"La fumette, c'était une sorte d'échappatoire, clairement."
Kim a commencé à fumer du cannabis afin d'échapper à sa dépression. Une habitude qui s'est transformée en addiction.
Elle nous confie ce passage de sa vie.
Kim a commencé à fumer du cannabis afin d'échapper à sa dépression. Une habitude qui s'est transformée en addiction.
Elle nous confie ce passage de sa vie.
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00:00 Les moments où je me scarifiais, c'était souvent quand j'étais défoncée.
00:02 C'était là où j'étais le plus malheureuse.
00:04 La première fois que j'ai fumé, c'était pas vraiment en soirée,
00:06 c'était à mes 14 ans.
00:07 J'étais hospitalisée en clinique.
00:09 T'es dans un environnement où t'es pas censée être comme ça.
00:11 Et j'étais là, je me sentais un peu rebelle.
00:14 Ouais, je suis une gueudin, j'ai testé mon premier jour en clinique psy.
00:17 Ça a devenu une habitude à partir du moment où je sortais tous les week-ends
00:20 parce que je suis rentrée dans une nouvelle école
00:21 où dans cette école, ils fumaient.
00:22 On était jeunes, mais à 15 ans, ils fumaient,
00:24 donc on faisait des soirées tous les week-ends. J'ai commencé à devenir une habitude.
00:29 parce que t'es en soirée, y a de la musique, tu planes, t'es contente, tu parles à des gens.
00:32 Au début, c'était des petites taffes à droite à gauche,
00:34 mais quand y a 20 personnes qui fument et qui te proposent tous une taffe,
00:37 bah limite l'équivalent de deux jours.
00:40 Et la fois où je pense que ça a commencé et j'ai vraiment pris goût à la fumette seule,
00:44 c'est parce qu'une amie à moi avait acheté 50 euros de weed
00:49 et elle m'a dit "Bah écoute, je pense que je vais pas aller fumer seule,
00:51 ça te dit qu'on fasse moitié-moitié."
00:52 J'ai pas été le chercher, c'est pas moi qui me suis dit "Bon, je vais acheter."
00:55 Et au final, j'ai trop kiffé fumer seule, avant de dormir, etc.
00:57 Et je lui ai dit "Ah, tu peux me passer le contact de là où t'as acheté."
01:00 Et au final, c'est moi, je m'achetais toute seule.
01:02 Ma consommation journalière, ça allait jusqu'à 8 par jour.
01:05 En fait, je fumais ça comme des clopes, quoi.
01:06 Du coup, je dépensais bien 100 euros par semaine.
01:09 En fait, finalement, tout mon argent allait dans ça.
01:11 J'y suis allée au point d'arriver au brevet complètement défoncé,
01:14 complètement morte.
01:15 Je savais même plus ce que j'avais écrit sur ma copie.
01:16 Quand j'avais des présentations devant mes profs,
01:19 c'était pas un problème pour moi de fumer.
01:20 J'étais devenue tellement défoncée qu'on se rendait plus compte que j'étais défoncée,
01:23 parce qu'ils pensaient juste que c'était ma façon d'être, quoi.
01:24 Ça avait beaucoup de conséquences sur mon attitude.
01:26 J'étais beaucoup plus agressive.
01:28 Donc, en fait, je partais au quart de tour.
01:29 On allait me faire une petite réflexion, j'allais le prendre x1000.
01:31 En plus, je suis hyper sensible, donc c'était catastrophique.
01:34 J'étais heureuse d'être triste, en fait.
01:35 C'était vraiment particulier, parce que ça me rendait mélancolique.
01:38 Ça me faisait remettre plein de choses en question,
01:40 mes choix, mes décisions.
01:41 J'étais tellement malheureuse,
01:43 qu'en fait, je fumais pour m'éloigner de tout mon malheur.
01:46 Et finalement, mon malheur s'amplifiait avec la fumette.
01:48 Et ça, c'est quelque chose dont je ne me rendais pas compte.
01:50 La fumette, c'était une sorte d'échappatoire, clairement.
01:52 Ça a eu un grand impact sur mes relations sociales,
01:55 mes relations avec mes potes.
01:56 Je sortais beaucoup moins, je me suis renfermée sur moi-même.
01:59 En fait, je me satisfaisais de moi et mon joint, quoi.
02:01 J'étais dans mon monde, parce que finalement, j'étais tout le temps défoncée.
02:03 Ça m'arrivait très rarement d'être clean, d'être sobre.
02:06 Ce qui a été le plus dur, surtout, c'est tout ce que je mangeais après.
02:09 Parce que dès que je fumais un joint, j'avais une fonce d'alpha possible.
02:11 Je pouvais manger un frigo entier, quoi.
02:12 Mais sans compter, c'est-à-dire que même si j'avais mal au ventre, je continuais.
02:15 Jusqu'à en vomir, carrément.
02:16 Donc, ça a été un cercle vicieux, parce que finalement, j'étais triste de prendre du poids.
02:20 Comme j'étais triste de prendre du poids, je fumais.
02:21 Mais la fumette, ça me faisait prendre du poids.
02:22 Donc, en fait, c'était en boucle.
02:24 Je pense vraiment que sans la fumette,
02:25 j'aurais pu être guérie de ma dépression beaucoup plus vite.
02:27 Les moments où je me scarifiais, c'était souvent quand j'étais défoncée.
02:30 C'était là où j'étais la plus malheureuse, quoi. Plus je fumais, plus elle se détériorait.
02:34 16 ans, je me suis refaite hospitalisée parce que j'ai eu une grosse rechute de dépression.
02:37 Après des tentatives de suicide, je n'avais pas le choix, en fait.
02:40 Du coup, quand je me suis fait hospitalisée, j'ai dû arrêter de fumer.
02:43 Donc, c'était dur.
02:44 Mais comme j'étais un peu "shootée" tout le temps au médoc,
02:46 ce n'était pas non plus quelque chose qui me manquait, on va dire.
02:48 Mais je sentais qu'il y avait quelque chose qui manquait.
02:50 Par moments, j'avais des sueurs froides.
02:52 Je tremblais.
02:53 Enfin, je me disais, j'ai besoin de ma drogue, quoi.
02:55 J'ai besoin de ça.
02:56 Ça a duré deux mois.
02:57 Je suis sortie et à partir de ça, je ne faisais plus d'allers-retours.
03:01 Deux semaines là-bas, deux semaines chez moi, deux semaines là-bas.
03:03 Et je n'avais toujours pas dit que j'étais addicte.
03:05 Donc finalement, les médecins ne le savaient pas.
03:06 Du coup, je n'avais pas les fameux tests urinaires qui montraient
03:09 que je pouvais être potentiellement positif, ce qu'ils ne font pas à tout le monde.
03:12 Je venais pour des pressions tentatives de suicide.
03:13 Je fumais juste des cigarettes.
03:14 Je n'avais jamais dit que j'avais touché à ça.
03:16 Et en fait, le moment où vraiment...
03:19 Là, j'ai mis un terme, c'est à mes 18 ans, à ma dernière dépression.
03:22 Je suis allée voir ma mère.
03:23 Je lui ai dit "Maman, j'ai besoin de me faire hospitaliser.
03:26 Je ne me sens pas bien, je sais que je vais faire des conneries."
03:28 Elle a fait toutes les démarches pour.
03:29 Entre-temps, j'avais fait une tentative de suicide.
03:32 Et là, je me suis fait hospitaliser.
03:33 Elle est arrivée là-bas et m'a posé la question
03:35 "Est-ce que vous avez une addiction ? Est-ce que vous fumez ?"
03:36 Et là, je leur ai dit "Oui".
03:37 Dans ce sevrage, ce qui était le plus dur, c'était l'effet de défonce
03:40 qui me faisait du mal, mais qui me plaisait.
03:41 Puis c'était devenu en fait une habitude.
03:43 Ce n'était même plus devenu quelque chose où je me dis
03:45 "Ah, et si je roule mon joint ?"
03:46 C'était "Je roule mon joint, comme le matin tu te fais ton café."
03:48 J'ai fait en sorte de sortir, de faire des choses qui me changent les idées.
03:51 Mais c'était très dur parce que finalement, tu sors en soirée
03:54 et il y a toujours quelqu'un qui va fumer un joint.
03:55 Je suis assez étonnée de ma force mentale à ce moment-là
03:57 parce que c'était vraiment dur.
03:58 J'ai laissé passer beaucoup de temps parce que là, j'ai 22 ans.
04:01 Mais mes dernières addictions, c'était à l'âge de 18 ans.
04:03 Donc finalement, ça m'a pris 3-4 ans avant de libérer ma parole sur ce sujet
04:09 et de me dire "Bon, en fait, je suis une ancienne addicte."
04:12 Je pense le plus dur, c'est de ne pas comprendre que tu es addicte.
04:15 Je n'étais pas au courant des dangers que ça pouvait avoir.
04:17 J'étais surtout au courant que ce n'était pas mortel.
04:19 Finalement, je me dis "Bon, inégal aux États-Unis,
04:21 Amsterdam, c'est légal, pourquoi il y aurait un problème ?"
04:24 Le problème, il est quand ça devient excessif et quand c'est dans l'abus.
04:27 Et je ne me rendais pas compte que j'étais dans l'abus.
04:28 Ma famille, elle n'a pas vraiment réagi
04:30 parce que finalement, je parlais de quelque chose qui était du passé.
04:32 Mais je pense qu'ils ont compris plein de mes comportements
04:35 que j'avais eus et qu'ils ne comprenaient pas forcément.
04:37 Aujourd'hui, je vais super bien.
04:38 Je suis hyper heureuse, hyper épanouie.
04:40 J'ai confiance en moi, enfin, après toutes ces années.
04:43 La chose que vraiment, je veux qu'on retienne,
04:45 c'est de ne pas hésiter à parler,
04:47 à dire ce que vous avez sur le cœur, à dire ce qui ne va pas.
04:49 Et ne pas vous dire que votre parole n'est pas légitime
04:51 ou n'est pas assez importante
04:53 parce que tout ce que vous avez à dire, c'est important.
04:56 Mais surtout, demandez de l'aide.
04:57 Je pense que la demande d'aide, pour moi, c'est la chose la plus importante.
04:59 Et il y a par moments, je regrette de ne pas avoir demandé cette aide supplémentaire
05:02 par rapport à mon addiction quand j'étais plus jeune.
05:04 Merci.
05:05 Merci.
05:06 Merci.
05:07 Merci.
05:08 Merci à tous !
05:10 [SILENCE]