Proposée par Luciole, "Qu'est-ce qu'on va devenir ?" est une série d'émissions déclinée en 4 grandes thématiques dans lesquelles elle propose à ses invités, directement impliqués dans les sujets abordés, de partager leur vision sur l'avenir. Pour cette troisième émission, on va parler du futur du cinéma avec en invité l'auteur et réalisateur François Descraques.
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Court métrageTranscription
00:00 On se retrouve pour un nouvel épisode de "Qu'est-ce qu'on va devenir ?"
00:03 Alors je me présente encore, moi c'est Luciole, créatrice de contenu sur internet
00:08 et animatrice de radio depuis le début de la semaine.
00:11 C'est quand même dingue, c'est un super métier, j'adore cette expérience.
00:15 Alors ce soir, je suis pas toute seule, je suis avec François Décrac, comment ça va ?
00:19 - Ça va super et toi ?
00:21 - Eh bien écoute, au top, ce soir on va parler de cinéma.
00:25 Spoiler alert !
00:27 On va parler du futur, du futur du cinéma, de ce qu'on imagine.
00:32 Toi François, de ton côté, tu es scénariste et réalisateur.
00:35 - Absolument, oui.
00:36 - Je te présente bien.
00:37 - Tu te rends très très bien.
00:39 On dirait que t'as fait un tout de ta vie.
00:41 - C'est dingue, hein ?
00:42 On va parler cinéma dans le futur.
00:45 Alors déjà, on parle un peu du présent.
00:48 Toi François, t'as réalisé ton premier film au cinéma, du coup c'est ça ?
00:53 - Tout à fait, "Le Visiteur du Futur".
00:55 Il est sorti en septembre et il est maintenant en VOD, DVD, tout ça, tout ça.
01:01 On peut le voir à la maison sans se déplacer, sans avoir à fréquenter d'autres humains.
01:05 - Ça y est, donc on peut streamer ?
01:07 - On peut le streamer, oui.
01:08 - Ok, go streamer.
01:09 - Légalement, idéalement.
01:10 - Oui, mais bien sûr, bien sûr.
01:12 - Mais techniquement, en fait, moi ce qui me rend fou, c'est que c'est un film de cinéma
01:16 adapté d'une série qui vient de YouTube.
01:18 Et maintenant on peut l'acheter en VOD sur YouTube, parce que YouTube fait de la VOD.
01:21 - Oui, c'est vrai, oui, oui.
01:23 - Donc la boucle est bouclée.
01:24 - J'achète souvent des films sur YouTube, je les loue, c'est très pratique.
01:27 Donc oui, c'est vrai qu'à la base, toi tu viens de YouTube, donc tu avais cette série-là.
01:31 - Même à la base, je viens d'encore avant, je viens de Dailymotion, je suis un ancien, moi.
01:36 - Les vrais connaissent.
01:37 - Oh là là, oui, oui, les vrais connaissent ou sont morts de vieillesse, tu vois.
01:41 Mais oui, oui, oui, j'ai connu toute cette évolution-là.
01:44 - Et dans ton évolution, t'avais déjà prévu de faire du cinéma depuis le début ?
01:48 - En fait, moi je fais partie encore de la génération qui n'a pas grandi avec Internet.
01:52 Du coup, mes modèles, c'était des modèles de cinéma.
01:54 Moi, je voulais faire du cinéma et même la télévision, c'était pas encore l'âge d'or des séries télé.
01:59 Donc il y avait quelques bonnes séries télé, mais c'était le cinéma qui a toujours été, on va dire,
02:04 il n'y avait pas mieux à l'époque.
02:06 - Oui, ça primait.
02:07 - Surtout qu'il n'y avait pas vraiment de comparaison.
02:09 Si tu voulais voir un truc de grand spectacle, tu fais vibrer, c'était au cinéma.
02:12 - Oui, il n'y avait pas encore la culture de la série qu'on a maintenant, qui est omniprésente.
02:17 - Et puis tu y ressembles à des films, tout simplement, visuellement.
02:20 - Oui, complètement. C'est la même qualité, le même spectacle auquel on a droit.
02:26 Toi, tu es encore un petit peu plus branché cinéma que séries.
02:32 - Non, les deux m'intéressent vraiment.
02:34 Les deux ont des avantages, des inconvénients, des modèles économiques différents.
02:38 C'est vraiment pour moi deux façons de raconter des histoires.
02:42 Et en fait, je pense que comme tout le monde, il y a eu le boom des séries,
02:48 que tout le monde s'est dit "ok, maintenant, l'avenir, c'est les séries".
02:51 Et parce que c'est plus long, parce que machin, voilà.
02:54 Mais maintenant, je suis un peu en train de retomber dans le cinéma,
02:58 en train de me dire "c'est vrai que c'est pratique quand on te raconte une seule histoire
03:01 en une heure et demie, deux heures, et que tu as une sorte de voyage à la fin qui est complété,
03:07 alors que les séries, c'est censé ne jamais se finir, tu vois,
03:11 ou alors te tenir pendant dix heures, quoi.
03:14 - La composition est moins complète avec une série, à l'exception de certaines comme Breaking Bad,
03:18 qui est totalement complète en vrai.
03:20 - Oui, mais tu aurais pu... Maintenant, avec le recul, on peut se dire "ok, c'est trop bien Breaking Bad de A à Z",
03:25 mais quand ça sortait, on avait ce doute de se dire "mais si ça s'arrête, c'est hyper frustrant".
03:29 Et la moitié des séries, malheureusement, c'est ça.
03:32 Quand on commence une série, on se dit "est-ce qu'elle est terminée ? Est-ce qu'ils savent où ils vont ?
03:36 Et c'est à la fois cool et pas cool".
03:38 Alors qu'un film, tu sais que dans une heure et demie, tu as ta réponse.
03:41 - Oui, c'est ça. C'est ça que j'aime bien aussi.
03:44 C'est un peu plus satisfaisant, on va dire, à regarder, un peu moins frustrant.
03:48 Il y a des gens qui ont un peu de mal avec ça, tu sais, de regarder un épisode,
03:51 de ne pas avoir la fin, de ne pas avoir la suite, et puis parfois, il n'y a jamais de saison 2.
03:55 Ou alors ils arrêtent, ils arrêtent le truc, on ne sait pas pourquoi, on n'a jamais la fin.
03:59 Enfin, c'est hyper frustrant, ouais.
04:01 Et je ne sais pas si toi, tu as cet avis-là aussi, mais j'ai l'impression que
04:05 de plus en plus, on est un peu condamné à avoir des séries
04:09 de une ou deux saisons, à l'imite, une max,
04:14 avec une proposition, un univers qui est installé, mais il n'y a jamais de suite.
04:18 - Tu penses à un truc en particulier ? Tu penses à une pas jamais de suite, dans le sens où c'est prévu ?
04:23 Genre vraiment, c'était fait pour une saison et c'est très bien comme ça, ou c'est justueux, ça n'a pas marché ?
04:27 - En général, c'est plus... Moi, j'en ai vu plein où c'est une ou deux saisons et c'est un peu prévu comme ça.
04:32 C'est un peu suffisant, tu vois ce que je veux dire ?
04:35 - Oui, alors moi, je t'avoue, c'est un peu le... Mais c'est pareil, c'est deux façons de raconter l'histoire.
04:39 T'as des histoires qui méritent d'être racontées sur dix épisodes.
04:42 Là, récemment, une série que j'ai adorée, c'est "Acharné", sur Netflix.
04:46 Et je ne pense pas que... Enfin, peut-être que c'est une saison deux, mais
04:50 j'ai l'impression que toute l'histoire est racontée et ça me suffit, quoi.
04:54 En fait, ce qui est intéressant, c'est que même quand tu l'as écrite,
04:59 des fois, tu te rends compte que c'est une série ou un film en cours de...
05:03 Tu vois, là, en ce moment, je suis en train de développer une série. À la base, c'était un film.
05:06 Dans ma tête, c'était genre "mais non, c'est un film, c'est un film, c'est que ça".
05:09 Et plus j'en parle avec des producteurs, plus ils me disent "bah non, en fait, tu peux faire ça, tu peux faire ça".
05:13 Et je dis "ok, en fait, c'est une série". Et tu te rends compte au fur et à mesure.
05:16 Et la plupart des séries actuelles qu'on voit, c'est souvent des films à la base.
05:20 Lorsque "Tweet Games", c'était un film à la base. Le mec, il a essayé d'en faire un film, il galérait.
05:24 Au final, le format série est beaucoup plus adapté à son histoire.
05:29 Et des fois, t'as l'inverse. Des fois, t'as des séries, tu dis "ok, ça aurait mérité d'être juste un film".
05:34 - Oui, c'est vrai. - "2 épisodes pour ça".
05:36 - Oui, c'est clair. - Mais en fait, c'est un truc que tu maîtrises à moitié.
05:39 Parce qu'en fonction de ce que t'as en face, les gens, ils te disent "ok, ça va être 3 saisons".
05:43 Non, "ok, ça va être 5 épisodes". Ils te donnent un peu le format.
05:48 Et c'est à toi de t'adapter et espérer que ça rentre dedans.
05:51 - Oui, c'est vrai. J'ai ça avec "Queen's Gambit", qui pareil, était une série.
05:56 Mais au final, t'as l'impression d'avoir regardé un film quand tu y repenses.
05:59 Tellement tout le monde l'a "bingoatché", donc l'a regardé d'une traite.
06:03 Et moi, j'ai l'impression que c'est un peu ça le futur des séries.
06:05 Que ce soit un film un peu étalé.
06:07 - En fait, à l'époque des "vraies" séries télé de la télévision à l'ancienne,
06:14 le but d'une série, c'était de t'accompagner toute l'année, de septembre à juin,
06:19 avec un épisode par semaine. Et il y avait 26 épisodes par saison.
06:23 Un truc qu'on a oublié. 26 épisodes par saison.
06:25 - C'est énorme. - C'est énorme. D'une heure.
06:27 Donc les "Buffy", les "It's fine", c'est 26 épisodes d'une heure.
06:30 Et le but, c'était que ça ne s'arrête jamais.
06:33 C'est-à-dire que vraiment, le but d'une série télé, c'était "il n'y a pas de fin, il n'y a pas de fin, il n'y a pas de fin".
06:37 Et plus on continue, plus c'est un succès.
06:39 Et ça, maintenant, d'un côté, les plateformes ne produisent plus trop ce genre de format.
06:46 C'est impossible pour eux de maintenir à tout. Ils préfèrent produire plus de séries avec moins d'épisodes.
06:52 Mais d'un autre côté, ces séries à l'ancienne, c'est ce qui marche le plus.
06:56 Quand on appelle ça "The Office", ça marche de ouf.
07:00 Les "Friends" et tout, ça se revend des millions et des millions.
07:04 Parce que c'est un flux énorme d'un format de séries qui se fait plus.
07:09 Et qui, à part peut-être quelques références, quelques blagues, sont assez intemporelles.
07:14 Et que les gens continuent de regarder.
07:16 Donc on a un paradoxe entre ce que font les plateformes, à savoir des séries plus Queen's Gambit.
07:21 Et en même temps, ce qui marche le plus, qui est "The Office" ou "Friends".
07:25 On a besoin de ça aussi, parce que j'ai l'impression qu'avec ces séries-là, tu peux les regarder totalement dans le désordre.
07:29 Ce qui est assez agréable quand même.
07:31 C'est-à-dire que tu n'as pas envie de te prendre la tête, tu as envie de mater une série.
07:34 Limite, tu fais autre chose en même temps, ou comme ça en fond.
07:37 Ce sont des séries qui sont parfaites pour ça.
07:39 Et c'est vrai que maintenant, ça ne se fait plus trop.
07:41 Les gens vont chercher plus de complexité.
07:43 Ils cherchent à raconter des histoires où tu es obligé d'être concentré.
07:45 Parce qu'il y a des cliffhangers dans tous les sens.
07:47 C'est aussi parce qu'ils vont chercher des cinéastes.
07:49 Des gens qui veulent faire des films avec un début, un milieu, une fin.
07:52 Donc Queen's Gambit, c'est fait par un mec qui à la base vient du cinéma.
07:55 Et qui maintenant a trouvé du succès en adaptant ces films qu'il n'arrivait pas à faire au cinéma en série.
08:00 Il en a fait d'autres aussi.
08:02 Et ça se voit en fait.
08:05 Ça se voit qu'il a étendu son film et tout ce truc.
08:08 Et il a trouvé son sort.
08:09 Mais du coup, ça donne un côté très feuilletonnant sur 10 épisodes.
08:13 Chose qu'avant, il n'y avait pas.
08:15 Et avant aussi, ce qu'il fallait, c'est que les séries n'aient jamais d'évolution.
08:19 Il ne fallait pas que les personnages évoluent vraiment.
08:21 Genre vraiment, dans Friends, pendant une saison, les personnages n'évoluent pas trop.
08:25 Il n'y a que de saison à l'autre.
08:27 On se dit "Ok, mais ils ne déménagent pas. Ils ne changent pas vraiment de vie".
08:30 Et ça, c'est un type de format qui maintenant...
08:33 Bizarrement, les gens maintenant sont moins fans de ça.
08:38 Ou alors quand ça arrive, les gens trouvent ça rafraîchissant.
08:41 Dans The Mandalorian, tout d'un coup, ils ont une aventure un peu isolée.
08:44 Tout le monde dit "Ah, c'est marrant. L'histoire n'a pas évolué. C'était rigolo".
08:47 En fait, c'était exactement ce qui se passait dans toutes les séries avant.
08:50 - Oui, c'est vrai. Et toi, dans ton processus, tu parlais d'une série sur laquelle...
08:54 Enfin, d'un film à la base, mais que tu as transformé en série.
08:57 Ce n'est pas hyper complexe de passer, en termes d'écriture, d'un film à une série dans ta tête ?
09:03 - Non, non, parce que je regarde les deux.
09:06 Je suis habitué aux deux.
09:08 Et je pense que moi, ma spécificité, c'est que j'arrive à m'adapter en fonction du format.
09:14 Que ce soit même en BD, en podcast, etc.
09:18 C'est que j'arrive toujours...
09:20 Enfin, je ne sais pas si j'y arrive, mais en tout cas, ça m'intéresse de voir les spécificités du format
09:25 et de l'exploiter au maximum.
09:27 De ne pas me dire "Bon, allez, je fais du cinéma en série".
09:31 C'est un truc qui est très mal vu.
09:34 Je peux comprendre quand tu as des cinéastes qui disent "Non, je ne fais pas une série, je fais un film en 10 épisodes".
09:39 Non, fais une série.
09:41 Fais une bonne série plutôt qu'un film long et chiant, ce serait déjà bien.
09:44 Et pareil pour la BD.
09:47 C'est comme si un cinéaste disait "Non, je ne fais pas une BD, je fais un film en images dessinées".
09:52 - Oui, c'est... Non, non.
09:54 - Et en fait, tu te rends compte que chaque art, chaque média a ses forces et qu'il faut les exploiter.
10:00 - Oui, complètement. Et en profiter justement pour aller un petit peu creuser dans son histoire, dans ce qu'on a imaginé.
10:06 Penser aux questions que les gens vont se poser aussi.
10:09 Tu sais, quand tu écris un film, tu te dis "Ah bah, ce personnage-là, je suis sûr que tout le monde a envie de savoir d'où il vient, son histoire, etc."
10:15 C'est là, je pense, que tu t'éclates et même pour le...
10:18 - Et tu t'éclates, mais aussi tu dois te concentrer sur...
10:21 Voilà quoi, l'art narratif, il n'est pas le même dans la série comme dans un film.
10:25 Je pense, pareil, peut-être que c'est un raccourci, que dans une série, le début est très important, dans un film, la fin est très importante.
10:32 - Oui, je suis assez d'accord.
10:34 - Parce que plus de gens vont regarder le début de ta série, qui n'est pas forcément terminé, mais ils vont avoir une impression par rapport à ton début de série.
10:40 Même s'ils sont très accros, il faut bien terminer la série, mais tu peux, on va dire, avoir un succès avec une série qui commence bien.
10:46 Et voilà.
10:47 Encore le film, c'est l'inverse. Le film, tu peux te permettre d'avoir un début peut-être moins ouf,
10:51 mais du moment qu'à la fin, tu les accroches, ils partent sur une bonne impression et ils en parlent en bien.
10:56 - Exactement, c'est le bouche à oreille qui est important.
10:58 Tu vois, tu penses que c'est quoi un petit peu l'avenir de la consommation ?
11:03 Est-ce que tu trouves que les gens ont plus d'appétence pour un certain format ?
11:07 Comment t'imagines un petit peu ?
11:10 - En fait, c'est sûr que le cinéma est confronté à un truc qu'il n'avait pas vraiment pendant des années,
11:16 c'était une vraie compétition directe, parce que pendant longtemps, c'était ça,
11:21 c'était que dans les années 50, quand la télé est arrivée vraiment à se démocratiser.
11:26 Il y avait ce côté petit écran, grand écran, les caméras étaient différentes,
11:30 l'un était en or et blanc, d'autres couleurs, enfin bref, ils avaient des...
11:34 Et du coup, le cinéma s'est un peu adapté à dire "ok, maintenant, on va mettre un écran encore plus large".
11:37 Comme ça, les gens, ils ne pourront pas avoir ça chez eux, tu vois.
11:40 Et donc, ils ont inventé le cinéma stop pour ça, tu vois.
11:43 Et là, maintenant, on est arrivé à un point où le cinéma...
11:46 Alors, ils essayent des fois, il y a les trucs genre la 3D, tout cetera...
11:50 - La 4DX...
11:51 - La 4DX, il y a aussi un format, le ICE, le truc de chez CGR,
11:56 qui sont des trucs, des écrans de lumière sur les côtés.
11:59 Il y a des trucs comme ça, mais au final, ça ne change pas la narration,
12:03 parce que ton film, c'est le même film, tu vois.
12:05 Tu ne vas pas dire "je vais voir un film en 4DX, qui est fait pour le 4DX".
12:08 En fait, c'est plutôt genre un truc en plus, que tu payes pour avoir des coups de poing dans les côtes.
12:12 Et être un super-jeu d'eau.
12:14 - C'est vrai que c'est cauchemardesque, ce truc.
12:16 - C'est un délire, c'est vraiment un délire.
12:19 En fait, c'est un délire qui était très cool à Disney,
12:21 pendant 10 minutes dans "Cheri, j'ai très si les gosses".
12:23 - Oui, c'est ça, exactement.
12:24 - Et là, pendant 3 heures, c'est vrai qu'il faut être prêt, quoi.
12:28 Mais par contre, pendant le Covid, les gens disaient "ok, le cinéma, c'est mort".
12:35 "C'est mort, plus personne n'ira au cinéma, puisqu'il y a les plateformes et tout".
12:39 Et là, maintenant, on vit une période où les gens retournent au cinéma,
12:42 où les chiffres redeviennent un peu comme avant.
12:44 Et je pense qu'il y a vraiment toujours une envie de voir un film au cinéma,
12:48 parce que de toute façon, c'est simple, il ne faut pas sortir un moment.
12:50 - Oui, clairement.
12:51 - Donc, il n'y a pas 10 000 sorties possibles, tu vois.
12:54 Et une sortie qui est quand même universelle et qui peut être cool,
12:58 c'est aller voir un film avec ses potes, etc.
13:01 Donc, là-dessus, je pense que le cinéma ne va pas s'arrêter.
13:05 C'est comme dire que, après le théâtre, quand le cinéma est arrivé,
13:08 le théâtre va s'arrêter.
13:09 Non, c'est une expérience différente.
13:12 Et les gens vont, par contre, être plus électifs.
13:16 Là où avant, les gens allaient au cinéma pour aller au cinéma,
13:19 genre "bon, on va au cinéma, pourquoi ?"
13:21 Ils allaient des fois au cinéma comme on allumait la télé pour dire "bon, j'allume la télé".
13:24 Là, maintenant, les gens diront "non, je vais voir ce film".
13:27 - Oui, exactement. C'est organisé autour de la sortie d'un film.
13:30 Déjà, je pense à cause du prix, peut-être.
13:32 - Le prix, c'est de plus en plus cher.
13:34 Et il y a tout ce qui est autour du ciné.
13:37 Le resto, la bébésiteuse, quand t'es plus grand, etc.
13:41 Donc, c'est une orga.
13:43 Donc, en fait, les gens vont peut-être plus choisir le film
13:47 dans le sens où ils disent "ça, c'est un film, c'est un événement, il faut que j'aille le voir".
13:52 - Oui, c'est ça. Ils vont choisir un film à la limite un peu plus "spectaculaire".
13:55 Il y a des films comme ça où on se dit tous "ah ben ça, il faut le voir sur grand écran".
13:59 - En fait, "spectaculaire" ou "événementiel".
14:02 Un film où tu dis "c'est un événement".
14:04 Bien sûr, ça inclut peut-être les films spectaculaires, etc.
14:08 Mais je pense aussi que t'as des films moins spectaculaires,
14:11 mais tu te dis "waouh, il faut vraiment aller le voir".
14:13 C'est une tuerie et c'est maintenant au cinéma, etc.
14:16 Donc, ça va faire un fossé entre les gros gros films.
14:20 Et donc, les gros gros films vont, je pense, bien marcher.
14:23 Et les petits films qui vont être beaucoup plus durs à exister.
14:28 - Oui, et je pense qu'il y a une vraie appétence un peu pour les effets,
14:33 les effets spéciaux, etc.
14:34 Surtout chez les plus jeunes, j'ai l'impression, il y a une vraie patte graphique qui va plaire.
14:39 Et c'est vrai qu'il y a plein de films souvent où t'entends les gens dire
14:42 "ah mais ça, il faut aller le voir au cinéma".
14:44 Il faut parce que visuellement, "Avatar" est un bon exemple.
14:47 Il faut le voir au cinéma parce que graphiquement, c'est incroyable, etc.
14:50 Et c'est vrai qu'il y a des films, tu les regardes sur un petit écran chez toi,
14:54 ça a clairement pas la même saveur et tu te dis "ah mais ça, il aurait fallu le voir".
14:58 - Oui, tu peux avoir cette sensation-là.
15:00 Et je pense que les gens, ils auront toujours...
15:03 Même si les écrans grandissent dans les appartements, etc.
15:06 Il y a quand même cet événement.
15:09 Et aussi, un autre truc, et là c'est un grand débat,
15:11 c'est que moi pendant longtemps, j'entendais toujours des gens dire
15:14 "ah j'aime pas les gens quand ça réagit trop dans les salles,
15:17 ils savent pas se comporter, il est sauvage".
15:19 Mais moi mes meilleures séances de cinéma, c'est les séances où les gens pètent des câbles.
15:23 - Ouais, où ça applaudit, où ça...
15:26 - Tu vois, et moi les meilleurs exemples, c'est des films comme "Get Out"
15:30 où vraiment les gens, ils hurlaient à la fin.
15:32 - Ah ouais ? - En mode "ouais" et tout, machin.
15:35 "Django Unchained", les gens étaient ouf à la fin.
15:38 Et après, t'as l'effet un peu pervers où c'est les "parna-mativity"
15:43 qui sont réputés comme étant des films où les gens deviennent fous, vraiment se tapent.
15:46 Et moi ça m'est arrivé, mais tout le temps.
15:48 Chez le "parna-mativity", les gens se disent "mais toi ta gueule, non, toi ta gueule, viens me chercher".
15:53 Et comme c'est des films où c'est très silencieux, où il y a de la tension,
15:55 t'as des gens qui veulent être dedans, t'as des gens qui se moquent du film, qui trollent.
15:58 - Oui, il y a des gens qui font des blagues.
16:00 - Et moi, je trouve ça super.
16:02 Et vraiment, je trouve ça cool, ce côté genre...
16:05 C'est humain, quoi.
16:06 Plutôt le côté genre "non, on est à l'église, silence religieux" et tout, machin.
16:10 - Ouais, j'aime bien aussi, il y a ça souvent dans les festivals de cinéma.
16:13 - Ouais, voilà, bien sûr. - Je sais que t'en fais aussi pas mal.
16:16 J'avais fait des festivals de cinéma d'horreur, "Jean le Bif" à Bruxelles.
16:19 - Les gens, ils se mouffent là-bas. - Et ça sort des vannes dans tous les sens.
16:22 Alors en effet, parfois, les blagues sont soit pas drôles, soit il y en a trop.
16:25 Et ça te sort du film et tu te retournes en mode purée, "on est partis pour deux heures comme ça".
16:29 Mais il y a des moments où c'est très bien dosé.
16:31 Et en effet, en fait, ça embellit ta séance, en fait.
16:34 Parce que tu vas avoir quelque chose qui te sort pas non plus du film,
16:38 mais qui en même temps est comme si t'étais avec des potes, tu vois,
16:42 dans une genre soirée film entre potes.
16:46 Où ça fait des petites remarques de temps en temps, mais c'est humain, comme tu dis, ça sort tout seul.
16:50 - Et surtout, c'est si tu veux pas ça, si tu veux avoir la condition parfaite,
16:54 ton son parfait, installe un home cinéma chez toi.
16:58 - Ou va à des séances où il n'y a personne, sinon.
17:01 - Oui, va le matin. - Ça c'est la technique.
17:03 - Donc c'est pour ça que je pense que le cinéma aura toujours cette spécificité.
17:07 Et je pense qu'il faut un peu l'assumer.
17:11 - Ouais, le côté un peu communion, il y a ça quand il y a des marathons qui sont organisés.
17:15 J'avais fait le marathon des gardiens de la galaxie au Grand Rex, où il y avait les deux films projetés.
17:19 Et en fait, il n'y avait que des fans dans la salle et c'était trop bien, parce que tout le monde allait ref.
17:24 Tout le monde va crier au moment où tu sais que t'as envie de crier,
17:27 parce qu'il se passe tel truc très précis, etc.
17:30 Et ça, j'aime ce côté vraiment comme un concert, en fait.
17:33 Comme si les gens voyaient l'artiste qu'ils adorent,
17:37 et du coup, ils ont les petits clins d'œil dans les chansons, ils ont les clins d'œil et tout.
17:40 Et ils vont, ouais, c'est ça, vibrer en même temps.
17:43 Et tout le monde en communion, tu vas te rendre compte que t'es pas le seul à aimer ce personnage.
17:47 Limite, ça se check et tout, genre trop marrant.
17:50 J'aime bien en effet ce côté réunion de fan autour d'un film qui est traité comme une star.
17:59 - Et ça, je sais que mon frère, il déteste ça. - Ah ouais ?
18:02 - Mon frère, c'est genre "non, non, faut pas parler, je veux être dans ma bulle,
18:06 je veux traverser l'écran et être dans un autre monde", tu vois ?
18:09 - Je comprends aussi. - Ce qui est aussi une façon de voir le cinéma.
18:12 - Totalement compréhensible. - Tu vois, une fenêtre vers quelque chose de merveilleux
18:15 et t'as pas envie qu'on te brise ça.
18:18 Mais voilà, moi j'aime bien cette idée où les gens savent où ils sont et où ils participent.
18:24 - Je pense que oui, ce sera toujours présent de la même manière que si tu prends, je sais pas,
18:31 dans la musique, il y en a qui veulent pouvoir savourer ça dans le silence, tu vois,
18:35 genre concert un peu philharmonique et se concentrer sur le piano.
18:39 Et il y en a d'autres avec le même piano, ils ont envie d'être en mode jazz,
18:42 ils ont envie de taper dans leurs mains, taper du pied, de faire des petits "Wouhou" comme ça.
18:47 Donc il y aura toujours, je suis d'accord, ce côté voir d'autres êtres humains sortir
18:52 et partager un moment avec les autres autour du cinéma.
18:56 Je pense aussi que ça peut pas s'arrêter en fait.
19:01 - Non, non, c'est sûr que... Alors après, tous les films sont pas faits pour aller comme ça, tu vois.
19:05 J'imagine mal les gens faire la "Wouhou" à l'aide de Schindler, tu vois.
19:09 - En tapant dans les mains. "Let's go !"
19:12 - Mais tu peux le vivre aussi, même dans un silence.
19:15 Je pense, le dernier Spielberg, le "Fableman", c'est sûr que les gens étaient émus, machin, etc.
19:21 et ils n'étaient pas en train de troller le film, et pourtant à la fin,
19:24 tu savais que tu avais vu un bon film qui te parlait et tout.
19:28 Et donc c'est pas que dans le "Wouhou", tu vois.
19:32 - Bien sûr, il y a des films qui sont faits pour juste écouter, c'est tout.
19:36 - Donc voilà, je pense que ça va quand même rester, je pense.
19:42 Mais c'est sûr que moi, le truc que je trouve dommage, c'est qu'au début,
19:47 les plateformes étaient un peu l'endroit où tu pouvais avoir des films indépendants,
19:51 un peu petit budget et tout.
19:55 Et c'est ça que je trouvais cool à regarder sur les plateformes.
19:58 Et en fait, maintenant, les plateformes sont en train de dire "non, non, maintenant, on veut faire des blockbusters".
20:03 Et du coup, tu dis "ben, t'as intérêt de voir un film fait par des gros réalisateurs de films d'action
20:11 sur un petit écran, t'as l'impression de voir un vrai film".
20:18 Et je trouve ça un peu dommage.
20:19 Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas de l'action sur les films de plateforme,
20:22 mais au moins des films que tu ne verrais pas au cinéma.
20:24 Au moins que tu aies une proposition différente, cohérente.
20:29 Oui, c'est ça. Alors qu'en Stranger Things, on aimerait bien le voir sur un grand écran.
20:33 Au bout d'un moment, oui, parce que je pense qu'ils ont fait des épisodes d'une heure et une heure trente.
20:36 Donc ça devient vraiment très, très cinématographique.
20:39 Alors nous, il n'y a pas longtemps, avec François, on a été jury du Nikon Film Festival,
20:45 un festival de courts métrages pour ceux qui ne connaissent pas, réalisé plutôt par des jeunes,
20:49 par des étudiants. Il y a des écoles.
20:51 Mais il y a aussi des gros moyens.
20:53 Oui, il y a des très gros moyens. Je suis choquée aussi.
20:56 De la qualité de ce qui nous a été proposé.
21:00 On a eu vraiment des pépites en termes de réal.
21:04 C'était hyper beau.
21:06 Et j'aimerais qu'on parle un petit peu à travers cette expérience qu'on a eue de la créativité,
21:12 de la création, c'est à dire du côté vraiment scénaristique,
21:15 imagination des plus jeunes et du type de films et des propos
21:21 qui vont nous être un peu de plus en plus proposés par les plus jeunes.
21:27 Je ne sais pas toi, mais de mon côté, j'ai trouvé que les films qui nous ont été proposés étaient quand même très, très sérieux.
21:32 En fait, ce que j'ai aussi remarqué, c'est que la plupart des films faits par des très jeunes talents,
21:40 quand je dis très jeunes, c'est juste des gens de 20 ans, c'est pas non plus.
21:45 Ils sont souvent très honteux sur des problématiques vraiment graves.
21:50 Et ça, c'est un truc qui est... alors que peut-être moi, quand j'étais jeune, à mon époque, on était un peu plus funky.
22:00 Et ça, c'est hyper intéressant d'un point de vue générationnel de voir à quel point la jeunesse,
22:07 on va dire, prend les choses très au sérieux, veut sensibiliser les gens sur des sujets très importants, etc.
22:14 Alors que moi, quand j'étais jeune, c'était en mode "euh". On était vraiment des cons.
22:18 - On pensait plus à faire des sketchs. - Des blagues, tu vois.
22:21 Et ça veut pas dire que tous les films sont... t'as des films qui sont très sérieux, mais qui arrivent avec un peu, soit une légèreté, soit de la poésie, on va dire en tout cas.
22:30 Un truc qui ne plombe pas. Après, t'avais des films qui étaient plombants, vraiment, qui étaient violents.
22:35 - Il y a une volonté un peu de toucher, je pense. - Ouais, de choquer, de toucher, d'alerter.
22:41 Et c'est vrai que c'est... moi, je trouve ça hyper fascinant de voir comment la nouvelle jeunesse est beaucoup plus impliquée que ma génération.
22:48 Et c'est d'ailleurs le sujet de mon film "Le Vistant de Futur".
22:51 - Ah ! - Merci pour cette... oh là là, disponible en BOD.
22:54 - Quel passe-nez ! - Où vraiment, on parle d'un peu de ça.
22:59 On parle d'une jeune fille qui vraiment ne comprend pas qu'on ne soit pas aussi alerté, et son père qui est en mode "Ah, ça va ! Ça va !"
23:08 - Oui, c'est vrai, ça fait écho à plein de choses chez les jeunes. L'anxiété qu'ils peuvent avoir généralisée à travers les points de vue, les côtés écologiques, le côté un petit peu...
23:18 - Violence. - Violence, insécurité. Il y a plein plein de questions.
23:23 Et j'ai l'impression qu'ils ont ce besoin un petit peu de mettre un peu le point sur la table, tu vois, et de sensibiliser à leur manière.
23:32 - Et en fait, c'est ça que j'ai trouvé intéressant dans les débats qu'on a eus avec les autres du jury, c'est que ça passe ou ça casse, en fait.
23:42 Des fois même, moi, il y avait des sujets que je trouvais vraiment très durs, et je fais "Waouh, putain, voilà !"
23:46 Et en fait, t'as des gens qui voulaient même pas en parler ou même pas regarder le court-métrage, tellement c'est en mode "Ah, c'est bon, genre..."
23:51 - Oui. - Tu vois, ça crée une vraie réaction, un peu de rejet, des fois.
23:57 Et pour moi, c'est une réaction. - Oui, complètement.
24:00 - Pour moi, c'est une vraie réaction, c'est-à-dire que d'arriver en mode "Ah non, j'ai pas envie de regarder ça", ça prouve qu'il y a quelque chose, tu vois.
24:05 - C'est genre "Je l'ai vu une fois, c'est bon, il m'a... il m'a jeter." - Mais je trouve ça intéressant, tu vois.
24:09 Et c'est dommage, parce que des fois, c'est des films, après, qui sont peut-être un peu... qui ont pas forcément eu de prix, alors que pourtant, ils étaient très forts, tu vois.
24:17 - Ah oui, il y en a plein, de toute façon, tous avaient leur particularité et leur mérite, déjà, d'être là, de base.
24:24 - Un truc que j'ai remarqué quand même, que j'avais déjà remarqué dans les autres... j'ai fait jury pour d'autres trucs, que ce soit le CNC ou d'autres festivals,
24:33 mais celui-là, en particulier, ce qui m'a un peu, on va dire, marqué, c'est que pour chaque film, même dans les meilleurs, meilleurs, ceux qui avaient les meilleurs "notes" entre guillemets, entre nous,
24:44 et bien, à chaque fois que quelqu'un disait "Celui-là, c'est mon film préféré", quelqu'un disait "Non mais celui-là, je le déteste."
24:49 - Oui, c'est ça. - C'était vraiment... donc, ça qui était fou, c'était que pour chaque film, il y avait ce côté, genre, quelqu'un allait l'adorer, quelqu'un allait le détester, pour les mêmes raisons.
24:57 - Oui. - Tu vois ? - Oui, oui, c'est vrai. - Et moi, je pense que c'est un truc qu'il faut dire aux jeunes créateurs, aux jeunes créatrices, c'est qu'il faut vraiment jamais se limiter à un avis, tu vois, négatif,
25:08 de se dire "Quelqu'un a détesté, c'est que c'est nul", et qu'en fait, il faut trouver son propre public, tu vois, qui correspond à ce que tu fais, etc.
25:19 Pas forcément chercher à toucher tout le monde, parce que c'est impossible. - C'est impossible, oui. - Voilà. - Chacun a sa sensibilité, encore plus quand tu cherches à attaquer sur un sujet...
25:26 - Ah bah, bien sûr ! - Ou à proposer quelque chose de très sensible, il y a des gens qui vont être totalement hermétiques à ça, et il ne faut pas leur en vouloir, il faut juste aller à une autre personne, quoi.
25:34 - Et souvent, c'est des gens qui se sentent trop près du sujet, tu vois. - Oui. - C'est ça, souvent, que les gens rejettent, tu vois. Et on a eu beaucoup ça dans les débats qu'on a eus.
25:42 Il y avait un film que j'avais beaucoup aimé, sur un sujet en particulier, et tout, social, et une des personnes du jury m'a dit "Non, mais ça, c'est bon, quoi !"
25:52 Et ça, c'est bon, je l'ai genre en mode "J'en ai soupé", ce genre de sujet, voilà, etc. Et du coup, c'est hyper intéressant comme débat, quoi.
26:04 Parce que moi, je trouve ça hyper touchant, quelqu'un qui était plus proche du sujet disait "Bah non, c'est faux", tu vois. Il y a un court-métrage, pareil, on discutait, toi et moi, d'un court-métrage,
26:14 où des gens disaient "Ah, mais ça, c'est fou, c'est le futur", toi tu disais "Bah non, c'est des revues", voilà. - Ah ouais, ouais, bien sûr.
26:20 - Et pour le temps, ta culture, tu le perçois différemment. - Exactement. Selon, ouais, tout, ta sensibilité, ce que t'as au fond de toi, aussi, ce que t'aimes, ce que t'aimes pas,
26:30 ça va aller très très vite, c'est-à-dire que tu vas te fermer au fait que des gens adorent et veulent donner du crédit, toi tu vas dire "Ah bah non, moi j'aime pas ces trucs-là, parce que
26:38 tel sujet, je trouve que c'est pas bien traité, sous-entendu, je l'aurais traité différemment, et je l'ai traité différemment dans ma vie", tu vois ce que je veux dire, donc il y a aussi l'expérience personnelle
26:48 qui rentre en jeu, et c'est ça aussi qui est fort, avec ce genre de film, là en l'occurrence c'est des courts-métrages, mais c'est aussi valable pour des films, c'est ça qui est puissant, c'est d'arriver à
26:58 amener un sujet où les gens l'ont déjà vécu, ils l'ont traité autrement, mais voilà, ils ont envie de prendre parti, comme tu dis, ça suscite une réaction, je préfère faire un court-métrage où ça va diviser,
27:10 où ça va dans tous les sens partir, etc, plutôt que tout le monde s'en tape, et regarde en disant "Ouais, bon, suivant", et que ça amène aucune réaction, je préfère mille fois que ça pète.
27:21 - Bah ouais, ouais, faut prendre ce risque, moi j'ai vu avec mon film que les critiques, ou les journaux, je pensais qu'ils allaient aimer le film, l'ont pas du tout aimé, en mode "Oh mais c'est bon, on connaît ce genre de film, on en a vu plein, c'est du déjà-vu",
27:37 et ceux que je pensais pas du tout qu'ils allaient apprécier, genre les téléramas, les premières, les trucs un peu plus classiques, et ben ils ont trouvé ça cool, tu vois.
27:45 - Ouais, c'est ça, tu peux pas... - Tu peux pas savoir, et ça c'est un truc que... Il faut quand même se dire que... Et c'est pareil quand tu essaies de faire produire un film, finalement c'est la même chose,
27:57 quand tu fais produire un film ou une série, tu te trouves face à quelqu'un qui va te dire "Non mais c'est bon, ça je l'ai déjà fait", voilà, et tu vas... Le même projet, tu vas le proposer à quelqu'un d'autre, il va te dire "Ah mais ça, ça m'intéresse, j'ai jamais fait ça comme ça", et tout,
28:08 et donc le plus dur c'est de trouver les bonnes personnes, tu vois. Donc autant, quand tu fais un court-métrage, trouver son bon public, bon ben voilà, tu peux pas trop le maîtriser, mais quand tu essaies de faire produire quelque chose, au cinéma, en série, ou dans n'importe quel domaine,
28:21 trouver la bonne personne qui comprend et tout, ça prend du temps, quoi, et il faut pas se dire que quand quelqu'un te dit "Non", c'est un non absolu, tu vois, c'est pas le milieu qui te rejette, c'est cette personne, sa vision.
28:30 - Exactement, et de la même manière que dès que quelqu'un te dit "Oui", il faut saisir un peu la brèche et dire "Ah ok, donc pourquoi oui, qu'est-ce qui t'a plu, etc." C'est vrai que si on peut donner un conseil à ceux qui ont envie de se lancer d'une manière ou d'une autre, vraiment, ne pas forcément écouter des stops, même s'il y a eu plusieurs stops à la suite,
28:49 essayez d'avoir le plus d'avis possible, vraiment, essayez de partager ce que vous faites, même si c'est dur, parfois, de faire lire ce qu'on a écrit, ou des... Parfois, t'es là, t'envoies le truc, c'est la grosse goutte de sueur, quoi, mais faut pas hésiter, parce que c'est comme ça qu'on avance, en fait, et il y a forcément une personne qui va dire "Ok, j'ai compris ta vision", même si, voilà, je l'aurais pas exécuté comme ça, ou j'aurais pas fait ça, j'ai compris la vision, elle me plaît, et je pense qu'il y a quelque chose à faire.
29:18 Donc ça, il faut continuer de proposer, et j'ai l'impression que, chez les plus jeunes, vu qu'ils ont toutes ces plateformes pour s'exprimer, même sur TikTok, il y en a qui proposent des petits courts-métrages.
29:30 - Ah oui, mais c'est des fictions en entier. - Ouais, et du coup, les gens vont peut-être de plus en plus oser proposer des choses, ils vont sûrement s'habituer aux mauvais commentaires de temps en temps, se concentrer sur les bons.
29:43 C'est à double tranchant, soit ça va les bloquer, parce qu'ils vont être très tôt confrontés à des trucs très durs, moi je suis très content que mes premières fictions n'aient pas eu de public, tu vois, et surtout que je les ai disparues, alors que maintenant, les nouveaux jeunes sont très tôt confrontés à des gens qui vont critiquer un peu tout et n'importe quoi,
30:02 ou qui vont leur dire "c'est trop bien, t'es un génie", et par contre, ce qui est dur, c'est que ces trucs vont rester éternellement, donc ça c'est vraiment à la fois un avantage et un inconvénient, comme les réseaux sociaux.
30:16 - C'est de laisser une trace et d'avoir... - Moi ce que je trouve par contre qui est plus, on va dire, peut-être pernicieux, c'est que même dans les fictions TikTok, que je trouve hyper intéressantes,
30:28 et bien t'es quand même lié à un algorithme, t'es quand même lié à un truc qui est imperceptible, il faut jouer sur les tendances, il faut jouer sur les sujets, et au bout d'un moment, et c'est vachement bien je pense pour un créateur de commencer par ça, et de trouver sa façon de faire,
30:45 mais au bout d'un moment, il faut être un peu plus perso, un peu plus égoïste, et dire "non ça ça m'intéresse, ça fera moins de vues, c'est pas grave, mais au moins j'aurai..."
30:54 - Au bout d'un moment, il faut arriver à faire ce "jap" là. - Complètement, je suis totalement de cette team de "même si ça fait pas de vues, on s'en moque, on poste, parce que ça nous a inspirés sur le moment, ça nous parle, même si ça parle pas à d'autres gens, tu peux avoir des commentaires en mode "j'ai pas compris..."
31:08 - "T'es ça fait là, surtout, t'es ça fait là, je me suis pas abonné pour ça !" - Exactement, ouais, t'as craqué et tout, bah peut-être, mais ça va faire partie de moi aussi.
31:17 - Habitue-toi ! - Exactement ! Faut habituer les gens aussi à les surprendre, je pense. Ils sont tellement habitués aux algorithmes qui leur donnent ce qu'ils ont envie de voir, que c'est bien parfois de les surprendre un petit peu, en disant "tiens, bah hop, ça tu l'as pas vu venir, c'est pas ce que t'as l'habitude de voir, mais je te le propose quand même, ça passe ou ça casse, au moins tu l'auras vu."
31:36 - Exactement, et faut pas être soumis, même si les plateformes ou les réseaux sociaux te donnent des outils de statistiques, machin, c'est des outils, il faut pas que ce soit ton boss qui te dit "t'as pas assez fait ça, fais ça" et tout, et ça c'est un truc que j'en ai discuté récemment avec une créatrice qui s'appelle Enora Hope, qui fait de la fiction, de la science-fiction sur TikTok, tu vois, un truc...
31:56 - Ah ouais, d'accord. - Et je trouve ça hyper bien ce qu'elle fait et tout, et en même temps je lui dis "attention, parce que si tu fais... il faut que ton contenu soit efficace, marche bien, mais soit pas que identifié, que pour TikTok, que ça marche partout."
32:13 - Ouais, il faut réussir à se sortir un petit peu... - Exactement, parce que ces plateformes-là, elles existent maintenant, dans 10 ans on sait pas si elles vont encore exister, si elles vont changer... - Ah bah clairement, ouais.
32:21 - Tu vois Snapchat, un truc hyper à la mode, maintenant ça l'est beaucoup moins... - Ouais, c'est vrai.
32:27 - Alors qu'un artiste doit s'adapter, évoluer, proposer de contenu sous une forme différente, etc. - Ils vont se lasser aussi en tant que créateurs, ils vont avoir envie d'aller ailleurs, comme tout le monde.
32:37 - Au bout d'un moment t'as fait le tour, surtout quand tu fais autant de contenu aussi, dans un temps limité, tu vois. - Ouais.
32:42 - Et c'est pour ça qu'au bout d'un moment il faut être un peu partout, tu vois. - Oui. Extérieur, pas forcément, ancré à une application, être un peu multifonctionnel, on va dire.
32:55 - Et c'est pareil pour le cinéma, moi je pense que je fais partie de la première génération qui peut prétendre faire du cinéma, mais aussi faire du YouTube, mais aussi faire du podcast, et les jeunes, ils auront cette culture-là, tu vois.
33:08 - Exactement, et il faut les encourager là-dedans. Là je propose qu'on parle un peu plus de réalisation en tant que telle. On a beaucoup parlé dans les autres épisodes des intelligences artificielles, de ce genre de choses.
33:20 D'un point de vue technique, aujourd'hui on a plein d'évolutions, en termes de son, en termes d'images, on parlait aussi de la 4DX.
33:28 Toi, est-ce que tu penses qu'on va continuer à nous proposer des nouvelles expériences cinéma, un petit peu révolutionnaires, des trucs encore plus immersifs, d'une certaine manière ?
33:41 - Je sais pas trop, en fait, là-dessus, à quel point le cinéma doit vraiment évoluer d'un point de vue technologique, j'ai du mal à...
33:51 Peut-être un truc qui va changer, c'est un truc qui paraît débile, mais c'est le rapport à la fréquence d'image. Parce qu'en fait, à la base, la norme du cinéma depuis une centaine d'années, c'est 24 images par seconde.
34:06 Parce qu'à l'époque, on considérait que ça suffisait. Avec les images par seconde, on considère que c'est bon, l'œil humain arrive à percevoir le mouvement, etc.
34:15 Après, il y a eu la télévision, et la télévision s'est accordée sur la fréquence électrique pour faire du 50 pseudo-images par seconde.
34:23 Du coup, il y a eu une sorte de différence entre ce qu'on considère comme étant une image télé et une image ciné. Et en fait, techniquement, il y a plus d'images dans une image télé.
34:31 Donc du coup, c'est une évolution technologique, donc c'est censé être plus en avant. Mais dans la culture qu'on a, chaque fois qu'on voit une image à 50 images ou à 60 images, on considère que c'est de la télé, et on dit "Oh, c'est cheap".
34:43 Ce qui est fou, c'est paradoxal. Et là, maintenant, on arrive à un point où les jeunes sont plus habitués aux 60 images ou même aux 120 images avec les jeux vidéo.
34:53 Et ça ne les sort pas du truc. Du coup, ça devient un truc, à la limite, même il faut qu'il y ait 120 images par seconde ou 60 images, sinon le jeu, pour eux, paraît nul.
35:03 Oui, même quand tu filmes à l'iPhone, en général, c'est 60 images si tu mets en 4K.
35:08 Et donc, on arrive à un point où les cinémas, en plus, oui, là où c'était aussi la définition, un film projeté au cinéma, c'est que du 2K.
35:16 Donc, techniquement, une vidéo que tu regardes sur ton iPhone a une meilleure définition qu'un film projeté au cinéma. C'est ça qui est fou.
35:22 Et donc, on arrive à un point où ce n'est pas tant l'évolution technologique qui est importante, puisqu'on peut projeter du 4K, 120 images sur un écran.
35:31 C'est juste qu'au final, les gens vont avoir cette impression que ça ne paraît pas cinéma.
35:34 Oui, je vois ce que tu veux dire. Je ne savais pas.
35:38 Alors, ça s'est passé pendant longtemps avec le HFR, donc avec The Hobbit, où ils avaient un peu exploré cette technologie.
35:43 Et les gens disaient "mais c'est fou, on a l'impression de voir le Siren des Anneaux, mais en moins bien, parce qu'il y a plus d'images".
35:49 Ça ne faisait pas cinéma.
35:52 Et là, c'est la première fois avec Avatar où James Cameron, encore une fois, il a un peu craqué le code.
35:58 Moi, j'ai vu Avatar 2 en HFR et où il alterne. Quand c'est des scènes avec du mouvement rapide, c'est à 60 images/seconde.
36:08 Quand c'est des scènes de dialogue, c'est à 24 images/seconde.
36:11 Et c'est la première fois de ma vie où je disais "ah, j'ai envie que ce soit tout le temps à 60 images/seconde".
36:16 Donc, ça me manquait. Je voyais un peu la limite de ce format-là.
36:22 Ah ok, tu voyais la différence ?
36:24 Toutes les scènes ne le faisaient pas, mais je voyais la différence et je me disais "ah ok, il a essayé de faire un entre-deux".
36:29 Et maintenant, je pense que l'œil humain, c'est plutôt l'œil des jeunes, on va dire, qui sont habitués à ça, est prêt et sera moins choqué.
36:38 Oui, je pense aussi, parce que c'est le genre de détails qui ne vont pas forcément remarquer.
36:42 Surtout de culture. Ils auront l'impression de voir une image de jeu vidéo, qui pour eux est totalement légitime.
36:47 Alors qu'un quelqu'un de plus âgé aura l'impression de voir une image vidéo du JT et dira "ah bon non, mais c'est juste du caméscope".
36:54 Oui, je vois ce que tu veux dire. Ils auront plus l'œil un peu habitué.
36:59 Ils sont d'habitude, etc. Et on le voit comment l'œil humain s'habitue.
37:04 Et je pense que c'est peut-être l'évolution qui va arriver prochainement.
37:09 Plus que de la fumée, de la pluie, tu vois. Je pense que ce sera plutôt ça, la fréquence d'image.
37:15 En termes de qualité, oui, c'est vrai que je ne savais pas trop ça. Je ne vois pas spécialement la différence.
37:22 Je vois très bien avec la télé. Je vois très bien la différence.
37:26 Et je me souviens qu'il y avait certaines séries ou certaines émissions où il y avait justement cette différence d'image et ça me choquait.
37:33 Et surtout que maintenant, quand tu vois dans les FNAC, etc.
37:37 Tu as des télés qui sont affichées par défaut avec le faux 60 images où ils te traduisent un film, on va dire classique.
37:46 Genre un film, je ne sais pas, "Hook", genre "Syd Park".
37:49 Et te le mettent à un faux 60 images avec le "motion smooth" machin, tu vois.
37:55 Ah oui, c'est pour ça que les vidéos sont trop bizarres dans les télés de supermarchés.
38:00 Et c'est un truc que tu peux enlever. Et c'est un truc complètement artificiel à partir d'un truc qui a été fait en 24 images.
38:05 Et c'est trop bizarre. Tu as l'impression de voir pas le même film et tout.
38:10 Je ne savais pas que c'était dû à ça. J'ai souvent passé devant des télés comme ça qui diffusent des films.
38:14 Et je me dis, mais il est en HD bizarre. Il est genre, on dirait qu'il est en HD pour de vrai.
38:19 C'est un terme, je crois, c'est "motion plus" et tout.
38:21 Et ça, c'est un truc que quand tu vois chez les darons, ils ne savent pas que c'est activé.
38:26 Et c'est le premier truc qu'ils ont fait. C'est genre, ok, attends, papa, je te désactive ça.
38:29 Voilà, maintenant, tu peux voir le film comme il était pensé.
38:33 Oui, c'est vrai. En fait, c'est selon la proposition aussi du réalisateur.
38:37 Après, c'est aussi un outil. Tous les films n'ont pas intérêt à être à 120 images secondes et en 3D comme Avatar.
38:44 Donc, ce n'est pas obligé. C'est pour ça que des fois, les gens pensent un peu à l'envers.
38:49 Quand le premier Avatar a marché, ils se sont dit, ok, maintenant, tout le monde veut de la 3D.
38:52 Ok, tous les films seront en 3D. Et en fait, non.
38:54 Oui, ils nous ont tous mis en 3D des films qui n'avaient pas forcément d'intérêt.
38:58 Enfin, souvent, ils aimaient trop faire ça. Dès qu'il y avait un film en 3D, ils faisaient toujours à un moment une petite scène.
39:03 Bien sûr.
39:04 Exprès pour la 3D, où tu as un truc qui t'arrive dans la tête.
39:06 En courbe focale et tout.
39:08 Moi, en ce moment, je me remette, parce que j'ai un gamin, l'Âge de glace.
39:11 Et je vois l'Âge de glace 4 et je vois comment tout était fait pour la 3D à l'époque.
39:15 Et du coup, les personnages parlent très près, les trucs arrivent près.
39:19 Et je pense que ça a un truc qui a déjà très mal vieilli.
39:22 Ah oui, je trouve aussi. C'est un peu ringard.
39:24 On fait genre, ah, c'est très années 2010, ça.
39:26 Complètement. J'avais regardé quand j'étais petite, Spy Kids 3D.
39:30 Alors, Spy Kids 3D, c'était un peu la blague.
39:34 C'était à la fois de la 3D ancienne, avec un film pseudo futuriste, mais tu étais déjà chipouille à mort.
39:41 Et en plus, dans le film, il te dit "mettez les lunettes".
39:44 Il te font les clins d'œil et tout, et je me souviens, ça avait donné mal au cœur.
39:48 C'était impossible à regarder.
39:50 C'était un peu trop avant-gardiste, Spy Kids 3D.
39:54 C'est vrai, mais ils ont tenté, on va dire, une espèce de performance artistique, presque.
40:00 Oui, mais Rodriguez, moi j'adore les réalisateurs, c'est qu'ils s'en fichent.
40:05 Ils font un film par an, donc ils se disent "ok, celui-là, bof, ok, next".
40:09 Oui, ça m'a éclaté.
40:10 Et je pense qu'il y aura un petit peu, dans le futur, des propositions comme ça,
40:14 des espèces de performances un petit peu artistiques, où ça va jouer.
40:18 Ils vont s'amuser avec les technologies.
40:20 Et tu peux, en vrai, quand tu y penses, maintenant on a tellement de possibilités,
40:24 que ce soit visuelle ou que ce soit même d'expérience en salle,
40:28 tu peux proposer, je pense, des œuvres un peu complètes comme ça,
40:31 qui pourraient s'adapter aux gens.
40:33 Peut-être. Moi, il y a aussi le VR, qui est un autre truc,
40:36 où les gens tentent des trucs.
40:39 Moi j'aime bien, ce que j'aime bien dans le VR, c'est que c'est pas encore abouti.
40:44 C'est encore un peu le Far West, genre les gens ils testent des trucs,
40:47 et ça marche à moitié.
40:50 Moi, j'aime bien cette période-là, parce que,
40:52 alors je sais pas ce qu'il va être l'avenir du VR,
40:54 et je sais pas si le cinéma et le VR vont vraiment se marier ensemble et tout,
40:57 mais moi, pendant le confinement, j'étais souvent avec mon casque VR,
41:02 sur une application qui s'appelle Bitscreen,
41:04 qui est un truc qui simule une salle de cinéma.
41:06 Ah, ok.
41:07 Et du coup, tu regardes un film,
41:09 qui était souvent un truc que les mecs mettaient en,
41:11 c'était leur film en 10 bits, sur leur ordinateur,
41:14 qu'ils mettaient sur un serveur,
41:15 et tu regardais un film dans une fausse salle de cinéma,
41:17 et à côté de toi, t'avais des avatars, d'autres gens qui regardaient, etc.
41:20 Et tu pouvais soit leur parler,
41:22 genre "hé, salut, machin, regarde ça",
41:24 soit les muter, chose que tu peux pas faire dans la vraie vie.
41:27 C'est clair, c'est pas mal.
41:29 Et ça, je trouvais, et peut-être c'était, je te dis, c'était très particulier,
41:32 mais j'ai trouvé ça hyper intéressant comme expérience,
41:34 dans un cadre de Covid où tu peux pas aller au cinéma.
41:37 C'est ça, la proposition est intéressante.
41:39 J'avais ça à Copenhague, au Danemark,
41:42 ils ont un truc dans les salles de cinéma,
41:44 quand tu patientes pour ton film,
41:45 en gros, sur l'écran, ils mettent un petit jeu vidéo,
41:47 et en fait, t'es avec ton téléphone,
41:49 et tu rejoins le serveur, tu rentres le code,
41:52 et tu peux jouer sur l'écran,
41:54 avec tous les gens de la salle de cinéma, en attendant ton film.
41:56 Donc le jeu, parfois, il a un rapport avec le film,
41:58 ou pas du tout, d'ailleurs.
41:59 Là, je suis allée voir "Babylon".
42:02 Voilà, le petit jeu avant n'avait rien à voir,
42:05 mais tu pouvais jouer comme ça, pour patienter.
42:08 Et le fait d'avoir un truc un peu interactif,
42:10 j'ai trouvé ça hyper intéressant,
42:12 parce que tout le monde se regarde avec un petit sourire,
42:14 tu lances ton avatar, celui qui a gagné,
42:16 il saute de son siège, donc tu vois qui c'est.
42:18 Enfin, je trouvais ça sympa,
42:20 et je me dis que ça, c'est le genre de proposition
42:22 qui, perso, pourrait me faire kiffer.
42:24 - Et surtout, ce qui est cool, c'est que ça, c'est dissocié du film.
42:26 - Ouais.
42:27 - Ça peut être lié, si c'est un...
42:28 - Exact, ça peut être comme ça aussi, ouais.
42:30 - Mais surtout, ça te permet d'être en communion avec les gens.
42:32 - Exactement.
42:33 - Et après, t'as le film,
42:34 et après, t'es pas non plus...
42:35 Dans le film, t'es pas en train d'interagir non plus avec le film,
42:38 parce que c'est pas le but, tu vois.
42:39 - Bien sûr, ouais, ouais.
42:40 - Mais de faire ça en amont, surtout que en amont du film,
42:42 t'as toujours 20 minutes, où t'es en train de...
42:43 - Mais ouais, exactement.
42:44 - Tu subis ces 20 minutes, tu vois,
42:46 et là, ça peut être...
42:47 Non, écoute, je trouvais ça vraiment hyper cool.
42:49 - Ouais, j'avais trouvé ça trop cool.
42:51 Et voilà, j'espère avoir plus de propositions comme ça dans le futur.
42:54 En tout cas, moi, je suis très preneuse de ça.
42:56 J'espère qu'on aura des espèces d'expériences,
42:58 même un truc interactif dans un cinéma.
43:00 Franchement, ça pourrait me faire triper.
43:02 J'espère qu'on aura des propositions de ce genre.
43:05 On arrive à la fin de cette émission.
43:09 - Tristesse.
43:10 - Tristesse, tristesse, malheureusement,
43:12 mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin.
43:14 Mes chers auditeurs, on se retrouve demain,
43:17 voilà, même heure.
43:19 Pour les gens de YouTube, on leur fait un bisou.
43:22 On n'oublie pas aussi qu'ils sont là depuis le début.
43:25 On se voit très vite.
43:27 Merci, François, d'être venu.
43:28 - Merci, Luciole.
43:29 - J'espère que t'as passé un bon moment.
43:31 - Super.
43:32 - Et vraiment, j'espère qu'on aura des belles surprises dans le futur.
43:36 - Ah bah, oui.
43:38 - Et j'ai hâte de voir ta série.
43:40 - Alors, elle n'est pas faite encore.
43:42 Et voilà, c'est très long, tout ça.
43:44 - Mais je serai là.
43:46 - OK, c'est gentil.
43:47 - J'ai hâte de voir ça.
43:48 - J'ai hâte de voir ça.
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