ALLOCUTION D'E. MACRON / Les syndicats d'enseignants pas convaincus

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00:00 Emmanuel Macron qui a donc pris la parole hier soir pendant une quinzaine de minutes.
00:03 Outre les retraites, le président de la République a abordé la question de l'école
00:07 qui doit, je cite, "redevenir l'une des meilleures d'Europe".
00:10 Un discours loin de satisfaire les syndicats.
00:13 Bonsoir Paul Hagar.
00:15 Bonsoir.
00:15 Vous êtes secrétaire départementale du SNUIP et PFSU, syndicat d'enseignants,
00:19 notamment dans le primaire.
00:21 Avant de parler de l'école, la réforme des retraites.
00:23 Donc le président de la République a reconnu hier soir que cette réforme n'était pas acceptée.
00:28 Avant de tourner la page et de donner rendez-vous au syndicat ce mardi,
00:32 ce que ces derniers ont refusé, c'était pour parler travail, salaire.
00:36 Est-ce que vous ne vous êtes pas dit "tiens c'est le moment de sortir la liste des courses
00:39 et de lui demander un petit peu ce qu'on veut sur le travail".
00:43 Ce n'était pas une occasion à saisir ?
00:44 Non, je ne crois pas puisque le mépris affiché et constaté depuis maintenant trois mois
00:49 par rapport aux mobilisations contre cette réforme des retraites
00:53 ne permet pas d'aller à une table pour discuter aujourd'hui,
00:57 ne serait-ce même dans les jours et les semaines qui vont venir.
00:59 La confiance est rompue ?
01:01 La confiance n'était déjà pas là, elle n'est pas rétablie, en tout cas c'est une certitude.
01:06 Et nous maintenons bien entendu avec l'intersyndicale nationale et départementale,
01:10 la demande du retrait et on fera du 1er mai une grande journée de manifestation à nouveau.
01:15 D'ici le 1er mai, rien n'est prévu.
01:18 On voit que ça ne fonctionne pas les manifestations,
01:21 sinon le gouvernement aurait craqué.
01:24 Est-ce que vous ne craignez pas qu'un certain nombre de Français disent aussi,
01:27 qui par ailleurs sont contre la réforme pour la plupart, disent "le bazar ça suffit,
01:33 arrêtons les manifestations et passons à autre chose".
01:36 Je ne sais pas si on peut parler de bazar.
01:38 12 manifestations avec à chaque fois plusieurs milliers de participants
01:42 et parfois près de 20 000 à tour.
01:44 Et la dernière a encore assemblé 5 à 6 000 manifestants,
01:47 donc on ne peut pas dire du tout que le mouvement s'essouffle.
01:50 Il est vrai que c'est un temps long de manifestations, de lutte,
01:55 qui fait qu'il y a des temps un peu plus bas et des temps qui vont être plus hauts.
01:58 Mais effectivement, c'est ancré dans la société le fait que personne ne veut de cette réforme,
02:07 ou en tout cas une très petite majorité ne la défend.
02:10 Donc la question elle est là, on va réfléchir bien entendu avec l'ensemble des syndicats
02:15 pour savoir comment relancer différentes formes de mobilisation dans la période qui va arriver.
02:20 Mais déjà la date du 1er mai elle est là,
02:22 et on espère bien qu'elle soit aussi forte, voire plus forte que ce qu'on a connu auparavant.
02:26 Dans son allocution, le président de la République a listé trois priorités,
02:29 parmi elles l'école, en citant rapidement les chantiers en cours au sein de l'éducation nationale.
02:34 On va l'écouter.
02:35 Dès leur entrée, notre école va changer à vue d'œil.
02:39 Pour les enseignants qui seront mieux rémunérés, pour les élèves
02:42 qui seront davantage accompagnés en français, en mathématiques, pour leurs devoirs,
02:46 et pratiqueront plus de sport à l'école.
02:49 Pour les parents qui verront le remplacement systématique des enseignants absents.
02:53 Voilà le président de la République qui donne l'image d'une école en pleine transformation.
02:56 Prenons les choses les unes après les autres.
02:58 Des enseignants absents qui seront donc tous remplacés à partir de la rentrée prochaine.
03:02 Promesses tenables ?
03:03 On ne sait pas de quoi il parle.
03:07 Si on parle pour le primaire, c'est une mesure qui ne peut être mise en place
03:11 que par la création de postes, d'un nombre assez important de remplaçants.
03:15 Or il faut savoir qu'en Allemagne, pour la rentrée 2023,
03:17 on supprime 15 postes d'enseignants dans le département.
03:20 Donc forcément, ça va jouer sur la question et la qualité
03:23 et la quantité de remplacements qui seront possibles.
03:25 Donc ça c'est complètement faux et il va bien falloir à un moment,
03:29 le ministère se rendre compte que ce qu'il dit, en tout cas pour le primaire,
03:33 est complètement hors sujet.
03:34 Pour le second degré, si on a bien compris,
03:36 ce serait à nouveau demander des heures supplémentaires aux professeurs.
03:38 Travailler plus pour gagner plus avec le pacte, c'est ça ?
03:41 Tout à fait, on travaille plus pour gagner plus, ce qui est complètement fou,
03:45 puisque si on prend à nouveau les enseignants du primaire,
03:48 les données données par le ministère de l'éducation indiquent
03:52 que nous faisons déjà 44 heures par semaine et on travaille 34 jours sur nos vacances.
03:56 Vous voyez bien qu'il est complètement impensable et injustifié
03:59 de nous demander de travailler plus.
04:00 Ça sera de toute manière au dépents des apprentissages de nos élèves.
04:04 Les profs existants ne pourront pas faire la variable d'ajustement en quelque sorte ?
04:07 Non, et puis on est déjà...
04:09 Je pense que ce qui se passe dans l'école, les collèges et les lycées,
04:12 c'est ce qu'on a malheureusement et ce qu'on constate à l'hôpital.
04:15 C'est-à-dire qu'on est en train de vider les postes,
04:18 on est en train de perdre le sens de nos missions,
04:20 et en pensant qu'on peut rationaliser et rentrer dans un calcul mathématique
04:25 et budgétaire pour la gestion d'humains.
04:28 Et ce qui se passe à l'hôpital avec des personnels qui sont à bout,
04:32 maintenant ce sont également des personnels d'éducation qui sont à bout,
04:35 mais aussi des enfants et des élèves qui ne sont par exemple pas soignés à André-Loire.
04:39 Il faut savoir qu'en André-Loire, 1 200 élèves sont en attente de soins,
04:43 2 places en instituts spécialisés, c'est complètement incroyable,
04:47 et on le dénonce bien sûr avec force que dans un pays comme la France,
04:50 on en soit là actuellement.
04:52 Donc la rentrée proposée par Macron ne sera bien entendu pas du tout
04:56 un changement de cap malheureusement.
04:58 En quelques secondes, il nous reste très peu de temps,
05:00 des enseignants mieux payés, on a évoqué le pacte,
05:04 travailler plus pour gagner plus, faire plus d'efforts pour gagner plus,
05:07 et puis il y a une partie socle dont les arbitrages sont rendus je crois jeudi,
05:11 est-ce que vous serez pensé pouvoir être satisfait sur ce point ?
05:17 Les premières annonces qu'ils ont tenues lors des groupes de travail
05:20 qui se sont tenues déjà maintenant il y a plusieurs mois,
05:22 sont très en deux salles de ce que nous attendons, de ce que nous demandons,
05:25 et notamment par rapport bien entendu à la question de l'inflation.
05:27 On a fait des calculs, sans prendre en compte l'inflation de ces dernières semaines,
05:31 c'est déjà une augmentation de 300 euros par mois
05:34 qu'il faudrait pour compenser les pertes que nous avons.
05:36 Donc ce qui est proposé pour l'instant, ce sont quelques centaines d'euros sur une année,
05:39 on est très très loin de revaloriser la carrière,
05:43 et lorsque l'on voit les grandes difficultés que l'on a pour attirer de nouveaux jeunes professeurs
05:48 par le biais des concours, et donc des remplaçants,
05:51 on a vraiment de fortes craintes pour la rentrée 2023 et pour la suite.
05:55 Merci beaucoup Paul Hagar, secrétaire départemental du SNUPPF.
05:58 Faites-y, d'être venu ce soir sur notre plateau.
06:00 Merci.
06:01 [SILENCE]

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