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Erwan Chauvel, directeur de la stratégie chez Primagaz France répond aux questions d’Alexandre Le Mer.
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Transcription
00:00 Europe 1 bonjour, Alexandre Lemaire.
00:04 6h39, très bon réveil sur Europe 1.
00:06 Le projet se veut une carte dans la lutte contre le réchauffement climatique.
00:10 Le gouvernement envisage depuis plusieurs mois maintenant de planifier une interdiction
00:14 d'échaudir à gaz dans les logements anciens pour limiter les émissions en carbone.
00:18 Olivier Klein, le ministre du logement, affirme toutefois que le gouvernement n'a pas à ce jour d'objectif en la matière.
00:25 Bonjour Erwan Chauvel.
00:27 Bonjour Alexandre Lemaire.
00:28 Directeur de la stratégie de PrimaGaz France, vous êtes je le rappelle un des leaders français
00:32 de la distribution de gaz liquide aux particuliers et aux professionnels.
00:36 Depuis le 1er janvier 2022, la réglementation interdit le chauffage au gaz dans les logements individuels neufs,
00:43 au profit de pompes à chaleur en particulier.
00:46 Cette interdiction doit être étendue en 2025 aux bâtiments collectifs neufs,
00:51 en particulier aux immeubles en copropriété.
00:54 Cela veut dire que jusqu'ici, le bâti ancien, les logements anciens ne sont pas concernés par cette interdiction ?
01:00 Non, tout à fait.
01:02 Pour PrimaGaz, c'est un élément important.
01:04 Peut-être rappeler brièvement ce qu'est PrimaGaz.
01:08 PrimaGaz, nous, on approvisionne en gaz liquide, comme vous le disiez,
01:12 c'est le gaz des champs, les 25 000 communes qui ne sont pas raccordées à un réseau de gaz naturel.
01:18 Donc évidemment, les logements anciens, c'est la masse de nos clients.
01:24 11 millions de foyers à peu près.
01:25 Voilà, exactement.
01:26 C'est les 11 millions de foyers qui utilisent aujourd'hui du gaz propane pour se chauffer,
01:30 pour cuisiner ou pour produire de l'eau chaude sanitaire.
01:33 Mais c'est aussi tous les petits artisans, les petits industriels qui font la vitalité de nos territoires.
01:38 Quand le gouvernement affirme que l'interdiction générale du chauffage au gaz n'est pas à l'ordre du jour, ça vous rassure, PrimaGaz ?
01:45 Alors, quand Olivier Klein dit qu'il n'y a pas d'objectif, ça peut être rassurant.
01:50 En tout cas, on le prend comme tel chez PrimaGaz.
01:52 Attention néanmoins, parce que ça fait déjà quelques temps que vous parliez de la réglementation environnementale 2020,
01:57 qui déjà donnait un peu un cadre pour les prochaines étapes.
02:01 Nous, on reste quand même très vigilants.
02:03 Qu'on n'ait pas d'objectif chiffré ne veut pas dire que ce n'est pas à l'agenda de l'administration française
02:08 de bannir l'utilisation du gaz fossile dans les chaudières.
02:12 Et ça, ce serait mettre un coup d'arrêt significatif à l'émergence des filières de biogaz et de gaz renouvelables liquides,
02:19 les gaz portés, gaz déchants renouvelables.
02:21 Et ça, ce serait dangereux pour le mix énergétique français.
02:24 La limitation du périmètre d'installation de nouvelles chaudières à gaz profite donc au marché des pompes à chaleur,
02:32 qui est en pleine croissance.
02:33 L'installation pour un particulier, c'est entre 5000 et 8000 euros.
02:37 Ça veut dire beaucoup plus cher qu'une chaudière à gaz.
02:40 Alors, exactement, c'est deux à trois fois plus cher.
02:43 Quand vous parlez de 5000 à 8000 euros, c'est quand on regarde en dehors des aides de l'État.
02:48 Ce sont des équipements qui sont hautement subventionnés.
02:52 Les aides de l'État, on va en parler, mais qui ont parfois du mal à arriver.
02:56 Alors, qui peuvent être plus ou moins difficiles à parvenir aux consommateurs en particulier.
03:01 Mais néanmoins, vous avez des subventions de manière significative dans l'installation de ces équipements-là
03:06 que vous n'avez plus. C'est finalement ce décret dans le 9 qui pourrait arriver dans la rénovation et qui pénalise.
03:13 Si je vous donne un chiffre, vous avez aujourd'hui un parc de chaudières installés.
03:17 Si on devait migrer tout ce parc-là vers des pompes à chaleur, c'est plus 60% de consommation électrique au pic.
03:23 On sait qu'on a déjà un problème de pic en France.
03:27 On l'a vu cet hiver.
03:29 Si on devait trop rapidement basculer toutes ces énergies vers des énergies électriques, ce serait une vraie difficulté pour la France.
03:37 Nous, on promeut, on favorise, on demande une neutralité technologique pour pousser toutes les énergies à se verdir.
03:43 Vous dites être le fournisseur du gaz des champs, Erwan Chauvel, c'est une jolie image.
03:48 Plus de 80% des communes rurales, c'est vrai, n'ont pas ce réseau de gaz naturel ou de chauffage urbain.
03:54 Ça veut dire que l'interdiction progressive des chaudières à gaz risque aussi de renchérir les coûts pour toute cette clientèle.
04:00 Exactement. Il y a un surcoût dans la ruralité déjà pour les consommateurs.
04:04 L'énergie en moyenne, c'est 20% plus cher pour une famille qui vit en territoire rural.
04:11 C'est significatif d'ores et déjà.
04:13 Si on leur dit qu'on va vers une pompe à chaleur qui est plus chère, l'électricité a une trajectoire d'augmentation, vous allez avoir des difficultés.
04:21 Si on n'a pas cette souveraineté, c'est un challenge.
04:24 Aujourd'hui, le gaz propane, mais le biogaz également depuis 2018, Primagaz distribue du biogaz.
04:30 C'est de la souveraineté puisque c'est stockable, c'est accessible.
04:33 Ça reste dans des gammes de prix qui ont beaucoup moins augmenté que le gaz naturel et l'électricité.
04:38 Par exemple, si on regarde l'hiver dernier, c'est produit par les territoires, pour les territoires, quand il s'agit des biogaz.
04:45 Puisque aujourd'hui, le biopropane que nous distribuons est un produit qui est fabriqué en France.
04:51 Et Primagaz se lance, on était un distributeur historiquement, va se lancer dans les années à venir vers la production d'énergie avec un nouveau gaz, le RDME.
04:59 A l'horizon 2030, on aura une production par les territoires, pour les territoires, de biogaz permettant cette transition énergétique abordable.
05:07 Le problème des chaudières à gaz, c'est bien l'émission de gaz à effet de serre à Wanchovel aujourd'hui.
05:11 Exactement, et il faut réduire. Nous, on n'est pas en train d'opposer les énergies, il faut réduire.
05:16 Mais si vous avez cette logique de réduction, la temporalité est extrêmement importante. Donnons-nous le temps nécessaire.
05:22 La figare n'est pas prête aujourd'hui ?
05:24 Alors la figare n'est pas prête à basculer intégralement à la pompe à chaleur, pour les raisons que j'évoquais à l'instant.
05:28 Mais si on a des chaudières classiques traditionnelles, vous basculez vers une chaudière, ce qu'on appelle très haute performance énergétique,
05:34 vous réduisez 30% déjà votre consommation, donc les émissions de CO2.
05:39 Et puis si vous passez au biopropane, c'est 77% d'émissions de CO2 de moins que le fioul.
05:46 Avec une chaudière spécifique ?
05:48 Avec la même chaudière, qui pour certaines sont fabriquées en France.
05:51 Donc quand je dis que c'est mettre un coup d'arrêt à l'émergence des biogaz, c'est toute la filière, c'est pas uniquement les gaziers.
05:57 C'est-à-dire combien pourtant le biogaz à lui seul permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
06:01 77% versus le fioul.
06:03 Donc quand vous êtes un consommateur de fioul sur une vieille chaudière, vous passez sur une chaudière moderne, très haute performance, et au biogaz,
06:09 vous avez des réductions significatives qui permettent au réseau électrique, aux nouvelles centrales nucléaires de se construire, mais on aura besoin de temps pour ça.
06:17 Vous comparez au fioul, si on compare au gaz classique, est-ce qu'on a un gap ?
06:20 C'est énorme.
06:22 C'est déjà effectivement sensible.
06:24 Pendant ce temps-là, parallèlement, on voit que le magazine "60 millions de consommateurs" pointe un peu les problèmes de la pompe à chaleur.
06:31 Ça va être des économies qui ne sont pas au rendez-vous, elles ne sont pas aussi efficaces dans la réalité que sur le papier.
06:37 C'est aussi des aides financières qui n'arrivent pas.
06:39 Quand on parle de 5 000 à 8 000 euros, les foyers qui font installer des pompes à chaleur ne parviennent pas toujours à se faire rembourser à l'heure actuelle.
06:48 Alors déjà, il y a cette logique d'accessibilité à la subvention, qui n'est pas toujours simple.
06:54 Le gouvernement propose un certain nombre de guichets qui permettent d'accompagner.
06:59 Mais de toute façon, la pompe à chaleur n'est pas forcément la solution.
07:03 Et c'est pointé en effet par "60 millions de consommateurs", comme vous le disiez à l'instant.
07:07 Si vous avez une maison qui est mal isolée dans la ruralité, on l'évoquait tout à l'heure, c'est des maisons plus grandes où le surcouls d'énergie est important.
07:14 Ce qui est important avant de changer le moyen de production de la chaleur, c'est déjà d'isoler.
07:20 Isoler les murs, isoler les fenêtres, isoler les combles, isoler les planchers, avant de changer vers une pompe à chaleur.
07:25 Déjà, baisser l'enveloppe, parce que la pompe à chaleur dans une maison qui est trop grande, mal dimensionnée, ça ne va pas correspondre à vos besoins.
07:32 Et là, du coup, vous n'allez pas utiliser la pleine puissance de ce type d'outil.
07:35 Par contre, la chaudière correspond parfaitement aux usages.
07:39 Et c'est bien tout ce que demande PrimaGaz, c'est "utilisons les bons moyens pour les bons usages".
07:45 Et en l'occurrence, le gaz est un bon moyen de production.
07:48 On estime que la durée d'amortissement d'une pompe à chaleur, c'est entre 10 et 15 ans.
07:51 Si on rapporte ça à une chaudière à gaz, ça situe comment ?
07:54 Économiquement, c'est minimum 15 ans une chaudière, mais les Français vont utiliser une chaudière entre 20 et 25 ans.
08:01 Sur ce point-là aussi, et je rajouterais également la maintenance, qui est également 2 à 3 fois plus chère pour une pompe à chaleur versus une chaudière.
08:08 Quand vous additionnez tout ça, vous changez plus tôt, votre maintenance est plus chère et le coût à l'achat est supérieur.
08:14 Si les aides n'arrivent pas, pour les territoires ruraux, c'est une vraie difficulté.
08:18 En tout cas, pour l'instant, le gouvernement s'est engagé, enfin s'est engagé, a promis qu'il n'y avait pas sur la table de projets d'interdiction des chaudières à gaz dans le logement ancien qui concerne, on le rappelle, environ 11 000 foyers en France et que vous livrez avec PrimaGaz en dehors des réseaux de gaz urbains.
08:35 Merci à vous Erwann Chauvel, directeur de la stratégie de PrimaGaz France. Merci. 6h48 sur Europe 1.

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