"PAPY S.T.O." un film de Lydie Marlin à voir sur Maritima TV

  • l’année dernière
Ce sont des hommes que l'on a oubliés. Pas assez héros, pas assez salauds, pas assez martyrs... On ne sait pas où les classer. Ils ne sont qu'un sigle : S.T.O. (Service du Travail Obligatoire).

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Vidéo publiée le : 25/04/2023 à 18:04:00

Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/culture/region/15203/-papy-s-t-o-un-film-de-lydie-marlin-a-voir-sur-maritima-tv.html

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Transcript
00:00 Papy, après avoir lu ton journal et tes archives qui nous étaient inconnues de ton vivant,
00:10 je me demande qui tu étais vraiment.
00:12 Tu avais préféré taire une partie de ton passé, une histoire liée au STO, le service
00:23 du travail obligatoire opéré par Pétain pour envoyer des jeunes hommes servir de main
00:27 d'œuvre en Allemagne nazie.
00:28 Papy, comment t'es-tu retrouvé à travailler pour l'ennemi ? Qui étaient ces STO dont
00:40 tu faisais partie ? Je veux comprendre.
00:43 Moi pour moi c'était la mèche.
00:51 Ils avaient déjà choisi l'Anne-Bron, pas trop loin de la gare, pour pouvoir mettre
00:55 tout leur déporté dans les trains et les faire partir rapidement.
01:00 Ça a été une chaîne.
01:01 Pour moi ça a été une chaîne.
01:02 Après moi il en est venu d'autres, comme votre grand-père a passé derrière moi.
01:06 Il est passé un an après.
01:08 Et pendant ces années il en est parti énormément.
01:13 On est tous des jeunes.
01:21 On a 21 ans, on sort de l'adolescence, on est jeunes.
01:26 Donc on a pris ça à la rigolade.
01:28 On était contents, on riait, on chantait.
01:33 On ne réalisait pas qu'on allait à l'enfer.
01:36 Le 4 avril, nous sommes arrivés à Breslau à midi.
01:45 C'est ici qu'il y avait le marché des hommes de différents pays.
01:49 Nous sommes vendus comme des moutons dans différents secteurs de travail.
01:52 Chaque jour, on faisait 3 km à pied entre les baraques et l'usine.
01:59 On travaillait 12 heures par jour, une semaine la nuit et une semaine le jour.
02:04 Je voudrais en savoir plus, papy.
02:08 On vous appelait déporté du travail, mais aujourd'hui personne ne parle de vous.
02:14 Les STO restent une ombre dans notre histoire.
02:17 J'ai eu envie d'âger avec des collègues de partir, mais je me suis décompli.
02:42 Vous pensez que vous auriez pu vous échapper ou que c'était gardé ?
02:46 Comment c'était l'ambiance ?
02:47 On pouvait s'échapper, mais si on était repris,
02:52 on était immédiatement mis dans un camp de redressement,
02:56 c'est-à-dire un camp de concentration, des AEL qu'on appelait.
03:00 Et le gars qui sortait de là, il ne pouvait plus marcher tellement qu'il fallait pas se faire reprendre.
03:07 Je voulais vous présenter mon grand-père.
03:15 C'était un bel homme, en plus.
03:20 Un playboy, il était un beau garçon.
03:24 Pour moi, il est parti soit sur dénonciation à cette époque-là,
03:28 soit comme spécialiste, mais ça peut très bien être comme dénonciation.
03:37 Maintenant, vous en avez qui sont partis volontaires.
03:40 On n'en a plus trouvé après.
03:42 Ceux qui étaient partis volontaires n'ont pas levé le doigt en disant « je suis parti volontaire ».
03:48 Ils ont dit « je suis parti STO », « j'ai été requis », « j'ai été dénoncé ».
03:54 Alors comment était parti votre grand-père ?
03:58 Les trois quarts des gens, ils nous prennent presque pour des collaborateurs.
04:03 Fallait se cacher. On est parti, on a obéi, donc on est collaborateurs.
04:08 Le 9 juillet, à Geltsch, pique-nique avec des amis.
04:20 D'un côté la rivière, la forêt, et de l'autre les champs.
04:26 12 septembre, la fête au foyer.
04:30 Vers la fin des réjouissances, arrestation de 14 personnes françaises
04:34 et leur refoulement vers des camps de concentration.
04:37 On n'a jamais su ce qu'ils sont devenus.
04:39 Papy, toi et tes camarades de fortune,
04:49 vos destins ambigus furent recouverts de honte et d'humiliation.
04:53 Héros, salauds, martyrs, qui étiez-vous ?
05:01 [Musique]

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