Pour acquérir un nouveau tableau, très lié à l'histoire de la ville, le musée des Beaux-Arts d'Orléans mise sur une opération de mécénat participatif, un choix qui a déjà été payant pour d'autres œuvres, explique la directrice du musée dans la nouvelle éco.
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00:00 Il est 7h18, Camille Penouard, c'est le retour de La Nouvelle Éco, c'est notre rendez-vous chaque matin consacré à l'actualité sociale et économique de notre région.
00:08 Le musée des Beaux-Arts d'Orléans lance un mécénat participatif pour acheter un tableau, Camille.
00:13 Il manque environ 12 000 euros pour que Bacchus enfant rejoigne les collections du musée Un Tableau de l'une des principales femmes peintres du 19ème, Julie Duvidal de Montferrier.
00:22 Un Tableau lié aussi par son histoire à Orléans. Bonjour Olivia Voisin.
00:26 Bonjour.
00:27 Vous êtes directrice de ce musée des Beaux-Arts d'Orléans, alors d'abord ce tableau, qu'est-ce qu'il représente pour Orléans ? Pourquoi c'est si important de l'acquérir ?
00:34 Alors quand Julie Duvidal de Montferrier expose ce tableau au Salon de 1822, immédiatement il va taper dans l'œil de Louis Philippe, qui n'est pas encore Louis Philippe mais encore duc d'Orléans,
00:43 et qui va tout de suite l'acquérir pour sa collection. Alors ça peut sembler être rien, mais acquérir le tableau d'une femme peintre, d'une jeune femme peintre,
00:50 qui en plus se revendique comme femme artiste peintre d'histoire. C'est quelque chose plutôt réservé aux hommes, les convenances ne permettent pas normalement de représenter certains sujets,
01:00 et elle va chercher salon après salon à s'imposer dans un genre qui est vraiment réservé aux hommes.
01:05 Et il va conserver ce tableau dans sa collection, il le publie même, il en est tellement fier au milieu de tous les plus grands maîtres du passé,
01:12 et en 1848, quand le Palais Royal va être incendié lors de la Révolution, il va sauver le tableau. Toute la collection va brûler, sauf ce tableau.
01:20 - Sauf celui-là, c'est le dernier. - C'est le dernier qu'il va sauver des flammes. Il va partir en exil avec, et en 1851, dans sa vente après décès, le tableau figure dans la liste,
01:29 et il va être racheté par l'artiste, qui ne s'appelle plus Julie Duvidal de Montferrier, mais Julie Hugo, puisqu'elle a épousé le frère de Victor Hugo.
01:36 - Ce tableau, il y a la grande histoire finalement ! - Et ça fonctionne, un mécénat participatif, pour acquérir ce type d'œuvre ?
01:43 - Alors, c'est un tableau qui a une histoire tellement liée à Orléans, puisqu'elle va le revendre derrière à François Marcil, qui est vraiment le grand collectionneur orléanais,
01:50 dont le fils va être le directeur du Musée des Beaux-Arts pendant 20 ans. Eh bien, c'est un tableau qu'on voulait partager avec le public.
01:57 Ce n'est pas la première fois qu'on lance un mécénat participatif. Les collections sont publiques, et souvent, le public a envie de s'investir dans cette constitution.
02:05 On peut être mécène dès 20 euros, et puis en plus, chaque don est déductible des impôts à 66%.
02:11 Quand on donne 50 euros, en réalité, on donne 17 euros. Quand on donne 100 euros, en réalité, on donne 34.
02:15 - Alors oui, mais est-ce que ça fonctionne ? Est-ce que les gens sont au rendez-vous ? C'est ça la question de famille !
02:18 - Ça se passe sur le site Eloasso, pour préciser. On peut le faire en ligne.
02:22 - Les amis des musées portent ce mécénat participatif, on peut le faire en ligne, on peut envoyer aussi un chèque aux amis.
02:28 Et le tableau a connu un engagement, comme on dit, très fort dès le départ, avec des moyennes de dons de plus de 300 euros, ce qui est rare.
02:36 Et tout de suite, c'est un tableau qui a plu. Et ça, en effet, un tableau qui, je trouve, fait qu'on se sent bien.
02:42 Il dégage quelque chose d'extrêmement serein, et c'est vraiment l'idée que je me fais de ce que doit être un musée.
02:46 - Et en parlant de tableaux exceptionnels, parce que le temps avance, et on a envie de l'aborder celui-là,
02:51 puisque part en restauration aujourd'hui le portrait de la princesse Marie d'Orléans, artiste aussi, acquis il y a un an.
02:57 Pourquoi il n'arrive que maintenant au musée ? On a hâte de le voir, ce tableau !
03:00 - C'est un tableau qui a été bloqué en Allemagne pendant assez longtemps pour des raisons de transport,
03:03 qui lui aussi avait fait l'objet d'un mécénat partiel de Oak Ridge, qui est une entreprise orléanaise.
03:08 Il montre des artistes principales de la même période. C'est un temps de lutte pour les femmes qui cherchent à s'imposer dans un monde d'hommes.
03:16 En plus, Marie d'Orléans est sculptrice, vraiment, métier d'homme par excellence.
03:20 Et elle va être, elle aussi, très liée à Orléans, puisque lorsque son corps va mourir très jeune, son corps va traverser la vie de l'Orléans,
03:26 les Orléanais vont montrer une ferveur particulière.
03:28 Louis-Philippe, qui est absolument dévasté en tant que père, va être très ému et offre à ce moment-là la Jeanne d'Arc en prière,
03:33 que nous connaissons tous, qui s'est toujours devant l'hôtel de ville d'Orléans.
03:37 - La boucle est bouclée et on pourra bientôt le voir, ce tableau, c'est promis, au musée des Beaux-Arts d'Orléans.
03:41 Merci beaucoup d'être venu en parler de ce matin, Olivier Moisin.
03:43 - Merci. - Merci beaucoup. Et puis on vous retrouve le week-end, aux côtés de Bruno Berthier aussi.
03:47 - On se retrouve dès samedi matin. - Mais voilà, entre 7h et 10h. Merci mesdames.