Aujourd'hui, Alex nous parle d'un sport dans lequel la Belgique excelle : le snooker.
Retrouvez toutes les chroniques sport d'Alex Vizorek dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/vizo-sport
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AmusantTranscription
00:00 * Extrait *
00:25 Et bien Charline, je vous l'ai appris tout à l'heure dans le bureau, vous aviez les larmes aux yeux.
00:29 Lucas Bressel est devenu champion du monde de snooker.
00:33 Alors, grand silence, c'est du billard, du billard anglais.
00:37 Mais évidemment, vous vous rendez un peu compte de l'exploit.
00:39 C'est le premier vainqueur non-issu du Commonwealth depuis 1927.
00:44 Il y a le championnat du monde de snooker, premier vainqueur issu de ce que les anglais appellent "Continental Europe".
00:50 Depuis le Brexit, ils appellent ça "Europe".
00:52 Et il est belge et c'est mérité Charline, car hier, il y avait la victoire, mais aussi on avait la possession de boules.
00:57 Ça je peux vous dire.
00:59 Alors, ceux qui se disent "mais qu'est-ce que c'est que le snooker ?"
01:02 C'est le billard anglais, le plus noble évidemment.
01:05 Il y a le billard américain, le billard français.
01:07 Celui qui se joue avec les plus petites billes, sur les plus grandes tables, avec une queue qui à vide mesure 1,5 mètres et dont l'embout est tout bleu.
01:16 Ça va être un calvaire pour moi cette chronique, car je me suis promis de faire aucune blague de Thub et c'est chaud, chaud, chaud.
01:21 Quand je dis la queue à vide, sachez qu'il est possible de rallonger sa queue,
01:25 parce que la table étant tellement grande, sans passer évidemment par aucune chirurgie,
01:29 autrement dit, sans passer sur le billard.
01:31 Ce qui n'est pas le moindre des paradoxes.
01:33 Le snooker est un sport qui aurait été inventé par des militaires anglais qui étaient en mission dans les colonies britanniques.
01:41 Et on peut y voir une analogie avec le principe même de la discipline, puisque c'est la boule qui est en blanc,
01:47 qui frappe les rouges, les jaunes et les noirs.
01:49 Donc peut-être qu'il y a un lien.
01:51 Mais revenons à notre Luc Abressel.
01:53 28 ans professionnel depuis ses 16 ans, un des plus jeunes à avoir participé à l'époque aux championnats du monde.
01:58 Mais c'est un sportif de haut niveau qui a su rester un jeune homme.
02:01 Car le Daily Mail, ce matin, a titré « La star de la fête écrit l'histoire ».
02:07 Ça a beaucoup plu aux Anglais.
02:08 C'est la façon dont Luc A a préparé son quart de finale face au plus grand joueur encore en activité, Ronnie O'Sullivan.
02:14 Alors je cite l'interview.
02:15 « Après avoir battu Williams au tour précédent, donc en huitième, je suis rentré à 7h du matin chez moi en voiture.
02:22 La compétition se passe à Sheffield, il habite dans le Limbourg belge.
02:25 Je suis parti avec mes amis et j'ai été boire jusqu'à 5-6h du matin.
02:29 J'étais complètement ivre. »
02:31 Et donc après il est revenu pour faire cette partie.
02:34 Et oui, Juliette c'est fou, sans le savoir, vous avez la même préparation physique qu'un grand champion sportif.
02:38 C'est ça qui est incroyable.
02:40 Et il a gagné ce quart de finale et les Anglais l'ont adoré.
02:42 En 2000, il a joué contre un Asiatique, le meilleur, le Chinois, Si Jiahui.
02:47 Et là vous allez me dire non, et je vous dirai ben si.
02:49 Et en finale, Marc Selby, ancien quadruple vainqueur, il s'est vu remettre un chèque de 500 000 livres.
02:56 Ce à quoi Nabila dirait « mais c'est énorme, on n'en ait jamais lu autant ».
02:58 Mais plus pragmatiquement, 557 000 euros.
03:03 Donc de quoi se mettre de belles mûrges dans les semaines qui viennent.
03:07 Lucas Bressel qui a expliqué aux médias belges quelques jours avant la compétition.
03:11 « Je ne m'étais pas entraîné pour ce tournoi car je souhaitais arriver frais mentalement.
03:16 Et c'est également la phrase que je sortais à mes professeurs d'université juste avant de rater un examen.
03:21 Et comme je vous parle de ma jeunesse, Charline, je dois à l'honnêteté de dire que
03:26 avant d'avoir été en club de fléchettes, en division 4 de Bruxelles, pendant 5 saisons,
03:32 j'ai été licencié pendant un an dans un club de snooker de division 3 du Brabant.
03:36 J'avais 19 ans et je jouais dans un tripot sombre du 661 de la chaussée d'Alzenberg,
03:41 le snooker BCE IN. Sur les murs, des affiches fade d'Alexey Ginz, de John Parrott,
03:46 ce qui émergeait au milieu de la fumée de cigarettes car à l'époque, nous pouvions encore fumer.
03:51 J'arrivais avec mon petit gilet noir et ils venaient jouer avec des égarés de tout genre,
03:55 des étudiants Langroman, des concessionnaires Toyota, des ouvriers Carleur.
03:59 On vidait des bières en tournant autour du tapis vert, on empochait de temps en temps 2-3 boules d'affilée
04:04 et alors on inscrivait notre break, c'est le score qu'on fait en un seul tour de table,
04:08 lacréé sur le tableau noir à côté du bar tenu par Nicole, charmante petite dame d'une bonne cinquantaine d'années
04:14 qui s'était reconvertie dans le snooker après une carrière comme tenancière de maison-close.
04:19 Véridique, hein ? Et elle aimait en parler et en rire car quand j'arrivais tout seul
04:24 et qu'il n'y avait personne pour partager ma table, elle me disait, avec son accent bruxellois,
04:28 "on peut jouer ensemble mais comme je leur disais à l'époque, si tu veux jouer avec moi, c'est plus cher".
04:33 Et elle riait.
04:37 Pardon, je suis nostalgique mais quand hier soir j'ai vu Lucas gagner,
04:41 et bien ma première pensée était pour Nicole et pour ce petit garçon qui a été joué au snooker.
04:45 Oui, oui, tellement mignon ! Alex Vizorek, merci !