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00:00 Françaises, Français, mes chers compatriotes,
00:03 comme vous le savez, ce vendredi 14 avril,
00:06 le Conseil constitutionnel a validé pour l'essentiel la loi sur nos retraites
00:10 et je l'ai donc logiquement promulguée.
00:13 Les évolutions prévues par cette loi entreront en vigueur progressivement à partir de cet automne.
00:18 Adoptées conformément à ce que prévoit notre Constitution,
00:22 ces changements étaient nécessaires pour garantir la retraite de chacun
00:27 et pour produire plus de richesses pour notre nation.
00:30 Car en effet, alors que le nombre de retraités augmente,
00:34 que notre espérance de vie s'allonge,
00:37 la réponse ne pouvait pas être de baisser les pensions.
00:40 Elle ne pouvait pas être non plus d'augmenter les cotisations de ceux qui travaillent.
00:44 Et elle ne pouvait pas être, comme je l'ai beaucoup entendu, de ne rien faire.
00:48 Car c'était alors laisser les déficits s'accumuler
00:51 et notre dette augmenter pour les générations futures.
00:54 Ces changements étaient donc nécessaires et constituent un effort, c'est vrai.
00:59 Mais il est accompagné de mesures de justice,
01:03 d'amélioration concrète pour ceux qui ont eu des carrières longues,
01:07 exercé des métiers les plus durs ou qui perçoivent des petites retraites.
01:12 Travailler tous progressivement un peu plus,
01:15 comme l'ont d'ailleurs fait tous nos voisins européens,
01:18 c'est aussi produire plus de richesses pour notre pays tout entier.
01:21 Et c'est ce qui nous permet d'être plus forts,
01:24 d'investir pour notre quotidien et pour notre avenir.
01:27 Et nous en avons besoin.
01:30 Pour autant, cette réforme est-elle acceptée ?
01:34 A l'évidence, non.
01:37 Et malgré les mois de concertation, un consensus n'a pas pu être trouvé.
01:41 Et je le regrette.
01:44 Nous devons en tirer tous les enseignements.
01:47 J'ai entendu dans les manifestations une opposition à la réforme des retraites,
01:52 mais aussi une volonté de retrouver du sens dans son travail,
01:55 d'en améliorer les conditions,
01:57 d'avoir des carrières qui permettent de progresser dans la vie.
02:00 Plus généralement, c'est une colère qui s'est exprimée.
02:04 Colère face à un travail qui, pour trop de Français,
02:07 ne permet plus de bien vivre, face à des prix qui montent,
02:10 qu'il s'agisse du plein, des courses, de la cantine.
02:13 Car malgré une mobilisation de l'État inédite en Europe,
02:17 l'augmentation des prix pèse sur nos vies quotidiennes.
02:20 Cette colère, c'est aussi une colère parce que certains ont le sentiment
02:25 de faire leur part, mais sans être récompensés de leurs efforts,
02:29 ni en aide, ni en service public efficace.
02:33 C'est toute cette colère que de très nombreux Français ont exprimée
02:37 en manifestant, et pour l'immense majorité,
02:40 dans le calme et le respect de nos institutions.
02:43 Personne, et surtout pas moi, ne peut rester sourd
02:47 à cette revendication de justice sociale et de rénovation
02:50 de notre vie démocratique, en particulier exprimée par notre jeunesse.
02:54 La réponse ne peut être ni dans l'immobilisme,
03:00 ni dans l'extrémisme. Face à ces colères,
03:03 à ce sentiment de déclassement, d'abandon,
03:07 nous devons agir ensemble, au-delà des clivages,
03:11 comme j'ai toujours cherché à le faire, au service d'un cap clair,
03:15 celui de notre indépendance et de la justice.
03:18 Oui, notre indépendance d'abord pour la France et pour l'Europe.
03:22 Nous sommes un peuple qui entend maîtriser et choisir son destin.
03:26 Nous ne voulons pas dépendre de qui que ce soit,
03:29 ni des forces de la spéculation, ni des puissances étrangères,
03:32 ni d'autres volontés que la nôtre. Et nous avons raison.
03:36 Mais l'indépendance ne se décrète pas.
03:39 Elle se bâtit par des ambitions, des efforts,
03:42 au niveau national et européen, sur le plan du savoir,
03:46 de la recherche, de l'attractivité, de la technologie,
03:49 de l'industrie, de la défense.
03:51 Et elle se finance aussi collectivement par le travail.
03:55 Cette indépendance française et européenne
03:58 est justement celle qui nous permettra d'obtenir plus de justice.
04:01 Que chacun récolte davantage de tous ces efforts,
04:04 que les inégalités de départ soient mieux corrigées,
04:07 que les vies soient moins empêchées,
04:09 que les plus démunis soient davantage aidés.
04:12 C'est là le grand projet que je porte devant vous et avec vous.
04:16 Reconstruire et retrouver l'élan de notre nation.
04:20 Ne rien céder aux divisions et, au contraire,
04:23 tenir ce cap pour notre indépendance,
04:26 au service de cette idée de la justice si française,
04:30 et ouvrir ou reprendre pour cela trois grands chantiers.
04:34 D'abord le chantier du travail.
04:37 Face au chômage, nous avons des résultats inédits et indiscutables.
04:40 C'est le fruit des transformations de ces dernières années
04:44 et de nos efforts à tous.
04:46 Oui, nous avons créé en six ans 1,7 million d'emplois pour notre pays.
04:53 Après le succès de l'apprentissage pour nos jeunes,
04:56 je veux désormais engager la réforme du lycée professionnel
05:00 pour que le plus grand nombre de nos adolescents et de nos jeunes
05:03 accèdent soit à des formations vraiment qualifiantes, soit à l'emploi.
05:07 Nous redoublerons aussi d'efforts pour ramener vers le travail
05:11 le plus de bénéficiaires du revenu de solidarité active,
05:15 en les accompagnant mieux de manière très concrète dans leur vie.
05:19 Le travail doit aussi mieux payer.
05:22 En six ans, nous avons décidé des hausses conséquentes
05:26 du salaire minimum ou de la prime d'activité.
05:28 Mais face à la situation que je viens de décrire,
05:31 aux colères que je viens de rappeler,
05:33 nous devons agir de manière encore plus vigoureuse.
05:36 C'est pourquoi j'ai proposé de recevoir les organisations patronales
05:39 et syndicales dès demain matin, pour celles qui y sont prêtes.
05:43 Et la porte sera toujours ouverte.
05:46 Et cela afin d'ouvrir, sans aucune limite, sans aucun tabou,
05:50 une série de négociations sur des sujets essentiels.
05:54 Améliorer les revenus des salariés, faire progresser les carrières,
05:59 mieux partager la richesse, améliorer les conditions de travail,
06:03 trouver des solutions à l'usure professionnelle,
06:06 accroître l'emploi des seniors et aider aux reconversions.
06:10 Ce nouveau pacte de la vie au travail sera construit
06:16 dans les semaines et les mois qui viennent
06:18 par le dialogue social et les accords très concrets
06:22 au niveau national mais aussi au plus près du terrain,
06:25 que les organisations syndicales et patronales seront trouvées.
06:30 Plus largement, c'est par la réindustrialisation
06:34 que nous retrouverons notre force
06:36 et que nous créerons des emplois mieux payés.
06:38 Là aussi, nous avons des résultats tangibles, inédits.
06:43 En France, dans des vallées et des cantons,
06:48 des usines ouvrent à nouveau, 200 depuis deux ans.
06:51 Là où notre pays s'était habitué à la désindustrialisation,
06:56 nous recréons de l'emploi industriel et nous sommes devenus
06:59 le pays le plus attractif en Europe pour les investissements.
07:03 Notre nouvelle économie, plus verte, respectueuse de nos terres
07:07 et de nos paysages n'est pas un rêve mais une réalité
07:11 qui nous permet de créer des emplois et de tenir
07:13 nos engagements pour le climat.
07:16 Grâce à la planification écologique qui sera dévoilée d'ici l'été,
07:20 nous irons vers un nouveau modèle productif et écologique
07:24 dans l'agriculture, le bâtiment, l'économie circulaire,
07:27 les transports, l'énergie et les technologies.
07:31 Un cadre aussi avec lequel nous serons mieux parés
07:35 face aux événements climatiques comme la sécheresse estivale.
07:40 Le deuxième chantier est celui de la justice
07:43 et de l'ordre républicain et démocratique.
07:46 L'État de droit est notre socle et il n'y a pas de liberté sans loi
07:52 ni sans sanction envers ceux qui transgressent le droit des autres.
07:55 Dans ce but, nous continuerons à recruter plus de 10 000 magistrats
07:59 et agents, continuerons d'améliorer le fonctionnement
08:03 de notre justice et nous sommes en train de créer
08:06 200 brigades de gendarmerie dans nos campagnes.
08:09 Lutter contre toutes les formes de délinquance,
08:12 contre toutes les fraudes, qu'elles soient sociales ou fiscales,
08:15 sera aussi au cœur de l'action du gouvernement,
08:17 avec des annonces fortes dès le début du mois de mai.
08:21 Nous renforcerons aussi le contrôle de l'immigration illégale
08:26 tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays.
08:30 Rénover l'ordre républicain et démocratique signifie également
08:34 que nous devons lutter contre le sentiment persistant
08:37 que voter ne serait plus décidé.
08:41 Je proposerai à cet égard, en lien avec la présidente
08:44 de l'Assemblée nationale, le président du Sénat,
08:46 le président du Conseil économique, social et environnemental,
08:50 des grandes pistes pour que le fonctionnement
08:52 de nos institutions gagne en efficacité,
08:55 mais aussi en participation citoyenne,
08:57 comme nous venons d'ailleurs de le faire
08:59 avec la Convention citoyenne sur la fin de vie.
09:03 Le troisième chantier, enfin, est celui du progrès.
09:08 Progrès pour mieux vivre.
09:11 Je veux que chacun d'entre vous retrouve la certitude
09:14 que nos enfants pourront bâtir une vie meilleure.
09:17 Et ce sont nos services publics qui devront porter cette espérance,
09:20 de la petite enfance au grand âge.
09:24 Dès lors, l'éducation nationale doit renouer avec l'ambition
09:27 d'être l'une des meilleures d'Europe.
09:29 Dès la rentrée, notre école va changer à vue d'œil
09:32 pour les enseignants qui seront mieux rémunérés,
09:34 pour les élèves qui seront davantage accompagnés
09:36 en français et en mathématiques,
09:38 pour leurs devoirs et pratiqueront plus de sport à l'école,
09:41 pour les parents qui verront le remplacement systématique
09:44 des enseignants absents.
09:46 Notre système de santé sera aussi profondément rebâti.
09:50 Depuis six ans, 11 millions de Françaises et de Français
09:53 ont pu bénéficier du reste à charge zéro pour leurs lunettes,
09:56 leurs appareils auditifs ou leurs prothèses dentaires.
10:00 Nous avons mis fin au numerus clausus
10:02 et nous avons massivement investi dans notre hôpital.
10:05 Mais il faut des résultats concrets et à court terme.
10:08 D'ici la fin de cette année,
10:10 600 000 patients atteints de maladies chroniques
10:13 qui n'ont pas de médecin traitant en disposeront.
10:16 Et d'ici la fin de l'année prochaine,
10:19 nous devrons avoir désengorgé tous nos services d'urgence.
10:24 Et pour les quelques 10 millions d'entre vous
10:26 qui vivez dans les quartiers les plus défavorisés,
10:29 dans les zones rurales les plus en difficulté,
10:31 dans nos territoires d'outre-mer,
10:34 nous trouverons là encore des solutions concrètes
10:37 pour améliorer la vie quotidienne.
10:40 Mes chers compatriotes,
10:42 ensemble nous avons fait face à l'épidémie,
10:45 à de nombreuses crises depuis six ans,
10:47 à tant de périls.
10:48 À chaque fois, j'ai cherché à libérer les énergies,
10:52 à protéger les plus faibles,
10:54 à tenir l'unité du pays,
10:56 avec le seul intérêt de la nation comme guide.
11:01 C'est le même esprit de responsabilité qui doit nous animer.
11:04 Au moment où nous avons à relever sans attendre
11:07 les défis du changement climatique, du vieillissement,
11:10 des désordres géopolitiques, des révolutions technologiques
11:13 comme l'intelligence artificielle ou les algorithmes.
11:18 Je me rappelle, il y a quatre ans, presque jour pour jour,
11:22 je m'exprimais sous cette forme devant vous.
11:25 Notre-Dame de Paris venait de brûler.
11:27 Et je vous disais, dès le lendemain,
11:30 que nous rebâtirions en cinq ans.
11:33 Que n'avais-je alors entendu ?
11:36 Et tous les commentateurs nous ont dit "Impossible !
11:40 Pourquoi ce cap ? Intenable !"
11:43 Eh bien, nous allons le faire.
11:45 Nous allons le faire parce qu'une décision a été prise,
11:48 mais surtout parce qu'il y a eu la volonté de chaque jour
11:51 et la mobilisation de tous.
11:54 Parce qu'il y a eu des milliers de femmes et d'hommes
11:56 partout à travers le pays pour oeuvrer ensemble et rebâtir.
12:01 Eh bien, il doit en être de même
12:03 pour les grands chantiers de la Nation.
12:06 Et c'est pourquoi je sollicite toutes les forces d'action
12:08 et de bonne volonté, nos maires, nos élus,
12:10 nos forces politiques, nos syndicats, tous ensemble.
12:14 Je compte mieux les associer en relançant dès le mois de mai
12:17 des coalitions et alliances nouvelles sur les bases solides
12:20 du Conseil national de la refondation,
12:22 au plus près du terrain.
12:24 Et chacun d'entre vous avait un rôle à jouer.
12:28 Il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie,
12:31 plus de liberté d'action, d'expérimentation,
12:34 de pouvoir d'initiative à l'échelle de nos vies.
12:38 Oui, c'est cet élan national auquel je crois.
12:42 Et ces trois chantiers prioritaires constituent
12:45 la feuille de route du gouvernement
12:47 que la Première ministre détaillera dès la semaine prochaine.
12:51 Ces trois chantiers doivent nous rassembler,
12:54 rassembler les principaux responsables de la Nation,
12:58 et je m'y impliquerai.
13:00 Et le 14 juillet prochain doit nous permettre
13:03 de faire un premier bilan.
13:05 Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement,
13:09 d'unité, d'ambition et d'action au service de la France.
13:14 C'est notre devoir.
13:16 Et je vous fais confiance,
13:18 je nous fais confiance pour y arriver.
13:21 Vive la République et vive la France.
13:26 (Musique)

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