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00:00 - Oui, parce que le problème, c'est les preuves.
00:02 - C'est ça, ça parle contre eux.
00:04 - Exactement. Et à un moment, vous avez eu peur que la justice ne puisse pas rendre de verdi ?
00:10 Parce qu'il n'y avait pas de preuves. Là, heureusement, vos parents ont eu cette intelligence
00:13 et cette réactivité de le faire parler.
00:15 Mais vous avez eu peur à un moment de se dire "personne ne va nous croire" au fond ?
00:18 Parce que comment prouver ça quand c'est quelque chose qui se fait en tête à tête, quasiment ?
00:23 Que ce soit sous la douche ou dans une voiture.
00:25 - Nos parents n'ont pas eu du tout de mal.
00:28 Parce qu'on savait pertinemment qu'on serait cru le cercle proche pareil aussi.
00:31 Mais on a eu très peur que d'un point de vue judiciaire, ça n'aille pas au bout.
00:36 On s'est dit, parce qu'il peut dire que c'est pas vrai, c'est un non-lieu où il est acquitté.
00:41 Et on avait très peur de ça.
00:43 Après, on a été très déçus du verdict.
00:45 - Ça a été quoi le verdict ?
00:46 - Il a pris 8 mois avec sursis.
00:48 Notre avocat nous a dit qu'il n'aura jamais de ferme.
00:51 - 8 mois avec sursis ?
00:53 - Oui, il a pris 8 mois avec sursis.
00:54 - Pour des agressions sexuelles sur vous et votre frère ?
00:56 - Oui, parce qu'on est deux à avoir porté plainte.
00:58 Il y en a beaucoup plus.
01:00 Il y a des amis, mon frère et moi, qui nous ont témoigné.
01:04 Il y a eu 7 lettres anonymes en tout.
01:06 De personnes qui auraient l'âge de mes parents, Asterix.
01:10 Qui témoignent de viols aussi, également.
01:12 - Ces gens-là disaient que ça faisait 30 années que ça a duré.
01:16 - Oui, que ça a duré.
01:17 Ils étaient même parfois victimes.
01:18 Mais c'était des lettres anonymes ou des lettres qui avaient 20, 30 ans.
01:21 Des faits qui remontaient à 20, 30 ans.
01:23 C'était irrecevable.
01:26 - Vous connaissiez des amis à vous, des gens que vous fréquentiez,
01:29 qui ont été victimes de l'huile ?
01:30 - Oui, qui me l'ont dit.
01:31 Moi, forcément, je leur ai conseillé d'en parler.
01:34 Ils n'ont jamais voulu que ce soit pour des motifs religieux, familiaux.
01:37 Enfin, pour X motifs, ils n'en ont jamais parlé.
01:40 - Vous, vous avez décidé d'en parler.
01:42 Vous avez fait un livre qui s'appelle "Une fissure"
01:44 qui va bientôt être republié avec de nouveaux éléments.
01:47 Pourquoi vous en parlez publiquement, en fait ?
01:50 - Parce que c'est une cause...
01:52 Au même moment, il y a eu plusieurs athlètes qui en ont parlé.
01:54 Il y a eu Sarah Bidble pour le patinage artistique.
01:56 Il y a Sébastien Bouaille aussi, des colosses au pied d'argile.
01:59 - Donc, on a vu le TFM hier soir.
02:01 - Et puis, on va...
02:03 C'est un mouvement, en fait, de plusieurs athlètes.
02:05 Et je me suis dit, enfin, moi, une fois, ça m'est arrivé.
02:08 Pour moi, je ne peux plus rien faire.
02:10 Mais je peux, par contre, faire en sorte d'aider les prochaines personnes
02:13 qui se retrouveraient dans ce genre de situation.
02:16 Je l'ai fait à but de prévention contre ça.
02:19 - Cet entraîneur, il a eu 8 mois avec sursis.
02:22 Vous l'avez recroisé ?
02:24 - C'était le président.
02:26 Mais oui, je le recroise des fois en voiture.
02:28 Il habite à 2 km, 3 km de chez moi.
02:31 - Qu'est-ce que vous ressentez quand vous le revoyez ?
02:33 - Ben, je sais, après, je le vois, c'est en voiture.
02:36 Mais, enfin, je me dis que sa vie, maintenant, elle est...
02:39 Elle a à peine changé de ce qu'il faisait avant.
02:42 - Alors que la vôtre est bouleversée.
02:44 - La mienne a été, ouais, été bouleversée.
02:46 Et il est encore avec sa femme.
02:48 Enfin, il habite toujours dans le coin.
02:50 Il y a des événements dans la ville où j'habite.
02:52 Des fois, il sort.
02:54 Enfin, il est dans des associations où il y a encore des enfants.
02:57 Enfin, c'est...
02:59 Je n'ai pas les mots pour ça, mais après, je peux...
03:01 - Vous avez le sentiment qu'il y a une injustice, en fait ?
03:03 - Ben, complètement. Mais même le verdict, 8 mois avec sursis,
03:05 c'est dérisoire, quoi, clairement.
03:07 Mais au moins, il y a eu un rendu.
03:09 Et je sais que bon nombre de victimes n'ont pas cette chance,
03:11 entre guillemets, qu'il y ait une décision,
03:13 une finalité au dossier, quoi,
03:15 où c'est en cours, où c'est à quitter.
03:17 Mais il y a eu cette chance, si je peux dire,
03:19 que ce soit au bout du processus.
03:21 - Qu'est-ce qui vous reste de tout ça, au fond ?
03:23 Parce que tout à l'heure, vous essayez de trouver
03:25 quelques points positifs en disant "ça m'a rapproché de mon frère".
03:27 Ça vous a renforcé, aujourd'hui ?
03:29 - Ça m'a renforcé. Comme dit Jean Dormeson,
03:31 "Merci pour les roses, merci pour les épines".
03:33 Cet événement, il est forcément dans ma vie personnelle,
03:35 sentimentale, affective.
03:37 Ça a été désastreux, parce qu'il m'a volé
03:39 une partie de ma sexualité en enfance, adolescence.
03:41 Donc j'ai été suivi très longtemps.
03:43 Mais comme je disais, j'ai eu la chance
03:45 d'être accompagné par des parents formidables,
03:47 un frère aussi qui m'a toujours soutenu,
03:49 des amis qui m'ont toujours cru.
03:51 Et c'est vrai que maintenant, je vais vers l'avant
03:53 et je prends le positif qu'il y a à prendre.
03:55 - Merci beaucoup, Benjamin.
03:57 Merci d'avoir été avec nous.
03:59 Je rappelle votre livre qui va ressortir bientôt,
04:01 qui s'appelle "Fissures avec de nouveaux éléments".
04:03 Merci d'avoir été sur ce plateau.
04:05 Dans un instant, Anthony Favali sur CNews.
04:07 Nous, on se retrouve mardi sur CNews,
04:09 puisque lundi, c'est fredonné.
04:11 Merci à vous tous.
04:13 À mardi.
04:15 Et d'ici là, soyez prudents.
04:17 ...