• il y a 2 ans
Quel regard porte-t-il sur la société, la vie politique actuelle ? A l’occasion de la sortie de son dernier livre « DécaDanse », celui qui fut conseiller de Nicolas Sarkozy répond aux questions de Marie Brette et des journalistes de la presse régionale

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Transcription
00:00 Bonjour, ravie de vous retrouver dans Extra Locale.
00:03 Cette semaine, nous allons visiter, parcourir nos belles régions françaises
00:07 avec Hervé Mariton, le président de l'association Les Plus Beaux des Tours de France.
00:11 Mais tout d'abord, on va parler de décadence avec Patrick Buisson,
00:15 l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
00:17 Il est notre premier invité.
00:18 [Générique]
00:33 Bonjour Patrick Buisson.
00:34 Bonjour, merci de me recevoir.
00:36 Merci d'être avec nous à l'occasion de l'apparition de votre dernier ouvrage,
00:39 Décadence, je le disais.
00:41 Un ouvrage d'historien, foisonnant, très dense, très documenté,
00:44 528 pages aux éditions Albin Michel, qui fait suite à un ouvrage publié il y a deux ans,
00:50 La fin d'un monde.
00:52 Vous serez interrogé sur cet ouvrage, mais aussi sur l'actualité régionale et nationale
00:55 par trois journalistes de nos régions, mais pas que je vous les présente tout de suite.
00:59 A commencer par Luc Bourianne, qui est de retour parmi nous,
01:01 qui est rédacteur en chef à La Nouvelle République du Centre-Ouest
01:03 et qui représente ici le Centre Val-de-Loire.
01:06 Voilà, Luc Bourianne.
01:08 Claire Stenlène est également de retour parmi nous.
01:10 Elle représente le journal Le Télégramme, ainsi que la Bretagne.
01:12 Bonjour Patrick Buisson.
01:13 – Bonjour. – Bonjour Marie.
01:15 – Et enfin, également un habitué sur ce plateau, c'est Quentin Calmet,
01:19 journaliste politique et parlementaire qui représente Public Sénat.
01:23 – Voilà.
01:23 – Bonjour Quentin. – Bonjour Monsieur Buisson, bonjour Marie.
01:25 – Voilà, les présentations sont faites.
01:27 On a des petites figures à poser ici, Monsieur Buisson,
01:30 et on commence par un petit questionnaire de Proust.
01:33 Un petit peu plus sur vous.
01:35 Et c'est Luc qui va vous poser la première question de ce questionnaire de Proust.
01:38 – Je redoute le plire.
01:39 – Allez-y.
01:41 – Non, non, non, pas d'inquiétude.
01:42 On ne va pas parler d'histoire, on va parler justement,
01:43 même si parfois vous préférez parler d'histoire que de contemporanité,
01:47 on va parler de maintenant, Patrick Buisson,
01:48 vous êtes célèbre pour avoir inspiré Nicolas Sarkozy,
01:52 pour avoir travaillé, être son conseiller,
01:53 vous l'avez même enregistré durant son quinquennat,
01:55 ce qui vous a valu une condamnation en justice.
01:58 – Ça commence bien.
01:59 – Outre Sarkozy, depuis lors vous avez renié,
02:03 et d'ailleurs plutôt cette proximité,
02:05 vous avez été proche durant toute votre carrière
02:07 de tout ce qui a compté dans l'extrême droite française,
02:09 de Jean-Marie Le Pen, Éric Zemmour, Philippe Devidier, Nicolas Dupont-Aignan,
02:11 bref, aujourd'hui, de qui êtes-vous le plus proche,
02:14 parmi le personnel politique ?
02:15 – Alors, j'aurais quand même fait un petit incise dans votre présentation
02:18 sur cette affaire des enregistrements.
02:20 Vous savez, M. Attali a fait trois livres,
02:23 qui étaient le compte-rendu de tout ce qu'a dit
02:25 le président de la République, François Mitterrand,
02:27 pendant ces deux quinquennats.
02:29 Moi, j'étais un conseiller extérieur,
02:31 j'avais une mission, une obligation de résultat.
02:35 L'obligation de moyens, elle m'était confiée.
02:37 J'avais un président de la République qui me téléphonait six fois par jour,
02:40 tous les soirs, je lui fais un débriefing de la réunion.
02:42 Ma seule façon de pouvoir travailler et d'affronter une situation
02:45 où j'ouvrais chaque réunion par 20 minutes d'exposé,
02:49 et où je ne pouvais pas enregistrer et noter les commentaires,
02:52 c'était de travailler comme ça.
02:53 Il n'y avait donc aucune malignité de ma part,
02:56 de soucis, la préoccupation de remplir ma mission.
02:59 Et j'ai été le dernier des collaborateurs de Nicolas Sarkozy
03:02 à faire un livre, le dernier, en 2016.
03:04 Vous voyez donc, il n'y avait ni malice, ni calcul,
03:07 il y avait simplement l'avis d'un conseiller
03:09 qui travaille 16 heures, 17 heures par jour,
03:11 qui doit faire face à une demande, à une pression.
03:14 Mais oui, mais pour en parler...
03:16 - Vous avez été condamné pour atteinte à la vie privée en 2014,
03:20 à ma connaissance, vous n'avez pas fait appel de cette condamnation.
03:24 - Ah non, à cette condamnation, très simple,
03:27 atteinte à la vie privée d'un enregistrement fait,
03:30 effectivement, à la Lanterne,
03:32 auquel participait Mme Carla Bruni.
03:35 Alors, l'atteinte à la vie privée, effectivement,
03:38 on peut en juger, on peut penser...
03:40 Cet enregistrement m'a été volé, dérobé,
03:42 il a été fait, je veux dire, utilisé contre moi
03:45 sans mon autorisation, et je veux dire,
03:47 qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage ?
03:50 Monsieur, je ne sais pas quelle est votre...
03:52 - Tout le monde n'est pas condamné, vous avez juste été condamné, monsieur.
03:54 - Je ne sais pas quelle est votre carrière,
03:56 j'ai dirigé un certain nombre d'hebdomadaires,
03:58 j'ai présidé une chaîne de télévision, j'ai écrit 15 livres,
04:01 j'ai fait 14 films, vous auriez pu peut-être en dire un mot.
04:04 Le fait de me désigner d'emblée...
04:06 - Vous êtes connu, essentiellement, à votre...
04:08 - Je ne veux pas être polémique, mais je veux dire,
04:10 c'est tellement médiocre comme procédé, monsieur.
04:12 - Attendez, médiocre de rappeler une condamnation à la justice ?
04:14 - Journalistiquement, c'est tellement médiocre.
04:16 - Est-ce qu'il y a une personnalité à droite dont vous vous sentez proche ?
04:18 - C'était ça, la question, aujourd'hui.
04:20 - C'était ça, en fait, la question du question de cause.
04:22 - Et je rappelais que vous aviez été proche de Nicolas Sarkozy.
04:24 - Est-ce qu'il y a une personnalité, aujourd'hui,
04:26 qui vous inspire davantage qu'une autre ?
04:28 - Écoutez, on est au Sénat,
04:30 on est au Sénat. S'il y a une personnalité qui,
04:32 par exemple, chez Les Républicains,
04:34 m'inspire à la fois le respect et la considération,
04:36 c'est le président du groupe Les Républicains,
04:38 Bruno Retailleau.
04:40 - Bruno Retailleau, qui a le fil des sénateurs à l'air.
04:42 - Bien sûr. Je note, d'ailleurs,
04:44 que dans le débat sur les retraites,
04:46 c'est le seul qui est,
04:48 ce que n'ont plus, malheureusement,
04:50 le souci,
04:52 chez les politiques, le souci du bien commun,
04:54 du long terme. C'est le seul qui,
04:56 sur l'affaire des retraites, a parlé de démographie.
04:58 Nous sommes dans un régime
05:00 de répartition, fondé sur le nombre
05:02 de cotisants et d'actifs.
05:04 La démographie est un paramètre essentiel.
05:06 L'un des rares, dans ce débat,
05:08 a posé le problème
05:10 comme l'eût posé, si vous voulez,
05:12 les gouvernants de la 4ème République,
05:14 car sur cette question de la politique familiale,
05:16 la démographie, il y avait, vous le savez,
05:18 un consensus au Conseil national
05:20 de la résistance, du Parti communiste
05:22 au RPF, pour considérer
05:24 que la politique familiale
05:26 était un des éléments essentiels
05:28 de l'avenir économique
05:30 du pays. - Le point commun avec l'Église.
05:32 - Comment ? - Oui !
05:34 - Le point commun avec l'Église. - Ce que vous appelez
05:36 la centaillance de la foussille et du voupillon.
05:38 - On va en reparler.
05:40 Deuxième question de ce questionnaire de pouces.
05:42 - Il y a un lien aussi,
05:44 quand, dans votre livre, vous parlez,
05:46 justement, vous analysez la fin du patriarcat.
05:48 Moi, la question que je voulais vous poser,
05:50 c'est un peu la même que mon confrère, mais sur les femmes.
05:52 Quelle est la femme politique
05:54 qui vous a marquée ou qui vous marque en ce moment ?
05:56 - Alors, en ce moment,
05:58 c'est difficile. Par le passé,
06:00 je vous répondrai tout de suite, Marie-France Garraud.
06:02 - Pourquoi ?
06:04 - Parce que c'est une grande figure politique
06:06 de la Ve République
06:08 qui s'est trouvée,
06:10 finalement, écartelée entre ce qu'était
06:12 l'héritage du gaullisme,
06:14 le souverainisme,
06:16 la défense de la nation,
06:18 une perspective du long terme,
06:20 c'est-à-dire d'une temporalité politique qui se projette
06:22 au-delà du mandat. Vous savez, on a changé
06:24 de temporalité politique le jour où
06:26 les hommes politiques ont pensé à la productivité électorale,
06:28 à la rentabilité électorale,
06:30 des mesures qu'ils prenaient. C'est comme ça
06:32 qu'on a dépouillé la politique familiale,
06:34 qu'on a vidé la caisse d'allocation familiale
06:36 pour combler les excédents de la caisse maladie,
06:38 de la caisse chômage, de la caisse retraite.
06:40 L'investissement en capital humain,
06:42 c'est un investissement à long terme,
06:44 à 20 ou 25 ans. Ce qui intéresse le politique
06:46 aujourd'hui, c'est le court terme, c'est l'échéance.
06:48 Serais-je réélu ? Quels électeurs
06:50 vais-je, par démagogie, aller
06:52 chercher, trouver, effectivement,
06:54 pour me faire réélire ?
06:57 Donc, Marie-France Garaud, elle était héritière
06:59 de cette génération de politiques qui avait
07:01 une vision du bien commun,
07:03 et effectivement, de la projection
07:06 de ce que peut être la nation à 10 ans,
07:08 15 ans, 20 ans. Aujourd'hui,
07:10 on a des politiques qui sont plutôt dans nos futurs.
07:12 Après moi, le déluge.
07:14 On a à la fois l'OTAN,
07:16 Jean Deremange, je viens de nulle part,
07:18 qui est passé, et puis,
07:20 on ne peut pas regarder l'avenir et les conséquences
07:22 des mesures que l'on prendra.
07:24 Surtout, les questions d'actualité
07:26 aujourd'hui, je me sens
07:28 plus proche, effectivement, de la génération
07:30 politique d'il y a
07:32 20 ans ou 30 ans, je dirais même 40 ans,
07:34 que de la génération actuelle.
07:36 C'est vrai, je le confesse, je le reconnais.
07:38 On parlait de nation, parlons des lois.
07:40 C'est le prisme public Sénat,
07:42 effectivement. On est ici sur une chaîne parlementaire,
07:44 c'est aussi sur cette chaîne qui est diffusée l'émission.
07:46 Quelle est la grande loi qui,
07:48 vous, semble marquante
07:50 de ces dernières
07:52 années, ces derniers temps ?
07:54 J'aurais bien du mal
07:56 à répondre à ça. Ce que je vois,
07:58 si vous voulez, ce que je constate, ce que j'ai essayé
08:00 de montrer à travers
08:02 l'étude de ces 15 années, 60 à
08:04 75, c'est qu'on a
08:06 complètement changé d'approche.
08:08 Jusqu'au milieu des années
08:12 du XXe siècle,
08:14 le droit, l'usage
08:16 du droit était destiné à défendre
08:18 la société, la communauté,
08:20 la collectivité, contre les
08:22 empiétements des individus.
08:24 Et à partir des années 60-70,
08:26 avec ce qu'on a appelé le triomphe
08:28 de l'individualisme, certains même
08:30 ajoutent l'épithète d'hédoniste,
08:32 c'est la révolution, j'allais dire libertarienne
08:34 de 68, eh bien on a inversé
08:36 le rapport. Le droit
08:38 est devenu l'arme des individus contre
08:40 la société, c'est-à-dire faire
08:42 prévaloir l'intérêt individuel
08:44 au détriment du bien commun
08:46 et de l'intérêt général. Ça a été finalement
08:48 le grand bouleversement à la fois
08:50 philosophique et idéologique
08:52 de cette rupture,
08:54 qui n'est pas simplement une rupture
08:56 qui intervient sur le plan des idées,
08:58 elle s'incarne aussi dans l'évolution
09:00 des mentalités et de la conception
09:02 qu'on a de la chose publique.
09:04 – C'est ce que vous écrivez, on passe…
09:06 – Du rapport à la politique, le service du bien commun.
09:08 – On va en reparler.
09:10 Et vous voyez, une institution
09:12 comme le Sénat, qui intègre
09:14 la dimension locale, la dimension
09:16 communautaire, et qui de
09:18 certaines manières est soucieuse de préserver
09:20 le lien social, a eu un rôle politique
09:22 important à jouer, il a beaucoup freiné,
09:24 vous le savez d'ailleurs. – Le Sénat conservateur,
09:26 oui, c'est un transit.
09:28 – Plus conservateur, bien entendu,
09:30 face à une assemblée qui est…
09:32 – Ça vous convient donc davantage.
09:34 – Oui, parce que je pense qu'effectivement
09:36 il faut conserver ce qu'il y a de bon dans le passé,
09:38 on a une tradition, une mémoire,
09:40 un patrimoine, et il faut évidemment
09:42 y être fidèle, oui. – Ma tradition,
09:44 c'est de vous poser cette question, quelle est votre région
09:46 de prédilection, et après on passe à la question cachée,
09:48 c'est Quentin qui répond. – Ma région de prédilection,
09:50 ce sont les Pays de la Loi, plus particulièrement
09:52 la Vendée, puisque j'y habite désormais,
09:54 c'est évidemment
09:56 un pays où je me suis
09:58 enraciné, parce qu'il y a
10:00 une histoire, il y a une tradition
10:02 qui est forte, et puis,
10:04 on y vit bien dans l'esprit,
10:06 effectivement, qu'affectionnent
10:08 les sénateurs, c'est-à-dire que
10:10 l'idée de
10:12 communauté, de
10:14 localisme,
10:16 de lien, d'entraide, telle qu'elle pouvait
10:18 exister encore il y a 30 ou 40 ans,
10:20 je vais vous donner un exemple, moi ce qui
10:22 m'a beaucoup frappé, c'est
10:24 au moment de la canicule de 2003,
10:26 je crois, hein ? – C'est celle-là, oui.
10:28 – Il y a eu à Paris
10:30 300 morts
10:32 découvertes dans des appartements,
10:34 dans des familles de bonnes,
10:36 dont les corps n'ont pas été
10:38 réclamés, ils ont été identifiés
10:40 mais pas réclamés, aucune famille ne s'est
10:42 manifestée. En province,
10:44 on a assisté,
10:46 nulle part on a assisté à ce genre d'événements,
10:48 c'est-à-dire qu'il y avait toujours quelqu'un pour s'inquiéter,
10:50 tiens, les volets ne sont pas ouverts, tiens, le courrier n'a pas été relevé,
10:52 tiens, elle n'est pas passée,
10:54 oui, elle n'est pas passée aujourd'hui.
10:56 Les grandes villes, en revanche,
10:58 cultivant, derrière
11:00 une façade de solidarité tout à fait
11:02 artificielle, un monde où
11:04 l'isolement est devenu la règle.
11:06 En province, dans ce monde que représente
11:08 le Sénat, ces choses-là ne se
11:10 sont pas produites. C'est quand même un révélateur
11:12 social extrêmement intéressant,
11:14 à la fois de l'état de notre société et en même
11:16 temps, je veux dire, de la manière dont les mœurs
11:18 et les comportements ont évolué. – Ont bien évolué,
11:20 ça c'est sûr et vous revenez dessus largement
11:22 dans votre livre. Allez, on passe à la question
11:24 cash, Quentin, on rentre dedans, allez.
11:26 – Allez, on y va. Dans la présentation
11:28 de votre livre, il est expliqué que les
11:30 grandes lois émancipatrices ont été
11:32 des marchés de dupes, en tout cas, c'est la
11:34 question que vous soulevez dans
11:36 votre ouvrage. Est-ce que
11:38 la thèse de fond de votre livre
11:40 c'est que l'IVG
11:42 est né face
11:44 à la société ? Est-ce que c'est un
11:46 pamphlet anti-IVG, votre livre ?
11:48 – Absolument pas. C'est pas ce que
11:50 j'ai voulu dire. Ma position
11:52 est plutôt… répercute
11:54 ce qu'ont été les inquiétudes des
11:56 premières féministes. Le
11:58 néo-féministe aujourd'hui n'a rien à voir avec
12:00 le premier féministe, qui a
12:02 consisté tout de suite à se poser une
12:04 question, d'ailleurs dont on voit aujourd'hui
12:06 les retombées, avec la naissance de l'éco-féministe,
12:08 avec le recul de la consommation
12:10 de la pilule, qui a
12:12 45% d'utilisatrices
12:14 en 1990, 35%
12:16 aujourd'hui, cette espèce
12:18 d'hormonophobie qui s'est emparée
12:20 de la génération des jeunes femmes
12:22 de 20 à 25 ans aujourd'hui.
12:24 – Ou de partager la charge de la contraception
12:26 aussi. – Comment ?
12:28 – Ou de partager la charge de la contraception.
12:30 – Oui, mais vous remarquez que des milliards ont été utilisés par la Fondation Rockefeller
12:32 parce qu'il y avait l'inquiétude de la croissance
12:34 démographique du tiers monde pour
12:36 chercher une contraception chimique pour les
12:38 femmes, mais très peu d'argent pour
12:40 chercher une contraception pour les hommes, vous le remarquez.
12:42 Et donc, loi émancipatrice, oui.
12:44 Je dis simplement que
12:46 ces lois ont eu un effet,
12:48 c'est de faire exploser le marché de l'offre sexuelle
12:50 et d'en diminuer le coût social.
12:52 Et finalement, c'est une sorte de droit de cuissage
12:54 permanent qui a été accordé aux hommes, dont les femmes
12:56 se sont très vite rendues compte,
12:58 marchandisation du corps, réification,
13:00 instrumentalisation technico-marchande
13:02 par les laboratoires pharmaceutiques.
13:04 Il y avait toute un, si vous voulez,
13:06 toute une série de contraintes
13:08 et d'aliénations qui se sont substituées
13:10 à d'autres. Donc, derrière
13:12 la grande promesse d'émancipation
13:14 et de libération promise, c'est fait.
13:16 Factuellement, effectivement, la
13:18 pilule permet de dissécier
13:20 la fonction érotique de la fonction reproductive.
13:22 Mais qui en a été le bénéficiaire
13:24 in fine ? Moi, je dis que c'est
13:26 le vieux programme de la phallocratie qui a été
13:28 exécuté, c'est-à-dire pas de mariage,
13:30 pas d'enfant, l'accouplement
13:32 mais sans la mise en couple, la consommation
13:34 des corps féminins mais sans l'entretien sentimentale
13:36 ou financier des femmes.
13:38 Beaucoup de femmes dans les milieux
13:40 féministes, d'abord aux États-Unis, puis en France,
13:42 se sont dit "mais finalement, est-ce que
13:44 nous n'avons pas été,
13:46 à travers ces lois
13:48 libératrices, soumis
13:50 aux impératifs du désir
13:52 et de la sexualité masculine comme
13:54 jamais nous ne l'avons été ?"
13:56 Cette question a été posée d'emblée par la première génération
13:58 de féministes. - Mais alors, il ne fallait pas de...
14:00 - Ah, mais je ne dis pas ça. - Il ne fallait pas de loi
14:02 émancipaliste ? - Non, je ne dis pas ça, je dis
14:04 simplement que, en ce qui concerne
14:06 la loi Neuwirth et la
14:08 contraception chimique, aucune des précautions
14:10 nécessaires n'ont été
14:12 prises. C'est au
14:14 prix d'un mensonge d'État sur l'iniquité
14:16 totale de la pilule, par exemple,
14:18 qu'on a forcé,
14:20 il y a une grande résistance, notamment dans les milieux populaires,
14:22 à l'égard de la contraception chimique,
14:24 de la dénaturation du corps. Beaucoup
14:26 disent "non, moi je ne veux pas qu'on perturbe
14:28 mon cycle endocrinien et que
14:30 je sois tributaire de la chimie
14:32 pendant toute ma vie". Je dis
14:34 simplement qu'on a été à marche
14:36 forcée sur des lois et
14:38 des textes qui auraient pu être votés
14:40 différemment. Je prends un exemple, la loi sur
14:42 le divorce, par consentement mutuel.
14:44 75.
14:46 Personne ne s'est posé la question
14:48 parce que c'était considéré comme une avancée sociétale.
14:50 Vous savez, je pense que
14:52 un des objets de la Révolution française, c'était
14:54 l'égalité des conditions. Or, comme cette égalité
14:56 des conditions économiques et sociales ne peut pas être
14:58 atteinte, que toutes les expériences socialistes ont
15:00 échoué, par le monde, y compris en Union soviétique,
15:02 eh bien on a remplacé, si vous voulez,
15:04 l'offre sociale par une offre sociétale.
15:06 Donc, on s'est occupé d'abonner
15:08 à les contraintes morales ou de changer
15:10 les mentalités parce qu'on n'obtenait
15:12 pas sur le plan à la fois politique
15:14 et idéologique le résultat
15:16 que l'on cherchait. Personne
15:18 ne s'est préoccupé de savoir quelles allaient être
15:20 les conséquences de
15:22 la loi de 75 sur
15:24 les catégories populaires et notamment
15:26 les femmes des milieux populaires.
15:28 Le divorce par consentement mutuel
15:30 tel qu'il a été voté en 75 est la première
15:32 cause de paupérisation de la population
15:34 féminine. Toutes les statistiques le montrent.
15:36 Il a fallu 10 ans, 15 ans pour qu'on s'en
15:38 rende compte. On s'en est rendu compte
15:40 au bout de 15 mois, on a créé l'allocation de parents
15:42 isolés, l'API, pour essayer de compenser
15:44 la situation. Un divorce,
15:46 les conséquences d'un divorce dans les milieux populaires
15:48 ne sont pas les mêmes que dans un milieu
15:50 bourgeois ou dans une famille aisée
15:52 où le problème de deux appartements, de deux budgets
15:54 séparés n'atteignent pas
15:56 de plein fouet, n'impactent pas
15:58 comme ce fut le cas la vie
16:00 des femmes.
16:02 La féminisation de la pauvreté en Europe
16:04 elle est due à
16:06 la précipitation dans laquelle
16:08 nous avons voté ces lois parce que
16:10 c'est tout effectivement de pouvoir faire
16:12 une réponse sociale. C'est toujours
16:14 un problème économique, vous comprenez.
16:16 Derrière les questions éthiques, je voudrais terminer là-dessus.
16:18 Juste un mot.
16:20 On nous pose toujours la liberté
16:22 d'avortement. Dans un pays
16:24 déchristianisé, pourquoi l'Église
16:26 imposerait-elle à l'ensemble de la population
16:28 si règle éthique ? C'est pas ça que je critique.
16:30 Je dis simplement qu'on ne s'est pas
16:32 préoccupés, comme Simon Leveille l'avait promis,
16:34 d'une mesure d'accompagnement
16:36 pour les femmes qui voulaient garder leur enfant,
16:38 pour les mères en détresse qui voulaient les garder,
16:40 parce que ça coûte cher.
16:42 Les préoccupations, Alfred Sauvi
16:44 le disait devant la Commission, ça coûte cher
16:46 de faire des logements pour les femmes seules.
16:48 C'est un investissement pour l'État.
16:50 La contraception, l'avortement, c'était des mesures
16:52 beaucoup plus économiques.
16:54 Aujourd'hui, c'est la même chose dans le débat sur l'euthanasie.
16:56 Derrière le débat éthique, il y a des réalités
16:58 économiques. Il y a toutes les mutuelles
17:00 pour qui c'est un coût insupportable.
17:02 Et on habille, si vous voulez,
17:04 ce qu'on appelle les avancées sociétales
17:06 d'un discours éthique, alors que ce sont
17:08 des enjeux économiques.
17:10 Les soins palliatifs, c'est trop cher.
17:12 Ah ben, il vaut mieux l'euthanasie.
17:14 Aider les femmes en détresse, c'est trop cher. Ah ben, il vaut mieux l'IVG.
17:16 À chaque fois, c'est la même raison.
17:18 - Vous avez répondu à Quentin que vous n'aviez pas signé
17:20 un pamphlet contre l'IVG.
17:22 La question est simple. Vous, vous êtes favorable ?
17:24 - Je suis hostile physiquement,
17:26 oui, à l'IVG,
17:28 parce que je suis catholique. Je considère que la vie
17:30 commence à la fréquentation, que l'avortement
17:32 est un crime.
17:34 Il n'y a aucun problème.
17:36 Mais mon point de vue de chrétien, je n'entends pas l'imposer
17:38 à l'ensemble de la société. Vous le comprenez bien.
17:40 - En vous lisant, c'est pour ça qu'on pouvait s'expliquer la question.
17:42 - Mais c'est évident.
17:44 - C'est pour ça qu'il ne me serait pas important.
17:46 - Et on lit d'ailleurs dans votre livre
17:48 "Le C'était mieux avant". On parlait tout à l'heure
17:50 du Sénat où vous disiez que
17:52 c'était pas forcément
17:54 un conservateur.
17:56 Et que vous, vous vous définissez
17:58 plutôt comme réactionnaire.
18:00 - Oui, je dis ça parce que
18:02 je reprends une formule de Jacques Ellul,
18:04 le sociologue-philosophe qui disait
18:06 "Je suis réactionnaire comme
18:08 un avion en réaction". C'est-à-dire que les réactionnaires
18:10 ont souvent la préscience
18:12 de ce qui va se passer parce que
18:14 ils ont le surplomb
18:16 que donne le regard sur l'histoire.
18:18 On dit que l'histoire, c'est Cicéron qui l'élu,
18:20 et magistravité, elle enseigne la vie. Moi, je m'intéresse
18:22 beaucoup à ce qui s'est passé dans les civilisations
18:24 qui nous ont précédées, la société qui nous a
18:26 précédées, les mêmes causes engendrant les mêmes effets.
18:28 Aujourd'hui, on nie ce principe de
18:30 non-contradiction. Je ne me définis pas
18:32 comme un conservateur.
18:34 Réaction, ça ne veut pas dire
18:36 revenir derrière.
18:38 - Vous dites que c'est vitaliste.
18:40 - C'est avoir la tradition en soi
18:42 et s'inspirer du passé
18:44 comme énergie accumulée,
18:46 comme source d'expérience,
18:48 comme pragmatisme, si vous voulez.
18:50 - Alors vous, vous ne vous assumez pas
18:52 comme un conservateur. Voici quand même
18:54 une question mobile qui nous vient du Nord
18:56 et qui en appelle à ce
18:58 conservatisme ou non.
19:00 - Bonjour Patrick Buisson.
19:02 Vous parlez, vous, beaucoup
19:04 des femmes. J'aurais voulu vous entendre
19:06 aujourd'hui sur les hommes
19:08 et notamment vous faire réagir à cette notion
19:10 et connaître votre avis sur
19:12 les hommes déconstruits.
19:14 Vous savez, cette notion révélée par
19:16 Sandrine Rousseau. Est-ce que ce n'est pas là
19:18 une solution à un rééquilibre
19:20 entre hommes et femmes
19:22 dans cette période actuelle ?
19:24 - Eh bien,
19:26 moi je ne crois pas que
19:28 l'homme ni la femme s'auto-engendrent.
19:30 Ils sont tributaires
19:32 d'une nature, de données
19:34 biologiques, de données psychologiques,
19:36 d'un
19:38 héritage culturel.
19:40 Donc, je ne sais pas ce que veut dire
19:42 la déconstruction.
19:44 Cela renvoie effectivement
19:46 à ce projet qui est à mon avis un projet totalitaire
19:48 de vouloir construire un homme
19:50 ou une femme nouvelle. C'est le projet de tous
19:52 les totalitaristes. C'est-à-dire, du passé
19:54 on fait de table rase, on fait comme si
19:56 la biologie n'existait pas, comme si
19:58 la nature n'existait pas, comme si
20:00 la culture n'existait pas. Donc,
20:02 par philosophie, je me défie
20:04 de tout projet totalitaire
20:06 et celui-là m'en paraît un.
20:08 En même temps, si vous voulez,
20:10 un projet chimère dangereux.
20:12 Je vous donne un exemple.
20:14 D'une certaine manière,
20:16 la contraception hormonale,
20:18 c'est le début du transhumanisme.
20:20 C'est la femme augmentée. On dit à la femme
20:22 à l'état de nature, vous êtes incomplète,
20:24 vous êtes incapable de maîtriser
20:26 votre fécondation. Donc, on va vous mettre
20:28 une prothèse chimique, la pilule,
20:30 une prothèse mécanique, le stérilet.
20:32 La femme augmentée, c'est le début du transhumanisme.
20:34 Elle coïncide avec quoi ?
20:36 Avec l'explosion dans le pays
20:38 dont les premières féministes,
20:40 d'ailleurs vont se rendre compte,
20:42 en regardant ce spectacle avec des yeux horrifiés,
20:44 de la femme diminuée,
20:46 de la femme réifiée,
20:48 du corps de la femme
20:50 marchandisée qu'est l'apparition
20:52 de la pornographie à partir
20:54 des années 74 ou 75
20:56 qui envahit les écrans
20:58 avec ce culte phallique qui ramène
21:00 la femme à une condition absolument
21:02 bestiale. Et je dis que
21:04 souvent, quand on cherche
21:06 effectivement à travers ces grands mythes,
21:08 ces grandes fictions, elles débouchent sur des dystopies.
21:10 Ce sont des chimères
21:12 et des utopies qui sont extrêmement destructrices.
21:14 Et quand on en fait le bilan
21:16 avec le recul,
21:18 on s'aperçoit que ce n'est pas une humanité
21:20 augmentée mais une humanité diminuée
21:22 à laquelle nous sommes confrontés.
21:24 L'homme aussi change.
21:26 Vous parlez du double meurtre du père,
21:28 la fin de Dieu ou en tout cas le fait
21:30 qu'il soit moins présent.
21:32 C'est la société patriarcale
21:34 qui s'arrête. Le double meurtre du père, c'est le changement
21:36 de l'homme et le changement de la femme aussi.
21:38 Non, c'est le changement des mentalités, c'est le passage d'une philosophie
21:40 à une autre, si vous voulez. Mais ce n'est pas...
21:42 Ça n'affecte pas les données
21:44 naturelles et biologiques de l'homme et de la femme.
21:46 Vous ne faites pas la déconstruction.
21:48 Vous n'êtes pas
21:50 un homme déconstruit.
21:52 Pour résumer,
21:54 on avance,
21:56 on passe à notre partie extra.
21:58 Et on va parler un peu d'actualité
22:04 régionale et nationale mais tout d'abord voici
22:06 le condensé de la semaine vue
22:08 des régions et vue par Roselyne Pagès.
22:10 Territoire Hebdo.
22:12 [Musique]
22:14 Une manifestation
22:16 étriquée et statique
22:18 surveillée par un drone.
22:20 L'engin a été autorisé par Arrêté
22:22 préfectoral. Des moyens
22:24 disproportionnés pour SUD-PTT
22:26 qui déplore le rejet de sa requête
22:28 par le tribunal administratif de Bordeaux.
22:30 C'est vrai que c'est vraiment très problématique.
22:32 On met des drones dans les manifestations
22:34 déclarées, déjà de manière plus déminérée
22:36 en général mais encore plus dans les manifestations déclarées.
22:38 Donc en fait là, on est en train d'être ensemble
22:40 et il y a un drone au-dessus de nos têtes qui est en train de nous
22:42 filmer donc je trouve qu'en termes de liberté publique
22:44 ça pose vraiment des gros problèmes.
22:46 Au final, moins de 200 personnes étaient rassemblées
22:48 contre la réforme des retraites.
22:50 [Musique]
22:52 Dérouler
22:54 un matelas et l'installer près du chauffage.
22:56 Préparatif inhabituel
22:58 dans cette salle de classe
23:00 car ce soir, deux familles dormiront
23:02 à l'école ou sont scolarisées
23:04 leurs enfants. On est vraiment sur un matelas
23:06 posé au fond de la salle. C'est mieux que
23:08 dormir à la gare ou dans la rue mais
23:10 c'est pas beaucoup mieux.
23:12 Ça fait plusieurs fois que je suis confronté à des élèves
23:14 qui le soir à 7h30 ne savent pas
23:16 où ils vont dormir. On se substitue en fait
23:18 aux 115. Dans cette école
23:20 18 élèves sur 100 sont mal logés.
23:22 Un collectif de parents
23:24 et d'enseignants leur vient en aide.
23:26 Des familles à la rue, une situation
23:28 intolérable pour ces Tours-Anjots
23:30 qui ont décidé de passer à l'action.
23:32 Le réseau à la fois des écoles
23:34 s'agrandit, le réseau des parents
23:36 et des enseignants qui souhaitent
23:38 mettre un terme à cette
23:40 situation invivable s'agrandit
23:42 aussi. C'est assez encourageant
23:44 de voir cette mobilisation autour
23:46 de cette question.
23:48 Reçu au Conseil départemental,
23:50 le collectif envisage de nouvelles
23:52 actions en l'absence de solutions
23:54 proposées par l'Etat. En un an,
23:56 les demandes d'hébergement d'urgence
23:58 ont bondi de 25%.
24:00 Génération fake news,
24:06 des réseaux d'infos ou d'infox
24:08 à eux de voir. Dans cet expo
24:10 à la condition publique de Roubaix,
24:12 les jeunes plongent au cœur
24:14 des fausses nouvelles.
24:16 J'ai été vraiment marquée par une photo en particulier
24:18 où on voit par exemple
24:20 un like Instagram
24:22 et on voit en fait un piège à souris.
24:24 Ça fait un peu référence à ce qu'on
24:26 pourrait trouver sur les réseaux sociaux.
24:28 La tyrannie du like au service
24:30 de la désinformation. Comment naissent
24:32 les fake news et comment lutter
24:34 contre des enjeux cruciaux
24:36 pour les ultra-connectés, sensibilisés
24:38 ici grâce aux œuvres
24:40 de 22 artistes. Être capable
24:42 de créer un débat de société sur ce sujet,
24:44 c'est une façon aussi d'éveiller
24:46 les consciences et de rendre les gens
24:48 actifs dans leur
24:50 travail sur l'information, sur
24:52 le fait de trouver des sources, de comment
24:54 se construit une information, et ainsi de suite.
24:56 Et la tâche est vaste.
24:58 Selon l'institut Reuters,
25:00 seuls 30% des Français
25:02 ont confiance aux médias traditionnels.
25:04 Patrick Buisson, est-ce qu'il y a un sujet
25:10 qui vous a plus interpellé que d'autres ?
25:12 Ah, vous n'avez pas tout suivi.
25:14 Sur les fake news à la fin, peut-être ?
25:16 Alors, excusez-moi,
25:18 il y avait les drones à Bordeaux
25:20 et des élèves
25:22 sans abri
25:24 en Touraine.
25:26 Oui, c'est à toi. Alors, comme j'ai pas regardé les sujets,
25:28 bon, au coup de main, la répondre à votre question.
25:30 Allez, on passe à la Touraine, alors.
25:32 Ma dissipation a été provoquée.
25:34 On va arrêter dans les Pays de la Loire, peut-être.
25:36 Allez, restons dans votre région,
25:38 parce que vous vous êtes expliqué.
25:40 La démission du maire de Saint-Brévent-les-Pins,
25:42 ça vous inspire quelque chose ? Après l'incendie
25:44 de son domicile, les menaces dont il a fait l'objet
25:46 dans le cadre de l'installation d'un centre d'accueil.
25:48 Vous savez, donc, il y a
25:50 les figures imposées, comme au
25:52 patinage artistique, on va condamner,
25:54 on va dire c'est pas bien, etc.
25:56 On a eu trois mois de déferlement d'images
25:58 de violences d'extrême-gauche inouïes
26:00 chaque soir à la télévision,
26:02 les Black Blocs, les antifas, etc.
26:04 Et puis, tout le monde est d'accord pour dire
26:06 que c'est pas un mode d'expression
26:08 démocratique. Moi, j'étais plus sensible
26:10 à autre chose depuis
26:12 trois semaines qui m'inquiète un peu,
26:14 parce que je l'ai bien connu. – Sur cette démission,
26:16 ça vous gêne ? La démission de ce maire
26:18 face à des menaces ? – Les maires
26:20 qui démissionnent parce qu'ils sont
26:22 incapables de remplir, malheureusement, aujourd'hui leur mandat,
26:24 je crois qu'il n'est pas le seul,
26:26 alors qu'elle qu'en soit la… – Ça fait la raison que je l'ai donnée,
26:28 c'est pas qu'il a senti incapable, c'est qu'il se sentait menacé.
26:30 – Et lâché par l'État.
26:32 – Et lâché par l'État qui n'a pas
26:34 effectivement le courage de faire appliquer
26:36 sa politique, et comme pour les retraites
26:38 en matière d'immigration, est rejetée par 70%
26:40 des Français. Donc,
26:42 mettre le feu à
26:44 la maison d'un maire, ce n'est pas bien.
26:46 Maintenant, quand on parle de violence collective
26:48 et de climat de violence collective,
26:50 je voudrais attirer votre attention
26:52 sur le fait suivant,
26:54 je vis ici au Sénat
26:56 dont il fit membre, j'ai bien connu Jean-Luc Mélenchon
26:58 dans une autre vie, j'ai débattu
27:00 longtemps avec lui dans les années 2000 sur le plateau
27:02 de LCI, chaque semaine,
27:04 nous avons
27:06 beaucoup parlé, je trouve
27:08 qu'agiter comme il le fait,
27:10 d'ailleurs moins lui
27:12 que LFI, la symbolique
27:14 révolutionnaire, depuis
27:16 un mois, est quelque chose
27:18 de dangereux qui contribue au climat
27:20 de violence, parce qu'il renvoie à quoi ?
27:22 À la période de la Convention,
27:24 c'est-à-dire quoi ? Les massacres de septembre,
27:26 les loisirs de Nantes, le génocide de Vendée,
27:28 ces 14 mois où des milliers
27:30 de Français… – Le 13 juillet 1999.
27:32 – Voilà, alors on décapite le roi Emmanuel Macron,
27:34 on fait rouler sa tête, on met son pied
27:36 dessus, cette symbolique révolutionnaire
27:38 qui renvoie à la période de la terreur,
27:40 une des périodes les plus noires de l'histoire de France,
27:42 où le crime, la violence, le génocide
27:44 étaient à l'ordre du jour, ne paraît pas
27:46 participer du
27:48 climat d'apaisement et de retour
27:50 au débat serein, si vous voulez,
27:52 et que ce soit
27:54 à l'extrême-droite
27:56 ou à l'extrême-gauche,
27:58 quand on agite des symboles comme ça,
28:00 on contribue effectivement
28:02 à créer de la violence.
28:04 – En l'occurrence, les filles militent
28:06 pour une 6ème République, c'est dans ce sens
28:08 qu'eux, ils estiment être au dernier jour
28:10 de la 5ème République, c'est peut-être symbolique, simplement.
28:12 – Mais monsieur, il y a des symboles, quand même,
28:14 la décapitation qui renvoie à des mœurs
28:16 et à des pratiques
28:18 qui ne sont pas anodines,
28:20 vous ne pouvez pas pointer du doigt l'adversaire en disant
28:22 "ce sont des néo-nazis" quand vous-même
28:24 vous réclamez de ce qui s'est passé en France
28:26 sous la Convention, c'est-à-dire une assemblée
28:28 qui avait été élue par 10% du corps électoral
28:30 au suffrage censitaire et qui a fait
28:32 régner au sens propre, non seulement la terreur,
28:34 mais qui a mis au point ce qu'on peut
28:36 appeler le terrorisme d'État,
28:38 c'est-à-dire la matrice de ce sont inspirés
28:40 les États totalitaires, nazis et bolchers.
28:42 – Cette violence-là, cette violence que vous dénoncez
28:44 dans le cadre du fait qu'on évoque,
28:46 l'installation d'un CADA,
28:48 d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile,
28:50 il y en a partout sur tout le territoire,
28:52 dans plein de campagnes françaises,
28:54 et actuellement il y a beaucoup, beaucoup
28:56 d'initiatives de vos amis qui sont à l'origine
28:58 de manifestations menaçantes.
29:00 – Écoutez, cher monsieur, il ne vous a pas échappé
29:02 que je ne me suis jamais engagé en politique,
29:04 vous avez cité un certain nombre d'hommes politiques
29:06 dont j'ai connu ou que j'ai conseillé,
29:08 vous avez oublié que j'ai été le conseiller
29:10 par exemple de François Bayrou
29:12 pour la campagne présidentielle de 2002,
29:14 j'ai été le conseiller de Jean-Pierre Raffarin
29:16 en Poitou-Cheronte et quand il était Premier ministre,
29:18 ben ça oui, vous l'oubliez, vous ne le passez pas profiter.
29:20 – Non, non, bref.
29:22 – Ah ben c'est pas bref, c'est la réalité.
29:24 – De Jean-Marie Le Pen, de Nicolas Sarkozy.
29:26 – De Jean-Marie Le Pen, je n'ai jamais été
29:28 le conseiller de Jean-Marie Le Pen,
29:30 j'ai été le conseiller de Philippe Devilliers
29:32 et j'ai été le conseiller de Nicolas Sarkozy.
29:34 – Je vous donne plutôt la question, tout simplement.
29:36 Répondez à la question. – La question.
29:38 – La question est, ces violences, ou ces manifestations
29:40 dans les territoires de France, il y en a dans l'Aime-Racuel-Marc ?
29:42 – Ce, à mon avis, c'est un problème tout à fait secondaire
29:44 à côté de l'explosion de violences de l'extrême-gauche,
29:48 que les Français ont pu constater à travers cette affaire des retraites,
29:53 violences qui s'accompagnent de destructions, d'incendies
29:57 et qui sont aujourd'hui une menace beaucoup plus réelle
30:02 que l'agitation de quelques groupuscules d'extrême-droite.
30:04 – Et que les manifestations d'ultra-droite,
30:06 dénoncées par Gérald Darmanin, ont eu un effet de l'activation ?
30:11 – Oui, alors écoutez, moi, si le ministre de l'Intérieur pense
30:15 qu'il faut interdire, supprimer le droit de manifester en France,
30:18 et qu'il le dise… – Les néo-nazis qui manifestent à Paris,
30:21 c'est pas choquant ? – Ça ne fout que choc.
30:23 – Mais attendez, tous les extrêmes sont choquants, si vous voulez.
30:26 Mais moi, ce que je constate, c'est que par exemple,
30:28 la gauche est toujours solidaire à l'extrême-gauche.
30:30 La gauche n'arrive pas à condamner les violences de l'extrême-gauche,
30:32 parce qu'elle nourrit le même projet que l'extrême-gauche,
30:35 elle va changer l'homme. Vous voyez, il y a cette espèce de solidarité
30:37 alors qu'on condamne du bout des lèvres, on dit "oui, c'est pas bien", etc.
30:40 Il n'y a qu'une violence qui est criminelle, celle de l'extrême-droite.
30:42 – Alors que la droite… – La violence des antifas,
30:44 la violence des black box, qui, depuis 3 ans ou 4 ans,
30:48 constituent dans notre pays, sème la terreur, détruit les boutiques,
30:52 les magasins, empêche les commerçants d'exercer leur profession.
30:55 Alors là, on trouve les excuses, on dit "c'est la colère des Français".
30:57 – Vous êtes vous, plus à l'aise pour parler de ces violences-là
30:59 que celle de l'extrême-droite ?
31:01 – Elle n'a pas la même force, elle n'a pas la même puissance,
31:04 elle ne concerne pas le même nombre d'individus.
31:06 – Et la droite, elle condamne, elle se met plus à l'écart de l'extrême-droite.
31:10 – Oui, elle a parfaitement raison sur ce plan-là.
31:13 Aujourd'hui, la violence la plus visible, la plus manifeste,
31:15 c'est la violence d'extrême-gauche.
31:17 Et cette opération de diversion… – Votre position est claire.
31:19 – … pour faire oublier, effectivement,
31:21 que la violence d'extrême-gauche est omniprésente.
31:24 – Je vous remercie beaucoup, Patrick Bisson.
31:26 Je rappelle le titre de votre ouvrage, "Décadence", aux éditions Alba-Michel.
31:30 Est-ce qu'il y a un troisième tome de prévue ?
31:32 – Il y a un livre en préparation, mais pas sur ce sujet.
31:35 Donc je pense que j'ai vraiment exploré la période.
31:37 [Rires]
31:38 – Merci de votre présence. En tout cas, ça aurait pu être une trilogie.
31:41 On poursuit avec une plongée dans les régions, comme d'habitude,
31:45 et c'est notre partie intra.
31:47 – Peut-être.
31:48 [Générique]
31:52 – Vous avez fini par répondre à la question.
31:53 – Et avant de recevoir Hervé Mariton,
31:55 le président de l'association "Plus Beaux Détours de France",
31:57 faisons quelques détours, justement, chers amis,
32:00 dans nos belles régions françaises.
32:02 À tout de suite.
32:03 – Des week-ends de trois jours, du soleil et de la chaleur.
32:06 Sur les terrasses d'Arcachon, les tables sont complètes
32:09 et les restaurateurs sont optimistes.
32:11 – Ces derniers week-ends ont été très bien pour nous.
32:14 On a eu de très bons retours, on a eu pas mal de personnes.
32:19 – Mais derrière le sable blanc,
32:20 certains commerçants de la ville font grise mine.
32:22 Ce gérant de magasins de prêt-à-porter perçoit l'affluence,
32:25 mais les dépenses des touristes se font plus rares.
32:27 – C'était pas tout à fait mon cas,
32:28 mais j'ai quand même bricolé un petit peu.
32:30 Mais par rapport au monde qu'il y avait, ça aurait pu être mieux.
32:35 – Les premiers visiteurs déambulent d'un écrin de verdure à l'autre.
32:40 Le festival international des jardins a ouvert au public
32:43 depuis une dizaine de jours
32:45 et déjà la trentaine de créations en met plein la vue aux touristes.
32:49 – C'est vraiment des conceptions incroyables.
32:51 – Coup de cœur, presque pour tous, c'est très beau.
32:54 – Il est très féerique ce jardin.
32:56 – Ce jardin, il a été imaginé par l'équipe dont fait partie Bruno Derosier.
33:01 Ce pépiniériste qui arrive de l'île de Ré
33:03 a voulu représenter une frange littorale submergée par la montée des eaux.
33:07 – Deux hectares de superficie, un filet à 30 mètres de hauteur,
33:11 400 oiseaux et une trentaine de mammifères.
33:14 Oui, nous sommes bel et bien à la volière sud-américaine
33:17 au zooparque de Beauval.
33:19 C'est la nouveauté de cette saison.
33:20 C'est la nouveauté de cette saison 2023,
33:22 elle a ouvert il y a à peine une semaine et demie
33:24 et pour l'instant, quelques oiseaux commencent à s'acclimater.
33:27 – C'est formidable, il y a énormément d'animaux
33:29 et je pense qu'on va faire le tour avec les enfants.
33:31 Il y a ma fille qui est ici et je pense qu'elle va adorer ça.
33:33 – C'est bien, c'est super de voir tous ces animaux comme ça,
33:36 les oiseaux ont la place de bouger, c'est bien, les singes sont marrants.
33:39 Vous êtes contentes d'être venus les filles ?
33:41 – Oui !
33:42 – Hervé Mariton nous a donc rejoint, président, maire de Cré, dans la Drôme.
33:48 Et président, on rigole parce que Cré c'est C R E S T
33:53 et c'est vrai que beaucoup disent "crest" n'est-ce pas ?
33:55 – Il faut dire Cré et surtout il faut y venir.
33:57 – Il faut y venir, c'est dans la Drôme.
33:59 Il faut venir dans d'autres villages de France
34:00 puisque vous êtes aussi le président de l'association
34:02 "Plus Beaux Détours de France".
34:04 On va faire plusieurs détours, on en a fait déjà quelques-uns.
34:07 Ici, on a toujours un petit questionnaire de Proust
34:10 pour mieux connaître nos invités.
34:11 On va le déployer avec vous et en même temps,
34:14 je vous présente vos interlocuteurs, à commencer par Luc Bourgianne
34:17 qui représente la Nouvelle République et qui vous pose la première question.
34:20 – C'est très simple, quel personnage historique a votre préférence ?
34:24 – Un personnage à la fois de littérature et au fond politique, c'est Solzhenitsyn.
34:32 Je me suis beaucoup consacré il y a quelques années
34:36 au centenaire de sa naissance, c'est cette année, il y a 50 ans,
34:40 de la publication de "L'archipel Goulag" pour la première fois à Paris.
34:44 Ce sera une commémoration près du Sénat, rue de la Montagne-Saint-Jeuviève,
34:50 c'est chez son éditeur parisien.
34:51 – Il faut dire qu'Hervé Maréton est russophone, parfait pour vous le lisez en russe.
34:55 – Oui, et j'ai joué une adaptation théâtrale du discours de Harvard
34:58 pour le centenaire, il y a quelques années.
35:00 Solzhenitsyn, c'est à la fois un homme de lettres extraordinaire
35:05 et puis c'est un message politique de liberté, c'est un message actuel.
35:09 Solzhenitsyn dit dans "L'archipel Goulag"
35:12 que tant qu'il n'y aura pas eu de Nuremberg, du stalinisme et du communisme,
35:17 l'archipel est, l'archipel a été et l'archipel sera.
35:21 C'est une des raisons du drame actuel entre la Russie et l'Ukraine.
35:24 – Intéressant. Claire Stenlen, deuxième question de "Solzhenitsyn".
35:28 – Oui, alors moi j'ai une question que j'aurais dû poser tout à l'heure à monsieur Buisson,
35:31 mais alors du coup c'est à vous que ça va échouer,
35:33 c'est qu'effectivement on se demandait quel était le personnage historique homme
35:37 et moi je voulais savoir, je sors de la projection de Jeanne Dubary
35:40 qui va être l'ouverteur de Cannes,
35:42 est-ce que vous avez un personnage historique féminin qui vous séduit ?
35:47 Pas forcément française d'ailleurs.
35:49 – Si, je vais prendre en France, je vais prendre dans les plus beaux détours de France.
35:53 J'ai été aller, j'aime bien aller dans les plus beaux détours,
35:56 et j'ai été aller il y a quelques années à Lunéville,
35:59 Lunéville en Meurthe-et-Moselle, très beau, plus beau détour,
36:02 c'est des petites villes entre 2000 et 20 000 habitants.
36:05 Et j'ai été impressionné par la personnalité d'Émilie Duchâtelet,
36:09 une amie de Voltaire, et surtout une femme très complète,
36:15 mathématicienne, physicienne, femme de lettres,
36:20 un personnage très puissant du 18ème siècle,
36:25 on parle de l'honnête homme, une honnête femme,
36:29 avec ses différentes dimensions, je suis marié à une scientifique,
36:33 je suis moi-même scientifique de formation.
36:35 – Vous êtes ingénieur.
36:36 – Et je crois que la science au 18ème, la vulgarisation de Leibniz,
36:42 mais aussi l'attachement aux lettres, l'amitié à Voltaire,
36:46 le sens de la science et de la liberté, c'est très beau, donc Émilie Duchâtelet.
36:50 – Oui, il y a une fiction sur Elisabeth.
36:52 – Décriée par Voltaire quand même, un petit peu dans Candide.
36:55 – Oui, oui.
36:56 – Allez, Quentin, troisième et dernière question,
36:58 qui représente Public Sénat, pardon, Claire Stenel, c'était donc le Télégramme, j'ai oublié.
37:02 – Oui, vous avez été parlementaire de 1993 à 2017, si je ne me trompe pas,
37:07 est-ce qu'il y a une loi qui vous marque, vous, en tant qu'ancien parlementaire ?
37:12 – Moi je crois qu'il y a une poutre de notre pays,
37:21 qui est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
37:25 celle de 1789, pas celle, je voyais que certains évoquaient récemment,
37:30 1793, la terreur, je laisse la terreur peut-être à certains,
37:36 mais la Déclaration des droits de l'homme de 1789,
37:39 avec la liberté, l'égalité, la fraternité, l'importance de la propriété
37:43 pour affirmer la liberté des personnes, Solzhenitsyn soulignait que,
37:48 même en Union soviétique, au fond, les espaces de propriété,
37:51 toute petite propriété qui restait, étaient un élément de lutte contre le totalitarisme.
37:56 J'ai beau avoir été député pendant une vingtaine d'années,
38:03 au fond, il n'y a rien qui ait égalé cette poutre,
38:09 qui est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
38:13 Dans mon expérience parlementaire, je citerai au fond la loi
38:19 sur l'interdiction du port ostensible des signes religieux
38:26 dans le service public et à l'école, les travaux parlementaires passionnants,
38:30 et une loi qui a démontré au fond le courage de la politique,
38:33 la volonté de Jacques Chirac à ce moment-là,
38:35 la capacité de la société à s'emparer du débat,
38:38 et une loi qui est globalement assez bien respectée.
38:40 Donc quand on sait ce qu'on veut, on arrive à quelque chose.
38:43 – Et on termine par ma question rituelle, votre région de prédilection,
38:49 vous qui les parcourez toutes en ce moment, c'est la région de Cré.
38:55 – Oui, la Drôme est belle avec la variété de ses paysages.
38:59 J'ai été longtemps député d'une très grande et très exigeante circonscription,
39:03 241 communes entre 0 et 9000 habitants, 9000 habitants à Cré,
39:09 et 0 à 1 selon les moments à Rochefourcha.
39:13 C'était donc très dur, mais j'étais vraiment porté par la beauté de ma région,
39:19 ses paysages, donc vraiment venez autour de Cré, venez aussi dans d'autres communautés.
39:23 – Absolument, allez à Cré.
39:24 – Là je rentre du congrès qui était à Moray-sur-Loin,
39:26 Moray-sur-Loin c'est à trois quart d'heure de Paris,
39:28 on a terminé le congrès jour-juin, c'était à trois quart d'heure de Paris,
39:32 c'est si beau avec Le Loin, avec Cicelay, avec aussi Rosa Bonheur,
39:40 des peintres très différents, Cicelay et Rosa Bonheur,
39:44 mais remarquables, l'impressionnisme, l'animalisme.
39:47 – Alors, et la question cache, sans transition,
39:50 et c'est Luc Bourrienne qui vous la pose cette question.
39:53 – On reste sur les plus beaux des tours de France, vous venez d'en parler,
39:57 mais à quoi ça sert ? Un label de plus parmi d'autres, comment exister ?
40:01 – C'est des petites villes entre 2000 et 20 000 habitants
40:03 qui ont des pulsations touristiques sans être nécessairement
40:06 les destinations les plus connues et les plus paillettes,
40:10 donc en période de crise du pouvoir d'achat,
40:12 c'est des destinations plutôt moins chères que d'autres,
40:15 mais qui ont des choses à dire, je l'ai dit,
40:17 Lunéville, son château, mais aussi Émilie du Châtelet,
40:20 Moray-sur-Loin, Cré avec Satour, mais aussi Antoine de Pluvinel,
40:25 fondateur de l'équitation moderne, maître d'équitation d'Henri III,
40:29 d'Henri IV et de Louis XIII, mais plein d'autres,
40:32 mais un avec son patrimoine, des destinations qui ont à la fois une histoire,
40:40 je visitais il y a quelques temps Saint-Renan ou Pont-Aven,
40:44 mais aussi une dimension culturelle très forte,
40:48 la peinture à Pont-Aven évidemment, Gauguin,
40:51 mais aussi un patrimoine naturel, des destinations où les gens vont souvent,
40:57 vont volontiers de temps en temps, nous on a envie qu'ils y aillent souvent.
41:02 – Il y a la peinture à Pont-Aven et il y a la photo à Paimpol par exemple aussi, n'est-ce pas ?
41:06 – Exactement, est-ce qu'on regarde ?
41:08 Je suis photographe, réalisateur documentaire,
41:13 et il y a un expo sur le port de Paimpol, un boulot que j'ai fait en 94-95,
41:17 un boulot photo où je pérégrinais dans le centre Bretagne,
41:20 je cherchais des vieux cafés à photographier,
41:23 j'ai improvisé, j'ai fait 15 000 km pendant 6 mois au gré des cartes,
41:28 "Oh, faut que t'ailles là-bas, faut que t'ailles là-bas", et j'en ai trouvé plein.
41:31 Beaucoup de gens du coin et beaucoup de gens qui ne sont pas de Paimpol photographient les photos,
41:36 donc ça leur parle, ça fait appel à un passé révolu,
41:39 qui n'est pas si vieux que ça d'ailleurs, même si je les aime tous,
41:42 c'était Yvette et Ernestine, deux sœurs, c'est à Carnouët,
41:46 c'était le dernier bistrot des Côtes d'Armor et peut-être de Bretagne en terre battue,
41:51 celui-là est extraordinaire pour l'image et la chaleur humaine,
41:55 puis la galerie de personnages évidemment,
41:57 l'autre c'est chez Marie Mignon à Locarnes,
42:00 elle sert dans un verre à vin, elle sert le café,
42:03 puis elle tape un peu sur la tête du gars, "mais finis ton verre, finis ton gouinerie,
42:07 je te donne le kawa", c'est pas possible.
42:09 Et c'était un bar, c'est ça qui est génial, c'était un bar boucherie,
42:13 et puis à la longue, ils disaient "mais pourquoi je leur fais pas à manger",
42:16 c'est devenu un bar-restaurant-boucherie, c'est fermé tout ça.
42:20 À l'époque on était chez quelqu'un, et ça se sentait,
42:24 parce qu'ils habitaient tous dans les bistrots, ou à 20 mètres,
42:26 ou juste en face de l'autre côté de la rue, c'était leur vie,
42:29 moi je suis pour les 32 heures, même moins,
42:31 mais eux ils travaillaient 200 heures par semaine, c'est juste dément,
42:34 et ça ça fait un bien, c'était très maternant, on se sentait très très bien dans ces endroits-là.
42:39 Les gens ont tous des Iphones dernier cri, puis ils passent leur temps à se prendre en photo,
42:43 c'est ça, c'est leur tronche, non regardez les autres, regardez les biens,
42:47 puis avec un peu de tendresse essayez de voir qui ils sont,
42:49 et je trouve que là ça transparaît dans ce travail.
42:51 - Voilà, Claire. - Oui, on parlait des nouveaux boums touristiques,
42:56 c'est ce que vous défendez aujourd'hui,
42:59 qu'est-ce que ça vous inspire justement ce retour à des régions qui sont moins connues,
43:04 à des chemins qui sont un peu méconnus,
43:07 et ça désirigue en fait des grosses destinations touristiques, en irrique d'autres.
43:11 - Il y a plusieurs choses, oui, il y a parfois une critique du sur-tourisme,
43:15 je prends un exemple, Dinant est dans les plus beaux des tours de France,
43:18 c'est une ville superbe, Saint-Malo est aussi une ville superbe,
43:22 la vérité c'est qu'en été il y a des gens qui disent que Saint-Malo c'est drôlement difficile d'y entrer,
43:26 Dinant on peut y entrer, donc aussi riche soit le patrimoine de Dinant,
43:30 et la nature environnante, et l'histoire que Dinant a à raconter,
43:34 et que les habitants de Dinant racontent, on peut y entrer, on peut l'aborder,
43:38 ça c'est extrêmement précieux.
43:39 - Et c'est ce que les Français ont envie, les choses moindres.
43:41 - Oui, et nos plus beaux détours c'est des villes où il est aussi agréable de vivre,
43:46 et c'est agréable de les visiter parce qu'il est agréable d'y vivre,
43:49 il y a une authenticité, il y a une réalité, on n'est pas sur un produit purement touristique.
43:53 Je respecte tout à fait Saint-Tropez, Courchevel, tout ça a son sens,
43:56 mais nous on propose autre chose, c'est moins cher et c'est très intéressant,
44:00 et pour prendre les mots qu'on utilise volontiers, mais oui, c'est un tourisme qui a du sens,
44:06 c'est un tourisme qui a une authenticité, et puis aussi avec une forme d'originalité.
44:12 Quand j'écoute dans les bistrots, les gens aiment bien dire à un ami qu'ils rencontrent,
44:16 "Tiens, le week-end dernier, je suis allé à tel endroit", c'est un peu original,
44:19 si on lui dit "Je suis allé à Versailles", c'est bien,
44:21 mais si on lui dit "Je suis allé à Mauritius-Loin",
44:23 la conversation prend sûrement un format assez dense.
44:28 - Monsieur Mariton, on a vu depuis le confinement que certains départements ont une fréquentation en hausse,
44:33 ce sont des nouvelles destinations touristiques pour certains Français,
44:36 est-ce que vous, vous le mesurez ?
44:38 Est-ce que c'est uniquement quelque chose que les journalistes ont un peu monté en épingle,
44:41 ou est-ce qu'il y a vraiment une nouvelle appétence, une attractivité des départements ruraux
44:46 en termes de tourisme pour les Français ?
44:48 - C'est une réalité, en même temps c'est une réalité, il faut l'ancrer, il faut la développer, il faut informer.
44:54 On a fait récemment un sondage sur la perception des plus beaux détours et des petites villes comme les nôtres,
45:00 et on se rend compte qu'il y a à la fois une attirance, les gens viennent de temps en temps,
45:04 il faudrait qu'ils viennent souvent, et puis ils aimeraient davantage d'informations,
45:08 c'est le sens de notre guide, des 100 plus beaux détours de France,
45:11 qui est tout de même le plus fort tirage de guides touristiques en France,
45:14 qu'on travaille avec nos amis de Michelin, c'est une collaboration avec Michelin, c'est précieux.
45:18 Cette information est nécessaire parce que, oui il y a eu le Covid,
45:22 oui il y a des contraintes budgétaires aujourd'hui, et d'une certaine manière ça nous aide,
45:26 mais il faut que ce soit un comportement installé dans la vie.
45:29 - Il vient de sortir ce guide ?
45:30 - Oui, l'édition 2023 vient de sortir, je vous l'offre volontiers.
45:35 Il faut aussi qu'on atteigne une nouvelle clientèle,
45:39 parce que c'est vrai que quand on regarde les plus beaux détours,
45:42 les camping-caristes viennent souvent chez nous,
45:44 en allant parfois d'un plus beau détour à un autre,
45:47 une clientèle de seniors assez volontiers,
45:51 mais je trouve que c'est des destinations parfaites pour,
45:54 comme on dit en patois, des city-break de jeunes actifs,
45:58 et je vois les gens qui viennent à Cré, qui viennent de Lyon ou de Grenoble,
46:04 Moray où j'étais en effet ces jours-ci,
46:07 c'est tout de même une destination agréable,
46:10 commode, pas trop chère pour des jeunes couples qui viennent avec des enfants,
46:13 et c'est très sympa.
46:14 - C'est plus durable.
46:15 - Justement, parce que le tourisme est souvent pointé du doigt
46:18 pour son impact et son bilan carbone,
46:20 comment vous vous intégrez dans les plus beaux détours de France,
46:23 à la dimension durable du tourisme ?
46:26 - Est-ce que c'est une envie aussi ?
46:27 - On indique toujours, on peut trouver une borne électrique pour recharger sa voiture,
46:31 Moray je suis allé et je suis revenu en train.
46:34 Cré, on peut aller et revenir en train,
46:37 on est à une dimension de ville où la desserte en transport en commun
46:41 est souvent quelque chose d'assez aisé,
46:45 et puis il y a une dimension naturelle dans nos villes,
46:49 que les gens demandent d'ailleurs,
46:51 et qui répond bien à un besoin, à une exigence en termes de développement durable.
46:54 Une des demandes fortes de nos concitoyens,
46:56 en tout cas rapportées à nos destinations, c'est les balades.
46:59 Justement, un plus beau détour, on peut embrasser la ville,
47:03 on met ses baskets, on fait le tour de la ville,
47:05 et c'est intéressant, ça c'est le matin,
47:07 et puis l'après-midi on met ses baskets,
47:10 et on sort immédiatement de la ville,
47:13 et on se promène dans la forêt de Fontainebleau,
47:15 dans le Vercors, Accré, à d'autres endroits.
47:18 Donc cette capacité de pouvoir faire une petite randonnée,
47:21 éventuellement avec deux jeunes enfants,
47:22 ça peut être deux heures, mais ça peut être toute la journée
47:24 si on est plus exigeant,
47:25 sans avoir à prendre sa voiture pour aller se garer.
47:28 On sort du tourisme de masse aussi, c'est ça ?
47:30 Justement, on sort du tourisme de masse,
47:32 et j'ai une question mobile à vous proposer,
47:34 également encore de Anne-Charlotte Hidé, des Hauts-de-France.
47:36 Écoutez-la.
47:37 Hervé Mariton.
47:38 Bonjour Hervé Mariton.
47:40 On demande aux Français beaucoup de sobriété,
47:42 sobriété dans leur consommation d'énergie, d'eau maintenant,
47:46 à l'approche de l'été et en période de sécheresse.
47:49 Je voulais vous demander s'il n'était pas judicieux
47:53 de leur demander aussi d'être sobres au niveau du tourisme.
47:56 En effet, vous le savez, le tourisme de masse
47:59 menace pas mal de territoires, des espaces naturels,
48:02 et je voulais connaître votre vision de ce phénomène.
48:05 D'abord, le tourisme c'est une richesse,
48:07 et cette richesse c'est important de la développer
48:09 en termes d'emploi, en termes aussi tout simplement d'échanges
48:14 et de connaissances réciproques des hommes et des femmes,
48:17 de curiosité culturelle, de curiosité avec l'environnement,
48:20 mais évidemment dans le respect de l'environnement.
48:22 Dans les Hauts-de-France, Saint-Valery-sur-Somme,
48:26 c'est un plus beau détour, absolument remarquable.
48:29 Quand on contemple le lever du soleil,
48:31 je suis allé une fois à Saint-Valery et je suis arrivé très tôt,
48:34 le lever du soleil, le chatoiement des couleurs,
48:36 mais en regardant ça, on n'abîme pas la nature,
48:39 on regarde le ciel, on n'abîme pas le paysage,
48:44 on regarde, on profite, il y a une forme de jouissance tranquille
48:49 et je crois que ça c'est en effet une sobriété.
48:53 Et puis des monuments aussi en termes de patrimoine historique,
48:59 c'est important de les contempler.
49:01 Je suis allé il y a quelques semaines à Saint-Amant,
49:06 Saint-Amant-les-Eaux, ce sont des monuments
49:11 qu'il est important d'avoir aussi en partage.
49:13 Et honnêtement, peut-être que c'est injuste,
49:15 mais à Saint-Amant, il n'y a pas 300 000 personnes
49:17 qui se précipitent tous les matins, donc on peut contempler.
49:19 – C'est pas mercredi.
49:20 – Et on n'abîme rien, on n'abîme pas les monuments
49:23 et on n'abîme pas le paysage, mais on en profite
49:26 parce que la nature, il faut la respecter,
49:29 mais la nature sans l'homme n'est rien non plus.
49:31 Pour que la nature soit belle, il faut qu'il y ait des hommes et des femmes
49:34 pour la regarder.
49:35 – Alors avant de conclure, trois, une récente de nos journaux régionaux,
49:39 c'est une petite habitude qu'on a ici, que je vous propose de regarder
49:43 et ensuite le journaliste afférents vous posera une question.
49:46 Regardez, c'est une très récente, La Nouvelle République
49:48 sur les soignants, ces fameux soignants non vaccinés,
49:51 suspendus et leur vie sans salaire est un peu en galère.
49:55 La Voix du Nord qui a titré "Royal" avec évidemment
49:58 le couronnement du roi Charles III cette semaine.
50:01 Et Le Télégramme qui revient sur les super-riches dans le viseur
50:05 avec le projet de Gabriel Attal et du gouvernement
50:08 de traquer la fraude fiscale sur les gros patrimoines.
50:11 Est-ce qu'il y a une qui vous parle davantage, qui vous intéresse ?
50:14 Je vais prendre "Royal" parce que à côté d'être...
50:18 j'ai toujours été un esprit un peu dispersé,
50:21 donc je préside les plus beaux détours de France,
50:23 mais aussi la Fédération des entreprises des Outre-mer,
50:25 d'ailleurs Saint-Pierre-de-la-Martinique vient de rentrer
50:27 dans le réseau des plus beaux détours,
50:28 mais je m'occupe aussi de relations franco-britanniques.
50:31 Et bien l'incarnation qu'assure le roi en Angleterre
50:37 permet cette dissociation entre le débat politique du quotidien
50:42 avec un Premier ministre, Rouchi Sina, qui assume sa mission,
50:45 et par ailleurs un élément d'unité nationale,
50:48 pas d'unanimité, mais d'unité nationale très fort
50:51 qu'incarne le roi.
50:52 Je ne suis pas devenu monarchiste pour aujourd'hui.
50:54 La France est une république et vive la République.
50:58 La Drôme a donné le président Loubet...
51:01 Vous avez cité en 1789.
51:02 La Drôme a donné le président Loubet à la France
51:08 comme président de la République.
51:09 Il y avait à l'époque cette vertu de la distinction
51:11 entre l'incarnation et l'exercice du pouvoir.
51:14 Le temps est passé par là.
51:16 Les Français sont attachés...
51:17 Vous avez suivi le couronnement du roi Charles ?
51:19 Oui.
51:20 À la télé ?
51:21 Oui.
51:22 C'est juste un mot.
51:23 On finit par une question éthique.
51:24 Ce sont des moments d'émotion et cette question
51:26 de l'unité d'un pays, elle est importante.
51:28 Juste un mot, une question éthique rapidement.
51:30 On vous associe aussi à 2013, vous étiez le chef de file
51:34 de l'UMP sur le mariage pour tous,
51:36 contre en l'occurrence le mariage pour tous.
51:37 On a vu se mettre à coup de pas des personnalités politiques
51:39 de droite, Gérald Darmanin ou autres,
51:42 dire qu'ils regrettaient leur vote contre.
51:44 Est-ce que vous, vous avez également suivi ce parcours-là ?
51:46 Je ne regrette pas mon vote à l'époque,
51:49 à la fois Christiane Taubira, mais c'était aussi dit
51:52 dans une interview que j'avais donnée à Tétu,
51:55 reconnaissait à la fois le sien de mes positions,
51:58 le fait qu'elles étaient articulées, respectueuses
52:00 et qu'il n'y avait pas un gramme d'homophobie
52:03 dans mon analyse, ma position et mon expression.
52:07 Donc votre position n'a pas évolué.
52:09 J'assume et...
52:11 Et aujourd'hui, vous voteriez pareil.
52:14 Voilà, c'est ça la question.
52:15 Le sujet n'est pas à l'ordre du jour aujourd'hui,
52:17 mais je n'exprime pas de mea culpa,
52:20 et je ne regrette pas mon vote à l'époque.
52:22 Je pense qu'un peu de solité, un peu de constance,
52:25 ça se prend pas mal.
52:26 Et il y a quelque chose de constant,
52:28 c'est le bonheur à visiter les plus beaux des tours de France.
52:30 C'est le bonheur et les plus beaux des tours de France
52:32 que vous incarnez.
52:33 Merci beaucoup Hervé Mariton, merci à vous trois.
52:35 Merci à vous derrière vos écrans.
52:36 On se retrouve la semaine prochaine.
52:37 Très bon week-end !
52:38 Merci.
52:39 ♪ ♪ ♪

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