Regardez L'invité de RTL du 05 mai 2023 avec Yves Calvi.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h45, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Bonjour Christophe Béchut.
00:10 Bonjour Yves-François Guy.
00:11 Vous êtes ministre de la transition écologique et nous avons deux actualités très importantes sur lesquelles nous allons revenir ce matin.
00:16 La sécheresse qui touche le pays et puis votre grand plan vélo qui est présenté aujourd'hui.
00:20 Commençons s'il vous plaît par la sécheresse. Trois départements sont déjà au niveau crise avec des restrictions extrêmement sévères.
00:26 Je veux parler des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Var. Pouvez-vous nous détailler les contraintes mises en place dans ces départements ?
00:33 On a effectivement une situation qui justifie qu'il y ait des contraintes dès maintenant et dans quelques jours
00:38 c'est les Pyrénées-Orientales qui vont également basculer au niveau crise. Un département dans lequel il n'y a pas eu une vraie journée de pluie depuis un an.
00:45 Pour vous donner une ampleur de la situation qui nous attend.
00:48 Il ne mange pas plus sérieusement dans les Pyrénées-Orientales depuis un an ? Depuis un an.
00:53 Pour se dire les choses, on a une situation qui est contrastée
00:56 avec un sujet sur tout le pourtour méditerranéen et le bouloir rhodanien. Dans le reste du pays on a eu des pluies en mars qui ont
01:03 plutôt permis de minimiser la situation mais les trois quarts du pays, 75% de nos nappes phréatiques sont
01:09 en dessous de leur moyenne de saison. Pour vous donner un élément de comparaison,
01:13 l'année dernière à la même date c'était 58% et on sait l'été qu'on a eu.
01:19 Ce qui explique qu'on est dès maintenant des situations de crise et il y a même des communes, par exemple dans les Bouches-du-Rhône, qui ne sont pas
01:25 sorties de la crise depuis l'été dernier.
01:27 Et dans lesquelles il y a eu des continuités de
01:32 restrictions. Quand on est en crise, c'est simple, rien n'est autorisé à part l'eau potable.
01:37 Vous avez des bouts de choses qui sont permises, par exemple pour faire en sorte d'irriguer
01:41 des arbres qui viennent d'être plantés, pour permettre dans des cas
01:46 très particuliers, pour des raisons sanitaires, de pouvoir continuer à avoir un peu d'eau. Mais la règle à la fin,
01:52 il y a trois niveaux, il y a quatre niveaux dans notre pays. La vigilance,
01:56 aujourd'hui on a plus de 30 départements qui sont déjà en vigilance sécheresse.
02:00 Et on a une vingtaine de départements qui ont un titre ou un autre, sont entrés dans des champs de restriction,
02:05 alertes, alertes renforcées et crises. - Christophe Béchut, pour nos auditeurs qui viennent de voir
02:09 de la pluie pendant trois semaines, vous comprenez qu'il y a un décalage entre la réalité
02:16 physiologique que vous nous décrivez, qui bien entendu n'est pas remise en cause, et ce qu'ils ont vécu.
02:19 Qu'est-ce qu'on leur dit ce matin, alors que vous annoncez des restrictions et qu'on va les détailler ?
02:23 - Je leur dis que on est dans des situations qui sont variées et qu'il faut bien comprendre que c'est pas un découpage
02:28 administratif qui décide des restrictions, c'est la réalité des nappes phréatiques et de l'eau disponible. Et il y a
02:33 1100 sous-bassins, et donc on est dans 1100 situations différentes dans le pays, mais nous avons aujourd'hui partout,
02:41 à l'exception du Grand Ouest et d'un peu du Nord, des situations qui ne sont pas favorables.
02:46 Et il faut comprendre qu'une pluie qui arrive en avril avec des températures plus chaudes,
02:50 il y a davantage des vapeaux de transpiration, il y a davantage d'eau qui est absorbée par la végétation, et donc
02:55 il y en a moins qui va dans les cours d'eau qui nous sert de réserve pour les autres usages
03:00 dont on a besoin. - Alors on est bien d'accord que, en ce qui concerne les Bouches-du-Rhône, le Gard, le Var et donc les Pyrénées-Orientales,
03:05 ce que vous venez de nous confirmer, en ce moment il y a des mesures de restrictions très claires.
03:09 On ne peut plus arroser son jardin, les lavages de voitures sont fermés, il est interdit de remplir les piscines ? - C'est tout à fait exact.
03:16 Et pour être précis,
03:18 dans quelques jours j'aurai l'occasion de présenter le nouveau guide sécheresse, qui est la mise à jour et qui permet de détailler les règles
03:25 minimales qui doivent être mises en place par les préfets en fonction des niveaux de restrictions.
03:28 Un préfet peut aller plus loin, dans le cas des Pyrénées-Orientales par exemple, c'est la vente des piscines
03:34 hors sol, qui va être interdite de manière à éviter d'avoir des gens qui achètent des piscines, qui ensuite auraient la tentation de les remplir,
03:40 alors même qu'on interdit ce remplissage. - Mais justement, que dites-vous ce matin à ces Français qui ont économisé peut-être parfois toute leur vie pour avoir une piscine ?
03:47 - Je leur dis qu'il faut bien comprendre que c'est pas une décision du gouvernement, c'est la réalité de la nature et de la situation dans
03:54 laquelle nous sommes. Aujourd'hui, il faut s'habituer à l'idée que
03:58 le dérèglement climatique, c'est maintenant, les conséquences de ce moins d'eau, c'est maintenant et qu'il faut qu'on sorte d'une culture de l'abondance
04:05 pour rentrer dans une logique de lutte contre les gaspillages. 20% de l'eau potable part dans des fuites.
04:10 On a aujourd'hui des communes, des centaines de communes, où le taux de fuite est supérieur à 50%. On a
04:17 150 litres d'eau par français et par jour
04:21 d'eau potable que nous utilisons. On ne réutilise pas nos eaux usées alors que pourtant nos voisins le font. Bref,
04:28 il faut de la sobriété et il faut optimiser les usages. - Vous dites quoi au français ce matin ? Le temps des piscines, c'est fini ?
04:33 - Non, je dis le temps de la sobriété, y compris en matière de l'eau, il est arrivé. Sortir de cette culture de l'abondance
04:39 en fonction de l'endroit où on vit, des latitudes dans lesquelles nous sommes. - Je me souviens très bien de ma première leçon de géographie
04:45 au CP, à l'école élémentaire.
04:47 C'était "la France est un pays tempéré". Est-ce que ça veut dire que ce n'est plus vrai ?
04:51 - Ça veut dire que c'est toujours vrai, mais dans un contexte de dérèglement climatique qui fait que notre pays
04:58 le nord va être gagné par une partie des températures du sud qui elles-mêmes vont être gagnées par des températures qui sont plus chaudes
05:03 et que
05:05 hier matin, dans un autre contexte,
05:07 le conseil national de la transition écologique qui regroupe des syndicats, des spécialistes et avec un observatoire qui est présidé par un sénateur écologiste,
05:15 a adopté à l'unanimité la trajectoire de réchauffement climatique dont j'avais parlé il y a quelques semaines en disant "attention il faut qu'on prépare notre pays
05:23 à vivre avec 4 degrés de plus à la fin de ce siècle s'il n'y a pas une inversion forte sur le plan mondial de ce qui se passe".
05:29 Derrière tout ça, c'est très concrètement ces changements, moins de neige, plus de jours de canicule, plus de sécheresse
05:36 auxquels on est en train de se préparer et de s'adapter.
05:39 - Parlons du plan vélo.
05:42 Les français ont l'air d'être disponibles dans les enquêtes d'opinion quant au fait de faire un effort et de remonter sur leur bicyclette,
05:48 mais il y a beaucoup de problèmes.
05:50 Qu'allez-vous nous proposer ? - Le premier plan vélo date de 2018. Avant, c'était pas un sujet national,
05:56 c'était pas un sujet qui était présenté par un gouvernement et par des ministres. Et c'est à Angers que Edouard Philippe
06:00 avait présenté ce premier plan vélo. - Dans votre ville ? - Exactement, dans la ville dans laquelle j'étais le maire à l'époque.
06:07 On a, au cours de ce premier quinquennat, globalement consacré un demi milliard d'euros au vélo.
06:13 Là c'est deux milliards dans ce quinquennat qui va être consacré pour plein de raisons. D'abord, avec l'essor des vélos assistance électrique,
06:20 c'est moins d'efforts parfois pour une partie de nos concitoyens de pouvoir faire du vélo. Ensuite,
06:24 il y a cette culture de comprendre que c'est à la fois bon pour la planète et bon pour le pouvoir d'achat. Mais il faut des infrastructures
06:30 et il faut des appuis. Il y a donc trois grands axes. Le premier c'est
06:35 d'aider à apprendre à faire du vélo les plus jeunes. Aujourd'hui on est à 200 000 jeunes formés
06:40 en douze mois. L'idée demain c'est qu'une classe d'âge, tous les ans, puisse acquérir les bases du savoir rouler.
06:45 800 000 enfants par an. C'est ce qui sera annoncé cette année. - C'est nécessaire ?
06:48 Parce que je suis sûr qu'un certain nombre de ceux qui nous écoutent se disent "mais tous les enfants savent faire du vélo". Non.
06:52 - Non, c'est nécessaire. De la même manière que ce savoir rouler, c'est parfois aussi
06:57 permettre à des adultes de s'y remettre. Le deuxième grand axe... - On va pas passer par "donnez-moi un permis vélo à l'école".
07:02 - Non, je me rassure, c'est pas du tout l'objectif. L'objectif c'est de faire en sorte
07:05 de donner les bases en termes de sécurité, en termes de suivi et de donner les bons réflexes en termes de sécurité.
07:11 Le deuxième grand axe c'est d'aider sur les infrastructures.
07:14 Globalement, l'objectif c'est d'avoir 100 000 kilomètres de pistes cyclables. On est environ à 50 000
07:18 à la fin de cette décennie. - Dans quel délai ?
07:21 - 2030. - 2030. - Ce qui veut dire, en gros, c'est plus de 17 000 kilomètres de pistes cyclables
07:26 au cours de ces cinq dernières années. Et l'enjeu c'est de tripler cet effort dans les années qui viennent. Ce qui explique les sommes qui vont
07:33 être consacrées pour appuyer les collectivités locales. Et puis enfin, c'est continuer à aider les Français.
07:37 Il y a eu 17 millions de vélos achetés au cours de ces cinq dernières années.
07:42 33% d'augmentation de la pratique. Et là on a deux axes. D'abord, faire en sorte qu'on ait des vélos qui soient fabriqués en France
07:47 pour que ça puisse profiter à une partie de notre activité.
07:49 C'est un des éléments aussi de la réflexion sur une industrie verte et sur
07:54 ce qui est bon pour la planète, ce qui est bon pour le pouvoir d'achat. - Il y en a, ils sont magnifiques,
07:58 généralement on les trouve chers. - C'est vrai parce qu'aujourd'hui ce sont plutôt des vélos de haut de gamme qui sont fabriqués chez nous.
08:04 Là où des vélos moins haut de gamme le sont au Portugal.
08:08 Et il y a aujourd'hui un enjeu pour faire en sorte d'internaliser une partie de tout ça et puis d'aider
08:13 les plus modestes à pouvoir aussi continuer à acheter des vélos. - Vous allez augmenter les aides ?
08:16 - Nous allons en particulier faire en sorte
08:18 que les aides soient éligibles pour les vélos d'occasion. Et pour faire passer le message que
08:22 il n'y a pas que le vélo neuf qui peut aussi permettre de faire du vélo, que ça permet d'avoir un reste à charge moins élevé.
08:26 C'est aussi une façon de valoriser l'économie circulaire dont on parle beaucoup
08:29 et pour lequel parfois il est nécessaire qu'on ait des preuves d'amour qui soient plus importantes.
08:33 - Un tout dernier mot, puisqu'on entend que vous êtes volontariste notamment sur le vélo ce matin.
08:36 Votre confrère Clément Beaune, ministre des Transports, reconnaît qu'il y a un problème,
08:39 un véritable obstacle qui est celui des stationnements sécurisés.
08:42 Tous mes amis parisiens se sont fait voler au moins une fois leur vélo.
08:45 - Alors il y a deux axes. D'abord c'est le marquage obligatoire des vélos.
08:48 4 millions de vélos ont été marqués au cours de ces dernières années.
08:50 Mais je vous ai dit que dans le même temps on en avait vendu 17 millions.
08:53 Donc on mesure la marge parce que ça, ça permet ensuite d'éviter
08:55 au moins en France qu'on se retrouve avec des reventes.
08:58 Et ensuite ce sont les stationnements sécurisés. Et là il y a un enjeu d'intermodalité
09:01 parce qu'on sait qu'en particulier, quand on prend le train,
09:04 quand on prend les transports en commun et qu'on veut laisser son vélo
09:06 pendant une période de temps relativement longue,
09:08 et compte tenu du prix de ces vélos assistance électrique,
09:11 il faut des boxes de stationnement sécurisés.
09:13 C'est à la fois une des mesures du plan vélo, très forte,
09:16 avec des dizaines de milliers de places qui vont être financées.
09:18 Et c'est aussi une mesure dont on va discuter avec les régions,
09:21 dans le cadre des pôles d'échange multimodaux
09:23 et demain, après-demain, de ces RER métropolitains dont on a parlé.
09:27 Parce que ça s'insérera dans un schéma de mobilité des carbonés.
09:30 Nous sommes tout simplement.
09:31 [SILENCE]