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Élue meilleure joueuse du monde de rugby à VII en 2021, Anne-Cécile Ciofani s'applique à valoriser son sport et l'importance de la médiatisation du sport au féminin.
Transcription
00:00 J'ai des préjugés autour de la pratique du rugby.
00:02 Forcément, quand on est une femme, il y en a beaucoup.
00:04 J'ai appris à jouer au rugby à Bobigny.
00:11 Donc, j'ai commencé à la fac en STAP.
00:13 C'est là où j'ai commencé vraiment à prendre toutes les bases un peu en accéléré,
00:16 finalement, parce que j'ai commencé à 18 ans.
00:18 Donc, j'ai eu un apprentissage très condensé.
00:20 Après la fac, je suis passée en club à l'AC Bobigny 93,
00:23 où là, j'ai vraiment appris plus en maîtrise le jeu.
00:28 Les joueurs et les choses qui m'ont inspirée,
00:30 finalement, ça a beaucoup été celles qui m'entouraient.
00:32 Une fille typiquement comme Kumbadialo, Assa Kohita aussi,
00:36 qui était là dès mes débuts.
00:38 Je me suis vraiment appuyée sur elle.
00:39 Je l'ai regardée un peu avec des étoiles dans les yeux
00:41 parce que je ne connaissais absolument rien au rugby quand j'ai commencé.
00:44 Et au fur et à mesure du temps, je les voyais faire les allers-retours
00:46 entre l'équipe de France, le club.
00:47 J'étais beaucoup admirative du travail qu'elle faisait.
00:50 Donc, je pense que ça a été vraiment mes sources de motivation et d'inspiration
00:53 des filles comme elle, qui sont un peu les piliers aussi du rugby féminin.
00:56 L'état d'esprit du rugby, c'est beaucoup d'entraide.
01:00 Le travail collectif, c'est la majeure partie des réussites.
01:04 Même dans les échecs, finalement, le collectif prend une place énorme.
01:09 Le fait de travailler ensemble et les unes pour les autres,
01:11 parce que même s'il n'y a pas forcément les affinités avec tout le monde,
01:15 ce qui est normal, il y a vraiment ce respect les unes envers les autres
01:17 parce qu'on sait qu'on est toutes dirigées vers le même objectif.
01:20 Alors, en pratiquant le rugby A7, je m'intéresse aussi au rugby A15,
01:24 effectivement, parce que c'est un passage obligatoire.
01:28 Avant d'être sélectionnée en équipe de France A7,
01:29 j'ai fait du rugby A15 en club.
01:31 Et comme il n'y a pas de club de rugby A7, on est repérés dans les équipes A15.
01:35 Je m'y intéresse parce que j'aime aussi ça.
01:37 C'est par là que j'ai commencé.
01:38 Je m'y intéresse parce que j'ai des copines aussi qui le pratiquent
01:42 à haut niveau et au niveau amateur.
01:44 Puis j'aime ça, les émotions que ça procure, ça reste du rugby
01:47 et ça reste beau à voir.
01:48 Alors, les préjugés autour de la pratique du rugby,
01:51 forcément, quand on est une femme, il y en a beaucoup.
01:54 J'ai eu la chance de ne pas forcément me retrouver confrontée
01:56 directement à des personnes négatives par rapport à ça.
01:59 Mais effectivement, ça passe aussi par la médiatisation.
02:02 Même si ce n'est pas dit directement,
02:04 on sait qu'on n'est pas autant mis en valeur que les hommes,
02:07 encore plus au rugby A7.
02:08 C'est compliqué de faire ses preuves, de s'imposer,
02:11 mais ça arrive de plus en plus.
02:12 Récemment, la Coupe du Monde A15, qui est passée sur TF1,
02:15 ça montre une autre image du rugby féminin et ça montre que
02:19 l'intérêt prend de plus en plus de place au sein de la population française
02:23 et ça passera par là.
02:24 Mais on essaie de casser un petit peu tous ces préjugés
02:27 et de proposer à notre fédération aussi des compromis
02:30 qui peuvent être bénéfiques autant pour eux que pour nous.
02:33 Pour valoriser le rugby féminin,
02:35 peut-être mettre plus de moyens et professionnaliser le rugby
02:38 qui aujourd'hui est amateur.
02:39 Donc, le meilleur championnat de rugby féminin est encore amateur.
02:43 C'est-à-dire que les femmes qui le pratiquent vont à l'école la journée,
02:46 s'entraînent le soir, trois fois par semaine.
02:48 Plus, si elles le peuvent et si elles le veulent aussi,
02:50 parce que ça demande une organisation qui est très particulière,
02:52 peut-être commencer par la professionnalisation du rugby féminin
02:56 qui pourra amener d'autant plus de jeunes filles.
02:59 Quand on sait qu'on peut en vivre,
03:00 c'est une motivation supplémentaire à pouvoir pratiquer tout simplement le rugby.
03:06 Alors à mon niveau, pour faire parler du rugby féminin,
03:08 ça passe énormément par les réseaux sociaux.
03:10 J'essaye au maximum de communiquer là-dessus sur nos journées,
03:15 sur nos déplacements,
03:16 d'expliquer aux gens comment ça se passe quand on part en tournoi
03:19 via différentes applications.
03:20 J'ai eu la chance d'être récemment approchée par une grande marque d'équipementiers,
03:24 qui est Nike.
03:24 De par ce grand groupe, finalement,
03:26 ça met énormément en lumière l'intérêt qu'ils ont, eux,
03:29 à promouvoir un sport féminin.
03:31 Et moi, je sais que je vais en jouer aussi énormément
03:33 parce que c'est une grande marque, c'est un gros groupe.
03:35 Et le fait qu'ils m'accompagnent aujourd'hui,
03:37 ça va me permettre aussi de m'exposer au mieux
03:41 et de faire parler de mon sport.
03:42 Mon meilleur souvenir de carrière ?
03:44 J'aurais tendance à dire les Jeux olympiques
03:46 parce que c'est le plus gros événement auquel j'ai participé.
03:49 Mais il y a un événement qui m'a énormément marquée,
03:51 c'est lors de la première Coupe du Monde de rugby A7 en 2018,
03:56 où c'était ma première année sous contrat.
03:58 Au bout de trois mois, je me blesse à l'épaule,
04:00 je suis écartée de trois mois des terrains.
04:02 Et là, je ne me voyais pas faire cette Coupe du Monde.
04:05 Finalement, je l'ai fait, je finis révélation du tournoi
04:08 et je marque l'essai qu'ils nous envoient en finale.
04:11 Ça a vraiment été un moment très intense et très fort.
04:14 Quand j'ai reçu mon titre de meilleure joueuse du monde en 2021,
04:17 ça a été une grande surprise.
04:20 Je ne m'y attendais pas du tout.
04:22 J'étais déjà très contente de faire partie des nominées.
04:24 Franchement, je n'en revenais pas.
04:25 J'étais super contente, forcément pour moi,
04:28 mais aussi pour l'équipe et pour le sport féminin français,
04:31 qui de par cette consécration finalement s'élève un petit peu.
04:35 Et ça a eu un gros coup de projecteur là-dessus.
04:38 Même encore aujourd'hui, je regarde mon trophée vraiment les yeux brillants.
04:42 [Musique]

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