Pentagon Leaks : "Les révélations se succèdent jour après jour"
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Transcript
00:00 On va donc plus loin sur cette découverte "L'homme à l'origine des fuites".
00:04 C'est avec vous Bruno Zarrou. Bonjour Bruno.
00:06 Bonjour Elisabeth.
00:06 On avait un invité hier, notre invité du jour, qui nous disait
00:08 c'est à coup sur un russe ou un prorusse qui a fait fuiter ces documents classifiés.
00:14 Alors en tout cas, en substance, on est quand même loin du profil qui avait été dressé ces derniers jours.
00:19 Alors oui, effectivement, ce n'est pas un russe.
00:21 À première vue.
00:22 Voilà, ce n'est pas un russe, ça paraît clair.
00:25 On ne connaît pas tout sur l'identité de ce jeune homme qui était à priori dans la vingtaine.
00:31 Donc il est quand même jeune, amateur de jeux vidéo, vous l'avez dit.
00:35 Donc à priori, c'est un ressortissant américain.
00:37 Est-ce qu'il est prorusse ?
00:39 Ça, c'est une question à laquelle on ne peut pas répondre encore.
00:42 On connaît en tout cas ces tendances idéologiques quand même qui le classent,
00:46 on va dire, assez clairement à l'extrême droite de l'échiquier politique,
00:51 très amateur d'armes, tenant des propos racistes, très religieux.
00:57 Donc tout ça pourrait, je mets évidemment beaucoup de guillemets et trois conditionnels,
01:02 faire qu'il serait proche d'une certaine mouvance prorusse justement.
01:06 Mais pour l'instant, on ne peut pas l'affirmer.
01:09 Ce qui est quand même extrêmement étonnant, c'est que ce soit un journal, le Washington Post,
01:14 qui ait retrouvé la trace de ce jeune homme.
01:17 On a envie de dire là aussi que font les services de renseignement, que fait le FBI ?
01:22 Alors ils continuent l'enquête, mais au moment où on se parle,
01:24 en fait ce sont des connaissances de ce jeune homme qui est désigné par les initiales OG pour le moment,
01:32 qui parle, mais lui-même, pour l'instant, au moment où on se parle,
01:35 Élisabeth n'a toujours pas été arrêtée, interrogée par le FBI.
01:41 Alors même que visiblement, les deux personnes qui ont servi au Washington Post
01:46 pour faire sortir son scoop, car ça en est un,
01:49 savent visiblement qui c'est.
01:52 Donc ça déjà, c'est étonnant.
01:54 Je pense que dans les projeteurs...
01:55 On imagine qu'eux sont en train d'être interrogés au moment où on se parle.
01:57 Oui, eux je pense qu'ils sont en train d'être bien interrogés
01:59 et qu'on devrait connaître la véritable identité de ce jeune homme assez vite.
02:04 En tout cas, il y a toujours des questions sur, effectivement, son approche idéologique, ses motivations.
02:11 Pourquoi a-t-il fait ça ?
02:12 Bon, alors certes, il a, je ne sais pas, 20 ou 22 ou 23 ans.
02:16 Il travaille sur une base militaire et il se met de manière consciente,
02:21 puisque l'une des personnes interrogées par le Washington Post dit que c'est quelqu'un de très intelligent.
02:25 Donc, il savait ce qu'il faisait.
02:27 A faire fuiter quand même des documents ultra confidentiels
02:31 qui mettent en difficulté, évidemment, la sécurité des États-Unis,
02:35 qui prouvent aussi que les États-Unis espionnent.
02:38 Alors, on le savait, on s'en doutait,
02:40 mais là, quand même, c'est noir sur blanc, c'est sur la table.
02:43 Espionnent très largement, non seulement leurs ennemis, comme les Russes,
02:47 ça, ça ne surprendra personne,
02:49 mais aussi l'ONU, on va en reparler,
02:52 mais aussi leurs propres alliés, comme l'Égypte ou la Corée du Sud.
02:57 Donc, effectivement, tout ça fait très mauvais genre et extrêmement embarrassant
03:01 pour les autorités américaines,
03:02 surtout dans le contexte que nous connaissons actuellement de la guerre en Ukraine.
03:06 Surtout que les révélations ne sont pas terminées.
03:07 Ça continue chaque jour, divulgation au compte-gouttes.
03:10 Voilà, c'est un peu comme d'autres leaks qu'on a connus,
03:14 c'est-à-dire que les révélations se succèdent jour après jour.
03:19 Et visiblement, on n'est pas au bout de nos peines, si je puis dire.
03:22 Il y en aura d'autres.
03:23 Alors, aujourd'hui, on apprend plusieurs révélations.
03:28 On apprend d'abord que les États-Unis ont réussi à intercepter
03:31 une conversation entre le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres,
03:35 et l'un de ses principaux adjoints.
03:37 Qui parlait du renouvellement de l'accord céréalier
03:42 qui permet l'exportation de blé ukrainien
03:46 et aussi de blé et d'engrais russes à partir de la mer Noire.
03:50 Mais vous savez que les Russes ne savent pas s'ils vont renouveler
03:53 cet accord à partir du 18 mai.
03:56 Parce qu'ils estiment justement qu'ils ne peuvent pas vraiment exporter
03:59 leurs engrais à cause des sanctions qui frappent la Russie
04:04 concernant les établissements financiers,
04:06 le fait de livrer ce blé sur des bateaux.
04:09 Donc il faut que les bateaux acceptent.
04:11 Et comme la Russie est visée par beaucoup de sanctions,
04:13 c'est compliqué.
04:15 Et dans cette écoute, en quelque sorte, par les services américains,
04:19 eh bien, on apprend que Antonio Guterres
04:23 cherche à tout prix à faire sortir ces céréales.
04:27 Et donc, la conclusion qu'ont tient les services américains,
04:29 c'est qu'il est beaucoup trop conciliant avec les Russes.
04:32 On apprend aussi aujourd'hui qu'il y a des réunions
04:35 entre Vladimir Poutine, Yevgeny Prigojine,
04:38 Sergei Choygou, le ministre de la Défense,
04:39 qui ont été visiblement d'une manière ou d'une autre interceptés.
04:42 Et une réunion qui a eu lieu le 22 février,
04:45 où visiblement Vladimir Poutine a cherché à arbitrer la querelle
04:48 entre son ministre de la Défense et le leader de la Ministre Wagner,
04:51 au moment où ce dernier disait "je n'ai plus de munitions,
04:54 le ministère de la Défense ne veut plus me donner de munitions".
04:57 Comme par hasard, quelques jours après,
04:58 finalement, les munitions sont arrivées.
05:01 Et enfin, révélation aussi sur le fait qu'au sein de l'establishment russe,
05:07 il y aurait des luttes intestines assez importantes,
05:10 notamment cette fois-ci entre le FSB,
05:12 le service de renseignement russe, et le ministère de la Défense,
05:15 sur l'ampleur des pertes russes,
05:17 le FSB accusant le ministère russe de la Défense
05:20 de systématiquement sous-estimer ses morts.
05:24 Le ministère russe parlerait d'entre 5 et 6 000 morts,
05:27 alors que le FSB, lui, estimerait qu'il y aurait eu au moins
05:30 110 000 morts depuis le début de la guerre,
05:32 et que selon les Américains, cette fois-ci, ce serait encore plus élevé.
05:36 Donc vous voyez, des révélations à la fois intéressantes,
05:39 parce que ça prouve que les Américains ont beaucoup de renseignements,
05:43 mais évidemment, encore une fois,
05:44 le fait que ce soit répandu sur la place publique,
05:46 c'est absolument terrible.
05:47 Merci beaucoup, Bruno Darroux, pour le décryptage.
05:50 On aura sûrement l'occasion d'en reparler ici à la fin.