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Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques, était l’invité de BFMTV ce mercredi soir, alors qu’Élisabeth Borne a dévoilé la feuille de route du gouvernement pour la période des "100 jours d'apaisement", voulue par Emmanuel Macron. 

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Transcription
00:00 - Bonsoir Stanislas Guérini. - Bonsoir.
00:01 - Merci d'être avec nous, ministre de la Transformation et de la Fonction publique.
00:04 Est-ce que vous appartenez ce soir à un gouvernement empêché ?
00:08 - Non. - Tout simplement empêché ?
00:09 - Non, j'appartais à un gouvernement qui veut avancer,
00:12 qui veut avancer avec ces et ceux de bonne volonté,
00:14 à qui on tend la main, très clairement,
00:16 et je crois que ça ressortait beaucoup de l'intervention de la première ministre.
00:18 On a envie de trouver des majorités, on a envie de bâtir des accords,
00:22 on a envie de régler les problèmes concrets de la vie des Français.
00:26 - Je cite Élisabeth Borne sur la loi Immigration,
00:28 citation reprise ce soir par Le Parisien.
00:31 "Si on y va maintenant, on va dans le mur."
00:34 Ça devait être la grande loi dans les prochaines semaines, cette loi sur l'immigration.
00:39 - Je crois que c'est une citation qui ne faisait pas partie de son intervention.
00:42 - Non, non, non, non, non.
00:43 Absolument, ça n'a pas été dit en direct sur la télé,
00:45 c'est ce qu'elle dit d'après Le Parisien, ses collaborateurs,
00:47 juste avant ou juste après son discours.
00:49 "Si on y va maintenant, on va dans le mur."
00:50 Ça devait être la grande loi, la loi sur l'immigration.
00:52 Vous ne pouvez pas la faire.
00:54 - Annoncée il y a trois jours par le président.
00:56 Il y a trois jours par le Parisien.
00:57 La grande loi, c'est une loi qui est utile, qui est, je crois, nécessaire.
01:02 Je parle des vrais problèmes de la vie des Français.
01:04 Ils nous attendent sur ces sujets-là, régaliens, de protéger les Français.
01:08 La question de l'immigration est importante.
01:10 On a bâti un projet de loi.
01:11 Il a été présenté.
01:12 Il a été présenté au Sénat.
01:15 Il a été bâti par Gérald Darmanin, par Olivier Dussopt.
01:17 C'est un projet de loi qui est équilibré,
01:19 qui veut à la fois mieux protéger les frontières,
01:23 faire en sorte que les règles s'appliquent,
01:25 notamment sur la reconduite,
01:26 et qui veut aussi mieux intégrer celles et ceux qui,
01:28 par exemple, travaillent dans notre pays.
01:30 Mais le constat qui a été fait,
01:32 c'est que pour l'instant, il n'y a pas de majorité autour de ce texte.
01:35 Et donc, nous, notre ligne de conduite,
01:37 et la première ministre l'a très bien dit, c'est de l'efficacité.
01:40 On veut une loi qui trouve une majorité au Parlement
01:44 et qui puisse être appliquée.
01:45 Et le constat qu'on a fait pour l'instant, c'est que...
01:48 - Si vous n'avez pas de majorité aujourd'hui,
01:49 pourquoi est-ce que vous en auriez une à l'automne ?
01:51 - Parce que c'est ce qu'ont indiqué,
01:52 notamment les responsables des Républicains.
01:54 Et je crois que la première ministre, elle a été très transparente
01:56 en présentant les choses.
01:58 Elle a dit les choses, elle a échangé,
01:59 puisque c'est la feuille de route que lui a confiée
02:01 le président de la République
02:03 avec les différents responsables politiques.
02:05 Et elle a fait le constat que, à ce jour,
02:07 c'est ce qu'ont indiqué Gérard Larcher,
02:09 les responsables des Républicains, il n'y avait pas de majorité.
02:12 Alors, on va continuer à essayer d'en trouver une,
02:15 à la construire, et puis en tout état de cause,
02:17 parce que cette loi, elle est utile et nécessaire pour notre pays.
02:20 Je ne sais pas si c'est la grande loi,
02:21 mais c'est une loi utile parmi d'autres priorités.
02:24 Eh bien, on légiférera sur cette question à l'automne.
02:27 Je crois que ça me semble assez sage,
02:29 aujourd'hui, dans un moment ouvert de l'angle de bois.
02:32 On vient de traverser une période qui a été une période
02:35 de conflits sociaux difficiles pour tout le monde.
02:38 Et donc, c'est normal qu'on cherche à prioriser
02:41 sur des sujets sur lesquels on peut rapidement trouver des majorités
02:44 et surtout, avancer de façon très concrète.
02:47 Moi, je crois que c'est ça qui est ressort de l'intervention
02:49 de la première ministre, c'est ça qui nous mobilise tous,
02:51 les uns et les autres, traiter des questions
02:53 qui sont dans la vie des Français.
02:54 Est-ce qu'on est capable de mettre un professeur motivé,
02:57 bien payé devant des élèves, traiter la question du remplacement ?
03:01 Je participais avec le président de la République tout à l'heure
03:03 à une commission d'assassinat sur le handicap,
03:05 rembourser les chaises roulantes,
03:07 investir pour l'accessibilité des bâtiments, du numérique.
03:10 Tout ça, ce sont des vrais sujets de la vie des Français.
03:12 Eh bien, voilà notre feuille de route.
03:13 Les sujets de la feuille de route.
03:15 La plupart des sujets aigrénés par Elisabeth Borne
03:18 étaient déjà connus. En réalité, il n'y avait pas d'annonce concrète
03:20 et solente et trébuchante, notamment sur le pouvoir d'achat,
03:22 où on renvoie un peu chacun à ses responsabilités.
03:25 L'immigration, c'est quand même intéressant parce que depuis 2017,
03:28 Emmanuel Macron n'a jamais réussi en fait
03:30 à avoir un projet sur l'immigration qui soit clair.
03:32 Pourquoi ? Parce que en même temps, sur l'immigration,
03:35 qui est un sujet éminemment idéologique, ça ne peut pas fonctionner.
03:38 C'est-à-dire que soit vous êtes avec la droite
03:40 et vous avez un texte qui sera très dur.
03:41 Et d'ailleurs, les LR, c'est-à-dire les Rémunérations suprêmes,
03:44 vont proposer leur texte et d'une certaine façon,
03:46 vont demander au gouvernement de se rallier à leur position.
03:49 Et de l'autre côté, vous n'aurez pas la gauche.
03:51 C'est-à-dire que en même temps, sur l'immigration, ça ne peut pas fonctionner.
03:53 Moi, je suis… Pardon de vous le dire,
03:55 je suis souvent d'accord avec vos analyses.
03:57 Je suis en total désaccord avec ce que vous dites, au moins sur deux points.
04:00 Je pense qu'on appréhende cette question de façon trop idéologisée,
04:04 en en faisant un totem.
04:06 Je crois que ce que les Français attendent, c'est de régler les problèmes.
04:09 C'est d'agir de façon extrêmement pragmatique.
04:11 Et moi, au contraire, je crois qu'en matière d'immigration,
04:14 on peut faire dur en même temps.
04:16 Et en même temps, ce n'est pas de la gaudille sur des ambiguïtés.
04:19 En même temps, c'est d'assumer un équilibre
04:22 entre un enjeu de protection, un enjeu régalien,
04:25 et puis un enjeu d'intégration.
04:26 Moi, je n'ai pas de mal à vous dire ça.
04:28 Je viens de la gauche et je crois qu'on serait décalé.
04:31 La gauche a été trop souvent, trop longtemps,
04:33 décalée sur les questions d'immigration
04:34 parce qu'elle n'osait pas appréhender ces questions-là.
04:37 Et à chaque fois qu'elle a fermé les yeux sur des réalités,
04:40 elle a été battue, comme on l'a vu dans notre pays européen.
04:42 Et j'ajoute un dernier point.
04:44 C'est qu'à chaque fois que nous avons légiféré
04:47 sur la question de l'immigration, à chaque fois,
04:49 puisque nous l'avons fait dans le précédent quinquennat,
04:52 on nous a toujours annoncé l'explosion de notre majorité,
04:56 que le groupe allait se diviser.
04:57 Ça n'est jamais arrivé.
04:59 Parce qu'à chaque fois, nous avons trouvé les points d'exil.
05:03 Mais nous cherchons à bâtir, il ne vous a pas échappé
05:05 que nous sommes en majorité relative.
05:07 C'est la seule raison dans ce quinquennat.
05:10 On a quand même l'impression, M. Guarini,
05:12 qu'on atteint là les limites du macronisme
05:15 et de ce discours qui, à mon sens,
05:17 est quand même un peu hypocrite, pardon de vous le dire,
05:20 qui consiste à dire que finalement,
05:23 on met les gens pragmatiques et raisonnables ensemble
05:25 et puis on essaye de faire des choses bien.
05:27 Vous dites que vous venez de la gauche,
05:29 vous venez défendre une loi,
05:32 ou en tout cas l'idée de cette loi sur l'immigration,
05:34 qui ne sera évidemment pas une loi de gauche,
05:37 de la même manière que cette région...
05:38 – Je ne sais pas ce que ça veut dire la loi de gauche sur l'immigration.
05:40 – Je vous réponds dans un instant.
05:41 De la même manière que cette réforme des retraites
05:44 n'était évidemment pas une réforme de gauche,
05:46 il n'y avait que Dussopt, M. Dussopt, pour penser ça.
05:48 Tout le monde a bien vu que c'était une réforme de droite.
05:50 Même moi, j'ai défendu cette réforme.
05:53 – C'est un marqueur, c'est pas les choses Guarini.
05:56 – Je vous regarde de temps en temps, je comprends ça.
05:58 – Mais bon, j'étais isolé à la défendre,
06:03 mais c'est dire...
06:04 – Et Rotaio la défendait aussi.
06:06 – Et vous avez été chercher chez Ciotti des mesures sociales
06:09 pour rendre votre réforme sociale.
06:11 C'est dire si elle était de gauche.
06:12 Sur l'immigration, ça va évidemment être une réforme de droite.
06:18 Vous allez vous retrouver avec une majorité,
06:22 avec des gens soi-disant de gauche qui vont se mettre à expliquer
06:25 qu'il faut durcir les conditions d'accueil, etc.
06:28 Et moi je trouve qu'au fond, il n'y a plus de crédibilité dans ce que vous dites.
06:33 Je finis par là.
06:34 – Oui, je vois pas très bien où vous voulez en venir en fait.
06:36 – Regardez, c'est votre gouvernement soi-disant de droite et de gauche,
06:40 soi-disant humaniste, soi-disant pragmatique,
06:43 qui brutalise les migrants à Calais par exemple.
06:46 Et tout le monde a vu les images.
06:48 Et moi si j'étais de gauche en défense des futurs...
06:51 – C'est très étonnant que vous entendiez ça.
06:52 – Excusez-moi mais j'aurais démissionné de ce gouvernement
06:53 en voyant ces images-là.
06:55 Si vous aussi qui avez rallongé les durées de rétention possibles
06:59 des étrangers dans les centres de rétention administratives.
07:02 C'est pas exactement une mesure de gauche.
07:03 Donc je comprends pas.
07:05 Est-ce qu'à un moment donné, vous vous dites pas,
07:07 est-ce que mes convictions sont au fond pas plus importantes
07:10 que cette espèce de cirque que le président nous force à jouer
07:15 pour continuer un peu à manipuler des foules...
07:18 – Faut que le ministre...
07:19 – Voilà, qui en fait ont envie de, maintenant, de vrais clivages politiques.
07:24 Je crois que c'est ça quand même qui ressort aussi beaucoup.
07:26 Ils ont envie de revenir à des vraies convictions fortes
07:28 et pas à des numéros de claquettes.
07:30 – Vous savez, vous parlez de numéros de claquettes,
07:34 je serais peut-être gêné pour vous répondre si depuis 6 ans,
07:37 derrière le président de la République, on n'avait pas obtenu des résultats.
07:40 Avoir baissé les impôts, comme jamais dans la Ve République,
07:45 je sais pas si c'est droite ou de gauche,
07:46 mais je crois que c'était attendu par les Français.
07:48 Avoir recréé des emplois industriels pour la première fois
07:51 depuis 20 ans dans notre pays, je sais pas si c'est droite ou gauche,
07:53 mais je crois que ça crée de la richesse, ça règle des problèmes
07:56 et ça fait reculer les extrêmes dans notre pays.
07:58 – Ah, ils ont reculé ? Les extrêmes ont reculé ?
08:01 – À chaque fois qu'on rouvre une usine,
08:03 à chaque fois qu'on apporte des solutions, on croit.
08:06 – Oui, Marine Le Pen baisse des emplois, elle a fait un 8 députés.
08:08 – Moi je suis derrière un président de la République
08:09 qui l'a battu deux fois, Marine Le Pen.
08:11 Donc les leçons, vous pouvez les garder, vous avez été candidate à une…
08:15 – Il y a 88 députés, c'est assez élevé.
08:17 – Vous avez soutenu une candidate qui fait 5% d'actions présidentielles.
08:19 Moi je suis engagé derrière un président de la République
08:21 qui a battu deux fois Marine Le Pen.
08:22 Je poursuis parce que je ne vous ai pas interrompu.
08:26 Vous savez, je crois que quand on baisse le chômage,
08:28 comme jamais depuis des décennies,
08:30 je sais pas si c'est droite ou gauche,
08:32 mais je crois que c'est attendu par nos concitoyens.
08:34 Il y a dans cette élection présidentielle des messages assez clairs,
08:37 assez transpartisans, ne vous en déplaise,
08:40 qui ont été portés par les Français.
08:41 Faire en sorte que le travail paye, protéger les Français,
08:44 c'est la question régulière, c'est la question des services publics aussi,
08:47 peut-être qu'on pourra en parler.
08:49 Accélérer sur la transition écologique.
08:51 Je ne sais pas si tout ça, c'est porté par les électeurs de gauche ou de droite,
08:55 mais c'est en tout cas l'attendue des Français.
08:59 Si vous voulez retrouver les clivages, la meilleure démonstration,
09:03 regardez l'Assemblée nationale que les Français ont produit,
09:07 par leur choix, par leur vote, vos anciens clivages.
09:10 Ils ont totalement disparu.
09:11 Le parti que vous soutenez, il a totalement disparu.
09:14 – Au bénéfice des extrêmes, au bénéfice de 89 députés Rassemblement National.
09:17 – Pardon de le rappeler.
09:18 – 89 députés Rassemblement National, c'est historique, M. Guérin.
09:21 C'est aussi le résultat d'Emmanuel Macron.
09:22 – Je le vis plus souvent que vous,
09:24 mais le président de la République, c'est le constat que je fais,
09:26 il a été réélu, avec un premier tour où il a fait plus de voix
09:31 et plus de pourcentages que le premier tour de 2017.
09:34 Ça c'est une réalité que beaucoup ne veulent plus voir
09:37 par fantasme, par envie de voir à tout prix.
09:39 – Non, pas par fantasme.
09:40 – Parce que ça vous arrange.
09:41 – Mais attendez, il faut qu'on avance un peu.
09:44 – J'assume la démocratie, mais il faut qu'on avance la démocratie.
09:48 – C'est pas une fois tous les cinq ans.
09:49 – Tant qu'il apporte des réponses et des solutions aux Français.
09:51 – Stanislas Guérin, aujourd'hui, par un mot aujourd'hui,
09:54 sur les retraites, dans le discours d'Elisabeth Borne.
09:57 Pourtant, les opposants, l'opposition, sont toujours là.
10:01 Manifestation prévue le 1er mai, évidemment, ce sera lundi.
10:04 Grosse manif prévue, Pauline Simonnet, d'après les services de renseignement.
10:08 – Oui, effectivement, on a eu les premières prévisions
10:09 de ces services de renseignement territoriaux,
10:11 et ils prévoient une mobilisation historique
10:14 et une participation quasiment vengeresse.
10:18 Ce sont les mots qui sont utilisés par les renseignements.
10:21 La participation, on va voir en revanche,
10:23 elle est estimée entre 80 000 et 100 000 personnes
10:26 qui sont attendues à Paris.
10:27 C'est parmi les prévisions les plus hautes depuis le début de la mobilisation,
10:29 dont 1 500 à 3 000 gilets jaunes et 2 000 éléments à risque.
10:33 Une journée marquée par une mobilisation historique,
10:35 selon les renseignements, au vu de ces organisations syndicales
10:39 qui sont toujours aussi unies et déterminées.
10:41 Et en raison du climat social tendu et propice à une mobilisation significative,
10:46 la mouvance contestataire radicale, dans son ensemble,
10:49 devrait être déterminée et encore plus.
10:51 Donc il y a vraiment les renseignements qui prévoient une journée sans précédent.
10:54 C'est encore un mot qu'ils utilisent.
10:56 La contestation envers le gouvernement devrait être sans précédent.
10:59 Et cette conclusion est intéressante.
11:01 Il n'est donc loin d'être certain que cette contestation
11:04 marque un essoufflement de la mobilisation.
11:06 Est-ce que vous êtes inquiet, Stanislas Guérini,
11:08 de voir que ce 1er mai pourrait faire renaître cette mobilisation ?
11:12 Inquiet, non. Respectueux, oui.
11:14 Moi, j'ai toujours été respectueux de la mobilisation
11:18 quand elle était encadrée et ça a été le cas à chaque grande journée de mobilisation
11:22 par les organisations syndicales.
11:25 Les organisations syndicales sont claires.
11:27 Ils ont annoncé que ce 1er mai,
11:29 ce serait une journée de très forte mobilisation,
11:31 que l'intersyndicale serait unie.
11:33 Moi, je respecte totalement ça.
11:35 Mais vous parliez plutôt sur un essoufflement de cette mobilisation.
11:37 Est-ce que là, vous êtes conscient que le 1er mai pourrait être,
11:40 voire un regain de cette mobilisation ?
11:42 Mon rôle, ce n'est pas d'avoir une boule de cristal
11:44 et de faire le commentaire de ce que sera la semaine prochaine.
11:47 Ce sera la semaine prochaine la mobilisation syndicale.
11:49 C'est les renseignements territoriaux qui le disent,
11:51 ce n'est pas la boule de cristal.
11:52 Sans boule de cristal, on peut imaginer qu'il y ait une mobilisation forte
11:55 parce que les organisations syndicales jouent leur rôle,
11:58 appellent à les manifestations.
12:00 Et tout ça, c'est dans la vie démocratique.
12:03 Et je préfère éminemment qu'il y ait un mouvement populaire
12:07 qui dise son opposition à la réforme des retraites.
12:11 C'est leur légitimité, c'est leur droit évident.
12:14 Mais en quoi ça changerait votre position ?
12:16 Ces derniers jours, c'est-à-dire des coupures d'électricité,
12:19 c'est-à-dire empêcher parfois le dialogue,
12:21 je crois que ça c'est sain dans notre démocratie.
12:23 C'est sain, mais ils ne seront pas écoutés ces manifestants.
12:25 Nous on a envie d'avancer.
12:28 J'étais sur le terrain hier dans les Roses,
12:30 beaucoup de Français ont envie que notre pays puisse avancer.
12:33 Et des gens qui étaient contre la réforme des retraites.
12:36 Et qui le sont toujours.
12:37 Et qui nous ont dit "mais moi je n'ai pas la réforme monteuse".
12:40 Je crois que c'était une réforme qui est utile pour notre pays
12:43 parce qu'elle va permettre de créer de la richesse,
12:44 parce qu'elle va permettre de réinvestir dans le service public.
12:46 Mais il faut qu'on puisse maintenant avancer
12:49 avec celles et ceux qui veulent avancer.
12:50 On ne va pas refaire le débat sur la réforme.
12:51 Mais je ne le refais pas.
12:52 Sur les sujets d'un mot très important,
12:54 la question du pouvoir d'achat.
12:56 C'est une question que notre Premier ministre n'a pas éludée
12:59 sur les négociations qui devront avoir lieu dans les branches.
13:02 Je le dis en tant qu'employeur public,
13:04 j'ai appelé les organisations syndicales
13:06 à ce que de façon respectueuse,
13:08 probablement après le 1er mai,
13:09 on puisse se mettre à table.
13:11 On va en reparler dans une seconde.
13:12 On va en reparler dans une seconde parce qu'elles vous mettent la pression ce soir.
13:14 Les syndicats vous mettent personnellement la pression ce soir,
13:17 Stanislas Guérini.
13:18 On va en reparler dans une seconde. Pablo.
13:19 En fait, je trouve ça assez extraordinaire
13:21 tout ce que vous dites depuis tout à l'heure.
13:22 Parce que là, vous êtes en train de nous dire que
13:24 le 1er mai prochain, peu importe s'il y a
13:26 1, 2, 3, 4, 5, 10 millions de gens dans la rue.
13:28 De toutes les façons, vous avez déjà dit
13:30 c'est tout à fait respectable, c'est le débat démocratique, etc.
13:33 Mais globalement, vous n'en aurez rien à fiche.
13:35 Vous nous expliquez que depuis 6 ans,
13:37 tout ce que vous faites, c'est absolument génial.
13:39 Vous avez baissé les impôts, les Français sont très contents.
13:41 D'ailleurs, ils vous ont réélus en dynamique par rapport à 2017.
13:44 Mais en fait, votre sourdité absolue
13:48 à ce qu'il se passe dans la société,
13:52 à la fois dans le peuple,
13:54 c'est-à-dire dans les gens qui manifestent,
13:55 dans les gens qui ne sont pas contents,
13:56 dans les gens qui sont en colère,
13:57 mais aussi à travers tous les indicateurs.
13:59 Je veux dire, il y a très peu aujourd'hui
14:01 de commentateurs, d'analystes, de politistes, d'universitaires.
14:04 Enfin, tous les gens qui avant étaient autour de vous,
14:06 les rosemballons et compagnie,
14:08 il y a très peu de gens qui disent
14:10 "c'est super, la démocratie va très bien en ce moment".
14:12 Et là, vous êtes en train de nous dire,
14:13 vous rajoutez une couche en disant
14:15 "la loi retraite, elle était hyper nécessaire,
14:17 la loi immigration, elle est absolument géniale,
14:19 c'est juste qu'on va encore prendre 6 mois
14:21 pour essayer de convaincre les gens".
14:23 Vous l'avez déjà essayé de le faire avec la réforme de la retraite,
14:25 vous n'avez même pas pu la voter, la loi.
14:27 Vous l'avez adoptée, ça j'en conviens,
14:28 mais vous n'avez pas réussi à la voter.
14:29 Est-ce que vous pensez qu'en 6 mois, vous allez...
14:31 - Un vote au Parlement.
14:32 Moi, je suis quand même frappé, pardon de vous le dire,
14:35 mais parfois d'avoir le sentiment,
14:36 et plus j'avance dans la vie politique,
14:38 plus c'est mon sentiment, qu'il y a un peu de monde.
14:40 Il y a un monde des plateaux de télévision
14:42 où on commente le commentateur,
14:44 et on est en boucle là-dessus.
14:46 Et puis, quand on va sur le terrain,
14:49 quand on se déplace, quand on échange,
14:51 c'est pas tout le temps sympa.
14:53 C'est pas tout le temps sympa,
14:54 on a des échanges...
14:55 - Hier, il y avait deux présidents de l'État soyens qui étaient sur le plateau
14:56 et qui renvoyaient un discours qui était ancré dans la réalité.
14:59 - Bien sûr !
15:00 - Enfin, il était extrêmement critique à notre endroit.
15:01 - Si vous me laissez finir,
15:02 je ne suis pas en train de dire quelque chose de différent.
15:04 C'est que quand on échange,
15:06 on a des points de désaccord.
15:08 Moi, je les respecte,
15:09 vous m'avez, je crois, jamais entendu être dédaigneux de ça
15:12 ou arrogant sur ces questions-là.
15:14 J'ai des convictions,
15:15 on a le droit d'avoir des désaccords dans la vie démocratique.
15:17 On a, y compris le droit de proposer au vote,
15:20 des réformes qui ne sont pas majoritaires dans le pays
15:22 quand on pense qu'elles sont nécessaires.
15:23 Et quand il y a eu le suffrage qui est passé,
15:25 tout ça, ça a de la valeur.
15:26 Je pense qu'aujourd'hui, il y a un jeu un peu dangereux
15:28 à considérer qu'au fond, l'élection, ça n'a pas de valeur,
15:31 tout ce qui a été dit n'a pas de valeur pendant l'élection.
15:34 Moi, je pense qu'il faut avancer sur les sujets de préoccupation.
15:37 Hier, j'étais sur le terrain, j'étais dans l'héro.
15:40 J'ai eu plus de sollicitations sur des questions de pouvoir d'achat,
15:43 sur des questions parfois de conditions de travail.
15:45 J'ai croisé des fonctionnaires qui m'ont interrogé sur ces questions-là.
15:48 Mais très bien, si.
15:49 On en rechaîne du fer avant les retraites.
15:51 Et je peux vous dire une chose,
15:53 parce que vous avez mentionné les casseroles.
15:55 J'ai croisé 30 personnes qui avaient des casserolières,
15:59 des centaines de gens.
16:00 Et je ne vous dis pas que j'ai croisé que des gens qui étaient contents
16:02 et qui nous ont félicité.
16:03 Il y en a qui nous ont dit d'avancer.
16:05 Mais il y en a qui étaient aussi en désaccord.
16:07 Mais eux, ils n'avaient pas de casserole.
16:08 Et ils étaient bien plus nombreux que ceux qui avaient des casseroles.
16:10 Je peux vous garantir.
16:11 – Les gens, moi, je n'ai pas de sympathie particulière pour ces casserolades.
16:14 Mais en même temps, les ministres n'annoncent plus vraiment leurs déplacements.
16:17 Ils sont obligés de les annoncer.
16:19 – Vous semblez trouver un peu goût quand même.
16:21 – Non, non, c'est pas ça.
16:22 – Je vois votre sourire en disant…
16:23 – Non, je souris si vous voulez,
16:24 mais est-ce que vous avez quand même infligé aux Français une forme…
16:30 Je crois que même vous maintenant, vous le reconnaissez.
16:32 Je vois les deux éléments de langage ce soir.
16:34 C'est "on avance" et "on est humble".
16:36 Donc on a bien compris une certaine arrogance.
16:39 Et donc je pense, moi, qu'il est sain que le débat revienne.
16:43 Je n'ai pas aimé, si vous voulez, l'espèce d'autoritarisme intellectuel
16:46 qu'on a subi pendant cinq ans.
16:48 Ou si on n'était pas d'accord avec vous, on était soit complotiste,
16:51 soit fasciste, soit stupide, soit etc.
16:54 Ça c'est, voilà, c'est une parenthèse.
16:57 Donc je constate simplement, vous le verrez aussi,
17:01 un ministre aujourd'hui ne peut pas faire quatre mètres sans être…
17:04 – En fait, il y a un peu un truc étonnant.
17:06 – Peut-être ça va trop loin.
17:07 – Vous me dites que je suis ambigu, mais, excusez-moi,
17:09 mais depuis le début, c'est vous qui êtes extrêmement ambigu.
17:12 – Pourquoi ? Je ne dis pas que vous êtes ambigu.
17:13 – Je ne suis pas pour les casseroles, mais en même temps, c'est quand même vous qui…
17:15 – Non, je dis que vous récoltez la journée de votre dièse.
17:17 – Moi j'essaie de dire des choses claires.
17:19 – Je crois que c'est plus important.
17:21 – Vous dites des erreurs de langage.
17:22 Vous répétez, tous les quatre mots, vous répétez le verbe "avancer".
17:25 Vous nous faites croire que, en gros, là, la Macronie, c'est ceux qui avancent.
17:28 Donc par hypothèse, ceux qui sont contre vous, ils reculent ou ils stagnent.
17:31 – Mais monsieur, pardon.
17:32 – Moi, ce que je constate, cher monsieur le ministre, c'est que, quand même,
17:35 tous les Français ont le sentiment, en tout cas une très grande partie d'entre eux,
17:39 que le pays est plutôt en train de se déclasser, de s'appauvrir.
17:44 C'est quelque chose qui est vérifié par les classements.
17:46 On n'est même plus, en France, dans le top 10 en termes de PIB par habitant.
17:50 On n'est même plus dans les 10 pays où les élèves…
17:52 – Pardon, mais il faut que je te réponde d'un mot.
17:54 – Je n'ai pas le plaisir.
17:55 – Après, il faut qu'on parle des concessions, des grands discours.
17:57 – Les éléments de langage sont une distorsion avec la réalité.
17:58 – Très bien, très bien.
17:59 – Tiens, je termine juste avec un point.
18:00 – Allez-y.
18:01 – Je voudrais pouvoir vous répondre, cher.
18:02 – Non, mais il y a une interview aujourd'hui très intéressante, je le signale à nos spectateurs.
18:04 – Ah, vous parlez d'autre chose.
18:05 Mais moi, j'aimerais vous répondre sur l'autre point.
18:06 – Non, je ne parle pas d'autre chose.
18:07 De Jean-Père Levade, qui est un mec remarquable,
18:10 ancien patron de très grande boîte, très important,
18:12 une autorité incontestée, Jean-Père Levade.
18:14 Peut-être que vous en conviendrez, mais peut-être pas si vous avez lu l'interview.
18:17 Qu'est-ce qu'il dit ?
18:18 – Ça, là, ce n'est pas lui.
18:19 Mais vous voyez, c'est exactement le commentaire du commentaire dont je parlais tout à l'heure.
18:22 – Non, mais ne soyez pas méprisé.
18:23 – Non, ça, je vais répondre en trois minutes, c'est fini, c'est ça.
18:25 – Alors, Jean-Père Levade, il dit,
18:26 "Ce qui est certain, c'est qu'Emmanuel Macron n'est pas un homme de rigueur.
18:29 Il est victime d'une forme de déni de réalité,
18:32 que ce soit sur l'attractivité de la France,
18:34 puisque la balance des paiements reste négative largement,
18:36 ou sur les finances publiques, ce qui est encore plus grave."
18:38 – Ok, je peux répondre ?
18:39 – Allez-y, répondez.
18:40 – Je ne vais pas pouvoir remplacer lui.
18:42 Moi, je crois qu'annoncer qu'on a investi 1,5 milliard d'euros
18:46 pour rendre nos bâtiments publics plus accessibles,
18:49 annoncer qu'on va rembourser à 100% les fauteuils roulants,
18:53 faire les plus fortes hausses de rémunération des enseignants
18:57 dans notre pays depuis 20 ans,
18:59 ceux qui étaient en responsabilité dans les gouvernements de gauche,
19:02 pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas fait ça avant ?
19:04 Ce ne sont pas des éléments de langage,
19:06 ce sont des éléments qui font avancer notre pays.
19:08 Et pardon de dire cela, ce n'est pas un élément de langage,
19:11 ce sont des éléments extrêmement concrets.
19:13 Donc moi, mon obsession, c'est pas de commenter les commentateurs,
19:17 de dire comme si c'était des vérités absolues
19:20 parce qu'elles sont professées sur les plateaux de télévision.
19:23 C'est la conquête des Français, le problème des Français.
19:26 Voilà ce qu'elle est, ce feuille de roue.
19:28 – L'opposition à la réforme des retraites,
19:30 on ne l'a pas inventée sur les plateaux de télé.
19:32 – Juste une question concrète. – Pardon, donnez des informations.
19:34 – Non, non, attendez, attendez. – Excusez-moi, mais il n'y en a pas un.
19:36 Vous nous dites que votre pays a perdu en attractivité.
19:38 Moi, je constate que depuis maintenant 4 ans,
19:40 nous sommes le pays le plus attractif d'Europe pour réinvestir.
19:43 Ça, ce ne sont pas des slogans, ce ne sont pas des éléments de langage.
19:47 Mais quand les autres étaient en responsabilité,
19:49 on fermait des usines dans notre pays.
19:51 Vous contestez qu'aujourd'hui on en rouvre.
19:53 Notre pays, c'est le plus attractif d'Europe.
19:55 Voilà, ça ce sont des faits.
19:57 – Stanislas Guerni, une question très concrète.
19:59 Ce soir, les 8 syndicats de la fonction publique
20:02 vous mettent personnellement la pression en disant
20:04 "on veut, avant lundi, des augmentations de salaires pour les fonctionnaires".
20:09 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
20:10 – Je leur réponds que ce matin, en Conseil des ministres,
20:13 nous avons adopté un décret qui va faire qu'au 1er mai,
20:16 on va augmenter les salaires minimums dans la fonction publique.
20:20 Et donc, au 1er mai, il n'y aura pas un agent public
20:23 qui sera rémunéré dans notre pays en dessous du SMIC.
20:26 C'est bien normal, ce sera des augmentations de salaires.
20:29 C'est 420 millions d'euros pour cette année,
20:31 pour les 3 versions de la fonction publique.
20:32 – Les syndicats parlent de tout les fonctionnaires,
20:34 pas uniquement les plus bas salaires.
20:35 – Et donc, vous m'avez mentionné sur le 1er mai
20:37 qu'il fait référence à l'augmentation du SMIC.
20:39 Donc, je vous l'annonce aujourd'hui,
20:41 nous allons bien relever l'indice minimum de traitement
20:44 dans la fonction publique pour qu'aucun fonctionnaire
20:46 ne soit rémunéré en dessous du SMIC.
20:48 – De combien vous allez enlever ?
20:50 – Je l'ai dit très clairement, ça sera aujourd'hui,
20:53 pour le mettre juste au-dessus du SMIC,
20:55 pour qu'aucun agent public ne soit en dessous du SMIC,
20:57 c'est pour les plus bas salaires dans la fonction publique,
20:59 20 euros de plus par mois, c'est la 5e fois
21:02 qu'on augmente l'indice minimum de traitement,
21:04 parce que c'est la 5e fois qu'on remonte le SMIC ces derniers mois.
21:08 On l'a remonté de plus de 10% sur à peu près l'année dernière.
21:13 Donc on va faire ça, je le dis très clairement,
21:16 ça ne peut pas être pour solde de tout compte,
21:18 j'ai appelé clairement les organisations syndicales,
21:20 et d'une certaine façon, je me réjouis de cet appel,
21:23 parce que ça veut dire qu'on va se mettre autour de la table,
21:26 qu'on va pouvoir discuter, et donc on doit apporter des réponses
21:31 à la question de l'inflation, elle est en train de décélérer,
21:34 voilà encore un fait, la plus faible d'Europe.
21:36 – Mais oui, ça peut bien l'inflation en France, mais bien sûr,
21:40 mais d'ailleurs les gens se sont chauffés pour pas cher,
21:42 il n'y a eu aucun stress sur les légalités,
21:44 et là ils font leur course, là les Français…
21:47 – Je t'aime de le rappeler, il n'y a pas un pays en Europe
21:50 qui a pris les mesures que nous avons prises
21:52 pour justement protéger les Français.
21:53 – Les Français se baladent dans les supermarchés,
21:55 puis remplissent leurs calités de tout ce qu'ils trouvent,
21:57 et ça cartonne, d'ailleurs les salaires augmentent,
21:59 les gens rajeunissent même d'ailleurs, non ?
22:02 – Ok, super.
22:03 – Les morts se suicident, non mais il faut créer une religion
22:07 à ce stade M. Gagnon, non mais M. Gagnon,
22:10 à ce stade il faut créer un nouveau monothéisme,
22:14 là Emmanuel Macron c'est un prophète.
22:17 – Il s'avère que moi je ne suis pas assis derrière un plateau de télévision,
22:20 je suis le ministre de la fonction publique,
22:21 qui a le plus augmenté le point d'indice depuis 37 ans.
22:26 Je vous y vois plus souvent que je n'y suis.
22:29 Moi je suis en train de vous apporter des éléments…
22:31 – Peut-être parce que j'intéresse plus les médias.
22:33 – Il s'avère, c'est peut-être, et vous avez beaucoup de chance
22:36 dans ce cas-là, que j'ai augmenté le point d'indice l'année dernière,
22:39 c'était la plus forte augmentation depuis le début du quinquennat de François Mitterrand.
22:42 – Mais très bien, ça me déplaît.
22:44 – Je vous répèterai une nouvelle fois, mais on avance.
22:46 – Ça me déplaît pas, mais on est au bout, non ?
22:48 – Le déni de réalité, c'est un problème.
22:50 – Charles Consigny, ça a été animé ce soir.
22:52 Merci beaucoup Sadiq Salihani d'avoir été avec nous ce soir en direct dans 22h max.
22:56 Merci à vous.

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