• l’année dernière
Membre du jury du prix de La Closerie des Lilas 2023, Laurence Ferrari fait quelques confidences. La journaliste a une véritable passion pour la littérature. La lecture lui offre des moments de respiration et d’évasion nécessaires dans sa vie chargée. Interview vidéo.
Transcription
00:00 J'étais très heureuse qu'on me propose d'être membre de juré de prix de la Closerie des Lilas.
00:12 C'est un grand honneur pour moi.
00:13 Je suis une folle de littérature et de lecture.
00:16 J'aime beaucoup l'état d'esprit de ce prix, des femmes qui le portent depuis des années.
00:21 J'ai eu un coup de cœur pour le Testament du prophète de Yasmine Gata.
00:26 Ça a été un vrai coup de poing.
00:27 C'est une écriture, une poésie, une couleur dans l'écriture.
00:31 C'est une histoire universelle qui parle à toutes les femmes,
00:34 qui parle de toutes les femmes et qui parle des victoires des femmes aussi.
00:37 Je trouve qu'il y a quelque chose d'assez intemporel qu'on peut transposer un peu partout.
00:41 Pour moi, il y a une grande écrivaine que j'ai découverte à travers ce livre.
00:45 Pour moi, lire c'est une respiration indispensable.
00:49 On vit dans un monde où tout va très vite, où on est absorbé par les réseaux sociaux,
00:53 par les écrans, par les téléphones portables.
00:55 C'est ce qui permet de me recentrer, de reprendre le contact bizarrement avec ce que je suis intérieurement.
01:04 C'est quelque chose qui me remet dans le réel.
01:06 Je pense que c'est vrai pour tout le monde.
01:08 C'est quelque chose qui permet d'apaiser.
01:10 Je ne peux pas dormir sans avoir lu.
01:12 C'est véritablement quelque chose qui me permet de me ressourcer en permanence.
01:15 J'aime lire allongé.
01:19 Il y a des gens qui détestent lire ça.
01:21 Moi, j'aime lire allongé, que ce soit un canapé, un lit, etc.
01:24 Mais j'ai besoin de ce sentiment-là, de libérer le corps pour que l'esprit entre en jeu.
01:30 Beaucoup de classiques, beaucoup de Proust, beaucoup de Flaubert,
01:36 beaucoup d'auteurs de science-fiction aussi.
01:38 Je suis quelqu'un qui a grandi en lisant Asimov, Ankerberg.
01:41 Je suis quelqu'un qui vit entouré de livres,
01:43 qui en ramène à peu près dix par jour du travail.
01:45 J'ai la chance d'en recevoir beaucoup.
01:47 C'est une respiration essentielle pour moi dans la vie.
01:53 Alors, ça a remonté très très loin.
01:55 Je pense que c'était de la bibliothèque Rose, sans doute Columba.
01:58 Mais après, j'ai lu de façon absolument frénétique pendant toute mon enfance et mon adolescence.
02:03 Et peut-être que le roman qui m'a fait basculer dans la littérature,
02:06 c'est Le Rivage des Cirques de Julien Gracq.
02:08 Il y a un avant et un après pour moi, ce roman-là.
02:10 Il m'a ouvert les clés de toute une littérature française contemporaine que j'ai ensuite adorée.
02:14 C'est une anthologie de la poésie, celle de Jean Chepopidou.
02:19 En fonction de mes humeurs, je sais que je vais aller voir Rimbaud,
02:22 je vais aller voir Verlaine, je vais aller voir Hugo.
02:24 Et voilà, c'est vraiment le livre que j'ai toujours à côté de moi.
02:26 C'est un livre de Julien Gracq qu'il m'a dédicacé, Le Rivage des Cirques,
02:33 parce que c'est un ouvrage que j'ai lu et relu des dizaines de fois.
02:36 Et un jour, j'ai osé le lui écrire en lui demandant "Est-ce que vous pourriez me le dédicacer ?"
02:40 Et il me l'a renvoyé, non seulement avec une lettre adorable, mais une dédicace somptueuse.
02:44 Donc voilà, pour moi, c'est le trésor de ma bibliothèque. Il est très bien caché.
02:49 Il y en a beaucoup. Je dirais Salombeau de Flaubert.
02:52 C'est un livre qui m'a transportée, qui m'a fait faire un grand voyage, à la fois imaginatif et personnel.
02:58 C'est un maître étalon, Flaubert, avec ce roman-là.
03:00 C'est celui-là que je remettrais en tout premier, pas très loin du Rivage des Cirques de Gracq.
03:04 C'est difficile, ça. Je ne sais pas à qui je pourrais m'identifier.
03:12 Peut-être Virginia Woolf, dans une chambre à soi, mais bon, c'est difficile de se comparer à elle.
03:17 Je ne m'identifie pas forcément. Il y a des histoires qui me parlent de mon histoire,
03:20 mais j'aime aussi qu'on me parle d'autres histoires que la mienne.
03:23 Donc j'aime le caractère universel de la littérature.
03:26 J'étais ensorcellée en l'écrivant. Je voulais en finir avec cette lourde histoire familiale,
03:35 celaite d'une ancienne souffrance, j'allais dire de cette souffrance archaïque que portent toutes les femmes.
03:41 Cette âpre dette, c'est dans la fiction que je m'en suis délivrée.
03:46 Dans ma famille, on n'aime pas la parole. L'écriture a remplacé l'oralité.
03:51 On ne communique ensemble que par le biais de la fiction.
03:55 D'où vient l'écriture ? J'ai mis du temps à comprendre qu'écrire supprime la peur de l'abandon.
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