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00:00 [Musique]
00:05 De retour dans le Grand Auge pour cette troisième partie d'émission.
00:09 Tout de suite, on vous montre des images.
00:11 Ça, ce sont les abords du Grand Théâtre, samedi 13 avril dernier.
00:15 Des spectateurs ont fait demi-tour car la représentation n'a pas eu lieu.
00:18 Même chose le lendemain, une partie des musiciens de l'orchestre était en grève.
00:22 On pouvait lire sur une banderole "Musiciens sous le SMIC".
00:25 Des annulations de spectacles, il y en a eu plusieurs ces derniers mois, ces dernières années.
00:29 La question du statut des musiciens coince toujours.
00:32 Alors, on a décidé de faire le point aujourd'hui avec, d'un côté, les musiciens
00:37 et de l'autre côté, la mairie de Tour-Alice-Vaneroy.
00:39 Bonjour.
00:40 Bonjour.
00:40 Vous êtes adjointe, première adjointe au maire de Tour.
00:43 Et puis, Laura Perrine-Martin, bonjour.
00:45 Bonjour.
00:45 Vous êtes oboéiste et membre du SNAM, du STAM CGT.
00:49 C'est le Syndicat Tourangeau des Artistes Musiciens.
00:52 Et du SNAM, c'est l'Union Nationale des Syndicats d'Artistes Musiciens.
00:56 Petit rappel avec vous peut-être, Laura, d'abord.
00:59 Lorsqu'il y a un concert, une représentation, un opéra, quand les musiciens sont là,
01:04 tous les musiciens n'ont pas le même statut.
01:05 Il y a d'ailleurs aussi des musiciens qui ne viennent pas du tout de la région.
01:09 Mais qui joue, finalement, quand un concert est organisé ?
01:13 Alors, quand un concert est organisé, en fait, pour intégrer l'orchestre de Tour,
01:19 les musiciens, ils ont passé un concours, voilà, qui se passe derrière un paravent.
01:24 Et au terme de plusieurs tours et d'une finale, il y a un recrutement, si l'issue est favorable.
01:31 Et donc, voilà, l'orchestre de Tour est constitué de ces musiciens.
01:37 On est 55.
01:40 Et il peut y avoir, parallèlement, de temps en temps,
01:42 on peut faire appel à des musiciens supplémentaires.
01:45 Puisque là, vous parlez des renforts pendant les concerts,
01:48 quand on a besoin sur certains postes.
01:50 Alors, votre demande aujourd'hui, et depuis plusieurs mois et presque années maintenant,
01:54 c'est un passage en CDI à temps complet pour les musiciens de l'orchestre,
02:00 afin de ne plus être le seul orchestre en France qui soit non permanent.
02:06 Quelle est votre demande aujourd'hui ? Quel est votre statut, finalement ?
02:10 Alors, actuellement, en fait, on passe un concours
02:13 comme pour chaque recrutement des orchestres de France.
02:16 Mais à l'issue de ça, on est perpétuellement en CDDU,
02:21 contraire à la durée déterminée d'usage.
02:23 Et en fait, on a vécu, du fait de ces statuts précaires,
02:28 on a vécu des très très fortes baisses d'activité,
02:32 qui ont rendu quasiment impossible, en fait,
02:36 pour les musiciens de vivre de leur métier à Tour.
02:39 On s'est battu depuis deux ans pour que les budgets affectés à l'orchestre augmentent.
02:45 Et on s'est battu pour une pérennisation, effectivement, de l'orchestre.
02:48 Il faut savoir que la région centre est la dernière de France sans orchestre permanent.
02:53 Donc, ça faisait deux ans qu'on est allé à la rencontre de toutes les tutelles,
02:57 de tous les élus pour passer en CDI à temps complet,
03:00 comme c'est le cas ailleurs en France.
03:02 Aujourd'hui, Alice Vaneroy, la réponse est non.
03:05 On ne peut pas, la ville de Tour ne peut pas passer les musiciens de l'orchestre de Tour
03:10 en CDI à temps complet.
03:12 Oui, alors peut-être pour donner des éléments complémentaires aussi
03:15 par rapport à ce qu'évoquait Madame Perrine,
03:18 c'est vrai qu'il y a un noyau dur aujourd'hui dans l'orchestre de la ville de Tour.
03:21 Mais finalement, on a beaucoup de musiciens qui interviennent de façon plus ponctuelle.
03:26 Donc, il y a un statut très différent selon les musiciens,
03:30 des situations individuelles très différentes.
03:32 Du coup, la revendication, elle est difficilement généralisable.
03:36 Ce ne sont pas, on ne parle pas des 55 musiciens de l'orchestre symphonique.
03:39 En fait, il y a quasiment 150 musiciens qui interviennent.
03:42 Alors, évidemment, il y a un noyau dur, je le redis, avec un son,
03:46 ce qu'ils appellent un son de l'opéra qui est régulier, qui est très, très régulier.
03:49 Mais il y a beaucoup d'autres musiciens et même dans ce noyau dur,
03:52 il y a une diversité de statuts.
03:53 On a des musiciens aujourd'hui qui interviennent très régulièrement à la ville de Tour,
03:58 mais qui sont par ailleurs fonctionnaires dans d'autres collectivités, par exemple,
04:01 qui ont déjà des CDI à temps plein et qui sont plutôt dans une demande aujourd'hui,
04:05 qu'on travaille en dentelle un peu avec eux
04:07 pour identifier la meilleure réponse à leurs problématiques.
04:10 Et là où je reviens tout à fait, enfin, je rejoins tout à fait Madame Perrine
04:14 sur le fait que l'enjeu pour moi aujourd'hui, pour l'ensemble des musiciens et pour le public,
04:18 parce qu'on vous montrait des images du public
04:20 et nous on a une mission de service public là-dessus sur l'opéra,
04:24 c'est de travailler sur une continuité de l'activité de l'orchestre,
04:28 voire une augmentation de l'activité.
04:29 C'était d'ailleurs les premières revendications au tout début des grèves.
04:33 On était beaucoup sur ce sujet du volume d'activité.
04:35 – Pas assez d'heures, c'est ça ?
04:36 Vous ne travaillez pas assez de représentation finalement à l'Opéra de Tour, c'est ça ?
04:41 – En fait, le problème c'est que tant que l'orchestre est en CDD,
04:45 c'est l'éternelle variable d'ajustement du Grand Théâtre.
04:49 Et je reviendrai juste sur le fait que la revendication maintenant du syndicat,
04:56 il y a eu un questionnaire interne au mois de décembre
05:00 sur lequel l'ensemble des musiciens qui constituent l'orchestre s'est prononcé
05:05 sur sa volonté de CDI à temps complet ou de temps partiel.
05:09 Et ce qu'on veut maintenant, c'est que l'employeur respecte
05:12 les retours qui ont été faits des musiciens
05:14 et donc partir sur ce mix temps complet, temps partiel.
05:18 – Cette réponse, elle est impossible, même si on fait un mix,
05:22 comme le dit Madame Perrine Martin, de temps complet, de temps partiel.
05:25 Aujourd'hui, s'il fallait passer une partie de l'orchestre en CDI à temps complet,
05:30 les finances de l'Opéra s'écrouleraient ?
05:33 – Non, en fait, le sujet c'est qu'est-ce qu'on entend par une partie,
05:37 parce qu'on n'a pas forcément le même discours aussi de l'ensemble des musiciens.
05:42 Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, on a effectivement eu des questionnaires,
05:46 les musiciens se sont exprimés par écrit, nous ont donné un certain nombre d'éléments
05:49 et on va mener des entretiens individuels avec eux,
05:52 là, dans les semaines et les mois qui viennent,
05:54 pour affiner justement les réponses à leurs questions
05:56 et voir comment c'est compatible avec leur modalité de vie,
05:59 d'organisation personnelle.
06:00 Certains veulent augmenter leur temps de travail, d'autres non.
06:03 Et on a besoin vraiment d'aller dans ce travail de précision, de dentelle,
06:07 pour définir avec eux le projet et permettre une continuité d'activité
06:11 et vraiment sécuriser l'orchestre et donner de la visibilité aux musiciens
06:14 pour les années à venir.
06:16 – En tout cas, de votre côté, du côté des syndicats,
06:19 en tout cas, vous avez chiffré, finalement.
06:21 Vous pensez qu'avec environ 600 000 euros, on pourrait cédéiser le Monet Pagoli ?
06:28 – C'est la première étape de chiffrage que nous avons faite, effectivement.
06:33 Et ce qui nous inquiète énormément, c'est ces entretiens individuels,
06:39 puisque l'employeur nous a dit, il y a une semaine,
06:41 que lors de ces entretiens individuels,
06:43 il y aurait seulement la notion de CDI temps partiel qui serait abordée.
06:48 Et pour nous, c'est hors de question, en fait.
06:51 On demande maintenant depuis plusieurs semaines à l'employeur
06:55 d'abandonner les scénarios à temps partiel imposé.
07:00 Que certains musiciens choisissent des temps partiels, c'est évidemment normal.
07:06 Mais il y a quand même une grande part de temps complet.
07:09 Il faut que l'employeur respecte ça.
07:13 Et aussi, respecte, on parlait de public.
07:18 Il n'est pas normal qu'à Tours et en région centre,
07:20 nous n'ayons pas un orchestre à temps complet,
07:24 une saison à l'année, comme c'est le cas partout ailleurs.
07:27 Donc là, ces entretiens individuels, dans ce contexte,
07:30 pour nous, c'est la rupture des négociations, parce que...
07:35 - Qui ont débuté il y a à peu près deux ans.
07:38 Alice Vaneroy, 600 000 euros pour mettre en CDI
07:42 une partie de l'orchestre symphonique.
07:45 Vous n'avez pas fait les mêmes calculs.
07:47 - Oui, alors je ne vais pas rentrer dans une bataille de chiffres,
07:49 parce que c'est toujours un peu technique.
07:50 Et madame Perrine l'a dit elle-même,
07:52 c'était une première étape de chiffrage sur laquelle
07:53 on est encore en train de travailler,
07:55 parce qu'on sait qu'il y a des choses qui ne sont pas toujours
07:58 prises de la même façon en considération par le STAM
08:01 et par la Ville de Tours.
08:02 Mais quand bien même, j'ai envie de dire,
08:04 on serait sur 600 000 euros,
08:05 c'est un budget qui est assez conséquent.
08:08 Et qu'aujourd'hui, même si on est plusieurs financeurs potentiels
08:11 sur le Grand Théâtre, puisqu'il y a l'État, la région,
08:14 le département, la Ville de Tours et la métropole.
08:16 - Récemment la métropole.
08:17 - Récemment la métropole, donc on est plusieurs financeurs.
08:20 Aujourd'hui, l'ensemble des financeurs a déjà fait un effort
08:22 depuis 2021 de l'ordre de 650 000 euros.
08:25 - Plus de 12% ?
08:26 - C'est plus de 650 000 euros,
08:28 c'est ce qui a été fait par l'ensemble des financeurs
08:29 depuis 2021 dans le budget du Grand Théâtre.
08:33 Donc aujourd'hui, demander à l'ensemble des financeurs
08:35 de remplir pour le même niveau de réinvestissement,
08:39 c'est conséquent.
08:40 Voilà, je veux que ce soit assez lisible pour tout le monde.
08:44 Ce ne sont pas des petites sommes,
08:45 c'est l'équivalent, si on est dans le domaine de la culture,
08:49 des subventions que la Ville de Tours,
08:51 elle verse annuellement au CCNT et au CCCOD,
08:55 pour donner un ordre de grandeur.
08:56 Donc ce n'est pas anecdotique.
08:58 - Est-ce que s'il y avait plus de représentations,
09:00 donc plus de travail pour vous, donc plus de billetterie,
09:04 est-ce qu'à un moment, tout cela serait un peu dans le tempo
09:08 et serait gagnant ?
09:09 C'est-à-dire on fait des spectacles.
09:10 Vous dites la billetterie génère du chiffre d'affaires.
09:13 - La billetterie génère du chiffre d'affaires.
09:15 Ce que je souhaiterais préciser, c'est que sur les 650 000 euros,
09:19 cet argent n'a pas été fléché vers l'orchestre.
09:21 Donc en fait, on se retrouve avec un orchestre
09:24 qui bataille depuis deux ans
09:26 et cette enveloppe ne lui est pas attribuée,
09:28 alors même qu'elle aurait pu, justement selon nos chiffrages,
09:32 servir à sa pérennisation.
09:33 Il y a quand même 100 000 euros qui ont été provisionnés
09:36 sur du budget artistique pour des frais de justice.
09:40 Donc on se demande quand même à ce stade,
09:42 quelle est l'ambition pour l'orchestre ?
09:44 Parce que là, on va vers l'explosion.
09:46 - Alors quand bien même 600 000 euros divisés par 5 tutelles,
09:51 est-ce qu'on ne peut pas remettre ça au centre de la table
09:54 et donc reporter ces scénarios de temps partiels imposés ?
09:58 Je repose la question officiellement de ces temps partiels imposés,
10:02 du report de ces entretiens, tant qu'on est dans cette optique.
10:05 - Alors je voudrais juste revenir sur ces temps partiels imposés,
10:08 parce qu'à aucun moment la Ville de Tours n'impose quoi que ce soit à ses agents.
10:12 On a des discussions avec eux, on a des propositions
10:14 et puis après la Ville de Tours, elle a aussi un besoin,
10:17 c'est une collectivité, elle établit un besoin pour un service public
10:19 et puis elle fait des offres d'emploi en fonction de ce besoin.
10:22 Et ce n'est pas l'agent qui définit le besoin de la collectivité,
10:25 c'est toujours dans notre sens que ça se passe,
10:26 pour tous les métiers de la collectivité.
10:28 Ce n'est pas l'agent qui définit son cadre d'emploi et son niveau de travail.
10:33 Donc nous n'imposerons rien, évidemment, il n'y a pas de notion d'imposer.
10:37 Chaque agent est libre ensuite de choisir ou pas telle ou telle modalité de contrat.
10:42 Par contre, il nous semblait important, comme je l'ai évoqué,
10:44 de les rencontrer, d'échanger avec eux individuellement
10:47 et il n'y aura pas de proposition ferme à l'issue de ces entretiens,
10:49 ce n'est pas du tout l'enjeu.
10:50 C'est simplement que chacun ait pu exprimer exactement son besoin
10:54 pour qu'on puisse construire un projet qui tient la route pour tout le monde
10:57 et pas, entre guillemets, seulement pour ceux qui aujourd'hui
11:00 sont dans une recherche de CDI à temps plein.
11:01 Ce n'est pas le cas de tous les musiciens.
11:03 – On a 30 secondes, que comptent faire les musiciens prochainement ?
11:06 Est-ce que certains décident peut-être de tourner le dos
11:09 et d'aller chercher du travail dans d'autres grands théâtres français ?
11:14 – J'aimerais bien qu'on m'explique quel est le choix
11:15 quand on nous propose des salaires à 1 500 euros bruts par mois,
11:19 en dessous du SMIC, qu'est-ce qu'on peut faire avec ça ?
11:22 Qu'est-ce qu'on peut accepter ou refuser ?
11:23 C'est juste l'explosion du collectif artistique en fait.
11:26 Et donc, tenir des entretiens dans ces conditions,
11:30 c'est juste mettre une pression sur le salarié.
11:32 Je tiens à préciser, ça fait deux ans qu'on travaille, qu'on fait des dossiers,
11:36 qu'on va voir les élus, qu'on essaye de sauver notre emploi.
11:39 Et encore une fois, ce n'est pas nous qui faisons le service public,
11:42 enfin qui décidons, mais est-ce que c'est normal que Tours et la région centre
11:46 soient sans orchestre à temps complet ?
11:47 Est-ce que c'est normal qu'on soit une zone blanche ?
11:49 Je ne pense pas.
11:50 – 30 secondes.
11:51 – Non, simplement pour dire qu'il n'y a pas deux orchestres
11:53 qui ont le même modèle de fonctionnement en France
11:55 et qu'on en a beaucoup étudié.
11:57 Moi, là où j'aimerais qu'on trouve un point de consensus,
11:59 c'est de travailler sur l'activité de l'orchestre,
12:02 redonner les moyens à l'orchestre d'avoir une programmation
12:04 qui soit attractive et qui rencontre à nouveau son public.
12:08 Le public est revenu à l'opéra, il faut surtout capitaliser là-dessus
12:11 et qu'on avance dans le bon sens.
12:13 – Très bien, merci beaucoup mesdames en tout cas d'être venues sur le plateau
12:17 pour revoir le grand tour.
12:18 Vous le savez, vous allez sur notre site internet ctvtours.fr
12:23 quant à moi, je vous retrouve la semaine prochaine,
12:24 même endroit, même heure, salut !
12:26 [Musique]