Category
🗞
NewsTranscription
00:00 L'Assemblée Générale de Casino hier n'a pas rassuré les craintes concernant le groupe Stéphanois.
00:05 Non, loin de là, le PDG Jean-Charles Nahoury a confirmé le mur de dette qui fait face à l'enseigne.
00:12 Sans trop s'exprimer sur les possibilités de reprise, les ventes sont en baisse.
00:16 Et les salariés dans tout ça, il y en serait 5000 dans la Loire.
00:20 Et on en parle avec notre invité qui travaille au siège de Casino à Saint-Etienne
00:24 et qui est secrétaire général de la CFDT Commerce et Services pour la Loire et la Haute-Loire.
00:29 Bonjour Estelle Silbermann.
00:31 Oui bonjour.
00:32 Le désendettement est donc la priorité affichée de Jean-Charles Nahoury.
00:35 On parle quand même de 4 milliards et demi d'euros.
00:38 Ça pèse forcément sur votre boulot.
00:39 Est-ce que vous avez confiance en votre direction pour y arriver ?
00:43 Confiance en notre direction ?
00:45 En tout cas, notre PDG, il faudrait déjà qu'il vienne à Saint-Etienne pour qu'on puisse avoir confiance.
00:51 Aujourd'hui, non, on ne peut pas dire qu'on soit en confiance.
00:54 Parce que hier, une cinquantaine de salariés ont manifesté devant l'Assemblée Générale,
01:00 devant les portes de l'Assemblée Générale.
01:01 Ils dénoncent à l'appel de la CGT une hémorragie des effectifs
01:05 ou des départs volontaires des ruptures conventionnelles.
01:07 Et tout ça qui se ferait dans le plus grand silence,
01:09 c'est aussi l'impression que vous avez Estelle Silbermann ?
01:12 Ce n'est pas une impression, c'est une réalité.
01:14 Aujourd'hui, en effet, les effectifs ont été réduits en entrepôts, en magasins, au siège social.
01:21 On encourage les gens à avoir des ruptures conventionnelles.
01:24 On les fait partir.
01:25 On fait même partir des gens, soi-disant, en retraite.
01:28 On les licencie avant l'heure avec, bien évidemment, leur accord.
01:31 Ce sont des petits accords entre la direction et le salarié.
01:34 On les met sur le marché du travail, donc au poids de la société et du chômage.
01:37 Et ça, depuis déjà de nombreuses années, oui.
01:39 On parle de combien d'emplois qui seraient concernés depuis ces derniers mois, peut-être ?
01:44 Depuis ces derniers mois, je ne peux pas vous donner une idée.
01:47 Mais après, si vous allez dans les magasins, casinos,
01:49 et que vous faites le tour un petit peu de l'état des magasins,
01:52 ça vous donne un avis sur le nombre de salariés qui peuvent rester en magasin.
01:55 Des magasins décrépits, sur lesquels on ne fait aucun investissement,
01:59 et des rayons vides.
02:01 Ça vous donne une idée un petit peu des salariés qui restent en magasin.
02:04 Oui. Et vous ne rien dire, le silence,
02:08 c'est la méthode que vous dénoncez, en tout cas, de la part de casinos, de la direction ?
02:12 Oui, tout à fait.
02:14 On dénonce ça déjà depuis longtemps, depuis 2019, dès la procédure de sauvegarde.
02:19 En mars 2019, on avait déjà été à la rencontre des élus locaux
02:23 pour dénoncer la dette de casinos.
02:25 Ce qui nous avait valu d'ailleurs à l'époque,
02:27 une convocation, un entretien préalable et sensiblement
02:31 avec mon collègue délégué syndical Guillaume Touminet.
02:34 Et vous voyez un petit peu la réponse qu'on peut avoir de nos directions
02:38 quand on essaye de briser cette chape de silence.
02:41 Mais aujourd'hui, vous êtes toujours en place ?
02:43 Aujourd'hui, on est toujours en place.
02:45 Et d'ailleurs, Casino a été condamné pour ses agissements.
02:49 Comment est-ce que vous vous sentez aujourd'hui, Estelle Silberman ?
02:52 Comment vont vos collègues au quotidien ?
02:54 Parce que ça fait des semaines, des mois, qu'on dit que ça ne va pas bien
02:57 et que vous n'avez pas l'air d'être très informée de ce qui vous arrive.
03:00 Alors, en effet, on n'est pas très informée
03:02 et ça génère une inquiétude et une angoisse quotidienne
03:05 avec une charge de travail aujourd'hui qui est...
03:07 Enfin, je veux dire, c'est des magasins fantômes.
03:10 Nous, au siège social, on a de moins en moins d'activités.
03:12 On n'a pas d'informations.
03:14 Les salariés sont très inquiets.
03:16 Aujourd'hui, vous avez deux types de salariés.
03:18 Vous avez ceux qui sont, comme nous, très inquiets à la CFDT.
03:22 Les partenaires sociaux sont inquiets de l'avenir,
03:26 de ce que ça pourrait engendrer tout ça sur la pérennité des emplois.
03:30 Et puis, vous avez ceux qui n'arrivent même pas à y croire.
03:32 Je vais vous dire, on est presque dans la même configuration que ManuFrance à l'époque
03:36 où, jusqu'au dernier moment, les salariés ne pouvaient pas croire que ManuFrance pouvait couler.
03:38 On en est exactement au même stade.
03:40 C'est-à-dire qu'on se dit "C'est pas possible".
03:42 Pour certains, c'est pas possible.
03:44 Et pour d'autres, c'est une angoisse quotidienne, en effet.
03:46 Et ça, c'est valable partout, aussi bien au siège à Saint-Etienne chez nous,
03:48 dans les magasins, partout.
03:50 Mais bien sûr, partout, en entrepôt, en magasin,
03:52 tout le monde se demande, avec une expression populaire,
03:56 à quelle sauce on va être mangé demain.
03:58 Et si on aura la chance de pouvoir poursuivre,
04:00 moi, je me demande si je finirais ma carrière chez Casino.
04:04 J'ai 46 ans. Est-ce que je terminerais ma carrière chez Casino ?
04:06 J'ai aucune certitude, aujourd'hui.
04:08 - Alors, depuis plusieurs semaines,
04:10 on parle d'offres de reprise ou de rapprochement.
04:12 Il y a des tractations avec le groupe Terrac,
04:14 tout bien avec Intermarché.
04:16 On parle aussi du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky,
04:18 qui est déjà actionnaire et qui voudrait injecter de l'argent.
04:22 Est-ce que ces offres vous parlent ?
04:24 Est-ce que ça pourrait tenir la route, selon vous ?
04:26 - Si vous voulez pouvoir répondre à votre question,
04:28 il faudrait qu'on ait des éléments factuels
04:30 pour pouvoir vous apporter une réponse.
04:32 Moi, je ne suis pas économiste.
04:34 Je suis syndicaliste et salarié du groupe Casino.
04:36 Aujourd'hui, je suis incapable de vous dire
04:38 ce que ça peut nous emmener.
04:40 Il y a des propositions sur la table.
04:42 Pour qu'on puisse les analyser sérieusement,
04:44 il faudrait qu'il y ait un dialogue social en interne,
04:46 qu'il soit franc et honnête. Et ce n'est pas le cas.
04:48 Aujourd'hui, on n'a pas d'informations.
04:50 Les informations qu'on a, on les a comme vous,
04:52 c'est-à-dire dans la presse.
04:54 Donc, on ne sait pas. On n'a pas de vision.
04:56 Hier, d'ailleurs, Jean-Charles Nauri n'a pas répondu
04:58 aux questions des actionnaires sur ce point.
05:00 Sur la question Kretinsky, il les a renvoyées vers M. Kretinsky.
05:02 Tout est flou, si vous voulez.
05:04 On ne sait pas. Vraiment, c'est le flou le plus total.
05:06 On est dans le brouillard.
05:08 - Et on l'entend, donc vous attendez certainement des réponses
05:10 de votre direction. Merci beaucoup, Estelle Silberman,
05:12 d'avoir répondu à nos questions ce matin.
05:14 Je rappelle que vous êtes la secrétaire générale
05:16 de la CFDT, Commerce et Services
05:18 pour la Loire et la Haute-Loire. Merci, bonne journée.
05:20 - Merci.
05:22 retrouver sur francebleu.fr