• l’année dernière
"Comment les activités humaines impactent la biodiversité. Conséquences et solutions."

LE COURT-MÉTRAGE

Three Seconds, de Spencer Sharp
USA | 2016 | 4’18’

LES INTERVENANTS

Yvan Bourgnon, Skipper, et président-fondateur de The SeaCleaners
Jean-Marc Fromentin, Docteur-chercheur à l’Ifremer, directeur-adjoint UMR MARBEC et co-président de l’évaluation de l’IPBES sur l’utilisation durable des espèces sauvages

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Transcription
00:00 [Musique]
00:14 Bonjour, bonjour à tous, bonjour à toutes.
00:17 C'est un plaisir de vous accueillir pour ce nouveau Ciné-débat
00:20 qui nous est proposé par la Direction du Développement Durable
00:24 et de la RSO de BPI France.
00:26 C'est un débat qui prend son contexte dans un événement très particulier
00:32 puisque c'est le Festival Cinéma4Change
00:35 qui a lieu du 11 au 16 avril au cinéma Le Grand Rex à Paris.
00:40 Toutes les informations sont à retrouver sur le site internet cinéma4change.org.
00:45 Aujourd'hui, on va parler avec mes deux invités de biodiversité,
00:49 alors plus spécifiquement de comment les activités humaines ont un impact sur cette biodiversité,
00:56 des conséquences délétères que ça peut avoir
00:59 et puis aussi sur une note un peu plus positive des solutions qu'on peut trouver
01:03 justement pour essayer d'enrayer ce fléau.
01:07 Alors pour en parler, j'accueille aujourd'hui avec moi Jean-Marc Cromantin,
01:10 chercheur en écologie marine. Bonjour.
01:13 Bonjour Marguerite, bonjour à tous.
01:16 Et nous aurons également avec nous pour ce débat
01:20 Yvan Bourgnon, navigateur et président fondateur de l'association The SeaCleaners.
01:24 Bonjour Yvan.
01:25 Bonjour tout le monde.
01:27 Alors, juste avant d'échanger avec vous deux sur cette question de l'érosion de la biodiversité,
01:33 je vous propose de découvrir un court métrage qui s'appelle 3 Seconds,
01:37 donc 3 secondes en français.
01:39 Ça dure un peu plus de 3 secondes, je vous rassure.
01:42 On regarde ça et on se retrouve juste après. Bon visionnage.
01:47 Fun fact,
01:49 Planet Earth est 4,5 milliards d'années.
01:52 La planète humaine, environ 140 000 ans.
01:55 Laissez-moi mettre ça en perspective.
01:57 Si vous condensez la durée de vie de la planète en 24 heures, c'est un jour complet,
02:02 alors nous avons été ici sur cette planète pour...
02:04 Drumroll s'il vous plaît.
02:06 3 secondes.
02:09 3 secondes.
02:11 Et regardez ce que nous avons fait.
02:13 Nous avons modestement nommé nous-mêmes les Homo Sapiens,
02:16 ce qui signifie "sage".
02:18 Mais est-ce que le homme est vraiment si sage ?
02:20 Smart, oui, et c'est bien d'être smart,
02:22 mais pas trop smart pour votre propre bien.
02:25 Oui, nous avons séparé l'atome.
02:28 Oui, nous avons construit des machines intelligentes qui naviguent dans l'univers en recherche de nouveaux mais,
02:32 en même temps, ces atomes que nous avons séparés ont créé la guerre nucléaire.
02:36 Dans notre mission d'explorer la galaxie,
02:38 nous avons rejeté et négligé la maison que nous avons ici maintenant.
02:41 Alors non, ça ne peut pas être de la sagesse.
02:44 La sagesse est différente.
02:46 En tant que l'intelligence parle, la sagesse écoute,
02:48 et nous avons volontairement couvert nos oreilles aux cris de la Mère Nature
02:51 et fermé nos yeux à tous les signes de son aide.
02:54 La sagesse sait que chaque action a une réaction équivalente et opposée,
02:58 alors si nous étions intelligents, nous n'en serions pas choqués
03:00 quand nous voyons des tempêtes plus fortes que jamais,
03:03 ou plus de pluies, des hurricanes et des feuilles de feu que jamais,
03:06 parce qu'il y a plus de pollution que jamais,
03:08 plus de carbone, plus de trois coutis que jamais.
03:11 À un rythme record, nous avons augmenté l'extinction des animaux
03:14 par 1000 fois le niveau normal.
03:16 Quelle défaite ! Dans les prochains 10 à 100 ans,
03:19 chaque personnage amoureux d'animaux et chaque livre d'enfants
03:22 est prévu d'extinction.
03:24 Les lions sont partis, les rhinos sont partis,
03:26 les tigres, les gorillas, les éléphants, les polarbears sont partis.
03:29 En 3 secondes,
03:31 les espèces qui ont été ici plus longtemps que nous seront partis à cause de nous.
03:35 En ces 3 secondes,
03:37 dans une existence plus courte que la vidéo de Vine,
03:40 nous avons transformé le cercle de la vie en notre propre porte-parole personnel.
03:44 Quelqu'un, n'importe qui, aidez-moi !
03:46 Nous avons été donné tellement,
03:47 la seule planète dans ce système solaire avec la vie.
03:49 Je veux dire, nous sommes un en un million.
03:51 Non, en fait, scientifiquement, nous sommes un en un million,
03:55 un trillion, un trillion, c'est un 1,
03:57 suivi de 33 zéros.
03:59 Et je ne veux pas être trop spirituel,
04:01 mais comment ne sommes-nous pas un miracle ?
04:03 Nous sommes parfaitement positionnés vers le soleil,
04:05 pour ne pas brûler,
04:06 mais pas trop loin,
04:07 pour ne pas devenir de l'ice.
04:09 Goldilocks l'a dit le mieux,
04:10 nous sommes juste bien.
04:12 Ce paradis,
04:13 où nous sommes donnés des médicaments des arbres,
04:15 pas de coïncidence,
04:16 mais parce que, comme la chanson dit,
04:18 nous sommes une famille.
04:19 Littéralement,
04:20 tout,
04:21 chaque espèce,
04:22 est connectée génétiquement,
04:23 de la fleur de soleil à la poisson de soleil.
04:25 Et c'est ce que nous devons reconnaître,
04:27 avant que ce soit trop tard,
04:29 parce que la vraie crise n'est pas de la réchauffement mondial,
04:31 ni de la destruction environnementale,
04:33 ni de l'agriculture animale,
04:34 c'est nous.
04:35 Ces problèmes sont des symptômes de nous,
04:37 des produits de nous,
04:38 notre réflexion intérieure.
04:40 La perte de connexion a créé cette misdirection.
04:42 Nous avons oublié que tout contribue
04:44 à la perfection de la nature maternelle.
04:46 Les entreprises nous gardent inconnus et déconnectés,
04:49 mais elles ont sous-estimé notre force.
04:51 Contraire aux croyances populaires,
04:53 des millions de gens se réveillent de leur sommeil,
04:55 en voyant notre maison être prise en garde sous nos pieds.
04:58 Nous ne pouvons pas permettre que notre histoire soit écrite par les mauvais,
05:00 les décevus et les légumes.
05:01 C'est notre devoir de protéger la nature maternelle
05:03 de ceux qui refusent de voir son beauté.
05:05 Vous m'appelez fou,
05:06 mais je crois qu'on a le droit de manger des aliments en sécurité,
05:09 avec des ingrédients que nous pouvons prononcer.
05:11 Bois de l'eau qui est propre,
05:12 rêvez des arbres,
05:13 respirez de l'air sans toxines.
05:15 Ce sont des droits naturaux,
05:16 pas des choses que l'on peut se bargainer pour au Congrès.
05:19 Ils veulent que vous vous sentez inpuissant,
05:21 mais il a été dit que quelque chose de si petit
05:23 comme le flottement d'une flotte de pomme
05:25 peut causer un typhoon,
05:26 à la moitié du monde.
05:27 Mais quand suffisamment de gens vont se réunir,
05:29 nous aussi, nous allons faire des vagues
05:30 et regarder le monde dans une nouvelle époque
05:32 remplie de l'amour et de la connexion,
05:34 la liberté pour tous sans oppression.
05:36 Mais c'est à vous,
05:37 oui, vous qui regardez cela derrière cette écran,
05:39 de faire l'effort,
05:40 parce que le temps est de l'essence
05:42 et seulement ensemble
05:43 pouvons-nous le faire
05:44 jusqu'au quatrième seconde.
05:46 Quatrième seconde.
05:48 Voilà, c'était donc le court-métrage américain
05:58 "Three Seconds" réalisé en 2016
06:01 et il avait reçu le prix de l'environnement
06:04 lors du 9e Festival Cinéma4Change.
06:07 Alors, je vais retrouver nos deux invités,
06:09 Jean-Marc Fromentin, je le disais rapidement,
06:11 vous êtes chercheur en écologie marine,
06:13 mais aussi co-président d'une évaluation
06:16 d'un groupe d'experts internationaux
06:19 qui portait sur l'utilisation des espèces sauvages,
06:22 l'utilisation durable des espèces sauvages,
06:24 on aura l'occasion d'en reparler,
06:26 et vous Yvan Bourgnon, de votre côté,
06:28 vous êtes skipper,
06:29 vous aviez remporté, si je ne me trompe pas,
06:31 la Transat Jacques d'Abre en double en 1997
06:34 et en 2014, vous avez donc fondé
06:36 l'association The SeaCleaners
06:38 qui, on va aussi en reparler,
06:40 collecte en fait des déchets plastiques
06:42 dans les océans
06:43 et fait aussi de la prévention sur terre.
06:46 Alors, on va peut-être commencer
06:48 par vos impressions après ce court métrage.
06:51 Yvan Bourgnon, qu'est-ce que vous en avez pensé ?
06:54 Moi, j'adore ce message, évidemment,
06:58 ce qui est juste un peu dur,
07:00 c'est que c'est beaucoup, énormément d'informations,
07:03 mais c'est la volonté du documentaire
07:06 de passer un maximum de messages en peu de temps,
07:09 mais voilà, ça a son effet, effectivement.
07:12 Après, il y a une nécessité absolue
07:15 d'être récurrent dans la sensibilisation,
07:17 d'être récurrent dans l'explication,
07:19 dans les messages.
07:20 C'est des messages qui sont très longs
07:22 à faire passer auprès des populations
07:24 et des entreprises,
07:25 donc il faut rentrer vraiment dans le détail,
07:27 dans la redondance,
07:29 mais voilà, on peut se servir, évidemment,
07:31 de documentaires comme ça
07:32 pour illustrer tout ça.
07:34 Oui, de votre côté, Jean-Marc Promentain ?
07:37 Oui, je trouvais ça extrêmement bien fait,
07:40 justement, c'est un peu comme un rap,
07:43 c'est fait…
07:44 Oui, c'est un flow, effectivement.
07:46 Oui, voilà, il y a un flow qui est vraiment…
07:49 ça colle bien,
07:50 parce que le message colle au flow,
07:52 et donc ils ont soigné la forme,
07:54 donc je pense que ça va très vite,
07:56 mais c'est fait exprès,
07:57 et je pense que les jeunes générations
07:58 captent sans aucun problème
07:59 la rapidité des messages.
08:01 Et ce que j'ai trouvé,
08:02 c'est malin d'avoir essayé,
08:03 de passer trois secondes,
08:04 d'essayer d'opposer, justement,
08:06 le temps extrêmement court
08:08 dans lequel l'homme intervient
08:10 pour, en quelque sorte,
08:11 mettre à mal la nature,
08:12 alors que la nature a mis
08:14 des milliards d'années pour se construire,
08:17 et le vivant a des centaines de millions d'années
08:19 pour se construire,
08:20 et on voit qu'en l'espace de très peu de temps,
08:22 on est capable de détruire cette construction
08:24 qui s'est bâtie sur des centaines de millions d'années.
08:27 Donc, cette opposition entre
08:29 la rapidité de la destruction
08:31 face à la lenteur de la construction,
08:33 ça met bien en perspective,
08:34 ça donne une dimension de vertige, un peu,
08:37 donc c'est bien rendu là-dessus.
08:38 Alors, ce qu'on met vraiment en lumière,
08:41 ce court métrage,
08:42 c'est évidemment l'impact des activités humaines
08:45 sur la planète,
08:47 et notamment la biodiversité
08:49 qui est le sujet qui nous intéresse aujourd'hui,
08:51 au point qu'aujourd'hui,
08:52 l'érosion de la biodiversité,
08:55 ça fait partie de ce qu'on appelle
08:57 les grandes limites planétaires.
08:59 Alors, Jean-Marc Fomentin,
09:00 est-ce que vous pourriez nous expliquer
09:02 ce qu'est une limite planétaire
09:03 et quels sont les trois, justement,
09:05 enfin les deux autres,
09:06 après l'érosion de la biodiversité ?
09:08 Oui, il y a trois grandes crises environnementales.
09:12 La première qui est la plus connue,
09:14 qui est bien sûr, c'est le changement climatique,
09:16 qui a été la première un peu médiatisée
09:18 avec la naissance du GIEC à la fin des années 80.
09:21 Après, il y a l'érosion de la biodiversité
09:23 qui commence à être médiatisée,
09:26 qui commence à être prise en conscience,
09:28 mais on voit bien que là,
09:29 à la fin de l'année dernière,
09:30 il y a eu la COP de la CBD,
09:32 la Convention pour la Biodiversité et la Biologie,
09:34 qui s'est tenue.
09:35 Et en même temps, il y avait le GIEC aussi.
09:37 On voit très bien que les médias ont relayé
09:39 beaucoup plus le GIEC et le changement climatique
09:41 plutôt que l'érosion de la biodiversité.
09:42 Donc, on sent qu'il y a encore des efforts
09:44 de médiatisation à faire sur l'érosion de la biodiversité.
09:47 Et la troisième grande crise environnementale,
09:49 c'est les pollutions diverses et variées.
09:52 On va en parler, je pense, avec Yvan, bien évidemment,
09:55 mais les pollutions plastiques,
09:56 mais les pollutions chimiques,
09:58 les diverses et variées,
10:01 qui polluent la Terre comme l'océan.
10:03 Et qui sont la troisième grande menace
10:06 et la troisième grande frontière.
10:08 Et le problème de cette crise environnementale,
10:11 c'est qu'elle met en péril
10:13 les grands services sur lesquels la biosphère est basée.
10:18 C'est-à-dire que la biosphère est basée
10:19 sur des grands cycles de l'eau,
10:20 les grands cycles biogéochimiques,
10:22 le cycle du carbone, etc.
10:25 Et ces grands cycles sont à l'heure actuelle menacés.
10:27 Et c'est toute l'humanité qui repose
10:30 elle-même sur ce qu'on appelle les services écosystémiques,
10:33 notamment les services de régulation,
10:34 les services de support,
10:35 sur lesquels une météo repose,
10:37 qui sont mis à mal à l'heure actuelle.
10:39 Et donc c'est tout le fonctionnement de la biosphère à terme
10:41 qui n'est pas durable.
10:43 Et si on continue sur la trajectoire actuelle,
10:45 on sait qu'on va dans le mur
10:46 et que malheureusement,
10:48 le fonctionnement de la biosphère va s'arrêter
10:51 et l'humanité avec.
10:53 Donc l'enjeu est là.
10:55 Et alors, quand on parle d'érosion de la biodiversité,
10:58 qu'est-ce qu'on entend exactement ?
11:01 Plusieurs choses.
11:02 C'est là qu'on voit un peu les limites du film qu'on a vu,
11:05 parce que l'illustration de l'érosion de la biodiversité,
11:08 c'est fait par les espèces emblématiques.
11:12 On retrouve le lion,
11:13 les grandes espèces de mammifères terrestres essentiellement.
11:16 Des fois, on parle des mammifères marins, mais assez peu.
11:18 Mais c'est tout le vivant.
11:20 Et donc, je ne sais pas si vous avez entendu parler,
11:22 mais par exemple, c'est les derniers rapports scientifiques
11:25 sur l'effondrement des insectes terrestres,
11:27 et notamment des insectes volants,
11:29 liés à une agriculture intensive qui emploie beaucoup de pesticides,
11:34 notamment, qui a un impact sur les oiseaux et sur toute la vie faune,
11:39 sur aussi la destruction des habitats,
11:42 qui vont avoir un impact énorme sur tout ce qu'on appelle les amphibiens.
11:45 Il faut savoir qu'à peu près,
11:47 c'est pas loin de 80% de l'abondance des espèces d'amphibiens.
11:53 Et il y a presque une cinquantaine, 40 à 50% des espèces d'amphibiens
11:56 qui sont menacées.
11:58 On retrouve 25% des espèces de mammifères qui sont menacées, etc.
12:01 Donc, on voit que c'est tous les groupes du vivant
12:03 qui sont touchés par cette érosion.
12:07 Et c'est l'abondance de ces espèces-là qui a décès,
12:10 ou quasiment toutes, sauf quelques espèces
12:12 qui ont bénéficié, elles, de l'essor humain
12:15 et qui trouvent une niche dans les villes
12:18 et dans l'environnement, l'écosystème humain.
12:24 Elles sont rares, mais il y en a quelques-unes.
12:26 Et puis, des espèces, carrément, qui disparaissent,
12:28 puisqu'on pense qu'il y a un tiers des espèces de requins et de rais
12:34 qui sont menacées, 25% des mammifères, comme je l'ai dit, etc.
12:37 Et on peut continuer la liste, il y en a beaucoup.
12:40 Donc, c'est vraiment, quand on parle d'érosion de la biodiversité,
12:42 ce qu'il faut garder en mémoire, c'est pas quelques espèces emblématiques,
12:45 c'est tout le vivant que porte l'oxygène qui est menacé.
12:49 Et alors vous, Yvan Bourgnon, au fil de vos navigations, de vos voyages,
12:54 vous avez été le témoin direct, justement, des menaces qui pèsent sur la biodiversité.
13:00 Oui, effectivement. Moi, la mer, c'était d'abord mon terrain de jeu,
13:05 c'était ma passion, je suis né sur un bateau, quasiment,
13:08 j'étais conçu sur la mer. Et donc, forcément,
13:11 toutes ces navigations avec mes parents et jeunes,
13:14 je les ai faites dans des conditions où je voyais pas de pollution,
13:18 où je voyais pas de plastique, je voyais pas de tout ça.
13:21 Et puis après, au fil des compétitions, en fait, j'ai commencé à heurter des containers
13:24 avec mon bateau de course, à faire un paire quasiment coulés,
13:27 à faire des flotteurs. Et puis, plus récemment, en faisant le tour du monde,
13:31 entre 2013 et 2015, je suis allé vraiment dans le cœur du cyclone, l'Asie du Sud-Est,
13:36 où là, j'ai longé les côtes de l'Indonésie, du Sri Lanka et des Maldives.
13:40 Et là, moi qui avais vu ces terres absolument magnifiques en début des années 80,
13:45 j'ai découvert là, avec le plastique, je navigue des semaines entières,
13:50 des mois entiers à bloquer dans les plastiques parfois,
13:53 et être obligé de les décoincer de mes dérives et mes gouvernants.
13:56 Et donc, voilà, du coup, je reviens un peu choqué, évidemment, de tout ça.
14:00 Je me rends compte que, voilà, c'est évidemment, en Europe, on voit pas trop ça,
14:04 même s'il y a encore beaucoup trop de déchets plastiques, notamment ramassés sur les plages.
14:08 Mais c'est là-bas, effectivement, qu'on prend la mesure de cette pollution.
14:13 Et donc, ça a été naturel pour moi, d'ailleurs, de m'engager à fond là-dessus.
14:18 Alors, Jean-Marc, on m'entend juste avant que vous parliez des services que la nature rend aux hommes.
14:24 Est-ce que vous pourriez nous donner un élément, un exemple concret, en fait,
14:28 de ce qu'est un service écosystémique, comme on les appelle ?
14:32 Maintenant, on a tendance à parler de la contribution de la nature aux hommes
14:37 pour éviter ce côté un peu anthropisé, centré sur l'homme, en quelque sorte,
14:43 par les services écosystémiques.
14:45 Ce qu'on appelle les services écosystémiques, c'est les fonctions de support.
14:48 Par exemple, c'est le cycle de l'eau.
14:50 C'est-à-dire que l'atmosphère, on va avoir tout le cycle de l'eau
14:54 qui va passer par le grand réservoir, bien sûr, c'est l'océan, l'évaporation,
14:58 qui va faire que la vapeur d'eau va se retrouver dans l'atmosphère.
15:02 Et cette vapeur d'eau va retomber sur la terre sous forme de puits
15:06 pour se retrouver capté dans les rivières, les fleuves et les sources souterraines
15:12 et qui vont approvisionner tout le vivant terrestre.
15:15 Et tout ce cycle de l'eau est extrêmement important parce qu'on comprend,
15:18 par ce cycle de l'eau, passe aussi le cycle des nutriments
15:22 dont les plantes ont besoin pour pousser.
15:24 Et sans plantes et sans algues, il n'y a pas de vie sur Terre
15:27 dont tous les animaux dépendent, nous les premiers.
15:29 Donc voilà, ça c'est un exemple de service écosystémique.
15:33 C'est par exemple le service rendu par le cycle de l'eau
15:37 qui va aussi passer par le nettoyage, en quelque sorte.
15:43 On va avoir tout un tas de micro-organismes, de bactéries, etc.
15:47 qui vont dégrader notamment certaines substances chimiques
15:50 que nous on rejette dans l'eau.
15:51 Et pour avoir une eau, par exemple, qui va être buvable.
15:56 D'accord, et ce sont ces micro-organismes potentiellement
15:59 qui peuvent être menacés et ne plus jouer leur rôle, si je me suis bien.
16:03 Absolument, parce que lorsqu'on emploie des pesticides,
16:08 tout un tas de substances chimiques, etc., on perturbe tout ce vivant
16:13 qu'on ne voit pas, parce qu'il est microscopique par définition,
16:16 mais qui peut changer.
16:18 Et donc du coup, on va avoir le problème du vivant,
16:21 c'est qu'il y a des systèmes d'équilibre très complexes
16:24 d'interactions entre espèces qui se jouent.
16:26 Et dès l'instant où, en quelque sorte, on casse ces systèmes
16:29 de relations entre espèces, on peut avoir des populations d'espèces
16:32 qui ne seront plus contrôlées et on va potentiellement avoir
16:37 des invasions, voire même des zoonoses et des pandémies
16:44 après qui peuvent aboutir à avoir des conséquences directement
16:47 sur l'homme, mais surtout des déséquilibres
16:49 dans le fonctionnement des écosystèmes.
16:51 C'est ça aussi qu'on ne voit pas quand on parle d'érosion
16:53 et d'inversité, on ne parle pas simplement des espèces,
16:55 mais on parle aussi de tout le fonctionnement des écosystèmes
16:58 qui sous-tendent l'ensemble de ce réseau de vivants.
17:01 Et ces écosystèmes, c'est des systèmes d'interaction
17:05 entre les plantes, les animaux, le sol, les nutriments, l'eau.
17:09 Et tout ça, c'est un équilibre qui s'est construit
17:14 sur les centaines de millions d'années, c'est ce que nous dit le film un peu.
17:17 Et lorsqu'on le perturbe de trop, ces équilibres se rompent,
17:20 se cassent, et dans ce cas-là, les relations,
17:23 les interactions entre le vivant peuvent se casser
17:26 et des espèces disparaîtrent et d'autres arriver.
17:29 Et ça ne peut pas être forcément au bénéfice pour l'humanité.
17:33 Souvent ça n'est pas.
17:35 Oui, alors ce qui est intéressant, c'est que vous êtes tous les deux,
17:39 chacun dans votre activité finalement, très proche des océans.
17:44 Et vous regrettiez il y a quelques instants, Jean-Marc,
17:47 que finalement, très souvent, et c'est ce que fait aussi le court-métrage,
17:51 on se focalise sur des espèces emblématiques qui sont très souvent
17:54 des mammifères plutôt terrestres.
17:57 En quoi les océans sont particulièrement importants
18:02 justement pour l'éclipse de la planète ?
18:05 Peut-être Yvan, si vous voulez commencer, et puis Jean-Marc répondre après.
18:08 Ce qui est intéressant, c'est de voir déjà que l'océan,
18:11 on ne s'en préoccupait pas trop il y a dix ans.
18:14 C'est vrai que même s'il y a quelques scientifiques qui commençaient à en parler,
18:17 on parlait surtout de la forêt et de l'Amazonie qu'il fallait préserver avant tout.
18:23 Et c'est vrai que c'est vraiment présent depuis pas si longtemps
18:27 dans les rapports du GIEC qu'on montre que le plus de carbone des océans
18:30 est même plus important que la forêt.
18:33 Et donc on découvre tout ça, en fait, même le grand public découvre tout ça assez récemment.
18:38 Finalement, c'est le deuxième grand poumon de la planète, l'océan.
18:42 Et c'est vrai que quand on perturbe ces océans, quand on les acidifie,
18:48 quand on perd aussi les fonctions principales de la régulation du climat,
18:54 et donc ces courants d'eau froide sont assez essentiels aujourd'hui,
18:59 puisque 50 % de nos émissions carbone sont absorbées par l'océan,
19:03 50 % de l'oxygène vient de l'océan.
19:05 Donc évidemment, quand on vient réchauffer tout ça, quand on vient acidifier tout ça,
19:10 on fait des dégâts considérables.
19:12 Je crois que si on avait supprimé les océans de la surface de la Terre depuis 1950,
19:18 il y aurait eu une élevée régression de la température de 30 degrés sur la planète.
19:22 C'est dire ô combien ces océans sont absolument essentiels pour notre sauvegarde.
19:28 Jean-Marc ?
19:31 Je pense qu'Yvan a donné deux chiffres qui sont vraiment, je pense, cruciaux.
19:35 C'est-à-dire que c'est de savoir que l'océan, c'est le principal réservoir de carbone sur la planète,
19:41 ce n'est pas sur la Terre, ça se passe dans l'océan, 50 % à peu près.
19:45 Et c'est lui qui va puiser, et c'est une pompe à carbone très importante.
19:49 Et dans le changement climatique, on pense que l'océan arrive à absorber plus du tiers
19:54 des émissions de CO2 émises par l'homme.
19:57 Donc du coup, ça reste, ce carbone va dans le fond, il est bloqué pour des milliers d'années.
20:05 Donc c'est extrêmement important.
20:07 C'est la source d'oxygène.
20:09 On pense que l'atmosphère terrestre telle qu'on la connaît à l'heure actuelle,
20:13 avec son fort pourcentage d'oxygène, vient des océans.
20:16 C'est-à-dire que c'est les océans qui ont permis de créer l'atmosphère qu'on connaît
20:19 et qui est fait que la plupart des animaux peuvent respirer.
20:23 Donc ça, ça nous rejoint, ça nous remet sur le film.
20:26 C'est-à-dire que ça s'est construit sur des centaines de milliers d'années.
20:29 Et c'est l'océan qui est à l'origine de tout ça.
20:31 Donc c'est fondamental, l'océan est fondamental.
20:34 Et c'est vrai qu'on en prend conscience.
20:36 Maintenant, il y a des groupes du GIEC qui sont centrés aussi sur les rapports de l'océan
20:42 et sur la philosphère, sur tout ce qui est des continents glacés,
20:45 pour essayer de comprendre cette dynamique.
20:47 Parce que dans les systèmes de régulation du climat, du cycle du carbone,
20:51 des nutriments et du cycle de l'eau, l'océan est plus crucial.
20:55 Très bien. Alors, ce que montre le court-métrage,
20:58 c'est effectivement la responsabilité de l'être humain dans l'érosion de cette biodiversité.
21:04 Yvan Bourgnon, vous avez commencé à en parler quand vous avez pris conscience
21:08 notamment des déchets plastiques qui étaient rejetés.
21:11 D'où ils viennent, ces déchets-là ?
21:14 Donc, oui, ces plastiques proviennent en fait pas tellement de l'activité industrielle.
21:20 Ce n'est pas le plastique des voitures qui est très utile pour alléger les voitures.
21:23 Ce n'est pas le plastique des hôpitaux qui est très utile pour notre santé.
21:26 C'est vraiment le plastique de la société de consommation courante, des supermarchés.
21:30 C'est celui-là en fait qui est responsable.
21:33 Si on enlevait tous les sacs plastiques et toutes les bouteilles d'eau plastique
21:36 de la surface de la planète, on enlèverait 40% de la pollution des plastiques
21:39 dans les océans. Donc, on voit combien il faut s'acharner à faire en sorte
21:44 que les consommateurs suppriment les plastiques de leur qualité.
21:47 Ça, c'est un combat essentiel évidemment.
21:49 Donc, on a besoin de parler à tout le monde, au grand public, aux entreprises,
21:55 à ceux qui fabriquent aussi ces produits, à faire en sorte qu'on favorise le vrac,
21:58 le carton, le verre, même, qui est parfois intéressant.
22:01 Et puis, on dit souvent que le meilleur des plastiques, c'est celui qu'on ne consomme pas.
22:04 En ce moment, on doit réapparaître beaucoup de plastique biodégradable,
22:08 qui est absolument insupportable parce qu'effectivement, il y a très peu de gens
22:12 qui ont encore des composts. Donc, c'est bien qu'on les termine dans un compost.
22:15 Mais comme 80% des gens n'ont pas de compost, ce plastique va malgré tout,
22:20 il ne se décompose pas dans l'océan. Et ce n'est pas un compost,
22:23 donc il va mettre quand même 500 ans à se régénérer.
22:27 Et donc, du coup, voilà, effectivement, il y a un combat énorme.
22:32 Et il faut bien comprendre que cette pollution, elle est surtout en Asie sud-ouest actuellement,
22:37 de plus en plus en Afrique, en Amérique du Sud.
22:40 Donc, il y a un besoin énorme d'aller déployer des solutions de sensibilisation,
22:45 des missions scientifiques et des missions de collecte dans ces pays-là.
22:49 Et pour ça, on a besoin d'aide, évidemment, des pays comme l'Europe pour pouvoir le faire.
22:55 Alors, la pollution plastique, c'est une chose. Jean-Marc Promentin,
22:59 quelles sont les autres activités humaines qui participent le plus à l'érosion de la biodiversité ?
23:08 Alors, ça, ça a été bien étudié par l'IBEJ, justement, qui a fait un rapport qui a été publié il y a trois ans,
23:15 à peu près, trois, quatre ans, en 2019, à Paris, justement, pour essayer d'évaluer un petit peu
23:20 quels étaient les principaux facteurs de dégradation et de l'érosion de la biodiversité.
23:24 Au premier rang desquels arrive la dégradation de l'environnement, en quelque sorte, direct,
23:32 c'est-à-dire du support des espaces naturels, qu'ils soient terrestres ou qu'ils soient marins.
23:36 En marin, par exemple, l'un des espaces, ce qu'on connaît bien, c'est l'assèchement des zones marécageuses
23:43 et des zones humides. On pense qu'il y a à peu près 85% des zones humides qui ont disparu au cours du 20e siècle.
23:49 Or, c'est des zones qui sont pareilles, ce sont des pièges à carbone aussi,
23:53 qui sont extrêmement importantes, bien plus importantes, par exemple, au niveau des pièges à carbone,
23:59 qu'une forêt tropicale, comme l'Amazonie. Donc, c'est des choses qui sont importantes.
24:04 Les mangroves dans les zones tropicales, qui sont les principales barrières contre les cyclones,
24:12 les tempêtes, les tsunamis, c'est pareil, sont retirées. Il y a plus de 50% qui ont été détruites de la même façon.
24:22 Et ça expose justement les îles, notamment, qui ont pu dépourvir de mangroves.
24:29 C'est l'érosion terrestre, etc. Et après, de là, la disparition des coraux,
24:36 comme on peut voir dans certains endroits, comme dans les Antilles ou vers Madagascar.
24:40 Donc, ça, c'est le premier, vraiment le premier élément.
24:46 Le deuxième, c'est l'exploitation directe de l'homme sur les espèces sauvages.
24:50 Je pense qu'on ne se rend pas compte, parce qu'au 21e siècle, on pense que de toute façon,
24:55 on est complètement, en quelque sorte, indépendant de la nature.
24:59 On y reviendra après, je pense que c'est vraiment celle qu'il faut revenir sur.
25:02 L'homme dépend encore, on est dans la nature, on est un des éléments de la nature,
25:06 et on en dépend énormément. On utilise encore toujours plus de 50 000 espèces sauvages,
25:12 pour différents usages. Pas que l'on pense qu'on en utilise à peu près plus de 10 000 juste pour la nourriture,
25:17 mais après, c'est pour l'énergie, pour la médecine, pour l'éducation, pour tout un tas d'usages,
25:23 pour le matériel, pour la construction, des choses comme ça.
25:26 On utilise encore pas mal d'espèces sauvages, et souvent on en surutilise,
25:29 et on a pas mal de cas de surexploitation et de déclin d'espèces, voire de disparition d'espèces,
25:34 qui sont liées à la surpêche, à une chasse trop intensive, ce genre de choses.
25:40 Ça, c'est le deuxième élément. Le troisième élément, c'est le changement climatique.
25:45 Le changement climatique, qui est lié directement aux activités industrielles humaines,
25:52 change beaucoup, impacte beaucoup la dynamique des espèces, leur distribution,
25:58 et en fond, disparaît pas mal. Et la zone tropicale est la zone la plus touchée.
26:02 Le quatrième point, c'est les pollutions. On en a parlé. Pollutions diverses et variées.
26:07 On a parlé déjà de l'impact des pesticides, par exemple, directement,
26:11 en utilisant la culture sur les insectes et sur les oiseaux en milieu terrestre.
26:16 Et le dernier élément, c'est les espèces invasives, qui sont liées à l'augmentation du commerce mondial
26:22 et des échanges mondiaux, et qui font qu'on importe des espèces qui vont éradiquer des espèces natives,
26:28 dans certaines parties.
26:30 D'accord. Alors, là, on a fait un peu le constat qui est assez terrible sur l'érosion de la biodiversité,
26:37 et puis vient forcément le moment de parler de solutions.
26:41 Yvan Bourgnon, je le disais, vous avez cofondé, vous prédisez l'association de SeaCleaners en 2016.
26:49 Est-ce que vous pourriez nous expliquer un petit peu les actions, justement, que vous faites avec cette association ?
26:55 En fait, assez rapidement, j'ai rendu compte sur SeaCleaners qu'il fallait, évidemment, mettre le paquet
27:03 sur la sensibilisation et éduquer le plus grand nombre de personnes, mais j'ai rendu compte que ça allait être
27:09 totalement insuffisant. Donc, on a l'impression qu'en Europe, on a fait un déjà des mains depuis les années 80,
27:15 et on a pu de plus en plus sensibiliser sur le sujet, mais on ne prend pas compte qu'il y a des pays,
27:21 le Bangladesh, ou plein de pays, qui ont été détruits, où l'éducation, la sensibilisation, va prendre 10 ans parfois,
27:27 50 ans parfois, peut-être deux siècles dans certains endroits.
27:30 Ça va prendre énormément de temps, et en fait, on est dans l'urgence.
27:34 Quand on parle des plastiques de l'océan, dans le dernier rapport des Américains, on parle de 3,4 millions de plastiques
27:41 de l'océan en 2040, c'est demain 2040. C'est une urgence absolue. On consomme de plus en plus de plastiques.
27:49 On passe de 8 à 10 milliards de tonnes. Tous ces chiffres, en fait, font que ce que que,
27:54 et qui ne sont exponentiels, ne sont que explosés. Et donc, nous, le point d'avis de ça, c'est de dire,
28:00 ce n'est pas suffisant de sensibiliser. Il faut mettre un paquet d'assumés, mais il faut aussi collecter.
28:05 Quand vous avez toutes les nouvelles à Paris, vous ne vous posez pas la question de savoir si la nature
28:09 va faire bien les choses. Voilà, vous déployez des moyens collectables pour aller collecter ces déchets
28:15 qui sont devant les gens. Et de la même manière, on dit, il n'y a pas le choix, en fait.
28:20 On a cette opportunité que 80% des plastiques proviennent de la terre et donc arrivent par les cours d'eau,
28:26 essentiellement par les fleuves. Et donc, on voit, moi qui ai été voyager, qui ai été dans les fleuves du Java,
28:33 de l'Asie sud-est du Vietnam et autres, on voit que les essuieurs des grands fleuves, c'est une opportunité importante
28:39 de collecter ces plastiques avant justement de partir en 37e continent. Parce qu'après, c'est trop tard.
28:45 Après, ça se décompose en particules de plastique et après, c'est décimé en surface, entre deux eaux,
28:51 et on ne peut plus rien faire. Donc, on peut intervenir, tant qu'il n'est pas trop tard, en amont,
28:56 et collecter le plus d'amont possible, si possible. Mais voilà, on ne peut pas fermer les rivières,
29:02 il y a du trafic maritime, mais on peut aller avec des bateaux qui sont assez efficaces.
29:07 Et nous, on s'est rendu compte qu'avec les bateaux qu'on avait inventés depuis 5 ans, plus petits ou plus grands,
29:12 on a 3 types de bateaux, le Mugulapit, le Zis et le Mangas.
29:16 Si on collecte ces bateaux, avec 5000 petits bateaux et 500 en plus tard, globalement, on arrive à collecter
29:26 les fameux 80% de plastique qui se pote au début de leur dérive, et donc avoir une action très efficace.
29:32 Et ça peut paraître très impressionnant de faire 5500 bateaux, mais 5500 bateaux, ça se construit en 2 ans,
29:39 ça ne coûte pas plus que 3 milliards, et puis c'est des bateaux qui sont en gère pendant un demi-siècle.
29:43 Et donc, en fait, c'est tout à fait pertinent de le faire. Mais aujourd'hui, la communauté internationale n'est pas prête à ça.
29:50 Cet abruti de Macron, il a été capable de dire, l'année dernière, qu'au Congrès mondial de la biodiversité à Marseille,
29:56 que ça ne servait à rien d'aller collecter les petits plastiques en mer. Donc, quand on a un gars comme ça
30:00 qui annonce des messages comme ça, évidemment, ça met des freins majeurs dans l'avancement de ces dispositifs.
30:08 Et si je ne me trompe pas, votre projet phare, le Manta, c'est une mise à l'eau en 2025, c'est ça ?
30:17 Alors nous, on a déjà mis à l'eau les petits bateaux, notamment le PAPU-TAR qui a abatti il y a quelques jours.
30:24 Et en fait, on est en phase finale d'études sur le Manta, qui fait 60 mètres de long, qui est le bateau le plus grand de la flotte,
30:32 et qui lui, est en appel d'homme de Chantey-Naval, et la construction pourra démarrer si on termine le financement en 2024,
30:40 pour être mis à l'eau en 2026, et donc on pourra commencer à collecter par 2026.
30:46 Le but, c'est vraiment d'arriver avec la preuve, par exemple, du grand narratif qu'au bout d'une année ou deux de collecte.
30:52 On montrera qu'un Manta, ça collecte 10 000 tonnes de plastique par an, ça embarque 10 scientifiques 250 jours par an
31:00 pour caractériser et localiser ces plastiques, que ça 100 000, 100 000, 100 000 personnes par an.
31:06 On verra tout l'intérêt de s'acquérir ces solutions.
31:11 Et puis, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le concret, c'est bien de parler, c'est bien de passer les messages,
31:16 mais il n'y a rien de plus efficace que d'aller faire des collectes déchets sur les plages, et de collecter, passer à l'action.
31:21 C'est des messages très forts qu'il faut passer à la population pour leur donner envie de changer de comportement.
31:28 Alors Jean-Marc Fromentin, de votre côté, je le disais au début, vous avez co-présidé une évaluation sur l'exploitation durable des espèces mondiales.
31:37 Et donc, on devine qu'il y a quelque chose de positif puisque c'est durable.
31:41 C'est quoi l'exploitation durable des espèces ?
31:45 L'exploitation durable des espèces, c'est justement une relation où on tire bénéfice, en quelque sorte, pour le bien de l'humanité,
31:55 pour le bien-être humain, des autres espèces sauvages, sans pour autant menacer ces autres espèces sauvages dans leur cycle de vie.
32:05 Que ce soit de ne pas les diminuer à des niveaux d'abondance trop bas, et encore moins de les faire disparaître.
32:14 Donc, on sait faire. C'est ça qui est important.
32:18 On a appris quand même par les phases de surexploitation diverses et variées.
32:25 Par exemple, il y a eu des questions de surpêche qui étaient amenées sur le haut de la pile de la communauté internationale au début, dans les années 90, dans les années 2000,
32:33 parce qu'on avait des problèmes de surpêche de quasiment le plus grand nombre de stocks dans tous les océans mondiaux.
32:40 Il y avait urgence. On a appris à améliorer ce problème de surpêche.
32:46 On a réussi à reconstituer des stocks qui étaient surexploités. Malheureusement, d'autres non.
32:51 Sur certaines espèces, la surexploitation dure toujours, mais on sait faire. On peut faire et on sait faire.
32:58 Donc, ce qui manque à l'heure actuelle, c'est un peu ce que disait Yvan.
33:01 C'est-à-dire que c'est un peu toujours comme si on était en première, en quelque sorte,
33:05 on passait la deuxième et la troisième pour aller un petit peu plus vite et mettre un petit peu ces solutions qu'on connaît.
33:11 Il y a plein de rapports, justement le rapport que vous avez cité, où on cite, je ne vais pas les citer là parce que ça va être un peu rébarbatif,
33:17 mais on cite cette mesure clé qu'il faut adopter mondialement pour pouvoir passer de systèmes qui ne sont pas durables
33:25 à des systèmes d'exploitation qui deviennent durables et qui ne mettent pas en danger le vivant des autres espèces,
33:32 et de passer ça de manière systématique. Mais ça implique des changements qui ne sont pas que des changements de comportement.
33:40 C'est très important, Yvan en a parlé, mais c'est des changements dans toute la société.
33:45 C'est-à-dire que ça va au-delà de ça. C'est-à-dire qu'il faut remettre en question nos systèmes de production pour les orienter différemment.
33:51 L'agriculture intensive, si on la continue telle qu'on la continue à l'heure actuelle, on va continuer à détruire le vivant, détruire les insectes, etc.
33:58 Donc il faut passer à un autre type d'agriculture. C'est pareil pour l'exploitation des poissons, etc.
34:05 Donc il y a tout ça à remettre en cause. Ça veut dire que ça remet en cause le système de production lui-même,
34:10 en cause le système de production humain, tout son système industriel, pour qu'on dégage moins de CO2, bien évidemment,
34:15 pour qu'on ait moins d'impact négatif sur le vivant en général. Et c'est la moindre production de plastique.
34:24 C'est évident qu'il faut les collecter, mais il faut qu'on en produise moins. Et quand on en produit, il faut avoir des cycles courts pour pouvoir les recycler ou pour pouvoir les détruire.
34:33 Donc c'est tout ça. Et ça, ça implique d'avoir des changements assez drastiques et rapides. Sinon, ça ne va pas fonctionner.
34:42 En parlant justement de cette production, vous, Yvan Bourgnon, vous en appelez aux entreprises à changer leur pratique,
34:51 notamment celle de l'agroalimentaire qui produit énormément de déchets plastiques.
34:56 Et on parlait beaucoup de l'Asie du Sud-Est avec vous, qui, pour ces pays-là, emballent encore énormément, notamment l'eau et tout ça.
35:04 Ça, c'est aussi un sujet où vous lancez vraiment un appel aux entreprises à s'impliquer sur cette production de plastique.
35:12 Oui, je pense qu'il y a un phénomène absolument désastreux en ce moment, c'est le mot "gain-washing".
35:18 C'est-à-dire qu'en fait, on fait peur aujourd'hui aux entreprises qui s'engagent et à chaque fois qu'elles ont envie de faire quelque chose,
35:27 elles se font taper sur les doigts. Et donc, il y a des organismes qui sont responsables de ça, il y a du grand public, etc.
35:34 Mais en tout cas, moi, je vois que les entreprises, pour arrêter de leur taper le cul, il faut les accompagner.
35:39 Nous, on a 72 maisons chez nous. Il y a des gars qui ne polluent pas, il y en a qui polluent beaucoup.
35:44 Mais c'est sûr qu'ils se cassent tous le cul à essayer de trouver des solutions.
35:48 Et ceux qui se bougent fort, ils se portent de chez nous naturellement au bout d'un an ou deux.
35:52 Donc, nous, moi, c'est ça qui m'intéresse, c'est de voir effectivement, comme je l'explique, c'est de voir les systèmes de production évoluer.
35:59 C'est de voir qu'on va en temps, il y a des choses qui vont prendre du temps. C'est malheureux, c'est vrai qu'on est dans l'urgence.
36:04 Mais en tout cas, il faut que ça puisse vraiment transformer les modèles de production.
36:10 Et puis, à un moment donné, vous aussi, vous êtes dans la compensation et dans l'action.
36:15 Et ce qu'on met en ce moment pour ça, ce sont les ONG en général.
36:19 C'est des ONG qui font un travail exceptionnel, notamment pour les océans, que ce soit sur la surface, sur le plastique et d'autres sujets.
36:26 Et ces moyens qu'on donne aujourd'hui aux ONG est absolument dérisoire.
36:31 Aujourd'hui, en France, on dispose, le budget d'entreprise, c'est 220 millions d'euros.
36:37 Qu'est-ce que vous voulez que toutes ces ONG fassent avec 220 millions d'euros ?
36:41 Ce n'est pas 220 millions d'euros qui leur faut, c'est 220 milliards d'euros.
36:46 Malheureusement, on ne peut même pas parler d'argent, mais aujourd'hui, c'est ça qui est un vrai problème.
36:51 Les seules entreprises qui ont eu le courage cette année d'annoncer qu'ils allaient verser 15% de leurs bénéfices pour leurs services RSE, c'est la Maillif et le Crédit Mutuel.
37:01 Mais toutes les entreprises françaises et mondiales devraient annoncer ça.
37:07 Et 15%, ce n'est rien du tout.
37:09 Quand en plus elles ont 60% de déduction fiscale, ça veut dire qu'elles donnent 6%.
37:14 Déjà, c'est des super héros.
37:17 Et donc, moi, j'attends des entreprises qui disent "moi, je vais donner 50% de mon bénéfice pour ces programmes majeurs parce qu'il y en a besoin dans les 30 prochaines années".
37:28 Et là, effectivement, il y a beaucoup à faire parce qu'il y a encore des entreprises qui ne sont pas du tout au rendez-vous là dessus.
37:35 Et il y a aussi, vous le disiez, un manque de volonté politique.
37:40 Et une volonté politique pour encourager également ces entreprises à sauter ce pas-là.
37:46 Vous l'avez vu, le budget de l'État a été annoncé avec 13 milliards d'études à l'environnement et à l'écologie au mois de novembre.
37:57 Ils ont purement et simplement supprimé la totalité de ce budget-là.
38:00 Donc, c'est ça le problème de l'État.
38:02 En fait, il faut bien imaginer que l'État n'a pas d'argent pour ça.
38:04 Donc oui, il faut les encourager à faire des lois et arrêter de faire des lois juste pour la sécurité.
38:10 Pour un moment donné, il faut faire sortir des lois cohérentes sur les pollutions, sur le recyclage, sur tout ce qu'on peut faire.
38:18 Il y a des milliers de lois à sortir là-dessus, je peux vous garantir.
38:20 Et les entreprises doivent tenir leur rôle aussi, et notamment financier.
38:26 Ce n'est pas simplement que de changer leur modèle.
38:28 Évidemment qu'elles doivent changer de modèle, évidemment qu'elles doivent produire mieux.
38:31 Mais à un moment donné, quand elles sont sur leur trajectoire carbone, elles doivent aider aussi.
38:38 Elles doivent aider les entreprises d'émissions, elles doivent aider l'intérêt général,
38:41 elles doivent aider la planète et donc elles doivent aider les supports qui existent pour ça.
38:46 Je vous en remercie.
38:48 Allez-y, allez-y.
38:50 J'allais revendiquer un peu là-dessus.
38:52 Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit Yvan.
38:54 Et à côté de ça, je rajouterais le fait qu'il faut que l'État puisse aider, accompagner les initiatives locales.
39:03 Et ça, on a pas mal d'initiatives locales qui montrent qu'à un moment donné, ces initiatives locales peuvent aider à renverser la vapeur.
39:11 Il y a plein d'exemples sur des petites pêcheries artisanales où finalement on était dans des situations…
39:16 Je pense par exemple à la pêcherie du pirarucu en Amazonie.
39:20 C'est un énorme poisson qui fait plus de 2 mètres.
39:23 C'est un poisson phare de l'Amazon.
39:25 C'était surpêché.
39:27 Le gouvernement du Brésil avait essayé de mettre en place des systèmes de régulation.
39:31 Ça ne marchait pas.
39:32 Il n'y avait pas de contrôle.
39:33 Il y avait de la contrebande.
39:34 Bref, c'était un cauchemar, le cauchemar qu'on connaît dans plein de systèmes pêche, chasse, etc.
39:39 Et c'est une communauté autochtone, du Minerao, je crois, qui a décidé de reprendre en main cette situation juste sur son petit territoire.
39:51 Et à ce moment-là, elle a eu besoin, en quelque sorte, que le gouvernement fédéral brésilien l'encourage et puisse lui donner un certain nombre d'autorisations.
39:58 Ce que le gouvernement brésilien a fait, ça a été un petit peu difficile, mais il l'a fait.
40:03 Ils ont pu mettre en place un système communautaire avec les pêcheurs, où les pêcheurs avaient des droits de pêche, mais aussi des droits de police, etc.
40:11 Ils mettaient un système de gestion en place, etc.
40:14 Ils ont fait appel à des scientifiques pour avoir un peu d'informations supplémentaires.
40:18 Et cette communauté gérait cette pêcherie.
40:20 Donc, c'était vraiment le gérer au niveau local.
40:24 Et c'est un système qui a fonctionné.
40:26 On est passé d'un système de surpêche à un système où l'espèce n'est plus surpêchée.
40:33 Ils ont augmenté leur capture.
40:34 La population de poissons a été multipliée par 10.
40:37 Et ça a été un tel succès que sur les dix dernières années, ça a été étendu à une centaine de communautés, surtout autour du Brésil, et aussi sur l'Amazonie péruvienne.
40:49 Donc, on voit qu'à un moment donné, c'est simplement avec une volonté locale très forte,
40:56 qui peut être un moment, qui a un moment besoin d'être relayé par l'État ou par un système fédéral,
41:01 peut arriver à renverser la vapeur.
41:03 Et ça, c'est extrêmement important.
41:04 Donc, l'action locale, je pense, est fondamentale.
41:07 Ça rejoint un peu ce que vous disiez tout à l'heure, où vous avez commencé à esquisser la réflexion de notre rapport à la nature.
41:15 Et quand on prend les choses au niveau local, on se dit justement qu'on a plus de chances de se sentir plus connecté à la nature
41:25 et de sentir qu'on est vraiment dans la nature et pas un être vivant qui serait en dehors et qui ne ferait que l'exploiter.
41:32 Oui, et c'est vrai que nos modes de vie, notamment dans le monde occidental, ne nous aident pas là-dessus,
41:40 parce qu'on s'est un peu coupé de la nature, mais en même temps, on s'est aperçu avec le confinement
41:46 que d'avoir cette couture systématique longtemps et imposée, ça nous créait un certain problème.
41:52 On a besoin justement d'avoir ce contact.
41:55 Et c'est vrai que c'est des philosophes, un anthropologue, notamment je pense à Philippe Descola,
42:02 qui ont étudié pas mal cette notion entre l'humanité et la nature.
42:07 Et on a cette tradition judéo-chrétienne qui a eu tendance à séparer l'homme de la nature
42:13 et dire que finalement la nature était dans les mains de l'homme pour l'exploiter.
42:18 Et ce sentiment a fait qu'on a une relation un peu complètement asymétrique,
42:23 l'homme exploite la nature sans se rendre compte forcément qu'il est en train de saper
42:29 les propres fondements sur lesquels toute sa culture et son économie est basée.
42:34 Alors qu'on a d'autres sociétés, et la science nous dit la même chose d'ailleurs,
42:38 d'autres sociétés où l'homme est plus imbriqué dans la nature, il fait partie de la nature elle-même,
42:44 et où là les relations avec la nature sont beaucoup plus équilibrées.
42:47 Et ça on a pas mal d'exemples de peuples autochtones ou de communautés locales
42:51 qui ont des rapports à la nature beaucoup plus entremêlés, liés,
42:56 et qui font que finalement dans ces sociétés-là, en général, la nature s'érode beaucoup moins,
43:02 il y a beaucoup moins de forte érosion de la nature, des animaux, de la biodiversité,
43:06 parce que justement il y a une relation beaucoup plus respectueuse, plus attentive,
43:11 et moins destructrice.
43:13 Et donc là il y a vraiment un changement de paradigme à avoir,
43:18 il faut qu'on arrête ce dualisme, humanité-nature,
43:23 il faut qu'on arrive à quelque chose où on replace l'homme dans l'écosystème,
43:28 dans la nature, un citoyen comme les autres, comme les autres êtres vivants.
43:32 Et ça Darwin nous l'a dit depuis le milieu du XIXe siècle,
43:35 l'écologie et la science nous l'a dit aussi.
43:37 Donc c'est pas simplement une question de philosophie, de retour à la nature,
43:40 c'est aussi une question scientifique.
43:42 On sait que l'homme fait partie de la nature, il n'est pas un part.
43:45 Et alors si on devait concentrer ses efforts aujourd'hui sur quelque chose en particulier,
43:53 pour justement enrayer l'espèce de pente dans laquelle on est,
44:02 et qui n'est pas favorable à la biodiversité,
44:05 est-ce qu'il y a un domaine où il faudrait concentrer ses efforts de façon très concrète ?
44:10 Parce que j'ai bien compris qu'il y avait toute cette idée de se reconnecter à la nature,
44:15 et de changer nos systèmes de production,
44:17 mais très concrètement sur quoi il faut concentrer les efforts aujourd'hui ?
44:22 C'est clair au niveau politique, c'est-à-dire que c'est quand même les décideurs,
44:27 malheureusement c'est pas nous qui faisons le système,
44:29 mais c'est quand même les décideurs de tout le monde qui sont les preneurs,
44:32 et qui embarquent les gens.
44:35 Donc c'est sûr qu'aujourd'hui, moi qui ai embarqué 500 chèvres d'entreprise en 5 ans,
44:41 j'en ai peut-être rencontré 2-3,
44:43 qui avaient cette vision, qui avaient cet enlevant,
44:45 qui avaient envie de dire "mon entreprise, je vais m'embarquer là-dedans,
44:49 je veux plus que ce soit juste une entreprise, des gens qui sont bien payés,
44:52 et qui ont pas du tout de la récréation,
44:54 je veux les embarquer dans cette aventure,
44:56 dire "putain, on fait quelque chose d'utile pour la société".
45:00 En France, il n'y a que 10-20% des gens qui pensent qu'il faut quelque chose
45:05 dans leur travail pour la société,
45:07 que ce soit 95% de moi.
45:10 Donc c'est sûr que les dirigeants d'entreprises, de politiques,
45:14 ils doivent pouvoir porter ça dans ses traits,
45:17 et oui, il y a des problèmes d'outils,
45:19 il y a le pouvoir d'achat, il y a la sécurité de l'achat,
45:21 mais s'il n'a pas ça dans ses traits, il ne peut pas le passer.
45:25 Et donc forcément, ça revient à ce que disait Jean-Marc,
45:28 il faut qu'à un moment donné, on arrive à prendre les gens dans la nature,
45:31 sur ces rondes, en forêt, dans les montagnes,
45:35 d'arrêter de les enfermer dans les hôtels,
45:37 qu'à quelques fois, ils s'étalent sur la terre,
45:39 jusqu'à la COVID, reprendre son sac à dos,
45:42 aller voir ce qu'il se passe dans la nature,
45:44 aller retoucher les plantes, les fleurs,
45:46 les faux-loups, les palpées de poissons,
45:48 les navires et les requins,
45:50 et là, on va reprendre et se remettre dans le bain,
45:54 et on va avoir peut-être des dirigeants qui vont reprendre le truc.
45:57 Ce qui, moi, me réjouit, à un certain moment,
46:01 c'est de voir ces jeunes qui sont en salle,
46:03 c'est-à-dire là,
46:05 et donc j'espère que ces jeunes qui vont se recommander demain,
46:08 vont vraiment transformer les choses
46:11 et reposer à un autre rythme par rapport à tout ça.
46:15 Jean-Marc, sur ce sujet-là,
46:19 est-ce que vous pensez qu'il y a des efforts à concentrer
46:24 sur un truc en particulier ?
46:26 Je pense que vous avez plein de petites actions.
46:30 Il n'y a pas une seule chose à faire,
46:33 il y a plein de choses à faire.
46:34 C'est-à-dire que lorsqu'on doit agir à l'échelle locale
46:39 de manière à avoir un comportement soi-même,
46:41 chacun de soi-même, plus dans des équations
46:44 avec les limites de la nature,
46:46 c'est-à-dire faire attention à son bilan carbone,
46:48 je pense que maintenant,
46:50 c'est devenu une responsabilité pour chacun,
46:52 faire attention à ça,
46:54 c'est-à-dire essayer de changer ses comportements,
46:56 changer ses comportements aussi de consommation,
46:58 bien évidemment,
47:00 par exemple, lorsqu'on achète du poisson,
47:02 faire attention que c'est aussi possible
47:04 que ça vienne de pêcheries qui soient, par exemple,
47:07 exploitées durablement,
47:08 et pas de pêcheries surexploitées,
47:10 où on ne sait pas d'où ça vient.
47:12 Et c'est pareil si on mange des choses
47:15 qui viennent de l'agriculture
47:16 ou qui viennent de systèmes agroalimentaires.
47:18 Alors ça, c'est facile à dire,
47:20 parce que ça va être pour nous,
47:22 on va dire, qui sommes dans des pays
47:25 relativement riches,
47:27 on peut avoir ce biais-là,
47:29 c'est plus compliqué dans des pays
47:31 qui sont plus pauvres,
47:32 où là, il y a des questions de subsistance
47:34 qui sont importantes,
47:37 qui font que les comportements,
47:39 on va dire, plus écologiques,
47:41 ne sont pas forcément possibles.
47:45 Et c'est là que, comme le disait Yvan,
47:47 l'impact politique,
47:48 et c'était tous les enjeux
47:50 des négociations à la CBD
47:52 au dernier siècle,
47:54 c'est-à-dire que les pays riches
47:55 donnent les moyens aux pays pauvres
47:57 pour pouvoir s'adapter
47:59 à avoir eu des économies
48:01 qui soient moins destructrices
48:03 et moins émettrices de CO2.
48:05 Et là, il y a un véritable enjeu politique
48:07 au niveau international
48:09 qui s'est enclenché,
48:11 on l'a bien vu ces dernières années,
48:12 ça s'est enclenché.
48:13 Il y a eu des promesses d'eau-don
48:15 qui ont été faites
48:16 des pays riches vers des pays pauvres.
48:17 Il faut que ça se concrétise
48:19 et que cet argent dans ces pays pauvres
48:20 soit bien utilisé.
48:22 Voilà, donc c'est dire
48:25 s'il reste encore du chemin à faire.
48:28 Écoutez, merci beaucoup.
48:29 Il va être l'heure de clore
48:31 cet échange autour de l'érosion
48:33 de la biodiversité.
48:34 Je veux remercier évidemment
48:35 la Direction du Développement Durable
48:37 et de l'ARSE de BPI France
48:39 qui l'a proposé.
48:40 Vous rappelez également
48:42 que le festival Cinéma for Change
48:44 aura lieu,
48:46 a lieu du 11 au 16 avril
48:48 au cinéma Le Grand Rex à Paris.
48:51 Le programme est à retrouver
48:53 sur le site internet
48:54 cinémaforchange.org
48:56 et je voudrais aussi vous préciser
48:57 que si vous voulez
48:58 prolonger un petit peu
48:59 cette discussion
49:00 avec un long métrage cette fois,
49:02 on va diffuser lors de ce festival
49:04 samedi 15 avril
49:06 le film Les Gardiennes de la Planète
49:09 au Grand Rex,
49:10 une séance spéciale
49:11 qui va être suivie d'un débat
49:13 sur le thème
49:14 des océans et des hommes
49:15 et si la vie terrestre
49:17 dépendait de la vie marine.
49:18 Alors je crois que
49:19 nos deux intervenants
49:20 ont déjà un petit peu
49:21 répondu à cette question aujourd'hui.
49:23 Et donc samedi,
49:25 ce sera en présence
49:26 du réalisateur du film
49:27 Les Gardiennes de la Planète,
49:28 Jean-Albert Lièvre,
49:30 et de Pascal Joanneau
49:31 qui est présidente
49:32 du Conseil scientifique
49:33 de la Fondation de la Mer.
49:35 Merci évidemment
49:36 à nos deux intervenants aujourd'hui,
49:37 Jean-Marc Romaintin,
49:38 chercheur en écologie marine,
49:40 merci à vous,
49:41 et merci Yvan Bourgnon,
49:43 navigateur et président fondateur
49:45 de The SeaCleaners.
49:47 Et moi, évidemment,
49:50 merci à toutes et tous
49:51 de nous avoir suivis ici.
49:53 Merci, au revoir.
49:56 [Générique]

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