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00:00 [Musique]
00:05 Et oui Robin, c'est reparti, en vrai !
00:07 Ah bon ?
00:08 Allez, gros plan sur les études de maïeutique maintenant dans le Grand Talk, sur le quotidien des sages-femmes.
00:13 On va décrypter ensemble ce métier au multiple visage.
00:16 Vous allez le voir avec vous, Claire Perrin, coordinatrice en maïeutique en charge de l'école de sages-femmes de Tours
00:22 et puis Martin Androt, étudiant en Master 2 de maïeutique, 25 ans et pratiquement 70 accouchements. C'est hallucinant !
00:31 À peu près, oui. Je ne les ai pas comptés individuellement mais je pense que dans l'idée, oui, on est là-dessus.
00:37 D'accord, soit en tant qu'assistant ou soit vraiment en tant que sage-femme.
00:41 Voilà, c'est ça, sur les dernières années.
00:43 Petit point vocabulaire quand même. Martin est bien sage-femme. On peut dire maïeuticien mais vous préférez le terme sage-femme.
00:50 La maïeutique, Claire, c'est quoi finalement ?
00:53 C'est l'art de l'accouchement, c'est l'art d'accoucher l'esprit mais aussi le corps.
00:57 Et donc, on a repris, c'est socratique, et on a repris ce terme pour le métier de sage-femme.
01:03 D'accord. Donc il y a une école à Tours et tout un parcours d'études de santé que vous faites.
01:08 Ça se fait en 5 ans, bientôt en 6 ans puisqu'il y a une réforme finalement qui va passer en septembre prochain, c'est ça ?
01:15 C'est ça. Pour les étudiants qui vont entrer en première année, passe-là, ils vont rentrer dans des études de maïeutique de 6 ans pour obtenir un diplôme de docteur en maïeutique.
01:24 Un diplôme d'État ?
01:26 Un diplôme d'État, toujours.
01:27 Qui permet d'exercer ?
01:28 Qui permet d'exercer le métier de sage-femme et qui s'appellera un diplôme de docteur en maïeutique.
01:32 D'accord. Combien d'étudiants à Tours à l'école de sage-femme ?
01:35 123 actuellement, sur 4 promotions, puisqu'en fait il y a 4 années intégrées et une année qui se fait sur la faculté de médecine qui est la première année.
01:43 Et donc 2 années de licence, 2 années de master.
01:47 D'accord. Alors là, un chiffre national, à la rentrée 2022, vous allez nous dire si c'est le cas chez vous, 20% des places en deuxième année de maïeutique restées vacantes,
01:56 c'est le conseil de l'ordre des sage-femmes qui a publié ce chiffre à la fin de l'année dernière, est-ce que c'est le cas également à Tours ?
02:03 On manquait d'étudiants dans les rangs de l'école ?
02:06 Oui, c'est le cas en effet à Tours, c'est la première fois que ça arrive dans l'histoire de la maïeutique et du recrutement.
02:11 La conjoncture en fait fait qu'il y a une grosse pénurie médicale comme tout le monde le sait.
02:16 On dit désert médical, désert pharmaceutique, il y a un désert maïeutique aussi ?
02:19 Oui, il y a des déserts maïeutiques et en fait il y a une problématique de recrutement qui est importante.
02:25 Et puis ensuite il y a une problématique de nombre de personnes pour exercer notre profession sur le territoire.
02:31 Alors il y a eu 2 choses très différentes et 2 événements différents.
02:36 La première c'est que pour exercer sur le territoire, autrefois on exerçait dans les maternités, c'est connu,
02:43 la Sacha elle faisait des accouchements.
02:45 Point.
02:46 Et aujourd'hui elle fait plein d'autres choses.
02:48 Donc nos compétences depuis 20 ans ont pris énormément d'ampleur en gynécologie, en orthogénie,
02:52 autour des violences, dans le dépistage, la prévention, la santé publique.
02:56 Et donc du coup on travaille dans beaucoup d'autres endroits qu'on travaillait actuellement, enfin autrefois,
03:03 c'était uniquement dans les maternités, donc il y a cet effet là.
03:06 Et puis aujourd'hui, depuis une vingtaine d'années, les sage-femmes sortent des hôpitaux et elles vont s'installer en libéral.
03:11 Ce qui fait que les hôpitaux ont beaucoup de mal à recruter les sage-femmes actuellement.
03:15 Alors vous êtes sage-femme en ce moment à l'hôpital, en tout cas vous terminez vos études là-bas.
03:21 Ce n'était pas un premier choix finalement, peut-être comme dans le film d'ailleurs "Sage-homme"
03:25 qui est en ce moment un très bon film de Jennifer, enfin je trouve que c'est un très bon film,
03:30 "Des vols d'air" avec Karine Viard et puis Melvin Boomer, vous êtes un peu le Melvin Boomer finalement de ce film.
03:36 Finalement vous vous exercez à l'hôpital, c'est d'ailleurs votre envie pour les années futures je crois ?
03:43 C'est ça oui, donc en fait quand on est dans la formation, on est envoyé en stage,
03:49 on va en stage assez régulièrement, environ par période de quatre à six semaines, toutes les quatre à six semaines.
03:54 Que ce soit à l'hôpital ou alors dans des cabinets de sage-femmes libéraux, en ville ou même d'ailleurs aussi auprès des sage-femmes départementales, territoriales.
04:04 Ouais, dans les PMI par exemple ?
04:06 Exactement, auprès de la PMI et du coup on est envoyé à peu près dans toute la région.
04:11 Et vous c'est ce qui vous plaît, l'hôpital en tout cas ?
04:13 C'est ça, moi c'est l'hôpital, l'esprit d'équipe, le fait de travailler dans une structure où on est accompagné.
04:19 Alors on va pas cantonner justement le métier de sage-femme aux accouchements et pourtant c'est un peu ce à quoi on pense.
04:24 Finalement on peut aller chez une sage-femme pour son suivi gynécologique, pour faire de la prévention, on pense aux préventions des cancers par exemple.
04:33 Où travaille la sage-femme aujourd'hui ? Vous avez cité l'orthogénie également, mais on la retrouve où la sage-femme ? On peut la retrouver où ?
04:39 Alors on peut la retrouver la plupart du temps en maternité, on la retrouve en libérale où elle peut faire du suivi gynécologique, du suivi de grossesse,
04:47 même aller accoucher sur des plateaux techniques, les femmes qu'elles suivent, les voir en postpartum.
04:52 On peut les retrouver en centre de vaccination, on peut les retrouver en procréation médicalement assistée,
04:56 on peut les retrouver en centre d'orthogénie, on peut les retrouver en planification familiale,
05:01 parce qu'elles font aussi de la prescription de contraception, de la pose d'implants, du retrait d'implants, etc.
05:06 De stérilés et d'autres moyens de contraception.
05:08 Et ça on le sait peu, Martin, c'est ça ?
05:10 C'est ça, en tout cas le métier de sage-femme tend à se démocratiser de plus en plus,
05:15 parce que les gynécologues de ville aussi sont de plus en plus difficiles à avoir,
05:21 les rendez-vous peuvent prendre pour certains plusieurs mois, plusieurs semaines, plusieurs mois,
05:25 pour trouver un rendez-vous pour certaines patientes, et donc forcément les sages-femmes ont aussi un rôle à jouer là-dedans
05:32 et justement à faire tout ce dépistage, tout ce suivi.
05:35 On peut suivre une patiente de sa première contraception à ses 14-15 ans,
05:40 jusqu'à sa première grossesse, sa deuxième, sa troisième, ou alors sans grossesse,
05:44 c'est jusqu'à l'après-accouchement, et la ménopause, et la rééducation aussi.
05:48 Et encore ensuite.
05:49 Et encore ensuite, donc en fait, globalement si on reste au même endroit,
05:54 on peut suivre une patiente toute sa vie génitale.
05:59 Et après.
06:00 On parlait de passion tout à l'heure avec le sport qui commence très tôt,
06:03 est-ce que forcément tous vos étudiants ont cette passion d'accompagner les femmes,
06:08 adorent, entre guillemets, "j'adore les bébés, je veux être sage-femme",
06:11 ben non, c'est pas comme ça que ça se passe.
06:13 Quelle motivation il faut avoir pour entrer dans ce monde des femmes,
06:16 qui est un monde compliqué, qui est fait de creux et de bosses,
06:19 de plein d'événements, avec des femmes qui en général ne s'occupent pas très bien d'elles,
06:23 et qui font passer au second plan leur santé par exemple.
06:26 Alors c'est vrai en fait, mais en fait, comment on les attire ?
06:29 En fait, ce sont quand même des jeunes qui ont envie de s'occuper des femmes, avant tout.
06:33 Alors évidemment, de leur nouveau-né ensuite, mais quand même,
06:37 la priorité c'est la santé des femmes, leur entourage, leur environnement,
06:41 prévenir les addictions, faire de la santé publique autour des violences,
06:44 prévenir les violences, ou les accompagner, les orienter.
06:47 Voilà, on est là pour accompagner les femmes en bonne santé,
06:50 dans leur génitalité, dans leur vie affective,
06:52 parce qu'on fait aussi de l'information, de la communication autour de la vie affective,
06:56 on en parle avec elles, et on fait cet accompagnement qui est au long cours,
07:00 un accompagnement comme un praticien de premier recours,
07:03 qui va sur la génitalité, pouvoir accompagner ces femmes tout au long de leur vie.
07:08 Et donc en fait, les étudiants de sèche-femmes, quand elles arrivent,
07:11 elles arrivent quand même, alors bien sûr, un certain nombre arrive avec des représentations
07:15 de jeunes en disant "bah nous on aime bien les bébés", voilà,
07:17 on leur dit "voilà, vous allez vous occuper des femmes,
07:19 et des bébés en surplus quand il y aura une grossesse".
07:22 Mais c'est d'abord les femmes, et c'est l'essentiel.
07:25 – Alors justement, Martin, quand on préparait cette émission,
07:28 vous me disiez qu'il y a aussi des limites, finalement, à cet exercice,
07:31 parce que parfois le métier n'est pas tout à fait vu dans sa globalité,
07:35 alors vous n'êtes pas gynéco, mais pourtant vous faites des actes gynécologiques,
07:38 il y a une valorisation parfois qui manque, et ça c'est quand même dommage,
07:43 parce que moi j'ai l'impression que vous avez des super pouvoirs,
07:45 à 25 ans, 70 accouchements, ça me paraît complètement fou.
07:48 – Bah en fait, disons que le métier aujourd'hui,
07:51 alors, comme beaucoup le disent, oui, le métier de sage-femme
07:56 peut être vu comme le plus beau métier du monde,
07:58 parce qu'on accompagne la vie, etc., mais en fait,
08:00 les conditions de travail dans la plupart des établissements aujourd'hui
08:03 sont tellement difficiles qu'en fait, on ne peut pas profiter de ces…
08:08 – Très beaux moments extraordinaires.
08:10 – Voilà, c'est ça, on profite très peu de ces moments,
08:12 parce que justement, on a un manque de revalorisation,
08:14 que ce soit du statut, que ce soit aussi au niveau salarial,
08:18 que ce soit aussi avec la crise du Covid et le Ségur,
08:22 et toutes les manifestations qui ont suivi en 2020.
08:26 Il y a un changement de statut de la sage-femme
08:30 et de la périnatalité en France qui doit évoluer,
08:33 avec les décrets de périnatalité de 1998, qui doivent évoluer,
08:36 parce qu'aujourd'hui, maintenant, les sage-femmes se battent
08:39 pour un credo, une femme, une sage-femme,
08:42 pour que chaque femme ait un… – On en est loin.
08:44 – Complètement.
08:45 – On en est loin, et puis en plus, on a besoin d'énormément d'informations.
08:47 Les femmes, et c'est là-dessus qu'on conclura,
08:49 manque d'informations dites essentielles, Claire.
08:53 – Ah oui, c'est sûr. Alors, on a quand même le plan des 1000 jours,
08:55 qui donne quand même des orientations à tous les professionnels
08:58 qui travaillent dans la périnatalité, et qui permettent d'accompagner au mieux les femmes.
09:01 Mais aujourd'hui, c'est difficile d'accompagner les femmes,
09:03 parce qu'on manque de personnes pour les accompagner.
09:06 Et donc, notamment, voilà, on a des préoccupations
09:10 dans le postpartum immédiat, et dans l'année qui suit la naissance des enfants, notamment.
09:15 – Oui, ça c'est une case qu'on a un peu oubliée, finalement.
09:17 – Oui, voilà, c'est une période qu'on a un peu oubliée,
09:20 où on pense que mettre au bon un enfant, c'est toujours merveilleux et formidable.
09:24 – C'est formidable, point.
09:25 – Et en fait, ce n'est pas toujours merveilleux et formidable.
09:27 Et l'accompagnement d'après, avec l'évolution de l'hôpital,
09:30 les hospitalisations très courtes, les départs chez soi…
09:34 – On laisse un peu les mamans…
09:35 – On laisse les mamans un peu seules,
09:37 et donc on se retrouve confrontés à des problématiques de dépression,
09:41 très importantes, qui peuvent mener à des actes qui sont très importants.
09:47 – Donc la sage-femme, elle peut être là, même bien des mois après l'accouchement,
09:50 elle peut être là…
09:51 – Ah oui, on est là, on est là, vraiment, justement pour accompagner ça.
09:54 Donc on aura, on a un entretien du postpartum qui va se faire
09:59 dans les deux mois qui suivront la naissance,
10:02 et qui va permettre de dépister ces dépressions,
10:06 et de les prévenir et de les accompagner si elles ont déjà commencé.
10:09 – Très bien, merci beaucoup.
10:11 On aurait pu en parler des heures de ce métier,
10:13 mais bon, bon courage pour votre entrée dans la vie active,
10:15 mais je crois que vous êtes quand même déjà bien entré dedans,
10:18 puisque vous avez fait votre dernier examen aujourd'hui.
10:20 Merci beaucoup Martin, merci beaucoup Claire,
10:23 dans la troisième partie de l'émission,
10:25 du volley, du basket, du hand et du hockey,
10:28 à quelques semaines de la fin de saison.
10:30 Les objectifs de cette année ont-ils été atteints par nos équipes locales ?
10:34 Réponse avec nos experts, donc toi Romain, tout de suite après la pub.
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