - On va en parler.
19:40 De la manière avec laquelle Emmanuel Macron gère.
19:43 - Moi, je ne comprends pas comment, étant industriel,
19:48 j'ai des gens en face de moi qui sont de l'administration
19:51 et qui sont contents si je ferme ma société.
19:54 Je ne comprends pas pourquoi.
19:55 Ils devraient être là en disant
19:57 "J'ai envie que vous trouviez les moyens de garder l'usine."
20:00 Je me suis fait féliciter dans un endroit que je ne dirais pas
20:04 parce que j'avais fermé.
20:06 Par le préfet, par l'administration.
20:09 - On est venu vous dire "Félicitations, l'usine a fermé."
20:11 - J'ai pas eu un mot. J'ai pas eu un mot nulle part.
20:14 Et on m'a dit "Vous avez bien fait."
20:16 Parce que vraiment, c'était ça.
20:17 - Là où il y a eu des félicitations et même des applaudissements,
20:20 c'est quand il y a eu la fermeture de Fessenheim.
20:22 Vous en avez parlé.
20:23 On connaît votre expertise dans le domaine énergétique.
20:26 Là, c'est un vrai sujet où on peut s'interroger véritablement
20:29 sur le gâchis de la France.
20:31 - C'est humiliant.
20:32 - C'est une humiliation.
20:33 - C'est une humiliation.
20:34 La fermeture de Superphénix et la fermeture de Fessenheim,
20:36 c'est une humiliation.
20:37 C'est-à-dire que c'est une incapacité des ingénieurs, dont je suis,
20:42 à expliquer à la population et aux politiques la réalité.
20:46 C'est une humiliation pour nous.
20:48 Donc il fallait à ce moment-là un sursaut des ingénieurs.
20:51 Je ne suis pas en train de dire "Tout le monde a tort."
20:54 Mais je dis, nous ingénieurs, il fallait qu'on réagisse
20:57 beaucoup plus fort que ce qui a été fait.
20:59 Et mes collègues ont été faibles.
21:03 Ils n'ont pas porté la parole à l'intérieur de l'organisation patronale.
21:07 Il n'y a pas eu deux positions du MEDEF sur Fessenheim.
21:10 Il aurait dû en avoir une.
21:11 Comme aujourd'hui, sur le prix de l'énergie,
21:13 il devrait y avoir une position du MEDEF.
21:15 Etc.
21:16 Donc je crois qu'il y a un sursaut à avoir.
21:20 Et les industriels doivent avoir ce sursaut.
21:22 - Justement, pour qu'il y ait un sursaut,
21:23 il faut être d'accord sur le diagnostic de la situation.
21:25 C'est peut-être ça qui pêche également.
21:27 On va continuer à en parler avec vous, Loïc Le Floch-Prichon.
21:29 Également, votre regard sur la méthode de gouvernance actuelle en France
21:33 sur différents sujets.
21:34 On se retrouve sur Europe 1 et C News dans quelques instants.
21:37 Merci de nous suivre avec notre invité, Loïc Le Floch-Prichon.
21:40 Son regard sur l'état du pays, la place de la France dans le monde.
21:44 Nous allons en parler dans quelques instants.
21:46 Notre industrie et puis aussi, évidemment,
21:48 la manière de gouverner ce pays.
21:50 Loïc Le Floch-Prichon, vous avez connu de nombreux présidents de la République.
21:53 Vous avez dirigé plusieurs florons français,
21:55 notamment sous François Mitterrand.
21:57 Que pensez-vous de manière assez large de la méthode d'Emmanuel Macron ?
22:01 J'ai connu des gens fascinants.
22:06 J'ai commencé avec Pompidou et puis ensuite Giscard, Mitterrand, Chirac.
22:15 Ce qui me frappe, c'est le jugement qu'on porte sur la compétence
22:22 et la capacité des individus à diriger un pays et à diriger toujours.
22:28 Les gens ne se souviennent pas de la réalité,
22:34 de la façon de gouverner de De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand.
22:38 Ils n'étaient pas en train de dire qu'ils étaient intelligents,
22:41 qu'ils savaient tout et surtout, pas du tout.
22:43 Ils ne savaient rien sur rien.
22:45 Lorsque De Gaulle a décidé de faire le nucléaire,
22:49 il n'a pas décidé de faire le nucléaire, il y a quelqu'un qui est venu le voir
22:52 et qui lui a dit "Vous avez fait le nucléaire militaire,
22:55 il faudrait faire le nucléaire civil".
22:57 Et puis à la fin il a dit "Oui, c'est vrai, c'est ça qu'il faut faire".
23:02 Pompidou, c'était un grammairien, il avait des connaissances techniques sommaires.
23:10 Messmer, c'était un historien, un peu militaire, donc il ne connaissait rien non plus.
23:17 Mais il avait la vision et il écoutait les gens et il essayait de comprendre.
23:24 Et peut-être une culture générale ?
23:26 C'est ça.
23:27 Et peut-être, parce que vous avez une vision,
23:29 mais ils avaient peut-être aussi une culture générale qui leur permettait d'aborder les problèmes ?
23:32 Ils avaient une culture historique, une culture historique très profonde
23:35 et le sentiment d'être dans la continuité historique de quelque chose.
23:38 Et alors il y a une rupture avec cela ?
23:40 Il y a une rupture. La rupture, c'est à un moment,
23:44 je pense que, alors, moi je suis très dur avec le président Chirac
23:50 parce que je considère qu'il était très bon pour gagner les élections
23:56 et pas très bon pour gouverner.
23:58 Mais c'est ce que disent, certains disent la même chose, Emmanuel Macron,
24:00 très bon pour gagner, moins pour exercer le pouvoir,
24:03 et certains le reprochent même, avec le floccrochon, de ne pas sentir quand même la France.
24:07 Est-ce que vous comprenez un tel procès ?
24:09 Oui, oui, oui, tout à fait.
24:11 Je pense qu'il y a un moment où si jamais on n'a pas l'expérience,
24:15 il faut la voir avec des gens qui vous entourent, et par conséquent lorsque…
24:19 Encore faut-il être entouré, et faut-il les autres.
24:22 Et je pense que l'entourage est, par définition dans l'exercice du pouvoir,
24:30 qu'il soit d'entreprise ou de pays, est critique.
24:34 C'est-à-dire que si jamais on n'est pas entouré de gens qui vous disent
24:37 "non, là vous avez tort, vous avez tort, vous avez tort",
24:39 si vous êtes entouré de bénis, oui, oui, vous êtes cuit.
24:42 Et donc, la façon dont De Gaulle, Pompidou, Giscard ou Mitterrand,
24:47 ceux-là je peux dire comment je les ai suivis,
24:50 c'était un œil critique sans arrêt, avec des gens qui étaient là en disant
24:54 "mais non, c'est pas ça, c'est ça, c'est ça",
24:56 et derrière une culture de l'histoire.
25:00 Vous êtes en train de nous dire qu'Emmanuel Macron n'écoute pas, en fait,
25:04 parce que ça me paraît évident.
25:08 C'est-à-dire que je ne conçois pas qu'un président de la République
25:14 puisse dire une ânerie aussi importante que celle sur les centrales nucléaires avec l'eau.
25:20 Il va dire "on va recycler l'eau des centrales nucléaires".
25:23 Pourquoi c'est une ânerie ?
25:24 C'est une erreur, parce que vous voyez bien, quand vous avez une centrale nucléaire,
25:27 vous avez la vapeur d'eau qui s'en va.
25:30 Vous avez remarqué qu'il y avait un peu de vapeur d'eau aux centrales nucléaires ?
25:33 Non, elle s'en va, elle est pure, elle s'en va.
25:36 Donc c'est une ânerie.
25:37 Je ne peux pas concevoir qu'on puisse faire un discours basé sur le recyclage de l'eau nucléaire
25:43 sans qu'il y ait quelqu'un qui soit là et qui dise "non mais il y a un sujet, là vous dites une erreur".
25:49 Comment vous l'expliquez ? Est-ce qu'il y a ?
25:51 Vous le savez un petit peu, vous avez dénoncé depuis quelques années
25:55 une sorte d'entrisme, si je peux utiliser cette expression,
25:59 des lobbies antinucléaires au sommet, jusqu'au sommet de l'État,
26:03 ils restent, ils sont là, ils s'incrustent ?
26:05 Ils sont aujourd'hui présents partout, dans tous les interstices de la vie,
26:11 et c'est eux qui dominent la pensée d'un grand nombre de journaux,
26:17 mais aussi de l'agent de sécurité nucléaire, et surtout l'IRSN.
26:22 C'est une gangrène que vous décrivez.
26:24 L'Institut de Recherche de Sûreté Nucléaire, ce sont des antinucléaires.
26:28 Ce sont des gens qui ne voudraient pas qu'il y ait des entraînements nucléaires qui soient faits.
26:32 Et c'est la raison pour laquelle nous patinons dans la construction des entraînements nucléaires,
26:37 c'est parce que nous faisons des entraînements nucléaires en Chine en 5 à 7 ans,
26:42 et nous disons qu'en France on les fait en 15 ans, c'est les mêmes.
26:45 Pourquoi ? Parce qu'il y a l'ISN et l'IRSN.
26:47 Loïc Lefort-Prigent, le président Macron, il a quand même relancé le nucléaire.
26:50 Non, il a parlé.
26:53 Encore une fois, attention de ne pas prendre...
26:56 C'est normal, vous êtes dans la parole, et moi je suis en train de parler,
27:00 donc je veux dire voilà, il parle bien.
27:02 Depuis votre expérience.
27:03 Mais attention à regarder les actes, et non pas les paroles.
27:05 Et aujourd'hui, quelles sont les décisions ?
27:07 Il y a une loi qui est en discussion, qui vient d'être votée.
27:10 Et alors, est-ce qu'aujourd'hui, il y a de l'argent sur la table,
27:13 est-ce qu'on a enlevé le marché de l'électricité permettant de financer les entraînements nucléaires ?
27:18 Aujourd'hui, le marché de l'électricité n'existe pas pour le solaire et l'éolien.
27:23 Vous avez compris ?
27:24 On vous dit le marché de l'électricité ? Non, il n'existe pas.
27:26 Il n'existe pas à l'étranger non plus, lorsqu'on veut faire des centrales.
27:30 Il n'existe pas en Angleterre, il n'existe pas aux Etats-Unis.
27:33 Donc il n'y a pas de marché.
27:35 Nous, on fait un marché, on dit on reste sur le marché, on reste sur le marché.
27:38 On pourra construire des entraînements nucléaires quand on les financera.
27:41 Comment on peut les financer ? Lorsqu'on aura un tarif garanti.
27:45 C'est comme ça qu'on finance des trucs à 2 à 3 milliards, on les finance avec un tarif garanti.
27:49 Donc on enlève le marché.
27:50 Donc on aura un tarif garanti.
27:52 Où est le mécanisme qui permet de dire aujourd'hui je lance le financement ?
27:57 Et si jamais je ne lance pas le financement, qu'est-ce que je fais ? Je fais des paroles.
28:01 Donc depuis deux ans, on parle.
28:04 Vous avez le sentiment qu'on agit.
28:07 Alors qui agit ? Les industriels agissent, pourquoi ?
28:10 Parce qu'ils savent que ça va venir et ils disent je vais quand même me préparer.
28:14 Mais je me prépare, pourquoi ? Parce que j'ai un marché qui est en Chine, j'ai un marché qui est en Russie,
28:20 j'ai un marché qui est en Finlande, que je termine, on va terminer, et j'ai un marché en Angleterre.
28:26 Donc j'arrive à avoir de l'argent et par conséquent je vais me préparer à ce qui va arriver.
28:30 Mais qui prépare ? Est-ce qu'il y a un français qui prépare ?
28:32 Est-ce qu'il y a un type qui est là, qui est monsieur, qui va organiser l'Angleterre ?
28:38 Vous n'êtes pas de mauvaise foi quand même, parce que le nucléaire, il y a eu un revirement.
28:42 Oui, de parole. Et ce revirement de parole est important, je l'admets.
28:47 Mais les paroles maintenant c'est là. Moi je suis industriel, je cherche l'efficacité.
28:52 Où est l'argent ? Où est l'individu ou les individus qui commandent ?
28:57 Est-ce que vous pouvez imaginer qu'on va faire des centrales nucléaires,
29:00 six centrales nucléaires dans les prochaines années, avec aucun directeur de projet ?
29:04 Où sont les directeurs de projet ?
29:05 Depuis le début de notre entretien, vous revenez toujours sur une thèse qui revient.
29:08 Vous dites "on parle", et le commun des français, le démortel, ça se dit "ils parlent donc ils agissent",
29:13 mais les actes ne suivent pas les paroles. Est-ce que de ce point de vue, on peut dire que
29:16 la France politique vit une forme d'illusion, coupée de la réalité, et les français participent à cette illusion ?
29:21 Absolument, ils participent à cette illusion, puisqu'on leur dit "voilà c'est bien, voilà c'est bien, voilà c'est bien".
29:26 Donc ils participent, oui. On manipule, on manipule très très bien, je reconnais.
29:31 Simplement, pendant ce temps-là, moi ce que je constate, c'est qu'on a diminué de façon importante
29:37 le potentiel industriel de la France, et qu'on continue à le faire,
29:42 et que le nombre d'entreprises qui ferment à cause du prix de l'électricité est extrêmement important aujourd'hui.
29:48 On n'a rien fait, on n'a rien fait sur le sujet.
29:51 Moi j'ai, dans mes PMI, j'ai une pauvre entreprise qui payait 60 euros le mégawatt-heure,
29:58 qui paye 600 aujourd'hui, je me débat depuis maintenant un an pour dire "c'est pas possible que je paie 600,
30:04 parce que je mets la clé sous la porte". Mais j'ai pas de répondant. Ça intéresse personne.
30:09 Ça doit se régler au niveau européen, on avait beaucoup parlé du marché européen de l'électricité,
30:13 puis le sujet, on est passé à autre chose, un sujet chassant l'eau.
30:17 Voilà, on zappe. Sur la retraite on va zapper, mais le sujet de l'énergie il reste là.
30:22 C'est-à-dire que les boulangers qui... Moi j'ai le télégramme de Brest et de l'Ouest de façon régulière,
30:30 parce que c'est le journal de chez moi, je vois bien les boulangers qui ferment.
30:34 Quand vous allez au Fawet, le type au Fawet il a dit "ben non, moi je ne ferme pas".
30:37 – Mais finalement, Loïc Lefloch-Fréjean, depuis le début de ce grand rendez-vous,
30:40 vous décrivez aussi un système politique qui est déconnecté avec un lien distendu avec les Français,
30:46 et la vraie réalité des Français. Est-ce que pour vous la politique doit être une affaire de professionnels,
30:50 de la politique, de gens qui labourent le terrain, qui sont à portée d'engueulade comme on dit,
30:55 et qui connaissent le terrain ?
30:57 – Il faut un peu de professionnalisme quand même, c'est-à-dire qu'on ne peut pas s'improviser,
31:00 on ne peut pas s'improviser nulle part, de la même façon dans l'industrie non plus.
31:06 Alors on peut être amateur, à un moment on dit "j'ai envie de faire quelque chose",
31:09 bon alors ce quelque chose c'est en principe le type il devient maire,
31:14 parce qu'on lui dit "tu serais bien comme maire", il devient maire puis après...
31:18 – Après il y a des députés maires, des sénateurs maires.
31:21 – Je pense qu'un des soucis de notre pays aujourd'hui, c'est que les députés ne sont plus maires,
31:27 et que l'ensemble de la classe politique s'est complètement déglinguée.
31:32 – On a aseptisé ce...
31:34 – Complètement, et ça, ce mécanisme qui consistait à avoir des députés maires,
31:40 des gens qui étaient dans la région terrain, était un mécanisme absolument indispensable,
31:45 et le fait de l'avoir enlevé est une erreur capitale, alors ça fait partie des erreurs 97,
31:50 l'origine est bien là, en 97 toujours, l'origine c'est de dire "mais non, attention parce que...",
31:55 et il y a cumul des mandats, par conséquent il va falloir travailler sur le cumul des mandats.
31:59 – Il faudrait pouvoir cumuler de nouveau les mandats ?
32:01 Il faudrait pouvoir les cumuler de nouveau selon vous ?
32:03 Ça serait faire venir aux députés maires ?
32:05 – C'est la sagesse, vous avez aujourd'hui des leaders politiques qui sont importants,
32:11 dont celui dont a parlé Mathieu tout à l'heure, qui étant président de région sont du part,
32:18 donc il y a bien un sujet, la parole de David Lysnard aujourd'hui,
32:26 comme président de la association des maires de France,
32:29 qui est écuménique à l'intérieur de... j'en sais quelque chose,
32:34 c'est une parole qu'il porte, mais elle n'est pas la saison nationale,
32:38 on voit bien notre système à décrocher à ce moment-là,
32:43 parce qu'on a cumulé des mandats, pourquoi cumuler des mandats ?
32:45 Il gagne trop d'argent, il gagne trop d'argent, il gagne trop d'argent,
32:47 alors on part sur l'argent, on est allé chercher l'argent partout, la transparence.
32:51 – Loïc Lefloch, on va marquer une pause et puis évoquer votre regard de la France,
32:56 mais par rapport au reste du monde, parce que nous avons beaucoup parlé évidemment de notre pays,
33:01 comment nous sommes perçus aujourd'hui, vous connaissez bien le continent africain,
33:06 vous y avez été, vécu et tout cela, et vous allez nous dire comment aujourd'hui,
33:10 nous sommes perçus, est-ce que nous sommes remplacés,
33:12 notamment par les Chinois et les Russes ?
33:14 A tout de suite.
33:15 Et surtout notre invité, Loïc Lefloch-Prigent,
33:18 vous restez le Français ou l'un des Français les plus connus en Afrique,
33:21 à la fois, disons-le, pour de très bonnes raisons,
33:24 et puis aussi pour des procès retentissants des affaires,
33:28 et je voudrais qu'on évoque surtout aujourd'hui votre regard, Loïc Lefloch-Prigent,
33:31 sur la place de la France sur le continent africain et plus largement dans le monde,
33:34 d'abord sur le continent africain, c'est large,
33:37 mais comment est-ce qu'on est perçus aujourd'hui, de votre point de vue ?
33:40 Je pense qu'on est mal perçus parce qu'on n'a pas bien travaillé sur la conception du monde
33:50 et notre conception vis-à-vis aussi bien du Maghreb, de la Libye que de l'Afrique subsaharienne.
34:00 Je crois que l'essentiel de la France, c'est la connaissance intime des cultures africaines,
34:08 et ça, on est, je dirais, imbattable sur le sujet.
34:12 Nous sommes complètement dans une grande partie de notre population,
34:18 et oui, dans des régions que vous n'imaginez pas,
34:22 comme la Bretagne où Kofi Amgan est devenu maire d'un côté de Brest,
34:27 on a une culture africaine profonde et un mélange culturel profond,
34:33 et on comprend la manière dont ces cultures africaines se sont développées,
34:38 et on les respecte profondément.
34:41 Il y a énormément d'études africaines qui sont...
34:43 C'est là notre richesse, et cela va continuer.
34:49 C'est-à-dire que nous sommes influents parce que les gens ont envie de nous...
34:54 - Est-ce que tu es influent parce qu'on a envie de nous, dites-vous ?
34:57 - De notre culture.
34:58 - Pourtant, il y a une forme de ressentiment.
34:59 - De notre culture.
35:00 Alors, l'autre côté, il y a pile-face, c'est qu'on a cru, et on nous a un peu forcé la main,
35:09 c'est-à-dire que les Américains, comme les Européens,
35:11 ont dit "c'est quand même votre noyau, mais il faut que vous..."
35:13 On nous a pris comme force d'intervention à l'intérieur du continent.
35:18 Force d'intervention, pour moi, c'est directement force d'occupation derrière.
35:23 - Vous faites un lien aussi direct, c'est-à-dire parce qu'on intervient,
35:29 et souvent il faut le dire, pour lutter contre le terrorisme
35:32 et au prix du sang pour nos soldats également,
35:35 alors on est vu forcément comme une force d'occupation.
35:37 - Absolument, parce qu'on reste. Il faut savoir partir.
35:40 Et donc là, on s'est installé, et on devient force d'occupation.
35:45 Pour des tas de raisons, essentiellement,
35:48 parce qu'il y a une différence profonde financière
35:53 entre les soldats qui sont là-bas et les types qui sont sur le terrain.
35:56 Donc l'adhésion financière conduit à des allégements.
35:59 Et donc il fallait comprendre ce phénomène,
36:02 et essayer soit d'intégrer beaucoup plus les pays européens et les Etats-Unis,
36:10 soit se mettre toujours en disant "c'est nous".
36:13 - Je ne veux pas que Louis Cleflog préjuge quand on est intervenu au Mali,
36:15 "qui est venu avec nous ?"
36:16 - Personne. Par conséquent, il fallait savoir se retirer.
36:19 - Et au Mali, on s'est retiré, le ressentiment anti-français,
36:22 même le sentiment anti-français ou anti-blanc est extinct.
36:26 - Le ressentiment est venu du fait que nous ne savions pas,
36:30 c'est parti assez vite.
36:32 Il faut savoir, parce qu'on a voulu manipuler derrière
36:35 les remplacements de chefs d'Etat au Mali.
36:38 Pas d'illusion, c'est bien ça qu'on a fait.
36:41 On a voulu faire ça. Et ça, c'est pas notre problème.
36:44 Et donc il faut, si jamais on a ce bagage culturel,
36:48 il faut revenir à qu'est-ce que ça peut être la démocratie en Afrique,
36:52 est-ce que ça peut être une démocratie qui ressemble à un autre,
36:54 avec les élections, avec grand succès, que nous connaissons,
36:58 avec beaucoup d'abstention, etc.
37:00 Est-ce que c'est ça que nous proposons à l'Afrique ?
37:04 Ou est-ce que c'est leur démocratie qu'il faut qu'ils construisent
37:07 avec notre aide, mais notre aide culturelle ?
37:09 Et donc, il fallait mettre en avant notre culture,
37:12 notre éducation, etc. Et non pas les militaires.
37:16 Et donc nous avons fait un mauvais choix, et nous nous sommes apparus
37:20 comme des gens qui voulaient arriver en Afrique et garder une mainmise
37:26 sur la sécurité du continent avec des militaires.
37:29 Mais vous noterez que les influences étrangères demeurent en Afrique,
37:32 si c'est plus c'est l'essence, celle de la France, c'est celle de la Chine,
37:35 c'est celle de la Russie, et de ce point de vue, finalement,
37:37 est-ce qu'on pourrait pas dire qu'une partie de l'Afrique se tourne
37:39 vers de nouvelles références, et que la France est simplement balayée ?
37:42 Elle se tourne économiquement. C'est-à-dire que, économiquement,
37:45 nous avons été incapables, compte tenu de notre endettement
37:48 et compte tenu du fait que nous étions, c'est là où on revient,
37:52 à la puissance que nous avons perdue, nous étions incapables
37:55 de faire les efforts qu'il fallait que les Chinois, les Turcs
37:59 ou les Américains pouvaient faire. C'est-à-dire que nous nous sommes dit
38:03 "il faudrait que la Banque mondiale intervienne, la Banque mondiale intervienne,
38:06 la Banque mondiale intervienne, la Banque mondiale, c'est deux ans, trois ans,
38:09 c'est rare, et pendant ce temps-là, il y a l'exime banque de Chine
38:12 qui arrive, on met la jambe sur la table, fini. Donc c'est ça, c'est ça qui a été
38:15 notre faiblesse, c'est de considérer que nous pouvions rivaliser économiquement
38:19 avec ces gens-là. On ne pouvait pas. Alors il fallait trouver autre chose.
38:23 - Quitter le terrain économique, mais... - Quitter le terrain économique, non.
38:26 - Il y a quelque chose de profondément injuste avec le floc préjant,
38:28 parce que par rapport au Mali, nous avons été et nous sommes
38:31 une force de projection, je l'ai dit, quand même, avec des pertes importantes,
38:35 même si peut-être on est resté trop longtemps, mais nous avons...
38:38 - C'est complètement injuste. - Et nous nous montrons des intérêts
38:40 qui ne sont pas... - C'est complètement injuste.
38:42 La situation actuelle au Mali, comme au Burkina Faso, etc., à notre égard,
38:47 est complètement injuste. Simplement, il faut balayer devant notre porte
38:50 pourquoi c'est arrivé, et qu'est-ce qu'on a fait, et qu'est-ce que,
38:54 par conséquent, on peut faire. Donc si on veut faire quelque chose,
38:57 il faut revenir à l'éducation, la culture, et aux besoins de tous ces pays,
39:02 y compris les pays qui sont francophones, ne me trompez pas,
39:05 c'est-à-dire l'Ethiopie, le Mozambique, sont attirés par la France.
39:09 C'est beaucoup plus large. - Le floc préjant.
39:11 - C'est ça qu'il faut faire. Et il faut arriver à oublier ce qui a été fait,
39:19 mais je pense que c'est fait avec bonté, avec générosité,
39:24 les Mithères qui sont partis là-bas...
39:29 J'ai participé à un certain nombre de choses là-bas,
39:33 et ils disaient "il faut absolument qu'on sauve le monde".
39:36 Tout ça a été bien fait, simplement, le chef d'État doit réfléchir à ce qu'il fait.
39:41 Et il n'y a pas eu cette réflexion, ni avec le chef d'État François Hollande,
39:47 ni avec le suivant. - Justement, quand Emmanuel Macron a été élu,
39:51 il a fait des discours en disant qu'il voulait engager la France
39:53 dans une nouvelle relation avec l'Afrique, que la France-Afrique s'était terminée.
39:57 Est-ce que cette promesse a été tenue selon vous ?
39:59 - Ça n'a pas de sens. La France-Afrique, c'est un concept journalistique.
40:03 - Il y a eu des réalités quand même. Certains d'entre vous les avez connues.
40:08 - Oui, mais c'est fini. - Comme ça, le cordon a été coupé
40:13 de manière aussi nette et franche. - À l'heure actuelle, du point de vue économique,
40:20 allez sur le terrain et vous allez voir que c'est fini, ce n'est pas le sujet.
40:24 On peut dire maintenant encore pendant 10 ans que la France-Afrique, c'est fini,
40:28 c'est pas le sujet. Le sujet, c'est qu'il y a eu effectivement des liens difficiles
40:34 au moment de l'Union française et l'ensemble du phénomène de décolonisation,
40:43 où l'économie française a voulu continuer à rester là-bas avec, en plus,
40:50 le franc CFA qui n'a pas arrangé les choses. - Pour vous, c'est une autre étape
40:55 qu'il faut reconstruire. J'aimerais qu'on évolue sur la perception de la France
40:58 dans le monde, parce qu'il y a évidemment l'Afrique et son importance.
41:01 Il y a aussi ce qui se passe plus près de nous avec la guerre en Ukraine.
41:05 Et puis, il y a une forme de recherche, une troisième voie française.
41:09 Emmanuel Macron a tenté cela en parlant de la Chine et Taïwan.
41:12 Cela a provoqué une avalanche de critiques. Mais pourquoi ?
41:15 Est-ce que, pour vous, on est condamné à une forme de suivisme des Américains ?
41:20 Ou est-ce qu'on peut trouver une troisième voie entre des blocs qui peuvent nous écraser ?
41:24 - Il faut revenir à la puissance que nous pouvons avoir.
41:29 La puissance économique, nous l'avons particulièrement effritée.
41:32 Et donc, nous ne pouvons pas dire, économiquement, nous allons faire ci ou ça.
41:36 Les Turcs ou les Russes ou les Chinois sont meilleurs que nous en la matière,
41:40 et les Américains encore plus. Donc, qu'est-ce que nous pouvons apporter ?
41:43 Nous pouvons apporter la voie de la culture française et de l'histoire française,
41:48 et une continuité de l'histoire française.
41:51 Cette continuité n'apparaît pas dans les propos du président de la République.
41:56 Il n'apparaît pas lorsqu'il dit qu'il n'y a pas de culture française.
41:59 - En connaissant qu'il est revenu sur cette phrase malheureuse.
42:02 - D'accord, mais vous êtes les premiers à montrer, voilà ce qu'on vous avait dit.
42:07 Il a dit. Donc, c'est très difficile aujourd'hui, mais c'est ça le sujet.
42:11 Le sujet, c'est que nous n'avons pas la puissance économique d'antan,
42:16 et que par contre, nous avons une histoire qui doit permettre de nous mettre
42:22 dans une bonne situation dans tous ces pays.
42:24 Et que pour cela, il faut que celui qui personnifie le pays, le chef d'État,
42:32 ait cette continuité historique.
42:33 Et il ne peut pas dire n'importe quoi, n'importe quand.
42:35 Il ne peut pas changer de position tout le temps.
42:39 Il faut que la continuité historique, voilà ce que nous avons fait à Général De Gaulle,
42:43 voilà ce que nous continuons à faire, et voilà ce que nous apportons au monde.
42:46 - Mais ce n'est pas plus sévère ici, Emmanuel Macron, par exemple,
42:49 au moment de la guerre en Ukraine, a cherché à se poser comme un interlocuteur
42:52 de Vladimir Poutine pour éviter que le conflit d'abord revienne et ensuite ne dégénère.
42:56 Est-ce qu'Emmanuel Macron, quoi qu'on en pense, ne cherche pas à incarner,
43:00 au moins partiellement, cette troisième voie ?
43:02 - Absolument. Il cherche.
43:03 - Donc, il est dans cette continuité historique.
43:04 - Il est bien dans cette continuité historique, simplement, il ne faut pas qu'il dérape.
43:07 À partir du moment où il dérape sans arrêt, et au pas conséquent,
43:10 on peut prendre un bout de ce qu'il a dit en disant, regardez, il dit l'inverse
43:13 de ce qu'il avait dit avant, après on est cuit.
43:15 De Gaulle, il a fait des trucs incroyables.
43:19 Il est allé en Canada, il est arrivé au Québec libre.
43:21 - Absolument.
43:22 - Non mais, je veux dire, on a le droit.
43:25 - Vous faites plaisir à quelqu'un dans cette émission-là.
43:27 - Non, non, non.
43:28 - Cherchez à qui ?
43:29 - Je sais, je sais.
43:31 - Peut-être finir avec un sourire, parce que c'est vrai que nous avons évoqué
43:34 tout au long de cette émission des sujets importants, lourds.
43:37 On a parlé du déclassement et du gâchis français.
43:39 Malgré tout, vous ne semblez pas résigné ni défautiste.
43:42 - Pas du tout, pas du tout.
43:43 Si jamais je continue à faire de l'industrie, c'est parce que je pense qu'on peut en faire,
43:47 mais qu'il faut abandonner les dénigres de réalité.
43:50 Abandonner le fait que tout est perdu, tout est fini, on ne travaille plus.
43:55 Abandonner tout ça.
43:56 C'est-à-dire qu'il y a des gens qui travaillent,
43:57 il y a des bons chefs d'entreprise en France aujourd'hui.
43:59 Il y a des gens qui se réveillent le matin très tôt et qui se couchent très tard.
44:04 Il y a des gens qui...
44:05 Les directeurs de projet qu'on va avoir, j'espère, dans le nucléaire,
44:09 ce sont des gens qui vont passer 5 ans sans voir ni leur femme, ni leurs enfants, etc.
44:14 Un directeur de projet, c'est quelqu'un qui n'a ni jour ni nuit.
44:18 On a ces gens-là.
44:20 - Donc on doit faire confiance à l'intelligence collective.
44:22 - À l'intelligence collective.
44:23 Mais si jamais on est dans une réalité et qu'on continue à dire
44:27 "Non, il faut avoir la semaine de 4 jours, à 3 jours c'est mieux, puis 2 jours..."
44:31 Si jamais on dit "L'industrie c'est sale, c'est mauvais",
44:34 si jamais on continue à ne pas voir ce qu'il faut faire,
44:39 à ne pas faire ce qu'il faut faire, on n'en sort pas.
44:42 Et je reviens sur l'efficacité du chef d'entreprise,
44:44 c'est-à-dire que lorsqu'on parle, il faut agir.
44:47 - Très bien, on va finir sur cette conclusion pour laisser place à l'action.
44:50 Merci Loïc Leflocq, très joli d'avoir été notre invité ce dimanche.
44:53 Merci à vous.
44:54 Je remercie mes camarades, évidemment Stéphane et Mathieu.
44:56 Mathieu et puis on vous souhaite un très très bon dimanche sur nos antennes
44:59 communes Europe 1 et CNews.