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00:00 [Musique]
00:05 À l'instar de leurs confrères du monde entier, les journalistes ivoiriens célèbrent cette année la liberté de la presse.
00:12 Que doit-on comprendre par ce vocable ?
00:14 Aujourd'hui, dans ce numéro de C'est à dire, on fait un bilan sur la liberté de la presse, notamment en Côte d'Ivoire.
00:20 Et pour ce fait, je suis en compagnie de Monsieur Iro Olivier.
00:24 Il est président de l'Organisation des journalistes professionnels de Côte d'Ivoire.
00:28 Bonjour Monsieur Iro Olivier.
00:30 Bonjour madame.
00:31 Merci d'avoir pris de votre temps pour répondre à nos questions.
00:34 C'est avec plaisir, c'est avec plaisir.
00:36 De 1990, année du printemps de la presse, à 2023, quel est l'état des lieux de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire ?
00:45 Très bien, je dirais qu'elle est existante, même si nous avons toujours des attentes.
00:54 La simple raison que la loi portant le régime juridique de la presse,
00:59 eh bien contient à notre goût, même s'il y a des avancées, des articles liberticides.
01:08 J'entends par cela notamment l'article 90, qui évoque l'outrage au chef de l'État, attentat à la sécurité.
01:21 Je veux dire, ce sont des textes qui ne rentrent pas, en tout cas dans ce qu'on veut faire,
01:29 dans ce qu'on veut réaliser pour la liberté de la presse en Côte d'Ivoire.
01:33 Mais nous notons que pour le délit de presse, il n'y a pas d'emprisonnement.
01:41 Ça, c'est un acquis notable, même si quelques fois, nous remarquons que les hommes de justice
01:48 essaient de contourner cette disposition avec de longues gardes à vue.
01:53 Et pour nous, c'est une disposition qu'il faut bannir dans le comportement des hommes de justice en Côte d'Ivoire.
02:01 Très bien, et selon votre raisonnement, que doit-on comprendre par la liberté de la presse ?
02:09 Est-ce la liberté exagérée ou le libertinage de la presse, ou simplement la liberté d'expression ?
02:17 Nous ne sommes pas en train de reclamer l'immunité, mais nous pensons que la place du journaliste
02:25 est dans la rédaction ou sur son lieu de reportage.
02:29 Donc, qu'on veuille l'empêcher de s'exprimer ou de l'empêcher de penser ce qu'il dit,
02:36 ou de reporter ce que les sans voix disent, pour nous, ça ne nous permet pas d'avancer.
02:43 La liberté d'expression est un droit acquis pour toutes les nations qui veulent bien se respecter,
02:51 qui pensent qu'elles sont démocratiques.
02:53 Mais surtout chez nous, ici, nous pensons que la liberté d'expression ne doit pas être estompée
02:58 ou bien ne doit pas être rompue, parce que le journaliste est celui-là qui porte la voix des sans voix.
03:06 C'est celui-là qui relate toutes les informations auxquelles les uns et les autres se fient.
03:14 Et c'est pour cette raison d'ailleurs que le journaliste est identifié depuis 2017,
03:19 c'est-à-dire n'est journaliste en Corse d'Ivoire que celui qui est détenteur de la carte d'identité
03:23 de journaliste professionnel.
03:24 C'est-à-dire que la loi lui reconnaît ce métier et la loi lui reconnaît ce droit.
03:30 Nous avons certes des devoirs, mais il faut bien nous accorder nos droits.
03:34 - Briefement, comment était vécue la liberté de la presse en 90 et aujourd'hui en 2023 ?
03:41 - Alors en 90 déjà quand on parlait de printemps de la presse,
03:46 nous venions tout juste de sortir de nos formations et c'était un vrai bric-à-brac.
03:55 Tout le monde se disait journaliste, pourvu qu'on soit dans des rédactions,
04:02 tout le monde voulait être directeur de publication sans en avoir le profil.
04:06 Aujourd'hui, tout le monde ne peut pas être journaliste.
04:11 - C'est-à-dire que beaucoup de réformes ont été faites.
04:13 - Exact.
04:14 - Est-ce qu'on peut revenir sur ces réformes là s'il vous plaît ?
04:16 - Notamment pour être journaliste, il faut avoir été dans une rédaction,
04:21 il faut avoir le diplôme, c'est-à-dire Bac +2 minimum.
04:26 Pour que vous ayez la carte, vous devez déjà obtenir le Bac,
04:33 deux ans d'études supérieures et ensuite il va vous falloir faire deux ans dans une rédaction.
04:41 - D'expérience.
04:42 - Deux ans d'expérience dans une rédaction.
04:44 Pour celui qui a déjà la licence, c'est une année, Master et plus, c'est une année.
04:50 C'est-à-dire que vous avez beau avoir votre Master ou votre doctorat,
04:54 il vous faut faire une année dans une rédaction.
04:58 Et vous venez rencontrer un directeur de publication qui vous accepte.
05:02 Et pour être directeur de publication aujourd'hui d'un journal,
05:05 il faut avoir dix ans d'expérience.
05:09 - Minimum.
05:10 - Minimum.
05:11 Et il faut produire, ce qui veut dire que vous devez produire vos dix dernières cartes d'affilée.
05:17 C'est-à-dire qu'aujourd'hui la loi a rendu rigide le métier ou le poste de directeur de publication.
05:24 Donc pour nous c'est quelque chose d'indéniable et dans nos rangs,
05:28 nous avons toujours décrié le fait que des personnes indélicates s'émissent
05:33 pour pouvoir être journaliste ou maltraité même des journalistes.
05:37 Donc pour nous c'est une avancée.
05:40 - 37e mondiale en 2022, sur 180 pays, contre un rang de 66e en 2021 en matière de la liberté de la presse.
05:52 Est-ce un bilan médiocre, positif ou la Côte d'Ivoire peut mieux faire ?
05:57 - Bien entendu, la Côte d'Ivoire devrait mieux faire.
06:01 Et moi j'irai plus loin parce que nous avons le dernier classement de RSF de 2023
06:08 où la Côte d'Ivoire regresse de 17 places.
06:15 Nous sommes aujourd'hui 54e et nous étions 37e l'année dernière.
06:20 Ce qui veut dire qu'il y a encore des attentes et c'est ce que je disais tout à l'heure.
06:24 Tant que ces dispositions au niveau de la loi ne seront pas édulcorées,
06:35 on va dire ça comme ça, il y aura toujours un obstacle pour l'atteinte de cette liberté.
06:43 Si on veut montrer à la face du monde que nous sommes un pays qui respecte ces textes
06:50 et même qui respecte l'état de liberté d'expression,
06:54 il faut changer et il faut aller vers ce qui nous fait changer.
06:58 Et nous l'avons dit, il y a des dispositions dans cette loi qui ne nous permettent pas d'avancer.
07:03 Nous allons continuer un peu dans les chiffres.
07:05 De janvier à mai 2023, ce sont 548 journalistes et 22 collaborateurs des médias
07:13 qui sont détenus dans le monde.
07:15 6 journalistes ont été tués, ainsi qu'un collaborateur des médias dans le monde.
07:20 Quand on parle de collaborateurs, bien entendu, on parle des caméramans, des photographes.
07:23 Alors la liberté de la presse des médias ne devrait-elle pas aller de pair avec la sécurité de la presse ?
07:29 Bien entendu. Moi, en tant que représentant Afrique de l'Ouest de l'ONG Presse Emblème Campagne,
07:36 basée à Genève en Suisse, j'ai, chaque année, organisé la Journée internationale
07:44 de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes.
07:48 Et cette année encore, vous voyez qu'avec le 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse,
07:56 les journalistes sont toujours sous le feu de la rampe, sont toujours victimes de certaines personnes.
08:03 Non pas seulement des armées, mais même des populations qui ne comprennent pas toujours l'action du journaliste.
08:09 C'est-à-dire qu'on a fini par cataloguer certains journalistes en parlant de "presse bleue", en parlant de "presse verte".
08:17 C'est-à-dire qu'entre nous-mêmes, celui qui ne fait pas notre affaire,
08:21 et bien qu'il ne parle pas, en tout cas de très bons termes, de notre leader politique,
08:25 alors il faut le vouer aux gémonies.
08:28 Et partout dans le monde, certaines personnes n'ont pas encore compris que la liberté d'expression est un droit humain.
08:35 Donc, tuer un journaliste ou agresser un journaliste, c'est tuer l'information,
08:40 donc couper l'information de ceux qui les attendent, mais ceux qui pourront en vivre.
08:45 – Je le disais à l'entame de l'émission que la Côte d'Ivoire, à l'extérieur du monde entier,
08:49 célèbre la 30ème journée mondiale de la liberté de la presse.
08:52 Les Ivoiriens auront droit à la liberté.
08:54 Les journalistes ivoiriens ont prévu quoi en faveur de cette célébration ?
09:00 – Cette année, nous avons commencé la commémoration depuis hier.
09:06 La journée qui s'est déroulée à la Maison de la presse au plateau,
09:10 nous avons eu des panels de très haut niveau avec le président Moussa, certains juristes,
09:18 et vraiment c'était échange, vraiment échange sur la loi et sur le métier et sa professionnalisation.
09:28 Nous avons vu qu'avec cette loi, désormais, nous avons la presse en ligne qui est prise en compte
09:35 et qui doit respecter les mêmes directives que la presse version papier.
09:41 Aujourd'hui, cette commémoration du 30ème anniversaire se poursuit,
09:46 notamment avec une marche qui, chaque année, mobilise tous les journalistes.
09:52 C'est-à-dire que moi-même, je suis sorti de la marche tout à l'heure pour venir respecter le rendez-vous
09:57 que j'ai eu avec vous et d'ici là, je retournerai à la marche,
10:01 marche à laquelle participera notre premier responsable ministre de la communication
10:07 et de l'économie numérique, dénommé M. Koulibaly,
10:12 qui sera avec nous certainement à la marche et qui va assister aux différentes déclarations.
10:17 Vous avez parlé d'attentes plus hautes dans l'émission.
10:21 Quelles sont concrètement les attentes que vous pouvez énumérer très brièvement ?
10:28 Il y a tout un chapelet d'attentes.
10:32 On va prendre les deux ou trois petites.
10:34 Ce que nous attendons, c'est que l'État a déjà pris le devant des choses
10:38 en essayant d'aseptiser le secteur des médias,
10:43 à savoir aujourd'hui qui est journaliste et qui ne l'est pas.
10:47 L'État aussi a mis sur pied une agence, la SDM,
10:53 l'Agence de soutien au développement des médias,
10:56 qui aujourd'hui, non seulement s'occupe de tout ce qui est entreprise et médias,
11:01 mais aussi des organisations professionnelles des médias.
11:03 Et nous pensons que cette structure, qui sera dotée d'un peu plus de moyens,
11:09 se penchera sur les difficultés des journalistes,
11:12 qu'ils soient en ligne, en télé, en radio ou en version papier.
11:17 Nous attendons beaucoup de cette agence,
11:20 pour la même raison que c'est un journaliste qui en est le directeur général, M. Zendou.
11:25 Donc nous pensons que de façon légitime,
11:28 il se penchera parce qu'il connaît nos réalités.
11:31 De que reproche aux journalistes d'être des communicants,
11:35 des hommes forts dans les politiques,
11:38 ce qui bien un peu oriente les informations données,
11:41 qu'en est-il réellement et qu'est-ce qui devrait être fait ?
11:43 Je pense qu'il faut faire le distinguo entre le journalisme d'opinion,
11:48 le journalisme d'investigation et le journalisme, je veux dire, objectif.
11:54 Ici en Côte d'Ivoire, vous savez très bien
11:57 que nous avons une forte proportion de journalistes d'opinion,
12:02 c'est-à-dire des journalistes qui sont militants d'un groupe politique
12:07 ou d'une structure ou bien d'un mouvement politique.
12:12 Ça, on ne peut pas leur dénier.
12:16 Il se trouve que ce sont les partis aujourd'hui qui soutiennent des journaux.
12:23 Donc le journal qui a été créé par un parti,
12:28 quand il fait son rendu, quand il fait son vécu,
12:32 c'est pour les idéaux de ce parti.
12:35 Ça, on ne peut pas le reprocher.
12:37 Donc ce à quoi nous voulons appeler les uns et les autres,
12:40 c'est-à-dire en dehors du fait que vous soyez militant d'un parti,
12:43 vous devez avoir le réflexe de l'éthique de la déontologie
12:48 en faisant votre métier.
12:50 On peut être dans un journal d'opinion sans pour autant biaiser la vérité,
12:57 sans pour autant biaiser les faits.
13:00 Les faits sont réels, les commentaires sont libres.
13:03 C'est-à-dire qu'on peut être journaliste, être droit dans ses bottes
13:07 et dire à son mandat ce que j'ai vécu sur le terrain
13:12 ne me permet pas de dire autre chose que ça.
13:15 Et c'est aussi la responsabilité des lecteurs, des auditeurs
13:18 et des téléspectateurs de savoir s'orienter quant à la source
13:22 qu'on recherche en fonction des opinions et de la couleur du journaliste.
13:30 On va finir avec cette question.
13:32 La diffusion du contenu audiovisuel de tous sites de blogueurs, d'activistes
13:36 ou d'influencers disposant de 25 000 abonnés en ligne
13:40 n'a pas le caractère de correspondance privée
13:42 et est par conséquent soumise au respect des principes généraux
13:46 de la communication audiovisuelle.
13:48 Quel regard portez-vous sur cette décision de la Haute Autorité
13:51 de la Communication Audiovisuelle ?
13:53 Nous pensons que chaque personne doit avoir la responsabilité
13:59 justement de son profil, de ses dires.
14:03 Donc quand vous savez que vous êtes un blogueur,
14:05 vous êtes beaucoup suivi, tout ce que vous direz,
14:08 tout ce que vous ferez dire ou bien tout ce que vous publierez
14:12 sur votre page ou bien sur vos R.S. vous engage.
14:15 C'est pour cela que la loi aujourd'hui semble être rigide.
14:20 Nous pensons qu'à un moment donné, il faut pouvoir légiférer,
14:23 il faut pouvoir réglementer tout ce qui se fait
14:27 parce que tout avenant, n'importe qui aujourd'hui se dit journaliste.
14:33 Un blogueur n'est pas forcément un journaliste.
14:35 Un influenceur, comme on le dit si bien,
14:38 puisque c'est un mot qui est devenu à la mode récemment,
14:42 il n'est pas forcément un journaliste.
14:45 Or, si ces personnes-là sont suivies, écoutées par la jeune population,
14:53 les 18-35, c'est sûr qu'il y aura une influence.
14:58 Est-elle négative ou positive ?
15:00 Là, c'est la question.
15:02 Pour l'instant, le journaliste que je suis
15:05 demande que tout ce milieu-là soit réglementé.
15:08 – Monsieur Iroh Olivier, merci d'avoir répondu à nos questions.
15:12 Je rappelle que vous êtes président de l'Organisation
15:15 des journalistes professionnels de Côte d'Ivoire.
15:17 Avec vous, il était question de la 30e journée mondiale
15:20 de la liberté de la presse, les acquis et les attentes
15:23 des journalistes de Côte d'Ivoire.
15:25 Merci d'avoir accepté de répondre à nos questions.
15:28 – Avec plaisir.
15:29 – Merci également à vous, chers téléspectateurs, de nous avoir suivis.
15:33 Restez avec nous, l'information continue sur cette info.
15:36 [Musique]
15:41 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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