7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Qui est derrière l'attaque contre le Kremlin?

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Ce mercredi le Kremlin a été la cible d'une supposée double attaque de drone. L'Ukraine a démenti toute responsabilité alors que la Russie dénonce une tentative d'assassinat de Vladimir Poutine. 

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Transcription
00:00 qui peut-être à l'origine de cette double frappe de drone sur le Kremlin.
00:04 Poutine était-il véritablement visé ?
00:08 C'est la question que l'on pose dans le 7 minutes pour comprendre.
00:10 Et on en parle avec Paul Gogo, bonjour.
00:17 Vous êtes journaliste spécialiste de la Russie.
00:19 Le général Péli Strandy est également avec nous.
00:22 Nous irons également à Moscou retrouver Jean-Didier Revoyn, notre correspondant.
00:26 D'abord, ce qui s'est passé ces dernières heures en Ukraine.
00:28 Il y a eu des frappes partout dans le pays, à Kiev, à Zaporizhia, à Odessa.
00:32 La défense anti-aérienne a été déclenchée.
00:34 Et est-ce que ça pourrait être des représailles à ces supposées attaques de drone ?
00:40 Écoutez ce que disait hier soir Aleksandr Markogonov, le porte-parole de l'ambassade de Russie en France.
00:45 Bien sûr, la partie russe ne laissera pas cet attentat sans riposte
00:50 et se réserve le droit à la riposte au moment et à l'endroit nécessaire.
00:55 Les Russes accusent évidemment l'Ukraine, donc ils se réservent le droit de riposter.
01:00 Je voudrais qu'on revienne sur l'image.
01:03 D'abord, on a eu les images très vite de cette supposée attaque de drone contre le Kremlin.
01:09 Et, Paul et Jérôme Péli Strandy, je voudrais qu'on regarde en détail cette photo.
01:14 Il y a deux points blancs ici et là.
01:18 Ils correspondent à quoi ?
01:20 Sur la vidéo, on voit que ce sont deux hommes en train de grimper sur la coupole.
01:23 Il faut le préciser.
01:25 Deux hommes qui montent sur la coupole au moment où les drones vont partir.
01:28 Au moment où les drones arrivent, il faut le préciser, c'est le FSO,
01:31 des services qui sont spécialisés dans la protection des lieux sensibles, qui surveille le Kremlin.
01:36 Il est très probable qu'il y ait des hommes en veille qui se promènent,
01:40 qui fassent des rondes dans le Kremlin toute la nuit.
01:43 Pour autant, c'est peu courant de voir des hommes sur cette coupole,
01:46 qui donnent sur la place rouge.
01:48 Je n'ai jamais vu qui que ce soit sur cette coupole, d'ailleurs, en six ans en Russie.
01:52 Avec un peu de recul, Paul, quelle est la piste qui est pour vous privilégiée ?
01:57 Attaque ukrainienne ou manipulation des Russes ?
02:00 Évidemment, ça fait des mois qu'on voit des drones ukrainiens
02:04 trouvés dans les champs à 8100 km de Moscou,
02:08 mais ce ne sont pas les mêmes drones.
02:10 A chaque fois, d'ailleurs, on ne sait pas si ces drones visaient Moscou
02:12 ou des bases militaires à proximité de la capitale.
02:14 Ce sont des drones qui venaient d'Ukraine.
02:16 C'est pour ça que je me permets de dire que c'était des drones ukrainiens.
02:18 Là, les drones d'hier soir, on va certainement en parler,
02:21 mais à priori, ce sont des drones qui ont été lancés à proximité du Kremlin.
02:26 C'est pour ça qu'il y a cette autre théorie,
02:28 que ça puisse être les services de sécurité russes qui aient monté tout ça.
02:32 Alors pourquoi ? Ce n'est pas une théorie farfelue,
02:34 c'est quelque chose qui se fait en Russie.
02:35 Je vous l'explique.
02:36 Le contexte, en ce moment, il est particulier.
02:38 On arrive à la fin d'une séquence dans le Donbass,
02:40 la fin de la bataille de Barkhmout,
02:42 et donc le début d'une autre séquence.
02:44 Et la Russie, le Kremlin, a besoin de mobiliser la population russe.
02:47 Et pour mobiliser, en Russie, parfois, on est capable de faire appel à la terreur.
02:51 Et ils créent ce genre d'attentats, ce genre de situations.
02:54 Là, les Moscovites, ils ont peur que ça se reproduise.
02:58 On ne prend pas le métro sereinement aujourd'hui à Moscou.
03:00 Ce genre de situation, ça permet d'instaurer une sorte de terreur dans la population.
03:03 Alors, il y a un truc très simple, c'est que les Russes devraient montrer les épaves de ces drones.
03:08 Et là, on pourrait savoir s'ils se sont engagés de drones ukrainiens ou pas.
03:11 Vont-ils le faire ?
03:12 Effectivement, pour l'instant, on a très peu d'informations, très peu de preuves.
03:15 C'est vraiment juste la Russie qui a…
03:17 Alors, on soupçonne même, d'ailleurs, les autorités russes,
03:20 d'être à l'origine de la mise en ligne de ces images
03:23 qui sont apparues sur des chaînes Télégram liées au Kremlin, pro-Kremlin, en tout cas.
03:27 Donc, on ne sait pas quelles preuves les Russes vont avancer.
03:30 En tout cas, quelque chose qu'on remarque souvent lorsqu'il y a ce genre de choses,
03:34 ces derniers temps en Russie, c'est qu'il y a très rarement un visage derrière.
03:39 Et quand il y a des arrestations annoncées, on voit très rarement ces gens dans les tribunaux.
03:42 Ensuite, on a à se demander même s'ils existent.
03:45 Jean-Didier Revoy, que dit-on à Moscou ce matin ?
03:48 Les Russes accusent les Ukrainiens. Est-ce qu'ils en apportent les preuves ?
03:52 Alors, écoutez, pour l'instant, on n'a pas plus d'informations qu'hier.
03:55 Il n'y a pas de preuves proprement dites
03:57 qui permettent d'imputer ces attaques aux autorités ukrainiennes
04:01 comme le revendiquent les autorités russes.
04:04 On est dans l'expectative et on attend de voir si, effectivement,
04:08 le Kremlin ou les autorités russes vont donner davantage d'informations
04:12 sur l'origine de ces tirs de drones, sur, vous l'avez dit,
04:15 des débris qu'on aurait retrouvés à l'intérieur du Kremlin
04:19 et qui seraient présentés comme des preuves irréfutables d'une attaque ukrainienne.
04:23 Pour l'instant, c'est un peu le statu quo qui prévaut.
04:26 Personne ne sait vraiment d'où venaient ces drones, qui les a tirés.
04:30 Et les Moscovites, comme le reste de la Russie, sont toujours dans l'expectative.
04:35 – Général Pélistraner, je voudrais qu'on revienne à la nature même de ces drones.
04:39 Est-ce qu'il existe sur le marché des drones capables de faire
04:42 la distance Moscou-frontière ukrainienne ?
04:45 C'est combien d'ailleurs à peu près ?
04:46 – C'est entre à peu près 700 à 1000 kilomètres.
04:49 – C'est possible ça ? – Oui.
04:51 – Des petits drones ? Parce que c'est un petit drone ?
04:53 – C'est un petit drone, on le voit, la vitesse est relativement lente.
04:56 Quand on regarde la vidéo, on a l'impression de voir des pales qui tournent.
05:01 Donc on est plutôt dans ce qu'on a appelé le quadricoptère,
05:05 c'est-à-dire un petit hélicoptère dronisé.
05:08 Donc c'est quelque chose qui fait à peu près 1 mètre, 1,50 mètre de diamètre,
05:12 qui porte une charge relativement réduite.
05:15 D'ailleurs on le voit, l'explosion ne fait pas de véritables dégâts.
05:19 Donc l'hypothèse d'un engin tiré depuis le territoire ukrainien
05:23 pour aller jusqu'à Moscou est réellement très peu probable.
05:26 – Alors, prolongeons votre raisonnement,
05:28 est-ce qu'il est possible que les Ukrainiens aient déployé des drones
05:32 sur le territoire russe pour ensuite les envoyer en mission sur la capitale russe ?
05:37 – Quel serait en fait l'intérêt pour les Ukrainiens d'une telle opération ?
05:42 On le sait, il y a une surenchère de la part des autorités russes,
05:46 et d'ailleurs c'est la conséquence, on l'a vu avec le président de la Douma
05:49 ou Dmitri Medvedev, les Ukrainiens savent qu'il y a des lignes rouges
05:53 à ne pas franchir, et en particulier taper sur la population civile,
05:58 voire taper sur des symboles comme le Kremlin,
06:02 parce qu'il y aurait une réaction très forte de la part de Moscou.
06:05 Et d'autre part, il ne faut pas oublier que les alliés qui soutiennent Kiev
06:09 sont très vigilants justement à ne pas en quelque sorte avoir cette escalade,
06:15 et donc très peu vraisemblable que l'option d'une attaque,
06:19 même spectaculaire par Kiev, soit plausible.
06:22 Les Ukrainiens auraient eu des chances de toucher Poutine
06:25 avec ces drones quand on regarde ces images ?
06:28 Non, bien entendu, d'autant plus que tout le monde sait,
06:31 et en particulier les services de renseignement occidentaux,
06:34 mais ukrainiens, qui ont des réseaux, que Poutine ne vit pratiquement pas au Kremlin.
06:40 Donc vouloir faire ce type d'explosion sur le Kremlin,
06:45 la probabilité de nuer en plus pour frapper Poutine,
06:50 aurait été extrêmement réduite.
06:52 Par contre, ça pose une question sur le 9 mai,
06:55 puisqu'il doit y avoir ce grand défilé sur la place.
06:57 La commémoration évidemment de la victoire de l'URSS contre les nazis,
07:00 et d'ailleurs Poutine sera là, il sera ici,
07:02 juste en bas de cette image, sur cette tribune là.
07:05 On a beaucoup moins parlé de la guerre d'Ukraine ces dernières semaines
07:08 à cause évidemment des débats autour de la réforme des retraites.
07:11 On en est où en fait, Paul, sur le terrain ?
07:14 C'est avantage à qui ?
07:16 Alors c'est très compliqué à dire, mais il est vrai qu'on peut le mettre au crédit de l'Ukraine.
07:19 L'Ukraine est parvenue à ralentir la prise de la ville de Bakhmout,
07:23 qui en tant que telle n'était pas un enjeu incroyable au début,
07:26 mais c'est devenu un enjeu politique, un enjeu de communication,
07:28 notamment en Russie.
07:30 Et là, on arrive à la fin de cette bataille.
07:32 C'est pour ça que je parlais d'une fin de séquence,
07:34 parce que pour l'Ukraine comme pour la Russie, on arrive en fin de séquence.
07:36 La ville va être visiblement prise par les Russes,
07:39 c'est en tout cas la direction qu'on prend,
07:41 dans un contexte où l'Ukraine annonce déjà la suite,
07:44 elle, l'Ukraine, elle prévoit une contre-offensive.
07:46 Et donc là, c'est ce qui se prépare.
07:47 C'est aussi ça le contexte, peut-être ce besoin d'instaurer un peu de peur dans la population.
07:51 C'est que la contre-offensive, on est déjà en train d'expliquer,
07:54 par des mémos envoyés aux médias russes,
07:56 qu'il va falloir être capable de présenter une éventuelle défaite
08:01 et d'expliquer une éventuelle défaite de l'armée russe.
08:03 L'Ukraine réarmée, et bien réarmée évidemment par les Occidentaux,
08:07 réarmée et formée d'ailleurs.
08:09 Merci beaucoup, merci à tous les trois, 8h28.

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