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00:00 Et il est 8h moins le quart, c'était il y a deux ans, le 4 mai 2021,
00:03 Shainès Daoud était brûlée vive devant sa maison de Mérignac par son ancien mari.
00:07 Ce matin sur France Bleu Gironde, on se pose la question de ce qui a changé depuis
00:11 dans la prise en charge des victimes avec notre invitée Isabelle Blazy,
00:14 la coordinatrice de la maison Della, Bordeaux, et elle répond à vos questions. Marie Rouarch.
00:19 Bonjour Isabelle Blazy. Bonjour.
00:20 La maison Della c'est un lieu de soins, vous proposez une prise en charge psychologique
00:25 des femmes victimes de violences depuis 2019 à Bordeaux. Est-ce que depuis le décès de
00:30 Shainès Daoud, les choses ont changé ? Alors les choses ont changé effectivement
00:37 depuis quelques années. Alors le décès, effectivement l'assassinat de Shainès a été
00:44 un point important dans le développement des évolutions, mais il y avait déjà quand même
00:50 une prise de conscience et la volonté de faire évoluer les choses. Oui, du coup,
00:58 oui je répondrai oui à votre question. Concrètement, qu'est-ce qui a évolué ? Est-ce que ces femmes
01:03 sont mieux écoutées, mieux prises en charge ? Oui certainement. En tous les cas, dans les services
01:11 de police et de gendarmerie, on voit quand même une évolution, même si voilà il y a toujours une
01:18 marge de progrès. Mais nous ce que l'on constate c'est qu'on est de plus en plus sollicité par la
01:27 police, en particulier pour former les officiers de police. On en fait régulièrement ces formations,
01:37 ces sensibilisations, elles sont obligatoires. Donc ça pour nous c'est un plus et on voit
01:44 parfois même des retours de nos patientes qui ont été entendues par des policiers et on sent
01:52 tout de suite qu'ils ont eu cette formation parce que voilà ça se ressent dans la façon dont ils
01:57 abordent les questions, dont ils vont creuser la question mais avec plus de délicatesse que ça n'a
02:09 pu être le cas auparavant. Parce qu'on a souvent parlé par le passé de l'incompréhension qu'il
02:16 y avait parfois entre l'officier de police ou de gendarmerie et la victime qui venait porter plainte
02:20 notamment ? Oui, tout à fait. Alors il y a encore des personnes qui ne sont pas sensibilisées ou qui
02:27 ont des résistances mais c'est pas évident effectivement de comprendre ce qui se passe
02:35 dans le psychisme d'une personne qui est complètement traumatisée. Qui a des comportements
02:40 parfois inexplicables pour quelqu'un qui n'a pas ce genre de problème. Voilà, l'état de sidération
02:45 qui fait qu'une victime de violences conjugales depuis des années ne va jamais citer les violences
02:52 sexuelles par exemple alors qu'elle en a vécu forcément. Ou va réintégrer son foyer. Des fois
03:00 plusieurs fois après plusieurs dépôts de plaintes. Et ça c'est souvent incompréhensible pour des
03:07 personnes qui ne savent pas exactement comment se développe cette spirale des violences conjugales.
03:17 On parle de l'aspect police, il y a l'aspect justice évidemment également dans ces affaires.
03:23 On a beaucoup parlé de l'accélération des procédures. Est-ce que vous le constatez
03:25 vous aujourd'hui ? Oui effectivement, les procédures sont plus rapides. Des fois un petit
03:32 peu trop parce que voilà ça s'emballe, ça s'emballe et puis parfois c'est très très long
03:39 aussi quand même. 7h48 sur France Bleu Gironde, l'affaire à Châynez, on en parle ce matin avec
03:46 Isabelle Blazy, la coordinatrice de la maison d'Ella à Bordeaux. Sur quel point mettriez-vous
03:51 l'accent aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'il faut faire pour encore améliorer la prise en charge de ces
03:55 femmes ? Accélérer peut-être le traitement judiciaire de ces dossiers ? Oui, accélérer le
04:00 traitement, ça c'est certain. Plus de lieux aussi de soins, de prise en charge, plus d'hébergement,
04:08 même s'il y en a quand même eu beaucoup de développé ces dernières années, il en manque
04:14 toujours. On parle beaucoup de la prise en charge des femmes, il y a celle des enfants, il y a celle
04:21 des enfants effectivement qui sont également victimes dans le cas de violences conjugales,
04:25 maintenant c'est avéré. Là aussi on manque cruellement de formation de certains professionnels
04:33 sur ces questions-là et de prise en charge aussi pour les enfants. Quel type d'accompagnement on
04:38 leur propose aujourd'hui à ces enfants ? Alors des prises en charge psychologiques mais on sait
04:46 que la psychiatrie est en grande difficulté et la pédopsychiatrie encore plus. Donc c'est des
04:54 enfants souvent qui ne sont pas pris en charge. Les victimes, donc leur prise en charge, il y a
04:58 celle des bourreaux si on peut employer ce terme, également l'accompagnement des hommes auteurs de
05:02 ces violences est essentiel ? Alors c'est vrai que ça peut être une question polémique de se dire
05:08 mais voilà c'est des auteurs de violences, des fois des violences très très graves,
05:13 quel intérêt de mettre de l'argent dans ces dispositifs alors que d'autres pour la prise en
05:20 charge des victimes en manquent. Mais ça paraît évident quand même que pour éviter la récidive,
05:26 ces hommes ont besoin d'être pris en charge. Pour certains ça aura un impact, on sait que pour
05:33 d'autres ça n'en aura pas. Donc il faut cibler effectivement les personnes qui peuvent bénéficier
05:37 de ces dispositifs mais pour nous c'est un développement important aussi de la prise en
05:44 charge des violences conjugales. Alors Isabelle Bazille on parle beaucoup donc prise en charge
05:48 et des victimes et des auteurs. Dans les outils de lutte il y a également tout l'aspect prévention,
05:53 pédagogie, c'est un axe dont on parle peut-être un petit peu moins mais qui est essentiel ? Oui,
05:57 on en parle quand même beaucoup, il y en a qui revendiquent effectivement le respect de la loi,
06:04 c'est à dire l'éducation à la vie affective et à la sexualité qui est dans la loi depuis 2001,
06:13 oui je crois, et qui n'est pas toujours respectée. Et dans l'éducation à la vie affective et
06:20 sexuelle il y a effectivement la sensibilisation à une éducation égalitaire non sexiste. Plus que
06:26 de la lutte contre les violences, nous on préfère parler de façon positive des relations entre les
06:34 personnes dans le respect de la différence et dans l'acceptation des différences. Ce n'est
06:41 que comme ça qu'on impulsera un véritable changement ? C'est vraiment là dessus qu'il
06:46 faut mettre l'accent. Sur l'éducation. Merci beaucoup Isabelle Bazille, coordinatrice de
06:52 la Maison d'Ella à Bordeaux d'avoir été notre invitée ce matin. Merci beaucoup de m'avoir invitée.