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Le témoignage de Ritchy Thibault, gilet jaune et étudiant, sur sa garde à vue classée sans suite le 1er-mai. La contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, dénonce, dans une lettre au ministre de l'Intérieur rendue publique mercredi, "des atteintes graves aux droits fondamentaux" par la police lors de gardes à vue de personnes interpellées à Paris dans des manifestations contre la réforme des retraites. 

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Transcription
00:00 le 1er mai nous avons participé à une mobilisation sociale comme cela est notre droit fondamental dans notre pays.
00:05 Nous nous sommes mobilisés lors d'une manifestation qui a été déclarée et autorisée,
00:09 donc de la place de la République jusqu'à la place de la Nation.
00:12 Et durant celle-ci, et cela devient de manière sinistre assez habituelle,
00:16 nous avons subi des violences, respiré des gaz lacrymogènes qui nous ont fait beaucoup souffrir
00:21 et à la fin de cette manifestation j'étais assez usé justement et j'avais du mal à respirer.
00:25 Et donc je décide de me rendre sur la place de la République pour rejoindre Ilan et un autre ami.
00:29 Et quelques minutes après, nous avons été nous restaurer là-bas et entre 19h et 20h,
00:35 et ensuite dans la foulée nous avons décidé de rentrer chez nous et nous balader un peu dans les rues parisiennes.
00:41 Donc vous sortez du fast-food ?
00:43 Donc on sort tout à fait et lorsque l'on s'avance, quelques minutes après,
00:47 un gendarme mobile me pointe du doigt en disant "C'est Richy Thibault, attrapez-le, attrapez-le".
00:51 Et donc j'ai trouvé ça assez surprenant de prime abord,
00:54 parce que le fait d'avoir des idées, de les revendiquer, ne doit pas nous emmener à se retrouver arrêtés
01:00 et passer 24h de manière arbitraire en garde à vue.
01:02 Et vous êtes arrêtés tous les deux à ce moment-là ?
01:04 Et donc on arrête mon camarade Ilan en lui disant "Vous n'avez pas qu'à avoir de mauvaises fréquentations comme Monsieur Thibault".
01:09 Mais bon, on va vous parler des faits par la suite qui sont assez inquiétants et dramatiques,
01:13 et je pèse mes mots, sur l'état des libertés publiques en France,
01:16 et des libertés individuelles et collectives du moins, car il y a eu une procédure...
01:20 Précisément raconté nous, c'est-à-dire que vous êtes reconnu,
01:23 et ensuite, que se passe-t-il ?
01:25 Donc on nous met sur le bas-côté, là le capitaine de gendarmerie félicite abondamment le gendarme mobile qui m'a reconnu,
01:31 en lui disant "Très bonne prise".
01:33 Donc ils nous mettent au sol, ils rabattent nos affaires par terre.
01:35 Ensuite on nous met dans un fourgon de gendarmerie pendant près d'une heure,
01:38 sans avoir le motif, les gendarmes n'avaient pas le motif dont ils souhaitaient nous reprocher.
01:43 Donc ils ont dû attendre la confirmation des autorités supérieures.
01:46 Donc ça c'est la première partie.
01:48 Là vous ne pouvez joindre personne, vous ?
01:50 Non, on ne peut joindre personne.
01:51 Ensuite on nous met dans un deuxième véhicule, cette fois-ci de police,
01:55 on attend une quarantaine de minutes dans ce véhicule.
01:58 Ensuite on donne l'instruction de nous emmener à Annières,
02:00 dans le commissariat d'Annières, dans le département des Hauts-de-Seine, si je ne me trompe pas.
02:04 Donc là, scène assez hallucinante également,
02:07 l'OPJ présent dit que finalement on n'a qu'à aller se faire foutre sur un temps assez agressif,
02:12 donc une plainte sera déposée en ce qui concerne ces faits à l'IGPN, avec notre avocate.
02:17 Ça a été malmené, notre notification de droit s'est très mal faite.
02:22 Au bout de combien de temps ?
02:23 Il me semble 3 à 4 heures après notre interpellation.
02:26 Donc là aussi un véritable scandale.
02:28 Ensuite, ce n'est pas tout, on nous déplace encore de commissariat jusqu'à Gennevilliers.
02:32 Pour le déplacement jusqu'à Gennevilliers, on m'attache,
02:36 donc main dans le dos menotte, on me met par terre dans le coffre d'un véhicule.
02:40 Donc voilà, on n'avait pas de ceinture de sécurité,
02:43 Ilan non plus, il pourra vous en attester.
02:45 Donc on nous emmène jusque là-bas.
02:46 Ilan, vous êtes à quel endroit à ce moment-là ?
02:48 Richie est dans le coffre du fourgon de police,
02:51 et moi je suis à l'arrière, menotté, les mains dans le dos,
02:54 sachant que j'étais blessé et que je devais me rendre à l'hôpital.
02:57 Je ne suis pas attaché avec la ceinture de sécurité,
03:00 pourtant c'est obligé légalement, à ce que je sache,
03:02 on se prend des contraventions parfois, nous les citoyens,
03:05 si on ne met pas la ceinture de sécurité, pourtant là on ne me l'a pas mise.
03:08 Pourquoi étiez-vous blessé ?
03:09 J'étais blessé suite à un coup pendant la manifestation.
03:12 C'est le médecin qui avait dit qu'il fallait que je me rende à l'hôpital.
03:14 Et ensuite, que se passe-t-il ?
03:16 Et donc là, finalement, c'est toute la tragédie qui prend suite,
03:19 c'est-à-dire qu'on voit au bout de plusieurs heures, le lendemain matin,
03:23 parce qu'on a fait attendre pendant plusieurs heures notre avocate à l'extérieur,
03:26 on voit un OPJ, un officier de police judiciaire,
03:29 qui nous interroge et qui a l'air lui-même assez étonné par les faits,
03:32 et d'ailleurs la procédure est assez biaisée,
03:34 dans la mesure où sur notre fiche d'interpellation
03:36 et sur notre notification de garde à vue et de droit,
03:38 il n'y a pas le même motif.
03:39 C'est-à-dire que sur la fiche d'interpellation,
03:41 on nous reproche de participer à un groupement en vue de commettre des violences,
03:44 enfin vous savez, ce motif un peu bateau,
03:46 où on vous reproche, on vous suspecte de participer à un groupement,
03:49 dont on suspecte lui-même qu'il a pour but de commettre des violences.
03:53 Donc on nous reproche cela sur la fiche d'interpellation,
03:55 et sur la notification de droit,
03:57 eh bien on nous dit que finalement, c'est un groupement avec arme.
04:00 Et donc l'OPJ nous dit lui-même que c'est une erreur de son collègue,
04:03 enfin bon, la procédure est d'une moindre qualité,
04:05 et donc ça, c'est ce qui se passe,
04:07 donc on a notre audition en présence de mon avocate,
04:09 donc là on me dit "ah mais vous êtes un influenceur",
04:12 et on me juge sur mes idées politiques,
04:14 et il me semble que finalement,
04:16 ce n'est pas la mission d'un officier de police judiciaire,
04:18 et le commissariat...
04:19 - Pourquoi vous dites-il que vous êtes un influenceur ? Dans quel but ?
04:21 - Il me dit que j'ai une influence sur les réseaux sociaux,
04:24 que les gens me suivent et suivent mes prises de position,
04:26 et je ne vois pas en quoi ça concerne les faits qui me sont reprochés.
04:29 Et donc finalement, on quitte l'audition,
04:32 qui se passe plutôt bien,
04:33 et quelques heures après, il y a une nouvelle audition,
04:36 où cette fois-ci on consulte mon téléphone,
04:38 pendant l'ensemble de mes conversations,
04:40 en essayant de mettre en exergue quelle est mon identité politique.
04:44 J'ai trouvé ça assez scandaleux,
04:46 et moi j'aimerais revenir sur le fait que c'est extrêmement humiliant et grave,
04:49 le fait de se retrouver,
04:50 et ça m'est arrivé le 17 février dernier,
04:54 juste pour vous dire que je trouve ça extrêmement grave et humiliant
04:57 de se retrouver en garde à lui.
04:58 - Pour confirmer le fil de l'histoire,
04:59 vous passez combien de temps sous le régime de la garde à lui ?
05:01 - 20h30.
05:02 - 20h30 ?
05:03 - 20h30, oui.
05:04 - Et quand on vous libère, on vous dit quoi ?
05:06 - Qu'est-ce qu'on s'ensuit, monsieur ?
05:08 - Et c'est tout, ça s'arrête là ?
05:10 - Oui.

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