Elle saute du 7ème étage pour survivre aux violences d'un footballeur

  • l’année dernière
"Il décide de me brûler vivante"...
Le 14 novembre 2020 est une date dont elle se souviendra toute sa vie. Accusée de tromperie, sa chute du 7ème étage, ses séjours à l'hôpital, sa reconstruction... Emma revient sur sa relation avec son ex-footballeur professionnel qui a tourné au drame.

Pour d'autres TILT, c'est par ici https://www.youtube.com/playlist?list=PL-jmr0fX78h3r0i_BkSPCdeeBaxbYeN6I
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#footballeur #interview #feminicide

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Transcript
00:00 qui décide de vouloir me brûler vivante,
00:02 qui demande à son cousin de ramener du feu.
00:04 Il ramène ce feu,
00:05 et je m'en rappellerai toute ma vie, à quel point j'étais tellement fébrile.
00:08 Je me suis dit "Emma, t'es en danger, t'es loin de ta famille,
00:11 t'as des milliers de kilomètres,
00:12 t'as un homme en face de toi que tu as appris à aimer,
00:15 et il veut t'ôter la vie,
00:16 tout simplement parce qu'il est parti voir des femmes,
00:19 et t'as manqué de respect."
00:20 J'ai rencontré mon agresseur footballeur professionnel
00:22 en septembre 2020 sur les réseaux sociaux,
00:24 donc ça a été sur Instagram.
00:25 Comme tout le monde, un échange de like,
00:26 et ensuite un message privé,
00:29 et ensuite des appels,
00:30 et ensuite un enchaînement quotidien, jour et nuit,
00:32 et de là, commencer une relation très fusionnelle.
00:34 C'était un homme qui me faisait rêver.
00:36 Le seul petit bémol, c'est qu'il était à l'étranger,
00:38 mais le fait qu'il soit bien présent par message et par appel,
00:41 ça me rassurait.
00:42 À ce moment-là, j'habitais à Metz,
00:43 étant étudiante, et lui, en Bulgarie, pour son travail.
00:47 Je l'ai rejoint durant le confinement, on s'est vus plusieurs fois,
00:49 donc dans son pays, en Bulgarie,
00:52 ou à Paris, on s'est vus plein de fois.
00:53 J'ai décidé de le rejoindre en novembre 2020,
00:56 sauf que j'avais appris la veille de mon départ
00:58 qu'il m'avait trompée avec des escortes.
00:59 J'ai décidé de ne pas aller le voir.
01:02 Il m'a fait du chantage avec un billet d'avion qui coûtait très cher,
01:04 et il m'a dit "Ecoute, Emma, je travaille,
01:06 cet argent-là, pour moi, c'est une difficulté,
01:09 tu dois venir me voir, on va en parler tous les deux en face,
01:11 j'ai envie de récupérer la femme que j'aime, viens."
01:13 Et je me suis dit "Emma, tu vas le faire regretter,
01:16 tu vas le voir une dernière fois",
01:17 et je ne m'attendais pas à avoir cette suite.
01:20 Quand j'arrive à son domicile,
01:21 je vois tout simplement que je n'aurais jamais dû venir,
01:23 de par des objets qui ne m'appartenaient pas,
01:26 des sous-vêtements, son comportement...
01:27 Puis même, si ça se voyait que c'était une relation qui était cassée,
01:29 je me suis dit "Pourquoi est-ce que t'es venue ?"
01:31 Il m'a vraiment dû dire "Non, t'as pas besoin de prouver,
01:34 cet homme t'a pas respectée, finie, ne va pas écouter ce qu'il demande."
01:38 Mais je l'ai fait.
01:38 Je décide de ne plus montrer mon téléphone, qu'il n'y ait plus accès.
01:41 Et forcément, ça l'a atteint, et il s'est dit "Tu m'as trompée ?"
01:44 Je lui ai dit évidemment que non,
01:46 mais il voyait que j'étais sur mon téléphone,
01:47 il voulait voir mes conversations.
01:48 J'ai refusé, il a arraché mon téléphone,
01:50 et ça a commencé cette nuit de terreur, la nuit du 14 au 15 novembre 2020.
01:54 J'étais dans le salon, j'étais sur mon téléphone,
01:56 et je répondais à un message d'un abonné de TikTok,
01:59 qui m'avait écrit sur Instagram.
02:00 Il me dit "Qu'est-ce que tu fais ?" Je lui dis "Je parle avec quelqu'un."
02:02 Il a voulu voir les échanges, bien évidemment que je lui ai dit non,
02:04 et il a arraché mon téléphone.
02:06 De là, il est parti dans sa chambre, et de là a commencé une très forte dispute.
02:09 "Emma, ouvre-moi le téléphone."
02:10 Je lui ai dit "Non, je n'ouvrirai pas mon téléphone,
02:12 je ne vois pas pourquoi est-ce que tu devrais regarder mes réseaux sociaux,
02:14 mes messages, je n'ai plus rien à te devoir.
02:15 Pourquoi je suis là ?
02:17 Tout simplement parce qu'au final, tu m'as forcée,
02:19 mais je n'ai plus de comptes à te rendre."
02:21 Et de là a commencé la pression, on va dire, psychologique.
02:25 C'était "Emma", sur la tête de mes enfants,
02:26 "Tu ne sortiras pas de cette pièce tant que tu n'ouvriras pas ton téléphone."
02:29 Ça s'est enchaîné avec des insultes, comme quoi j'étais une *****,
02:32 une *****, une femme non respectable,
02:34 qu'il allait m'enfermer dans une armoire.
02:35 Il parlait aussi de 9mm.
02:37 C'est des paroles où on se dit "Est-ce que c'est la vérité ?
02:39 Est-ce que tu me mens ?"
02:40 Évidemment, au début, je me suis dit que c'était sous le coup de la colère,
02:42 mais au final, plus le temps passait et plus les mots étaient vraiment terrifiants.
02:46 À un moment, il a demandé à son cousin, qui était présent dans la pièce d'à côté,
02:49 de venir m'agresser sexuellement.
02:51 Alors, heureusement, la seule chose dont il a su faire,
02:55 ça a été de dire non.
02:57 Mais je lui ai demandé de l'aide, je lui ai dit "Je t'en supplie, aide-moi."
02:59 Il a dit "Non, t'inquiète pas, il te fera rien."
03:01 Donc ça a commencé des minutes et des heures.
03:03 Plus je lui disais non, plus il s'énervait.
03:06 Ça a commencé avec les mains, à essayer de me maîtriser,
03:08 que ce soit par le cou, par les bras, par les cheveux.
03:11 Je refusais d'ouvrir les yeux jusqu'au moment où il me pose sur le lit,
03:15 il met le genou contre ma gorge.
03:16 Il essaie de me maîtriser, du coup, avec ses deux mains.
03:19 Je ne décide de pas ouvrir mon téléphone.
03:20 Durant ces moments de terreur, mon agresseur m'a dit
03:23 "Si ma fille était une ***** comme toi, qu'elle se fasse violer, ça sera mérité."
03:27 Elle avait trois ans.
03:28 Moi, dans ma tête, je me suis dit que je ne verrai plus jamais ma maman.
03:31 Je me suis dit "Jusqu'où il peut aller ? Jusqu'où ça va aller ?"
03:34 Au point fatal où il décide de vouloir me brûler vivante.
03:38 Donc il demande à son cousin de ramener du feu.
03:40 Il ramène ce feu.
03:41 Et je m'en rappellerai toute ma vie à quel point j'étais tellement fébrile.
03:44 Je me suis dit "Emma, tu es en danger.
03:46 Tu es loin de ta famille, tu as des milliers de kilomètres,
03:48 tu as un homme en face de toi que tu as appris à aimer,
03:51 et il veut t'ôter la vie tout simplement parce qu'il est parti voir des femmes
03:54 et tu as manqué de respect."
03:55 Et je me suis dit "Qu'est-ce que je fais maintenant ?"
03:57 Je lui montre mon téléphone, il lit les messages de personnes qui me complimentent.
04:00 Il dit "Espèce de grosse *****, c'est ça que tu fais ?"
04:02 Il a essayé de connecter mon téléphone sur un enceinte.
04:04 Il a dit "Je vais faire écouter à toute la rue à quel point tu es une fille non respectable."
04:07 Et de là, il dit "C'est bon, tu vas mourir.
04:10 J'écoute tous tes vocaux, tous tes messages et tu vas mourir."
04:13 La tête de mes enfants.
04:14 "Emma, c'est ton dernier instant, tu vas mourir."
04:16 Et je me suis cachée derrière le rideau.
04:17 Il m'a dit "T'as bien raison de te cacher, t'as bien raison, mais ça ne t'ouvrera pas."
04:20 Et je ne sais pas pourquoi.
04:22 Je touche la poignée de la fenêtre, je l'ouvre et je me dis
04:25 "Si je dois mourir, ce sera de ma part et non de la sienne.
04:27 C'est maintenant ou jamais."
04:28 Et j'ai cette vision bien claire où je saute par la fenêtre
04:32 dans le but d'arriver sur mes jambes, d'atterrir et d'appeler à l'aide et de courir et de courir.
04:37 Miraculé, j'ai réussi à survivre.
04:39 J'arrive au sol en sang, les membres inférieurs totalement explosés,
04:43 le crâne ouvert, le doigt décroché.
04:45 Donc au final, je me suis retrouvée avec plein de séquelles.
04:47 La fracture du calcanéum, je n'ai plus de talons et on a dû m'en reconstruire un.
04:51 Trois fractures du bassin gauche, ils se copient bien.
04:53 L'huxation à l'index gauche et trois points de suture au crâne.
04:57 Tout de suite après les faits, il a réussi à faire en sorte de se déculpabiliser,
05:00 de me rendre coupable. La raison pour laquelle je l'ai défendue
05:03 et protégée pendant trois mois.
05:04 Je n'ai pas osé porter plainte.
05:06 C'est vrai qu'on se retrouve comme un syndrome de Stockholm,
05:09 même si le mot est très fort, mais c'est un petit peu l'identique,
05:12 où on reste attaché à notre agresseur.
05:14 Pourquoi ? Avec le recul, je ne saurais le dire,
05:16 mais il y avait beaucoup de pression de la part de mon agresseur,
05:19 de son cousin qui était présent, du club, des médecins,
05:22 de ma maman qui ne sait pas ce qu'il s'est passé puisque je lui ai menti.
05:25 Je lui ai dit que j'étais tombée des escaliers
05:27 et non, sautée par la fenêtre pour éviter que sa petite-fille meure sous les coups d'un homme.
05:31 Dès que j'arrive en France, ma maman m'a posé plein de questions, évidemment,
05:35 mais elle a très bien vu que mon silence était un énorme appel à l'aide.
05:40 Je n'osais pas lui dire, j'avais juste besoin de sa présence,
05:42 j'avais juste besoin qu'elle soit là et de me dire "t'es en sécurité".
05:46 Donc au début, ma maman me demande "qu'est-ce qui se passe ?"
05:48 Je lui dis "maman, je voulais récupérer mon Uber,
05:51 je suis tombée dans les escaliers malheureusement",
05:53 sauf que la fracture du calcanium, si on tape sur Internet,
05:56 c'est souvent une fracture qui est liée au suicide ou à une grosse chute,
05:59 donc forcément plus de 2 ou 3 mètres.
06:02 Elle a contacté des avocats, elle a contacté plusieurs chirurgiens,
06:05 elle s'est démenée en tout ce qu'elle pouvait
06:08 pour essayer d'avoir réponse à ces questions.
06:10 Et ma sophrologue, elle a réussi à faire en sorte que je dise la vérité de ma propre bouche
06:13 et elle m'a fait comprendre qu'on était aidés et que ma famille était là pour moi,
06:17 la première à être là pour moi et qu'il fallait absolument que j'en parle.
06:21 Et de là, j'ai décidé de porter plainte en février.
06:24 La plainte, c'est très difficile dans mon cas,
06:26 vu que ça s'est passé en Bulgarie,
06:28 donc j'ai dû faire une double plainte, une française et une bulgare.
06:30 Pour avoir un résultat en France, il faut que j'attende évidemment un résultat de la Bulgarie,
06:34 que ce soit coupable, non coupable ou casse-sans-suite,
06:36 mais évidemment, je sais très bien qu'il y a eu toute une manigance
06:40 et que là-bas, elle sera acquittée.
06:41 Ça fait deux ans que je réclame justice
06:44 et que mon agresseur fait ralentir la plainte en Bulgarie
06:46 parce qu'il sait très bien que du moment où la plainte sera classée
06:50 en Bulgarie positive ou négative, en France, ça sera différent,
06:54 puisque lui et moi sommes des nationalités françaises
06:56 et que la justice n'aura rien à voir.
06:58 Directement après les faits, je suis rentrée en France
07:00 et je suis partie en orthopédie pour récupérer un talent.
07:04 On m'avait dit "Emma, tu ne remarcheras plus jamais, ou sinon, en béquillage".
07:07 J'ai eu beaucoup de difficultés avec la rééducation
07:08 parce que forcément, on est avec des personnes qui sont amputées,
07:11 c'est un centre privé.
07:12 Je me retrouve à être en chaise roulante avec des personnes qui, eux, le sont aussi à vie.
07:15 Ça impacte forcément parce que je passe d'une jeune femme qui danse,
07:21 qui fait un petit peu de sport, qui aime la vie, qui aime courir,
07:24 à être assise et à être bloquée et à être sanctionnée
07:28 de quelque chose qu'on n'a jamais voulu et qu'on n'a jamais mérité.
07:31 Psychologiquement, ça a été la descente, ça a été une énorme chute.
07:35 Ça a été tellement difficile qu'on m'a mise en hôpital psychiatrique.
07:39 On m'a prescrit des antidépresseurs, des somnifères,
07:43 des anxiolytiques, des compléments alimentaires.
07:45 Je me retrouvais à devoir prendre 10 médicaments par jour.
07:48 Je me suis dit "Je vais m'en sortir avec mes proches et ma foi".
07:51 Aujourd'hui, je suis tellement fière, tellement fière de pouvoir raconter cette histoire,
07:53 tellement fière d'être présente.
07:55 Il y a encore quelques jours, j'ai dû faire une infiltration pour mon pied
07:58 puisque normalement, j'ai une troisième opération
08:00 où on devra me bloquer une articulation.
08:02 De ce fait, je pourrai plus jamais plier mon pied
08:04 et repartir encore en chaise roulante et repartir en un an de rééducation
08:07 et encore une fois rebloquer.
08:09 Aujourd'hui, je n'ai qu'un objectif, c'est d'être heureuse, tout simplement.
08:13 J'aimerais pouvoir me sentir libérée et arrêter d'être mon adversaire,
08:17 me lever pour vivre et pas pour combattre mes émotions,
08:21 pas pour combattre mes angoisses, pas pour avoir cette justice.
08:25 Juste me dire que tout est fait, tout est bouclé et respirer.
08:29 Pour la confiance aux hommes, ça a été très difficile au début
08:31 puisque forcément, la personne qui a voulu nous enlever la vie
08:34 est une personne qu'on a aimée et qui nous a aimées.
08:36 Donc si lui a été capable, tout le monde peut le faire au final.
08:39 Évidemment que tout homme n'est pas comme celui-ci.
08:41 Je me suis tellement rabaissée, tellement m'ai humiliée toute seule.
08:46 Et aujourd'hui, je me dis qu'une femme, quelle qu'elle soit,
08:49 elle doit se mériter, elle doit se respecter.
08:51 Sur la femme aujourd'hui qui est en couple avec mon agresseur,
08:53 qui s'est fiancée, moi, j'ai essayé de tout faire,
08:55 j'ai essayé de faire un maximum de prévention.
08:58 Il suffit juste de taper le nom de mon agresseur sur Internet
09:00 pour savoir tout ce dont il a fait.
09:01 Aussi, en 2019, il a été jugé pour violence conjugale avec la mère de ses enfants.
09:06 Pour moi, cet homme-là doit être partout, sauf entouré de femmes.
09:09 Et surtout aujourd'hui, absolument pas en liberté,
09:12 vu que c'est un homme qui est récidiviste
09:13 et qui peut l'être encore un nouveau, évidemment.
09:15 Au niveau des réseaux sociaux, j'ai eu un soutien, mais immense.
09:18 Je pense pas que j'aurais eu assez de force sans eux,
09:20 parce qu'on se dit "Qui va nous croire ? Qui va nous écouter ?"
09:24 On est seul, il y a notre famille, certes, mais ensuite...
09:27 Et là, de recevoir un message, deux messages,
09:29 même un like, un partage, un commentaire...
09:32 Moi, j'en reçois des milliers comme ça quotidiennement.
09:34 C'est une vague d'amour, une vague de soutien,
09:36 et Emma fait le, montre l'heure, prouve l'heure.
09:39 Et ils m'ont sauvée la vie, ils me sauvent encore quotidiennement.
09:41 Heureusement qu'ils sont là.
09:42 Comme conseil que je pourrais donner à des femmes
09:44 qui sont victimes de violences conjugales,
09:45 c'est d'intégrer une association
09:47 où être très bien entourée et n'absolument pas lâcher.
09:51 Je sais que la justice est très, très lente.
09:53 La preuve, ce qui me met hors de moi, c'est qu'aujourd'hui, ça fait deux ans.
09:56 Deux ans que mon agresseur est encore en liberté,
09:58 et qu'à tout moment, il peut venir et il peut me faire du mal.
10:01 Et je sais à quel point c'est très difficile en tant que femme
10:04 de déjà réussir à porter plainte,
10:06 de sortir de cette emprise physique, psychologique, de ces violences.
10:10 Mais vraiment, il faut porter plainte, il faut pas attendre.
10:13 Vous n'êtes pas seul, faites vous aider.
10:15 Il y aura beaucoup de gens, dont moi aussi, si vous avez besoin,
10:17 qui peuvent vous aider.
10:18 [Musique]
10:20 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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