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Le professeur de criminologie Alain Bauer était l’invité de l’interview politique lors de la matinale le 02/05/2023. Il est revenu sur les violentes manifestations contre la réforme des retraites : «Le gouvernement a aussi sa part de responsabilité».

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Transcription
00:00 Non, la loi martiale ou les mesures pénales,
00:02 la loi martiale comme les mesures pénales existent.
00:03 La question, elle est de revenir aux causes des problématiques
00:05 et pas simplement à la gestion de leurs conséquences.
00:08 De ce point de vue là, il y a diverses catégories.
00:10 D'abord, il y a l'utilisation éventuellement de l'association de malfaiteurs
00:13 en vue de, c'est-à-dire la pénalisation des plus violents
00:17 dont la volonté homicide est clairement identifiée,
00:19 qui ne sont pas des manifestants ou des gens qui revendiquent
00:22 pour des droits sociaux parfaitement légitimes
00:25 et qui ont le droit d'aller, de venir et de manifester,
00:27 comme l'a rappelé à plusieurs reprises le gouvernement,
00:29 le tribunal administratif, le conseil d'État,
00:31 même le conseil constitutionnel dans le temps.
00:33 Mais dans les dispositifs existants,
00:36 la tentative d'homicide n'est pas le droit de manifester.
00:38 Et il y a un moment où il faut bien se rendre compte
00:40 que ceci n'est pas la même chose.
00:41 Puis deuxièmement, il y a un sujet social, philosophique.
00:44 Quand on intègre qu'une très grande partie de la population
00:47 soutient la violence comme un élément légitime de la revendication
00:51 parce que l'État ne s'est pas bien comporté
00:53 dans la manière dont il fait passer sa loi,
00:55 ni d'une manière pédagogique, ni d'une manière législative,
00:59 il y a là un sujet très important dans la compréhension
01:02 du fonds fonctionnement d'une société démocratique.
01:04 Et de ce point de vue-là, l'État, le gouvernement,
01:07 a aussi sa part de responsabilité.
01:09 Il n'a pas sa part de responsabilité dans la violence physique,
01:11 mais il a sa part de responsabilité dans la violentisation de la société
01:15 en lui imposant un élément, en ne le faisant même pas voter.
01:19 Et le problème, c'est assez étonnant qu'on reproche
01:22 à un gouvernement de ne pas avoir fait voter une loi qu'on ne veut pas.
01:26 Mais ce qui est important dans ces cas-là, c'est l'emballage.
01:28 C'est la manière dont on parle aux gens.
01:30 Et de ce point de vue-là, ils se sentent méprisés,
01:33 contournés, frustrés d'un vote démocratique.
01:35 Et d'ailleurs, il y a encore un parcours d'obstacles.
01:37 Demain, avec la décision du Conseil constituel,
01:40 probablement négative sur le deuxième référendum,
01:43 l'initiative partagée.
01:45 Et puis, au mois de juin, avec la proposition de loi
01:48 du petit groupe Lyot, mais celui qui fait les majorités
01:51 ou les minorités au Parlement et qui serait capable de faire voter
01:55 un texte revenant sur la loi, en tout cas à l'Assemblée nationale,
01:59 qui pourrait apparaître comme une défaite politique
02:01 pour le gouvernement, une réussite sociale pour l'opposition.
02:06 Mais qui ne changerait rien à la loi.
02:07 Alors, on ne sait pas, parce qu'il faudrait que ça aille au Sénat,
02:09 qui lui revotera la loi, mais au moins, on aura réintégré
02:13 le processus démocratique.
02:13 Ça veut dire que ça va continuer pendant des mois ?
02:15 Ça va durer au moins pendant un mois.
02:16 Oui, je crois que ça va durer jusqu'aux vacances
02:19 et qu'au-delà de la mobilisation sociale, du mouvement social,
02:22 de la violence, la convergence des luttes est devenue
02:24 la convergence des rages.
02:26 C'est ça qui a tout changé.
02:27 Et c'est une rage profondément enracinée
02:30 dans la société française et qui est clairement identifiée
02:33 sur un individu en tant que tel et pas seulement
02:36 le président de la République.
02:38 C'est Emmanuel Macron qui est directement visé
02:40 par cette rage profonde des Français.
02:43 Et c'est un vrai problème parce qu'il n'est pas plus légitime
02:46 de le viser lui en tant qu'individu que de viser un policier
02:48 en tant qu'individu.
02:49 [Musique]
02:52 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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