Ligue 1 : "Notre championnat est en train de régresser" alerte l'After Foot
Dans l'After Foot ce lundi sur RMC, Florent Gautreau et Stéphane Guy tirent la sonnette d'alarme concernant le niveau des "gros clubs" de Ligue 1.
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00:00 - T'as mal à ta ligue, Flo ? Qu'est-ce qui se passe ?
00:03 - J'ai mal à ma ligue parce qu'après avoir encensé nos coachs et le fait qu'on ait changé,
00:09 qu'on voit plus de jeux, qu'on se régale parce qu'il y a du suspense.
00:13 C'est vrai, il y a eu tout ça, on peut le dire.
00:16 Par rapport à... On a fait des années d'after, 17 ans d'after,
00:19 on a plutôt des choses qui se sont améliorées, tu vois, quelque part.
00:23 On a souvent râlé sur ces coachs qui étaient toujours les mêmes.
00:26 On a eu plein de choses qui ont changé.
00:28 On a eu des choses intéressantes et plutôt captivantes.
00:32 Puis on a eu même l'arrivée d'actionnaires puissants.
00:35 On s'est dit, tiens, on va avoir un peu de poids financier,
00:38 on va peut-être pouvoir les rivaliser sur la scène européenne.
00:40 Même là, après le Covid, on s'est dit, il y a CVC,
00:43 donc il va y avoir de l'argent dans les clubs.
00:46 Tout n'est pas perdu.
00:47 Puis en fait, ça fait pchit parce que c'est pire que tout.
00:50 Et je pense qu'on est en train de vivre, c'est des histoires de cycles,
00:55 un cycle, je suis assez pessimiste, mais un cycle assez négatif
01:01 qui se traduit tout simplement par la valeur étalon qu'est l'Europe
01:05 et qui est notre cinquième place fortement menacée maintenant sur le plan européen.
01:09 Alors, pour être concret, et si on le fait dans l'ordre des budgets,
01:13 le PSG, on ne va pas y revenir, on en a parlé beaucoup,
01:15 mais une équipe qui ne prête même plus vraiment d'imp...
01:20 enfin, qui n'attache plus vraiment d'importance,
01:22 c'est des joueurs qui ne prêtent plus vraiment d'intérêt à la Ligue 1.
01:25 C'est vraiment un championnat qui n'a plus vraiment de valeur
01:27 parce que si les champions eux-mêmes,
01:30 enfin ceux qui sont censés être champions ou qui vont peut-être l'être,
01:33 n'y attachent pas d'importance, ne font pas briller leur couleur,
01:36 ne montrent pas une attitude irréprochable, c'est terrible.
01:40 On a donc Monaco. Ensuite, en gros, tu as trois équipes,
01:45 je regroupe, le Marseille, Monaco, Lyon,
01:47 des budgets autour de 230, 240, 250 millions d'euros.
01:51 Monaco, catastrophique, une équipe de mercenaires,
01:54 des dirigeants, une équipe pas incarnée.
01:56 À une époque, on disait, tu avais le Campora qui en était le président,
01:59 tu avais des joueurs emblématiques, des entraîneurs qui portaient la parole.
02:03 Là, tu as un coach dont on ne comprend pas vraiment ce qu'il fait,
02:05 qui n'atteint pas ses objectifs, des dirigeants qu'on n'entend pas,
02:10 un directeur sportif qui va partir,
02:12 une équipe, une tour de babel de mercenaires.
02:16 Et Monaco est donc un des gros budgets du Chemin de France
02:20 et n'a pas brillé, non seulement n'a pas brillé,
02:21 mais a été éliminé avant les huitièmes de la Coupe d'Europe.
02:25 Après, on a Lyon qui est septième aujourd'hui de la Ligue 1, on l'a dit.
02:29 Donc, Lyon, pour l'instant, même si la phase retour se passe mieux,
02:32 c'est un crash également.
02:34 Donc, nos gros clubs, ceux qui sont puissants financièrement,
02:37 il n'y a que l'OM qui tient son rang en Ligue 1,
02:39 puisqu'ils sont deuxième budget en gros, et donc ils sont deuxième,
02:43 mais qui a aussi été éliminé piteusement, on l'a dit, en Coupe de France
02:46 et qui a raté la marche en Ligue des champions.
02:51 Ça fait beaucoup, ça fait beaucoup.
02:52 Et puis après, quand tu descends un petit peu
02:53 et que tu vois dans les nouveaux entrants comme Nice, par exemple,
02:56 ben Nice, ils sont neuvième aujourd'hui du championnat.
02:58 Ils ont été éliminés aussi en Ligue Europa.
03:01 Donc, ceux qui sont censés nous tirer vers le haut,
03:04 ceux qui étaient censés nous faire passer un cap peut-être
03:07 et nous faire redonner des couleurs sur la scène européenne,
03:10 ne le font pas.
03:12 Et aujourd'hui, vers quoi on se tourne ?
03:14 Et là, maintenant, on n'a plus que les miettes presque pour se régaler.
03:17 On se tourne vers des entraîneurs ponctuels comme Will Steele à Reims,
03:20 comme Régis Lebris à Lorient, qui, avec des bouts de ficelle,
03:23 des budgets qui sont les dixièmes,
03:27 neuvième et douzième budget pour s'enthousiasmer,
03:30 ou, et j'en finirai par là, par Lens, qui est le dixième budget français,
03:34 mais qui n'a pas encore subi ce que vont subir
03:37 et ce que subissent les clubs français qui n'ont pas apparemment
03:40 assez de muscles pour résister à cela,
03:42 le championnat plus la Coupe d'Europe,
03:43 parce que c'est ça qui va arriver à Lens.
03:45 Et c'est ça le baptême du feu de l'an prochain,
03:48 c'est est-ce que Lens va s'en sortir,
03:50 avec en plus une sollicitation d'être victime, ses joueurs,
03:55 d'enchaîner championnat et Coupe d'Europe ?
03:57 Donc, en gros, je pense que notre championnat est en train de régresser.
04:01 On est en train de perdre notre cinquième place sur le plan européen.
04:06 Et je dirais même, je vais plus loin que ça.
04:08 Ce qui se passe avec le PSG, comme on l'a vu,
04:10 cette absence de jeux et de matchs alors qu'on est à cinq journées de la fin,
04:14 avec Monaco qui, parce qu'ils ont perdu le match contre Lens,
04:17 se désintéresse maintenant du championnat.
04:21 Tous ces joueurs, ces équipes qui n'attachent pas assez d'importance,
04:24 on vient de le dire pour la Coupe de France,
04:25 qu'à partir du moment où tu désacralises une institution comme la Coupe,
04:29 les joueurs, les dirigeants n'attachent pas d'importance.
04:30 Si c'est la même chose avec notre championnat,
04:32 on court à la Cata et sur le plan européen, la traduction est là.
04:36 Et je suis inquiet.
04:37 Et je dirais même que maintenant,
04:39 en dehors des exemples que j'ai pu donner sur le jeu de Genesio l'an dernier,
04:42 de Le Briz cette année,
04:44 je trouve même qu'effectivement, on a parfois des matchs et des rencontres
04:47 où techniquement, tu te reposes des questions
04:50 sur vraiment le niveau de ce que tu peux voir.
04:53 Et pendant ce temps-là, en Italie, par exemple,
04:55 dont on parlait peu depuis quelques années,
04:56 tu as des résultats en Coupe d'Europe qui reviennent.
04:58 Je ne parle pas de l'Angleterre et de son championnat.
05:00 - Il faudra le juger sur la durée quand même, le phénomène italien.
05:03 On verra sur la durée.
05:03 - On verra sur la durée, mais en tout cas, nous,
05:05 vu qu'on est focalisés, on est focus sur notre championnat.
05:09 Évidemment, on en parle beaucoup dans l'after,
05:11 on est observateur, attentif.
05:13 Mais quand tu prends un peu de recul, tu peux avoir peur.
05:17 - Stéphane, es-tu d'accord ?
05:19 - Oui, oui, je partage pleinement le constat de Florent.
05:23 Et on a eu l'occasion avec un ami,
05:26 il s'appelle Jean-Pascal Gaillan,
05:27 qui est un économiste du sport,
05:28 qui travaille à l'université de Rennes.
05:31 On a eu l'occasion récemment de se pencher sur un phénomène,
05:34 de savoir parce que ce que tu décris doit être corroboré
05:37 par rapport à l'arrivée du Qatar
05:39 et la présence d'un investisseur puissant à Paris.
05:41 Parce que le discours, la DOXA, le discours dominant,
05:45 nous explique que le PSG allait entraîner.
05:49 Évidemment, ça remettait en cause la concurrence au niveau national,
05:53 mais ça allait entraîner les autres clubs français dans un élan vertueux
05:56 et que notamment au niveau européen,
05:58 le résultat de la France,
05:59 les résultats de la France allaient être bien meilleurs.
06:01 On voit bien que notre cinquième place est en danger
06:03 et que ce phénomène-là ne se produit pas.
06:05 Et moi, j'avais regardé,
06:06 et j'avoue avoir été surpris en le regardant moi-même,
06:09 les performances des clubs français sur la décennie 2000-2010,
06:13 donc avant l'arrivée du Qatar
06:15 et à l'époque où Lyon était le club dominant français,
06:17 et sur la décennie 2010-2020.
06:19 Qu'est-ce qu'on constate ?
06:20 Que sur la décennie 2000-2010,
06:22 la France occupait, par ses clubs, en moyenne,
06:25 le niveau moyen des clubs français dans le classement européen,
06:29 c'était 33ème.
06:31 Sur la décennie 2010-2020,
06:33 le niveau moyen des clubs français au classement européen,
06:36 c'est 34ème.
06:37 Donc on n'a pas...
06:39 Alors que le PSG, évidemment, entre-temps...
06:42 Mais si on regarde basiquement les résultats,
06:44 on constate que sur la décennie 2001-2010,
06:47 les clubs français à l'époque Lyon, Monaco, Bordeaux,
06:50 ont joué six quarts de finale de Ligue des Champions,
06:53 une demi-finale de Ligue des Champions et une finale,
06:55 donc avant l'arrivée du Qatar en France.
06:57 Depuis que le Qatar et le PSG sont là,
07:01 on a huit quarts de finale,
07:02 donc on est passé de six quarts de finale à huit quarts de finale,
07:05 on reste à une demi-finale et on reste à une finale.
07:07 Donc, statu quo complet.
07:09 Donc le phénomène de ruissellement
07:13 que nous expliquaient les penseurs du football français
07:17 ne se produit pas et je dirais...
07:20 - En général, le phénomène de ruissellement,
07:22 on a bien compris que ça ne fonctionne pas.
07:23 - Là, comme souvent dans le foot,
07:25 ce qui est intéressant avec le foot, c'est qu'on a...
07:27 C'est un art appliqué, le foot,
07:28 c'est-à-dire qu'on constate, à l'instant M, ce qui se passe.
07:31 On n'a pas besoin d'attendre 50 ans
07:33 qu'il y ait des experts qui nous expliquent que...
07:35 Là, on a les résultats sous les yeux.
07:40 Et par rapport à ce qui s'est passé en finale de la Coupe de France,
07:45 et c'est pour ça...
07:46 Moi, je suis très admiratif, je le dis en préambule,
07:49 pour pas que je sois mal compris.
07:51 D'abord, c'est un formidable moment,
07:52 et la victoire de Toulouse,
07:54 on a tous beaucoup de sympathie pour ce qui se passe à Toulouse,
07:57 pour cette équipe et pour le jeu qu'elle développe, etc.
08:00 Il y a un modèle nouveau qui est défendu par son président,
08:03 qui n'est pas si nouveau que ça,
08:04 parce que je pense que, par exemple, les data...
08:07 Toulouse n'est pas le premier club, loin de là, en France,
08:09 à utiliser les data.
08:10 Peut-être qu'il y a un systématisme,
08:11 et une façon différente et particulière,
08:14 comme l'a expliqué à votre micro la semaine passée, Damien Comoli,
08:16 de le faire, mais ce n'est pas, pour moi, un phénomène nouveau.
08:18 Mais...
08:20 Donc moi, un, on s'est régalé,
08:22 deux, je trouve exceptionnel ce que fait Montagné,
08:25 parce que je trouve que...
08:27 Arriver à amalgamer un club où il y a 20 ou 21 nationalités,
08:31 c'est extrêmement dur.
08:32 Je me rappelle qu'à une époque, par exemple, David Guillon, à Reims,
08:35 qui avait été confronté un peu au même phénomène,
08:37 avait expliqué à quel point, pour lui, c'était compliqué.
08:40 Bon, Montagné a l'avantage d'avoir travaillé en Espagne,
08:42 d'avoir travaillé en Angleterre, d'avoir travaillé en Belgique,
08:43 donc il est peut-être un peu plus international, mais...
08:46 Dans son approche, mais malgré tout,
08:49 ça reste pour moi quelque chose d'assez extraordinaire ce qu'il a fait.
08:51 Et je trouve que dans les éloges qu'on fait de Toulouse,
08:53 on oublie un peu trop souvent le rôle de l'entraîneur.
08:57 Mais ce que je ne souhaite pas, en revanche, très franchement,
08:59 c'est un débat qu'on peut avoir,
09:00 qui n'est sans doute pas un avis partagé par beaucoup
09:03 au lendemain de la victoire de Toulouse dans la Coupe de France,
09:04 c'est que ce soit un modèle qui soit dupliqué partout.
09:07 Parce que c'est bien qu'il y ait un club français qui agisse de cette façon-là,
09:10 mais moi, qui ai une équipe qui joue la Coupe de France,
09:13 pour un club très moyen français,
09:15 13e de Ligue 1,
09:17 et qui joue sans un français dans son onse de départ,
09:20 ce n'est pas quelque chose qui me...
09:21 Et avec ce système de data derrière,
09:23 moi, ce serait inquiétant que notre football progresse dans ce sens-là,
09:29 parce que ça voudrait dire
09:30 qu'on n'est plus là pour favoriser
09:34 les joueurs de la 2e division néerlandaise que la formation française.
09:36 Donc il y a quand même des vraies questions à se poser
09:38 autour aussi de ce qui se passe à Toulouse.
09:41 - Alors, moi, je suis d'accord avec toi là-dessus.
09:43 - Et d'ailleurs, juste un dernier élément pour préciser un peu ma pensée,
09:46 en Angleterre, où il y a...
09:48 On rappelle que l'arsenal d'Arsene Wenger,
09:50 qui est l'un des maîtres à penser de Damien Comoly,
09:53 a été le premier,
09:55 ou le deuxième, non,
09:56 tel premier, je crois, à aligner une équipe aussi en première ligue
09:58 sans joueur anglais.
10:00 Ça a été le premier à avoir Chelsea, il l'a fait également.
10:03 Aujourd'hui, je ne suis pas très attentionné, mais
10:05 quand on est étranger pour avoir le droit d'évoluer en Angleterre,
10:08 il faut justifier
10:09 d'un nombre de sélections, etc.
10:11 Les critères de...
10:13 Ça serait beaucoup plus compliqué,
10:14 le modèle tous-en ne pourrait pas être appliqué en Angleterre en l'état.
10:18 - Oui.
10:19 - Avec des joueurs de seconde zone.
10:20 - En effet, ne serait-ce que pour l'obtention des visas, en l'occurrence.
10:22 [SILENCE]